Les monts sacrés : Le Nemrut Dag
En Asie Mineure ," étaient autrefois nombreux. L'un d'eux , les "monts sacrésle Nemrut Dag ( Prononcé Némrout Da-i ) , un géant de 2150 mètres d'altitude, se dresse dans la chaîne de l'anti-Taurus en Anatolie , cette prequ'île Turque si riches d'évênements historiques . A son sommet , les statues de Dieux et de Rois gréco-perses sont les témoins muets d'un royaume antique et d'un incroyable malédiction , ainsi que les gardiennes d'un secret mystérieux enfoui à l'intérieur de la montagne conique , si l'on en croit les inscriptions grecques dont elles sont ornées .
Dans le sud-est de la Turquie, le Nemrut Dag est l’un des lieux à ne pas manquer. Cette montagne est située au cœur d’un parc naturel et archéologique (qui porte le même nom). De nombreuses visites y sont proposées à partir de différentes villes de la région. Les principaux points de départs sont Adiyaman, Kahta et Malatya.
Le tombeau royal caché
Le royaume de Commagène aurait depuis longtemps soubré dans l'oubli si son roi Antiochos Ier (milieu du 1er siècle avant J.C. - 34 après J.C.), n'avait pas fait transformer le sommet entier du Nermrut Dag en un gigantesque tombeau de pierre destiné à acceuillir sa dépouille après sa mort.
Le roi fit graver l'inscription suivante sur de lourdes plaques de calcaire : "J'ai fait bâtir le temple funéraire à cet endroit sacré afin que ma dépouille mortelle y repose à jamais auprès du tröne céléste que se partagent tous les Dieux " Auparavent il fit tailler trois imposantes terrasses sur lesquelles il fit dresser de colossales statues de pierres lourdes de plusieurs tonnes . A l'arrière des statues ,il fit recouvrir le sommet de le montagne par une pyramide de galets de
50 mètres de haut.
Son repos éternel , pensait il, serait ainsi à l'abri des pilleurs de tombe . Son plan a d'ailleurs fonctionné à merveille . Qu'ils s'agisse de pilleurs ou d'archéologues , tous ceux qui ont tenté de pénétrer le secret de la pyramide en ont été empêchés par l'éboulement incessant de ses pierres .
Le pont antique sur le Cendere
Parmi les principales curiosités du parc archéologique, il y a le pont qui enjambe le Cendere. Il fut bâti par des légionnaires romains en l’honneur de l’empereur Septime Sévère (193-211) et de sa famille. Quatre colonnes disposées aux extrémités du pont symbolisaient la famille impériale : Septime Sévère, l’impératrice Julia Domna et leur deux enfants Caracalla et Géta.
Devenu empereur, Caracalla (211-217) élimina son frère. Il le fit disparaître de l’histoire romaine en ordonnant de marteler son nom et ses représentations sur les édifices publics. Il fit aussi détruire ses portraits. Même les hiéroglyphes égyptiens n’échappèrent pas à la fureur de Caracalla. Ici, l’empereur ordonna d’enlever la colonne symbolisant son jeune frère. Même à des milliers de kilomètres de Rome, les ordres de Caracalla étaient exécutés.
Les rois de Commagène
L’on peut aussi admirer les vestiges liés à l’antique dynastie des rois de Commagène. D’anciens satrapes (gouverneurs de provinces) perses parvinrent à conserver une partie de leurs pouvoirs après la disparition de l’empire, à la suite de la campagne d’Alexandre le Grand. Samès (env. 290-260) se proclama roi et fonda une capitale pour son territoire : Samosate.
Après le règne de Xerxès (env. 228-201), Ptolémée, prince arménien, accéda au trône. Il devint vassal des rois séleucides (dynastie macédonienne régnant en Syrie et en Anatolie), puis vassal des Parthes. Ces derniers venaient de s’emparer de la Mésopotamie. Les successeurs de Ptolémée furent tantôt des Séleucides, tantôt des Parthes. Mithridate Ier Kallinicos (env. 100-70) épousa une princesse séleucide, Laodicée X Théa Philadelphia.
Antiochos Ier Theos Dikaios Epiphanes Philoromaios Philhellen (env. 69-40) aida Pompée à s’emparer de la Syrie. Il pu ainsi conserver son royaume. Il maria sa fille au roi des Parthes, Orodès II. Antiochos III (12 av. J.-C. - 17 ap. J.-C.) fut chassé du trône par l’empereur Tibère. Son royaume fut intégré à l’Empire romain. Caligula restaura la Commagène et rendit le royaume à Antiochos IV Épiphane (38-72). Celui-ci fut le dernier roi de Commagène.
Vespasien intégra définitivement ce royaume à l’empire. Les descendants des rois devinrent des notables romains. L’un d’entre eux, Gaius Julius Antiochus Epiphanes Philopappos (petit fils d’Antiochos IV), devint même consul. Il fut inhumé à Athènes.
Le tumulus de Mithridate II
A Karakus se dresse le tombeau du roi Mithridate II (38-20). L’immense tumulus (25 mètres de haut) est entouré de plusieurs colonnes. Sur celles-ci se trouvent des sculptures d’aigle et de lion. Un bas-relief montre également le roi et sa sœur Aka. La chambre funéraire du tumulus n’a toujours pas été localisée.
Arsameia
A Arsameia, de grands bas-reliefs permettent de découvrir le roi Mithridate Ier Kallinicos (env. 100-70), le dieu solaire perse Mithra et Héraklès. Comme au Nemrut Dag, l’art est un étonnant mélange de conventions grecques, perses et parthes.
Le Nemrut Dag
Enfin, au sommet du Nemrut Dag se dresse le plus important mausolée royal, celui d’Antiochos Ier Theos Dikaios Epiphanes. Devant la partie orientale du tumulus, il y avait un temple. Devant cet édifice, aujourd’hui disparu, se dressent d'immenses colosses de pierre. Il y a là les plus grands dieux de Commagène. Tous sont des syncrétismes de divinités grecques et perses : Zeus Ahura-Mazda ; Apollon Mithra Hélios Hermès ; Verethraghna Héraklès Arès. Il y a aussi la déesse Commagène et le roi Antiochos Ier.
Devant la face occidentale du tumulus, on trouve également des colosses. Ils sont moins bien conservés que leurs jumeaux de la face orientale. De grands orthostates étaient dressés à proximité de ces statues. Certaines sont toujours sur place. On peut y admirer des prêtres en costume perse.
Pour arriver au sommet (à 2150 mètres d’altitude), il faut marcher sur un chemin qui grimpe pendant deux kilomètres. Gravir la montagne en fin d’après-midi permet d’assister au coucher du soleil. Les autres montagnes de la région prennent alors une belle coloration rougeâtre. Une lampe de poche est utile pour éclairer le sentier lors de la descente.
SULLIVAN (R.D.), The Dynasty of Commagene, dans Aufstieg und Niedergang der Römischen Welt, II, Principat, b. 8, 1977, s. dir. TEMPORINI (H.), HAASE (W.), p. 732-798.
ACAR (G.), Nemrud, 2e éd., Ankara, 2004.