Premier cas d'invisibilité temporelle a été réalisé par les chercheurs de l'université de Cornell à New York
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Des physiciens sont parvenus à dissimuler un événement précis.
Depuis 2006, de nombreux chercheurs en optique tentent très sérieusement de mettre au point des dispositifs d'invisibilité parfaitement efficaces, des appareils longtemps cantonnés au monde de l'imaginaire, comme la cape magique d'Harry Potter qui lui permet d'échapper aux regards.
Des physiciens américains ont poussé la méthode un peu plus loin, et ont réussi à dissimuler non pas un objet, mais un événement qui s'est déroulé dans le passé. Cette première démonstration d'un «camouflage temporel», publiée jeudi dans la revue britannique Nature, a permis aux chercheurs de rendre un événement indétectable pendant un instant très court (40 picosecondes, soit quatre centièmes de milliardième de secondes). En extrapolant, il serait théoriquement possible pour un cambrioleur de couper l'instant précis où il ouvre un coffre-fort sur une vidéo de surveillance, sans que l'altération du signal soit détectable.
Ce premier cas d'invisibilité temporelle a été réalisé par les chercheurs de l'université de Cornell à New York en ralentissant ou en accélérant la vitesse de la lumière à certains moments. Pour prendre une analogie dans laquelle le flux lumineux serait remplacé par des voitures sur la route, les physiciens créent un passage à niveau, où certaines voitures accélèrent pour passer, et d'autres ralentissent pour s'arrêter. Une fois le train passé, les voitures bloquées accélèrent et celles de devant ralentissent, jusqu'à ce que le flux automobile redevienne uniforme comme avant, sans qu'il ne reste plus aucune trace visible de l'effet du passage à niveau.
« En pleine science-fiction »L'expérience est encore très préliminaire et limitée à un signal lumineux envoyé dans une fibre optique, mais elle prouve la faisabilité de l'invisibilité temporelle, décrite en 2011 par des chercheurs de l'Imperial College. «Ces travaux ouvrent la voie à des capes d'invisibilités dynamiques, qui pourraient rendre un objet invisible à certains moments et visible à d'autres, imagine André de Lustrac, professeur à l'Institut d'électronique fondamentale à l'université d'Orsay et spécialiste des matériaux qui courbent les ondes de manière très exotique. On est en pleine science-fiction, et certains de mes collègues parlent même de modifier l'histoire!»
L'agence de recherche Darpa du ministère de la Défense américain, qui a financé une partie des travaux, est probablement plus intéressée par des applications plus prosaïques, comme la sécurisation des communications par fibres optiques par exemple.