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Par Nicolas Madelaine

Le Royaume-Uni compte davantage de banquiers gagnant plus de 1 million d’euros par an que tout le reste de l’Union européenne, selon des calculs demandés à l’Autorité bancaire européenne (EBA) par la directive européenne CRD3. En 2011, ces hauts revenus ont en effet été 2.436 outre-Manche, pour un total de 3.175 sur le Vieux Continent.

Au total, ils ont perçu 3,5 milliards d’euros de primes. Pour la plupart dans la banque d’investissement, ceux exerçant leurs talents à la City ont empoché 784 millions d’euros au total en rémunération fixe, et 2,7 milliards en variable, pour une moyenne de 1,4 million par personne. Leur nombre a chuté par rapport à 2010, où ils étaient 2.525 gagnant 2,3 millions en moyenne.

En France, le nombre de ces heureux millionnaires a aussi considérablement baissé entre 2010 et 2011. La crise est passée par là et certains se sont peut-être expatriés vers des cieux plus accommodants. Ils étaient en effet 292 en 2010 et 162 l’année suivante. En moyenne ceux qui sont restés ont pourtant été bien traités : ils ont empoché 54 millions en fixe et 203 millions en variable, pour une moyenne de 1,6 million.

Moins de « golden boys »

Le nombre de ces « golden boys » a chuté également en Allemagne sur la période, bien que moins lourdement, de 195 à 170, pour un « package » moyen de 1,8 million. En 2011, l’EBA a par ailleurs dénombré 125 millionnaires en Espagne, 96 en Italie et 36 aux Pays-Bas. Certains pays comme les Pays baltes ou la Roumanie n’en ­comptent aucun.

L’EBA a pris en compte tous les composants des rémunérations des banquiers, du salaire aux plans de retraite en passant par les plans d’intéressement à long terme. Ses chiffres ne font toutefois pas le tour des millionnaires de la finance. Ne sont pas recensés ceux qui travaillent pour une succursale – et non pas une filiale – d’une banque non européenne. « La plupart des banques américaines sont des filiales au Royaume-Uni », note toutefois Jon Terry, un expert de ces questions chez PwC, qui précise en même temps que ces banques américaines ont généralement des succursales dans les autres pays européens. Les chiffres de l’EBA n’incluent pas non plus ceux qui travaillent dans les « hedge funds » ou les investisseurs dans le non-coté.

« Ces chiffres nous confirment ce que nous savions déjà, à savoir que Londres sera la plus affectée par le plafonnement des bonus européens auquel elle a cherché à s’opposer », explique Jon Terry. En effet, l’analyse de ces données montre que ce plafonnement, à partir d’un salaire de 500.000 euros, à une fois le fixe ou deux fois avec l’accord des actionnaires va toucher beaucoup des hauts revenus de la finance européenne. En données agrégées, le fixe représente plus de deux fois le variable en 2011 dans les calculs de l’EBA.

L’Autorité, qui agrège des données collectées au niveau de chaque Etat, indique qu’elle publiera à la fin de l’année un rapport plus détaillé sur les rémunérations dans le secteur dans l’ensemble de l’Union ­européenne.

http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202896832937-le-royaume-uni-compte-au-moins-2-436-banquiers-millionnaires-586346.php