Le terme « cyberespace, » inventé par William Gibson dans son roman de science-fiction Neuromancer (1984),
(Source : ArchitectureWeek, par Mark Burry, Kas Oosterhuis, Tristan d’Estree Sterk, et Robert Woodbury, extrait du livre Cyberspace: The World of Digital Architecture, copyright © 2001, par The Images Publishing Group Pty. Ltd.)
Le terme « cyberespace, » d’abord inventé par William Gibson dans son romane de science-fiction Neuromancer (1984), fait presque partie aujourd’hui du langage commun, et est couramment accepté en tant que concept architectural légitime.
« Cyber, » désigne ici « traité par informatique, » auquel est ajouté le suffixe « espace, » et ce afin de répandre l’idée de réalités sous forme de représentations numériques, à la fois réalistes et paradoxalement insaisissable. Pour l’observateur, ces réalités peuvent être perçues comme tangibles (réelles) ou exotiquement intangibles (virtuelles). Elles peuvent, en elles-mêmes, être fluides ou plutôt statiques, en apparence réalistes mais réalisables qu’avec la plus grande difficulté.
Que ce soit dans les flux ou bien encore, dans les paysages numériques, les environnementaux architecturaux, ou même les mondes, tout cela évoque des idées de nouveaux mouvements — architecturaux, philosophiques, et spatiaux. Bien sûr, c’est le sens de la spatialité qui est l’ingrédient de base du cyberespace, mais quelle est la nouveau du cyberespace en terme de signification ?
Le Dictionnaire Oxford donne cette définition du cyberespace : « l’espace perçu comme tel par un observateur mais généré par un système informatique et n’ayant pas d’existence réelle. »
En revanche, Gibson déclare de manière plus lyrique que c’est « une hallucination consensuelle vécue quotidiennement par des milliards d’opérateurs légitimes, dans chaque nation, par des enfants auquels on a appris des concepts mathématiques… une représentation graphique de données abstraites des bases de la mémoire de chaque ordinateur dans le système humain. Une complexité inimaginable. Des lignes de lumière variant dans le non-espace de l’esprit, des amas et des constellations de données. Comme les lumières des villes, s’éloignant… »
Si l’on enlève « ordinateur » de la rhétorique propre à Gibson, son « hallucination consensuelle » peut être considérées comme ayant été réalisée par d’autres médias avant l’ère du numérique, comme l’écriture, le cinéma, et le théâtre.
D’une certaine manière, nous avons besoin d’établir les pouvoirs du cyberespace au-delà de la technologie de son exécution et de sa communication afin d’établir sa légitimité à la fois comme stimulant intellectuel et sensationnel.
Le Cyberespace n’est pas juste un principe, il fournit des opportunités fertiles de représentations dans de nombreux domaines, que ce soit pour des projets de bâtiments futurs, des idées sur les formes de constructions et de dispositions, la visualisation spatiale de données, ou des spéculations sur la propriété formelle des idées.
Le Cyberespace semble déjà familier, malgré son apparition relativement récente, parce que nous y avons été exposé dans des films quelques décennies avant Neuromancer. En réalité, si l’on revoit certaines animations et séquences de titres, nous pouvons y voir l’héritage d’intentions artistiques et surnaturelles dignes des dernières prouesses technologiques.
Il y a des questions profondes concernant les relations entre les médias, les définitions du rôle et des facultés du cyber-architecte, et les arguments qualitatifs sur la valeur des nombreuses voies prises par les cyber-professions. Cela indique que nous sommes encore en phase de développement.
L’intangibilité tangible du cyber-espace et tous les nouveaux environnements et applications qui en sont engendrés sont des facteurs des plus aliénants pour ceux qui sont attachés à défendre les définitions traditionnelles de l’architecture et de l’environnement bâti.
Ils représentent également un défi de plus pour la profession d’architecte, aux abois, car si le cyberespace devient largement accepté au sein d’une définition plus large de l’architecture, où sont les programmes de formation des architectes contemporains qui supposent d’être un maître professionnel du cyberespace ?
Le Pavillon « Salt Water » d’Oosterhuis
Le Pavillon « Salt Water » est le premier vrai « corps » de bâtiment à manifester un comportement en temps réel. Ce corps est généré dans un monde numérique incorporel et se trouve sur une île artificielle de la Terre.
La pavillon recueille les données brutes d’une station météo sur une bouée dans l’océan et transcrit ces données en un facteur émotionnel. Le corps noir du Pavillon « Salt Water » se nourrit de données. . A l’intérieur du corps noir, des lumières changent continuellement en temps réel — les visiteurs sont immergés dans une lumière dynamique et un massage sonore.
Les visiteurs influent également sur la lumière sensorielle et l’environnement sonore où ils suivent une trajectoire en trois dimensions de Möbius. Des échantillons sonores génèrent le son en temps réel.
Le Nuage Idée de Sterk et Woodbury
« Nous devons mettre en place un contre-pouvoir à la monotonie du « travail industriel ». Cela ne peut se faire sans architecture. Nous devons… sauver l’être humain qui fait, du matin au soir, un seul type de travail monotone. Si je devais dire mes derniers mots, je dirais que l’un des plus grands problèmes pour un architecte aujourd’hui est de sauver l’être humain; de faire de l’individualisme du collectivisme. »
— Alvar Alto, architecte, dans une interview de The Oral History of Modern Architecture
L’architecture n’est pas un jeu. C’est une activité qui a la grande responsabilité de servir et d’abriter, à la fois physiquement et mentalement, les personnes qui habitent ses espaces.
Les mots d’Alvar Alto désignent les responsabilités et ils délimitent l’architecture, non pas comme une activité industrielle, mais aussi comme une poursuite « humaine » où la monotonie peut être rejetée et où l’individu peut rentrer dans un domaine de joie fantastique.
L’architecture a besoin d’être individualiste. Elle a besoin d’être libre, fraîche, et lumineuse, et pour aller plus loin elle doit dépasser toutes les limites que les technologies systématiques imposent — qu’elles soient physiques ou numériques.
L’humain à l’intérieur : s’il y a de la force dans ce projet, elle réside dans la façon dont il aborde les différents types d’espaces que les humains (individuels et collectifs) occupent.
Il reconnaît que les gens ont la possibilité d’habiter dans plus d’un type d’espace dans leur vie, et produit activement un espace qui permet à « l’humain à l’intérieur » d’influer sur l’architecture d’un bâtiment tout entier.
Nos sentiments et nos pensées affectent la manière dont nous interagissons avec nos environnements. Par exemple, la façon dont nous marchons au-travers d’un espace à la potentiel d’influencer l’ambiance d’un espace, simplement par l’action physique. Dans cette optique, la masse d’un corps, son mouvement, son action, ses sons, peuvent tous êtres utilisés pour influer sur la façon dont les espaces sont « virtuellement » configurés.
C’est particulièrement vrai pour les espaces qui tentent de réunir à la fois les mondes physiques et virtuels, c’est dans ces types d’espaces que les concepteurs ont la possibilité claire d’utiliser des sentiments éphémères et pourtant significatifs pour générer une architecture cybernétique réalisable.
Le Nuage Idée est un tel espace. En effet, il traduit l’architecture de nos esprits dans les espaces physiques que nous occupons. Nous ne pouvons pas nous empêcher d’agir de la façon dont nous pensons, et en détectant ces actions, les technologiques de capteurs, associés avec des réseaux numériques et des centaines d’unités hydrauliques programmables, permettent au Nuage Idée de réagir aux variations de son environnement.
Les mots d’Alto sont très sérieux. En tant qu’architectes, nous devons avant tout reconnaître que notre architecture, qu’elle soit physique, virtuelle ou cybernétique (ou un mélange des deux premiers), doit accepter et tenir compte des êtres humains à l’intérieur.
L’auteur Mark Burry est président de « Architecture and Building », à l’Université de Deakin, Victoria, en Australie. Tristan d’Estree Sterk et Robert Woodbury, sont professeurs à l’Ecole d’Architecture, d’Architecture du Paysage et de Design Urbain, Université d’Adélaïde, en Australie. Kas Oosterhuis est le directeur d’Oosterhuis.nl, à Rotterdam, aux Pays-Bas.
http://www.idixa.net/Pixa/pagixa-0504181052.html