La banque BNP Paribas va supprimer des centaines de postes !
La banque BNP Paribas a annoncé jeudi des mesures draconiennes, notamment une décote de 60 % de ses titres grecs, des cessions massives d’obligations d’État et des réductions d’effectifs, pour accélérer son adaptation au nouvel environnement financier et réglementaire. Ces décisions ont lourdement pesé sur le résultat du troisième trimestre, qui s’affiche en baisse de 71 % à 541 millions d’euros. La seule décote supplémentaire sur les titres grecs aura amputé le bénéfice de 2,25 milliards d’euros, la banque allant même plus loin que les 50 % d’effacement prévus par l’accord européen du 27 octobre. « C’est la dernière fois que nous participons à un exercice volontaire vis-à-vis de la Grèce », a déclaré le directeur général Baudouin Prot, estimant qu’ »il y a un temps pour tout » et que « le temps du volontarisme (était) terminé ».
Après les multiples rebondissements de la crise grecque depuis deux ans, le patron du groupe a indiqué qu’un défaut total de la Grèce serait « tout à fait gérable pour BNP Paribas », dont l’exposition résiduelle aux titres publics hellènes atteignait 1,6 milliard d’euros fin octobre. Si l’accroissement de la décote sur la Grèce était attendue, l’annonce d’une forte réduction du portefeuille de titres d’État, notamment ceux des pays dits fragiles de la zone euro, a surpris. Au total, l’exposition de la banque à la dette publique de l’Italie, de l’Espagne, de la Grèce, du Portugal et de l’Irlande est passée de 28,9 milliards d’euros fin juin à 16,5 milliards fin octobre. L’opération a généré une perte de 362 millions d’euros mais permet à BNP Paribas de diminuer sa sensibilité aux tracas des dettes souveraines.
Précisions mi-novembre
Décidée à agir, la banque française a également annoncé l’accélération de son programme de réduction des besoins de financement en dollars et donné des détails sur sa stratégie de réduction de son bilan, déjà entamée à 80 %. Elle prévoit également des réductions de coûts fixes en banque de financement et d’investissement de l’ordre de 450 millions d’euros, soit environ 10 % des coûts de cette activité, a expliqué Beaudoin Prot. Ces économies passeront par la suppression de plusieurs centaines de postes, qui seront précisées mi-novembre. Beaudoin Prot a souligné que « de telles suppressions se réalisent dans la plupart des banques d’investissement du monde » et que « chez BNP Paribas, qui n’a pas embauché massivement depuis deux ans, elles seront plus limitées ». Le dirigeant a précisé que ces suppressions ne concernaient pas la banque de détail en France, en Belgique et en Italie.
Pris de cours, le marché a d’abord accueilli fraîchement ces annonces, reléguant le titre BNP Paribas en queue de CAC 40 à l’ouverture, avant de revoir son opinion. Vers 11 h 45, l’action était en hausse de 5,12 % à 31,20 euros, dans un marché parisien en progression de 1,44 %. L’analyste de CM-CIC Securities, Pierre Chedeville, a salué « une adaptation au contexte à marche forcée », relevant que les résultats de la banque étaient en hausse hors éléments exceptionnels. Dans son souci de donner le maximum de visibilité au marché, BNP Paribas a également avancé que son ratio de fonds propres « durs » (capital et bénéfices mis en réserve rapportés aux prêts consentis) serait de 9,1 % à fin juin 2012, date butoir fixée par le régulateur pour atteindre au minimum 9 %.
Une prévision qui ne prend pas en compte les résultats qui seront dégagés d’ici là, ce qui signifie que la banque se laisse une belle marge de manoeuvre pour rémunérer ses actionnaires. Refusant de donner des éléments sur le niveau du dividende qui sera versé au titre de 2011, Beaudoin Prot a néanmoins affirmé que « rien ne va dans (le) sens » d’une suppression de la rémunération des actionnaires.
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