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  • Je suis convaincu qu’il y a un tel complot, d’envergure internationale, en planification depuis plusieurs générations, et de nature incroyablement maléfique. » Lawrence Patton McDonald (1935-1983), congressiste assassiné dans un avion coréen
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Archives
28 juin 2014

En prise avec la sorcellerie et les poltergeists au Mexique

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Les faits rapportés dans ce texte semblent n’avoir guère de rapport. Certains éléments relèvent de la hantise, et d’autres semblent trouver leur origine dans le terreau de pratiques traditionnelles de la sorcellerie. Et pourtant, ces deux types d’incidents vont se rejoindre par le biais d’une connaissance, nommée Pancho, qui va traiter les troubles à sa manière et donner quelques explications.

L’église de Comitan

« Je commence dans l’ordre chronologique des événements tel que nous l’avons vécu avec mon épouse (en occultant pour le moment certains faits qui ne seront découverts que par la suite).

Nous vivons dans le sud du Mexique dans les montagnes du Chiapas, pas très loin du Guatemala, dans la maison familiale de ma femme (de sa maman pour être précis, avec qui nous vivons aussi).

C’est une maison relativement grande, de style colonial (murs énormes et hauts, toiture bois+tuiles, grand patio avec fontaine, jardin avec une autre fontaine) avec une partie ancienne (150 ans, 200 ans?) et une partie plus récente (1930-1940) construite par le grand-père de mon épouse.

Donc je suis arrivé en 2009 et nous avons fait notre chambre de « couple » dans une pièce de la partie ancienne de la maison, chambre dans laquelle nous sommes restés 3 ans environ, et là commence le récit qui va suivre.

Dans cette chambre, au moment de dormir, il nous est arrivé plusieurs fois, et à intervalles réguliers (environ une fois tous les 3 mois) d’entendre des bruits et/ou coups impressionnants juste au-dessus dans la toiture, « coups » complétement surréalistes car s’il ils avaient été réels, ça n’aurait pu être que le fruit de l’effondrement d’une partie de la toiture et là, à chaque fois que je montais pour voir (soit le lendemain, soit à l’instant même dans les moments d’exaspération maximale), strictement rien n’était tombé, pas même une tuile. J’ajoute aussi qu’il n’y avait aucune poussière qui tombait dans ces moments-là (alors que quand quelqu’un marche en haut, par exemple, il tombe toujours de la poussière qui passe entre les planches de plafond).

Il y avait donc des coups clairement irréels et d’autres bruits (mais pour les bruits, l’hypothèse d’animaux, rats, souris, peut être avancée), mais se produisant toujours au moment de s’endormir. Une fois, toujours dans cette chambre, s’est produit un phénomène encore plus hallucinant (mais qui ne s’est jamais reproduit ensuite). On était comme les autres fois dans le lit, sur le point de dormir. Dans le patio il y avait l’eau qui coulait dans la fontaine (ici on n’a pas l’eau courante, la commission d’eau envoie l’eau quand bon lui semble, donc le robinet de la fontaine était resté ouvert comme bien souvent, et la fontaine était en train de se remplir tranquillement).

Nous étions donc sur le point de nous endormir, bercés par le léger bruit en arrière-fond de l’eau qui coulait dans la fontaine, quand soudain nous avons commencé à entendre un bruit d’eau à l’intérieur de la chambre, et ce son augmentant crescendo. Ce bruit, pour donner une description précise, je dirais qu’il s’agissait du bruit d’une vache ou d’un cheval entrain de pisser (un bruit plus puissant qu’un simple robinet qui coule, ceux qui ont déjà vu une vache ou un cheval pisser voient de quoi je parle !!) et ce bruit s’amplifiait progressivement, jusqu’à ce que ma femme perde patience et allume la lumière d’un coup, et moi de me lever rapidement pour constater qu’il n’y avait rien, pas même une goutte d’eau à l’endroit d’où paraissait venir le bruit. En arrière plan, il y avait toujours le son de l’eau coulant tranquillement dans la fontaine, comme si de rien n’était.

Les bruits et les coups dans la toiture ne s’arrêtaient que lorsque nous réagissions (allumer la lumière, crier, lancer des objets au plafond…). De même, le bruit d’eau qui allait crescendo à l’intérieur de la chambre n’a cessé que lorsque nous avons allumé la lumière.

C’étaient donc les faits bizarres qui se sont passés dans cette chambre, toujours au moment de dormir, sur une période de 3 ans, puis pour cause de travaux dans une pièce voisine, nous avons changé de chambre et sommes passés dans la partie plus récente de la maison. Là, pendant un an, absolument rien (à part des bruits de rats qui courent dans la toiture pour pouvoir passer dans les bananiers qui touchent le toit, rien d’anormal). Plus rien donc jusqu’à un soir…

Nous avons commencé, au moment de nous endormir une fois de plus, à entendre une sorte de vibration dans la toiture, au début nous faisions comme si de rien n’était, et plus ça revenait (environ une fois par semaine) plus ça devenait fort. Comme dans le cas de « l’eau qui coule à l’intérieur de la chambre », la vibration a commencé à évoluer crescendo, et de même, elle ne s’arrêtait qu’au moment où nous réagissions. Il y a eu une semaine où la vibration revenait toutes les nuits, et même plusieurs fois par nuit, autant dire que pour les nerfs c’était assez éprouvant (surtout pour mon épouse).

La nuit où ça a été le plus fort, je dormais à droite dans le lit, avec une fenêtre de mon côté, et ma femme dormait à gauche avec une porte de son côté, et la vibration a commencé à se faire entendre. Je la situais comme venant de la fenêtre près de moi et ma femme elle la situait comme venant de la porte près d’elle, du coup, elle m’a demandé de changer de place dans le lit, ce que nous avons fait. Environ 20 minutes à une demi-heure plus tard, la vibration recommença, et ce coup-ci je la situais comme venant de la porte comme ma femme l’avait dit, et elle la situait comme venant de la fenêtre !!! (Je précise cela pour souligner le caractère « irréel » de ce phénomène sur notre plan physique).

Cette nuit-là a vraiment été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Nous nous sommes décidés à nous faire aider, et comme par miracle, quelques jours après nous recevions à la maison des amis, espagnols et mexicains. Nous avons commencé à raconter nos mésaventures qui commençaient sérieusement à nous affecter nerveusement, et là, une des amie espagnole nous confessa que son petit ami, Pancho (qu’on avait déjà croisé auparavant) fait ce qu’on appelle ici des « limpias », c’est-à-dire des nettoyages énergétiques dans les maisons où se manifestent ce genre de phénomènes. Évidemment, nous prenons contact avec lui pour planifier une « limpia ».

Donc Pancho vient, et nous demande de nous procurer une liste de choses dont il aura besoin pour faire ce grand nettoyage. Nous fixons une date pour effectuer cette « limpia ». Cela doit se faire de nuit pour un meilleur résultat (minuit étant l’heure culminante au niveau du potentiel d’efficacité) et ses jours favoris sont le mardi et le jeudi, donc nous prévoyons ça un jeudi soir, à partir de 22h00. Pour les choses nécessaires (de mémoire car je n’ai plus la liste, ces faits datent de septembre 2013), il y a (à multiplier par le nombre d’entrées dans chaque pièce de la maison) :

  • une paire de bougies,
  • une paire d’alcatraz (fleur),
  • une paire de « tsenam » (plante grasse qui a pour vertu d’absorber les mauvaises ondes/vibrations),
  • une paire d’une autre fleur dont je ne me rappelle plus le nom,
  • des pommes (une par entrée),
  • du copal (encens) en tige, et aussi en morceaux (qui se consume avec des braises),
  • de l’ammoniac,
  • un autre produit/préparation spécial pour ce genre de travaux qu’on trouve dans les boutiques d’ésotérisme qu’il y a ici sur les marchés,
  • de l’eau bénite,
  • de la téquila,
  • de la « ruda » (la rue des jardins — une plante absolument incontournable ici lorsqu’il s’agit de nettoyage énergétique, que ce soit d’une personne ou d’une maison)…

Un plant de ruda

Le jeudi soir, j’emmène ma femme et ma belle-mère chez un ami car elles ne souhaitaient pas être présentes. Pancho arrive, et nous commençons dans une pièce qu’on appelle « el oratorio » (oratoire, chapelle).

Pancho met tout ce qui va servir à son « travail » sur le sol, dispose les alcatraz, tsenam, bougies… et commence à murmurer des prières, demande l’autorisation de travailler, demande la protection par rapport aux choses qu’il va rencontrer, etc. Comme un prêtre il bénit toutes les choses disposées par terre, et avec la ruda et l’eau bénite, il me fait une protéction (incantation, passage de la ruda à certains point du corps, m’asperge d’eau bénite) et le fait pour lui aussi, et le fait aussi pour mes 2 chiennes présentes (qui nous accompagnerons tout au long de la nuit).

Nous commençons ensuite pour de vrai par l’entrée principale, il dispose au sol, une paire d’alcatraz, une paire de tsenam, une paire de l’autre fleur, une paire de bougies (qu’il allume) une pomme, et on répéte l’opération devant chaque entrée de toutes les pièces de la maison, ainsi que dans chaque angle des extrémités de la propriété. Je lui mentionne qu’il y a aussi une cave dans la maison et donc nous y allons, je lui ouvre la marche (nous avons tous les deux une lampe-torche à la main, car toutes les lumières doivent être éteintes, il n’y a que que les bougies qui éclairent la maison, autant dire que dans ce contexte c’est relativement impressionnant).

Il arrive à l’entrée de la cave (qui se trouve dans la partie ancienne de la maison) et là d’un coup il s’immobilise et regarde fixement dans une direction à l’intérieur. Je comprend qu’il y a un truc qui ne tourne pas rond. Il commence à faire des incantations avec la ruda à la main puis il commence à entrer dans la cave petit à petit (je reste à l’exterieur) et il reste 5 minutes environ au fond de la cave à prier à voix basse.

Il ressort ensuite, et nous repartons vers la maison. Le voyant concentré je ne lui demande pas immédiatement ce qu’il s’est passé dans la cave. Nous repassons par la chapelle où il allume des tiges d’encens de copal, puis retraversons le patio pour revenir à l’entrée principale où a débuté la cérémonie (avec les chiennes derrière qui ne nous lâchent pas d’une semelle). Là, il continue son travail (incantations avec l’encens) quand d’un seul coup je me rends compte que la pomme qui était disposée au sol avec les autres « offrandes » face à l’entrée principale a disparu, et 5 secondes après lui aussi s’en rend compte et arrête subitement ce qu’il était en train de faire.

Nous ressortons alors de l’entrée, et il a l’air à ce moment-là très préoccupé. Il reste un moment pensif et fini par me dire que c’est l’entité en question (l’origine des coups dans la toiture, des vibrations…) qui vient de repartir d’où elle venue, et que les fruits présents dans les offrandes (la pomme en l’occurrence) servent à nourrir l’entité (ou les esprits) pour le passage d’un monde à un autre, et que cette entité était bien là quand nous avons commencé la cérémonie (il sentait sa présence mais n’arrivait pas à la situer). A cela, il ajoute aussi que cette entité (« angel malo » pour reprendre son expression, « mauvais ange » en français, un démon pour parler dans des termes religieux) n’est pas là par hasard mais qu’il a été envoyé par quelqu’un (qu’on identifiera plus tard, mais à ce moment-là on ne sait pas encore). Ce « ange mauvais » a donc préféré repartir (et s’est nourri de cette pomme qui sert justement à ça) plutôt que de rester et de faire face au travail de Pancho (de Dieu en réalité, car comme dit Pancho, lui ne prête que ses mains et n’est qu’un intermédiaire).

Ceci étant dit, je lui demande ce qu’il s’est passé dans la cave, et il répond qu’il y avait un vieillard d’antan (selon ces dires, car il était vêtu tout de blanc comme à l’ancienne) mais que c’était un fantôme qui n’avait rien à voir avec nos « problèmes nocturnes ». Il était inoffensif mais avait dû commettre des méfaits suffisamment graves pour n’avoir pas été autorisé à rejoindre la lumière, et depuis, il divaguait, coincé entre deux mondes. Pancho l’a aidé à rejoindre la lumière. Mais pour ce qui est de l’ange mauvais, il restait préoccupé et m’a dit qu’il allait très certainement revenir dans la nuit, et m’a donc invité à boire quelques gorgées de téquila, ce que j’ai fait et lui aussi (car l’alcool désinhibe la peur, ce qui diminue considérablement l’emprise que peut exercer une entité sur un vivant).

Nous avons continué la « limpia » de la maison, avec encens puis ammoniac (produit apparemment très efficace pour protéger un foyer contre la sorcellerie, à répandre tout autour de la maison, une fois tous les 3 ou 4 mois d’après les croyances locales). Nous avons donc répandu de l’ammoniac (à ne pas respirer car ça arrache sévère !!) à l’extérieur et en périphérie du jardin. Quand nous sommes passés près de la fontaine du jardin, comme à l’entrée de la cave, il s’est immobilisé et a regardé fixement pendant quelques minutes un endroit près de la fontaine, et a commencé à faire des incantations à voix basse. Puis il a déposé une gerbe de ruda à l’endroit où il regardait.

Après notre retour dans le patio, il me dit qu’il y avait près de la fontaine du jardin l’esprit d’un nourrisson qui n’avait pas rejoint la Lumière (pourquoi, je n’en sais rien), et on apprendra après par ma belle-mère qu’elle allait avoir un frère quand elle était petite (elle a vécu quasiment toute sa vie dans cette maison) mais que son petit-frère était mort peu après sa naissance.

Après avoir fait toutes les pièces et l’extérieur, il nous restait à faire les greniers. Pancho était persuadé qu’on allait avoir à faire face à ce « ange mauvais » et il était assez préoccupé (pour notre sécurité) car il lui est déjà arrivé dans des situations similaires d’être touché ou poussé physiquement par des entités de ce genre, et comme la toiture est très haute (4 à 5 mètres par endroit) et relativement en mauvais état (il faut faire attention à bien marcher sur les poutres ou les murs sinon on passe à travers !) il redoutait un peu un contact dans ces conditions.

Malgré tout, nous avons pu faire toute la toiture (eau bénite, produit spécial dont je parlais plus haut, encens…) et rien ne s’est manifesté. Nous sommes redescendus et il a fait quelques invocations, prières et demandes de protection pour le futur dans cette maison. C’était fini pour cette « limpia » (ou « limpieza », c’est pareil) qui aura duré 6 heures tout de même (alors qu’il pensait que ça n’allait durer que 3 heures avant de commencer). Je l’ai ramené chez sa copine espagnole (car lui vit en campagne), j’ai été rechercher ma femme et ma belle-mère, et nous avons pu enfin nous coucher vers 5h du mat !

Mais l’histoire ne se termine pas là évidemment… Outre les deux esprits de morts qui étaient là « à leur insu », la troisième entité, le « démon », n’était pas là par hasard.

La ville de Comitan

Nous avions donc réalisé avec succès ce « nettoyage énergétique », cette « limpia » comme on dit par ici, et voilà quasiment deux mois que nous dormions sans aucun problème, aucun coup au plafond, aucune vibration, aucun bruit bizarre, bref la paix retrouvée; quand une nuit, à moitié endormi, j’ai perçu un bruit léger, très léger mais bien qu’à moitié réveillé je l’ai directement reconnue, je me suis concentré dessus et malheureusement je ne m’étais pas trompé, ce n’était pas un bruit, c’était une vibration, la vibration.

Cette désagréable vibration étant très légère (en comparaison avec les semaines ayant précédées le « nettoyage énergétique ») et ne s’étant manifestée que très brièvement ce soir-là, je n’en fis pas part à ma femme le lendemain, qui elle dormait à poings fermés et ne s’en est pas rendue compte. Le soir suivant, nous n’avons rien entendu de spécial, mais le surlendemain quelque chose d’unique s’est passé (unique en ce qui me concerne et en ce qui concerne les « manifestations » en tous genres que nous avons vécues).

Il était très tôt le matin, les premières lueurs du jour commençaient à peine à pointer le bout de leur nez, ma femme dormait et je venais juste de me réveiller. Je me suis assis sur le bord du lit pour mettre mon short et mes tongs pour aller à la salle de bains (oui, je dors nu, désolé si ça choque). La salle de bains est séparée de notre chambre par une porte-double, et cette porte-double était justement entrouverte et laissait passer la lumière du jour qui commençait à éclairer la pièce. D’un seul coup, je vis passer dans le « jour » de la porte entre-ouverte, à 1m50 du sol environ, une espèce de boule noire, comme un petit nuage noir grand comme un ballon de hand à peine. Je reste ébahi, mais contrairement aux autres manifestations (bruits, coups dans la toiture, vibrations) je n’ai ressenti absolument rien de négatif ou d’hostile, au contraire j’étais paisible, stupéfait par ce spectacle irréel (qui m’a rappelé un livre que j’avais lu au collège : « Boule de Suif »). J’ai attendu 2 ou 3 minutes de plus comme ça, sur le bord du lit, à attendre de la voir repasser ou que quelque chose se passe, mais rien d’autre ne s’est manifesté.

Je tiens à préciser que c’est la seule et unique fois que j’ai « vu » avec mes yeux quelque chose du genre, toutes les autres manifestations « atypiques » ont toujours été sonores et pas visuelles. Là encore, je n’ai rien dit à mon épouse pour ne pas la perturber de nouveau.

Le lendemain rien à signaler, mais le surlendemain, un vendredi, sera un jour inoubliable pour nous (et surtout pour moi) car un coup magistral va se jouer en notre faveur.

Mais pour l’expliquer, il va falloir que je décrive un peu le contexte familial et le voisinage qui entoure mon épouse et ma belle-mère.

Ma femme a une tante qui vit depuis toujours dans le même pâté de maison que ma belle-mère. Ma belle-mère donc, s’est mariée avec le frère (maintenant décédé) de cette dame il y a plus de 30 ans. Au début de leur vie de couple, cette dame était aimable et gentille avec ma belle-mère, mais il semblerait qu’au fil des années elle ait fait pression sur son frère pour que ma belle-mère lui cède une partie de la maison dans laquelle nous sommes actuellement (qui est immense, je le rappelle), chose que ma belle-mère a toujours refusé de faire, et dès lors cette tante entretenait une rancune et une haine non dissimulée à son égard et à l’égard de mon épouse.

Cette tante est d’autant plus une personne dont se méfie ma belle-mère, et à juste titre. Une fois, (alors que son mari vivait encore, et avait l’habitude de se rendre régulièrement chez sa sœur) ma belle-mère était arrivée devant la porte d’entrée de cette dame, et l’avait surprise alors qu’elle donnait une photo de son gendre à deux « hommes de la montagne ». Ces deux sorciers indiens devaient lui jeter un sort et l’éloigner de sa fille, et se trouvant prise par surprise elle avait brusquement caché la photo et changé de conversation avec les 2 hommes. Ma belle-mère avait fait comme si de rien n’était et qu’elle n’avait rien vu.

Après un autre épisode, il ne faisait plus de doute que cette dame, la tante de ma femme donc, se livrait à des activités occultes. Un jour, sa femme de ménage (au Mexique le fait d’avoir du personnel de maison, servantes, femmes de ménage… est très courant, et ce dans toutes les couches de la société), qui était venue dire à ma belle-mère que sa patronne lui faisait peur car elle l’avait trouvé en pleine crise d’hystérie, dans pièce remplie de bougies allumées, hurlant de rage et saccageant tout dans la pièce parce qu’elle n’arrivait pas à « obtenir ce qu’elle voulait » (obtenir de qui ? de Dieu ? j’en doute…).

Avec ces antécédents, autant dire qu’elle était le suspect n°1 en ce concerne nos « problèmes paranormaux » (je dis « qu’elle était », mais je devrais dire « qu’elle est », car à l’heure où j’écris ces lignes elle ne se trouve qu’à une centaine de mètres, à vol d’oiseau, et je doute qu’elle se soit repentie depuis).

Voilà pour la tante, il me reste maintenant à décrire un autre personnage néfaste à notre égard : le voisin d’en face, un rentier d’une soixantaine d’années, qui ne fait strictement rien de ses journées à part traîner sur le trottoir devant chez lui à regarder qui passe dans la rue, qui rentre, qui sort, enfin bref, c’est la concierge du quartier pour faire court, et cette personne se trouve être le grand ami de la fameuse tante.

Voici donc deux des trois protagonistes (de la partie adverse) de l’anecdote qui va suivre. J’ai omis de mentionner au passage que durant la semaine où avaient recommencé les manifestations paranormales, la tante passait tous les jours devant la maison et notre cafétéria (qui se trouve dans l’angle de la maison) et qu’elle s’arrêtait à chaque fois pour parler avec le voisin, un étrange manège qui n’a pas tardé à attirer l’attention de ma femme, si bien qu’en fin de semaine, la tante et le voisin étaient obligés de s’éloigner du regard accusateur de mon épouse pour pouvoir parler (manigancer) tranquillement.

Et arriva donc ce fameux vendredi, il était 8h00 environ, je sortais de la maison pour aller acheter deux/trois bricoles qui manquaient pour ouvrir la cafétéria, et vis sur le pas de la porte un sac en plastique rempli de détritus (boites vides en cartons, papiers…). Je trouvais ça bizarre car autant il est normal de voir des déchets partout dans les rues (les gens ici sont relativement mal éduqués et se foutent royalement de l’environnement par ex.), autant il est très étrange de voir justement des déchets bien ordonnés dans un sac qui n’est pas sorti à l’heure où passe le camion poubelle (il passe tous les jours, le matin ou le soir, avec une personne qui court 3 ou 4 pâtés de maisons devant avec une cloche de vache à la main pour prévenir les habitants que le camion de poubelle va passer, et c’est seulement à ce moment-là que les gens sortent leur poubelle, car sinon, si il y a des sacs poubelle en vrac dans la rue, la municipalité peut mettre des amendes à ceux qui les laissent, et ce système est relativement bien respecté, du moins là où l’on vit).

Donc je trouvais ça étrange, mais je suis allé au supermarché et ai acheté ce dont on avions besoin. Quand je suis revenu, le sac plastique était toujours là. J’eus alors une petite intuition, je me suis dit qu’il s’agissait surement d’une malveillance. Peut-être que des gens qui avaient la « flemme » d’emmener des détritus les ont laissés là dans le but que nous nous en chargions. Sauf que je n’avais aucune envie de « m’occuper de la merde des autres » et de mettre des déchets trouvés dans la rue dans ma poubelle, et grand bien m’en a pris. J’ai donc pris le sac pour l’emmener à l’angle de la rue, et là, surprise, il pesait incroyablement lourd, alors qu’il ne semblait en apparence ne renfermer que des emballages. Son poids était démesuré par rapport à ce qu’il paraissait, ce qui rendait la chose plus étrange. Je l’ai donc laissé à l’angle de la rue sur le trottoir d’en face, et je suis rentré à la maison pour prendre le petit-déjeuner avant d’ouvrir la cafétéria.

Nous avons déjeuné, avons ouvert le commerce, et à peine ouvrais-je les portes que passa un homme d’une cinquantaine d’années, de taille moyenne, mince, d’origine indienne, plutôt bien habillé et avec des dents en or (les dents en argent ou en or, sont assez fréquentes, mais lui en avait vraiment beaucoup, plus de dents en or que de vraies dents). Il passa, s’arrêta en me voyant et me demanda ce qu’on vendait. « Jus de fruits naturels, café, thé, sandwichs, paninis, quesadillas, burritos… » Il me demanda où nous nous fournissons, je lui répondis : au marché de gros (central de abastos) pour les fruits et légumes et au supermarché pour tout le reste.

Je ne voyais toujours pas où il voulait en venir, et lui non plus visiblement, car il nous demanda si nous aimions les roses, en disant qu’il venait de San Cristobal de Las Casas et qu’il pouvait nous en amener si nous le souhaitions. Commençant à sentir l’homme louche, ma femme lui répond que nous avons suffisamment de roses par ici, et que merci beaucoup mais ce n’est pas la peine.

L’homme, ne sachant plus quoi dire, rentra dans la cafétéria (jusqu’à présent il se tenait sur le trottoir) et nous a dit être persuadé que notre commerce allait mal, qu’il sentait une mauvaise vibration dans le local, que les anciens locataires avaient jeté un sort avant de partir et que lui pouvait nous aider, en faisant un nettoyage avec les « roses ».

Ma femme coupa court en réitérant que nous n’étions pas intéressés, que le commerce n’allait pas mal comme il le disait et que les anciens locataires n’avaient surement pas jeté de sort car c’étaient les parrains et marraines de ma femme et qu’ils vivaient juste à côté, et de surcroît, « mauvaise vibration » il ne pouvait y avoir car nous venions de faire un « grand nettoyage énergétique » avec notre ami Pancho deux mois avant, mais ça nous nous sommes bien gardés de lui mentionner.

Donc il est sorti et rien de plus, nous avons commencé notre journée de travail. Des clients rentrent, des clients sortent… et à un moment donné, peut-être deux heures après avoir ouvert, j’étais près de la porte face à l’angle de la rue et j’ai vu le voisin, la « concierge de service », regardant les mains dans les poches le sac de détritus que j’avais trouvé sur le pas de la porte (et dont j’avais totalement oublié l’existence jusqu’à cet instant).

De là où j’étais, devant la porte de la cafétéria, à 4 ou 5 mètres de lui sur l’autre trottoir, je l’entendais parler à voix haute : « aqui lo fuiste a dejar cabrón, aqui lo fuiste a dejar ! » Traduction : « ici tu es venu le laisser ‘cabrón’ (connard), ici tu es venu le laisser ! » Comprenant alors que c’était lui qui avait mis ce sac de détritus devant notre porte, je me suis rué sur lui (sans en venir aux mains, mais ça aurait pu) et je lui ai dit de répéter ce qu’il venait de dire, de me dire de quel ‘cabron’ il venait de parler. Il était complètement désabusé, ne comprenant pas ce qu’il venait de se passer. Je venais de le griller de façon magistrale, il n’avait pas vu que j’étais juste là. Il était bien débile et sûr de lui pour parler tout seul à voix haute juste devant notre cafétéria.

Tout penaud de s’être fait prendre par sa propre bêtise, il retourna chez lui et n’en ressortit pas, laissant le sac où je l’avais laissé. Après cette altercation, la journée se déroula tranquillement jusqu’à ce que mon attention soit attirée par homme assis à l’angle de la rue opposée à la cafétéria. Je me suis rapproché de la porte et l’ai reconnu, c’était l’indien aux dents en or venu nous proposer des roses et nous raconter des trucs incohérents quand on venait d’ouvrir le matin.

Je le vis, en fis part à ma femme, et de nouveau nous trouvions cela bizarre. Nous nous mîmes à l’observer pour voir ce qu’il faisait. Il était assis, avait l’air préoccupé, mais ne regardait quasiment pas vers nous. Le temps passait, et il restait là, quand d’un coup j’eus un déclic, je venais de comprendre. Je me suis rendu compte que ce qu’il surveillait, c’était le sac de détritus de l’autre côté de la rue.

Je l’observais, et il ne quittait pas les yeux du sac. Je venais de comprendre que ce sorcier — car il avait avoué quelques heures plus tôt qu’il faisait « ce genre de travail » — avait un lien avec le sac déposé par le voisin, lui-même ayant manigancé les jours précédents avec la tante maléfique. Tout devint clair : la tante avait fait appel comme à son habitude à un sorcier pour faire « un travail » à notre encontre, le « travail » (on saura plus tard ce que c’était grâce à notre éternel ami Pancho) était caché dans un pseudo sac d’ordure. Le sac avait été donné au voisin pour qu’il le dépose au petit matin devant notre porte, afin que nous le mettions à l’intérieur de la maison.

Je venais donc de comprendre, et au moment où je le raconte à ma femme, quelque chose d’inattendu arrive. Je parlais tout à l’heure du camion poubelle et des détritus qui souillent presque tout le temps le sol, mais il y a justement, pour lutter contre ce fléau, des employés de la ville qui passent à pied avec un sac en jute et une grande pince pour enlever tous les papiers et autres emballages plastiques qui jonchent le sol. Et il se trouve qu’au moment même où je disais à ma femme que je soupçonnais cet homme bizarre d’être un sorcier au service de la tante, est passé un de ces éboueurs à pied, qui vit le sac et ni une ni deux le mit dans son sac de jute sous les yeux impuissants de l’indien aux dents en or. A peine 20 secondes après que l’éboueur soit passé, l’indien s’est levé et est parti dans la même direction, suivant l’éboueur; ça ne faisait aucun doute, je venais de viser dans le mille. Ma femme quant à elle n’était pas du tout enchantée de tout ce qui venait de se passer et appela aussitôt notre ami (lui aussi sorcier, mais au sens positif du terme, se refusant à tous travaux dans le but de porter préjudice)…

L’ami Pancho vint le soir même, nous lui avons raconté le déroulement de cette folle journée. Comme nous avions pris en photo les 3 protagonistes, le voisin, la tante et le sorcier, nous avons montré les photos à Pancho, et là, au surprise, le visage du sorcier lui est familier. Il dit l’avoir déjà vu lors d’un « nettoyage énergétique » d’une personne — c’est-à-dire que Pancho peut, lorsqu’il y a un sort jeté sur quelqu’un ou dans un lieu, voir la personne qui a fait « le travail » au travers du sort jeté. Ce sorcier, il l’avait déjà vu, et il nous donne plus de détails encore.

Il nous dit qu’il a un problème à un œil, et qu’il fait exclusivement ça pour l’argent (nous aurions pu aller lui parler pour lui proposer une somme d’argent plus importante que celle que lui donne la tante) . Il n’a rien contre nous personnellement, il n’est ni bon ni mauvais, il est juste cupide. Selon Pancho, il y a beaucoup de sorciers comme lui par ici et c’est un vrai bizness, malgré le fait que les risques encourus par ces sorciers sont bien réels, car à chaque qu’ils font du tort à quelqu’un, le sort peut se retourner contre eux si la personne visée a une bonne protection ou a un sorcier de son côté plus puissant que celui qui jette le sort.

Il nous dit aussi qu’en ce qui concerne les manifestations nocturnes entendues 2 ou 3 jours avant ce fameux vendredi, elles ont eu lieu parce que le sorcier était déjà là (chez la tante) et qu’il avait déjà commencé à « travailler ». J’ai emmené alors Pancho à la porte d’entrée où j’avais trouvé le sac suspect au matin, il s’est approché de l’endroit où était le sac (de l’intérieur de la maison, pas côté rue), il s’est agenouillé et resté concentré comme ça 5 minutes environ, puis il nous dit qu’il y avait dedans une espèce de poupée artisanale avec des bougies lacérées et entourées de fil rouge, et d’autres trucs aussi dont je ne me rappelle plus, et que ça allait être un sort très puissant si on l’avait fait rentrer dans la maison. Heureusement que j’avais eu le réflexe de ne pas le faire rentrer car sinon il y aurait eu des conséquences très néfastes pour nous. Il a ajouté que lorsque le sorcier est venu nous proposer sa « protection avec des roses », il pensait que nous avions fait rentrer le sac dans la maison et qu’en conséquence nous allions être « dociles » et allions accepter sans résistance sa proposition.

Pancho nous a dit aussi que la protection qu’il avait faite lors du nettoyage énergétique n’aurait servi à rien car le mal allait se rependre à l’intérieur de la maison (mauvais ambiance entre les membres de la famille, irritabilités, prises de tête, maladies possibles…).

Il nous a donc proposé de refaire une cérémonie de protection. La nuit venue, nous avons fait un grand feu au milieu du patio, avons brûlé de l’encens de copal, en passant dans toutes les pièces avec le copal… Et depuis ce jour nous n’avions pas réentendus de bruits bizarres jusqu’à cette nuit (7 juin 2014) où nous avons entendu vers 1h00 une espèce de vibration/coups très rapide pendant une à deux secondes et après plus rien; et je précise qu’à l’heure où j’écris ces lignes un doute s’installe quant à la nature de cette vibration/bruit.

Autant il ne fait aucun doute que la tante de ma femme a recours à la sorcellerie pour nous nuire, autant il est possible que certains des phénomènes étranges auxquels nous assistons dans cette maison soient d’une autre origine (il est peut-être bon de faire la distinction entre chaque phénomène, et ne pas tous les mettre dans la même catégorie). Je terminerai là-dessus en ce qui concerne ce sujet.

Autres informations sur la sorcellerie

Pancho m’a parlé d’autres choses, et d’autres personnes ici m’ont apporté leur témoignage. Apparemment, certains sorciers, très avancés et très puissants d’après lui (car lui ne sait pas faire ça), peuvent se « mettre dans la peau » d’animaux.

J’explique : Pancho m’a raconté que lorsqu’il était aux USA (en tant qu’illégal, comme beaucoup par ici qui vont et qui viennent après avoir leurs sous, ou après avoir été expulsés !), il était une nuit dans un dortoir avec d’autres mexicains dont un cousin à lui qui visiblement était assez calé niveau sorcellerie. Pancho ne dormait pas, mais était dans son lit comme s’il dormait. Il a vu son cousin se lever sans faire de bruit, se mettre à faire 3 tours sur lui-même et ensuite tomber net sur le sol comme inerte, et près de son corps est sorti un chat qui s’est enfui par la fenêtre.

Voyant ça, il s’est levé et a essayé de réveiller son cousin qui gisait par terre mais sans succès, il était comme endormi mais impossible à réveiller. Il s’est remis dans son lit et plusieurs heures après le chat est revenu dans la pièce. Son cousin s’est réveillé et s’est remis dans son lit comme si de rien n’était.

Un autre témoignage : celui de la marraine de mon épouse, qui vit juste à côté de chez nous depuis une vingtaine d’années avec son mari (ils ont entre 70 et 80 ans environ). Ils vivaient avant dans un bled que je ne connais pas en campagne, et dans leur patelin il y avait une vielle femme réputée pour être une sorcière. Certaines familles étaient frappées de maladies bizarres sans raisons connues. Elles ont commencé à se rendre compte que certaines nuits venait un âne (une ânesse pour être précis) qui mangeait (et endommageait) les jardins de ces familles en particulier. Une nuit, une des familles voyant l’âne une fois de plus en train de manger leurs cultures, est sortie avec des bâtons et l’ont roué de coups jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le lendemain ou surlendemain, les habitants du village se sont rendus compte celle qu’on pensait être une sorcière ne donnait plus signe de vie. Ils l’ont trouvé chez elle, morte, pleine d’hématomes comme si elle aussi avait été rouée de coups.

Note :

Cette manifestation du « corps astral » ou du « double » a été relatée par Claude Lecouteux dans des témoignages très précis (voir Elle mangeait son linceul, Fées, sorcières et loup-garousMondes parallèles, et Elle courait le garou : Lycanthropes, hommes-ours, hommes-tigres). Il est clair que ces pratiques sont encore d’actualité car nous avons eu des témoignages récents en France. Carlos Castaneda donne une explication intéressante à ce phénomène dans Le feu du dedans :

« Il dit que le déplacement [du point d'assemblage, lieu où se forme la perception du monde] s’effectue d’ordinaire vers la gauche, que la préférence pour cette direction est une réaction naturelle chez la plupart des êtres humains, mais que certains voyants peuvent diriger ce mouvement vers des positions qui se trouvent au-dessous de l’endroit où le point se situe d’habitude, Les nouveaux voyants appellent
ce déplacement le « déplacement vers le bas ».

« Les voyants subissent également des déplacements accidentels vers le bas, poursuivit-il. Le point d’assemblage n’y demeure pas longtemps, heureusement, parce que c’est le domaine de la bête.
Se diriger vers le bas est contraire à notre intérêt, bien que ce soit extrêmement facile. »

Don Juan me dit aussi que parmi les nombreuses erreurs de jugement commises par les anciens
voyants, l’une des plus graves consistait à déplacer leur point d’assemblage vers la région immense du bas, ce qui fit d’eux des experts dans l’art d’adopter des formes animales. Ils choisissaient divers animaux comme points de repère et appelaient ces animaux leur nagual. Ils croyaient qu’en déplaçant leur point d’assemblage vers certains endroits précis ils pourraient acquérir les caractéristiques de l’animal de leur choix, sa force, sa prudence, sa ruse, son agilité ou sa férocité.

Don Juan m’affirma qu’il existe même chez les voyants d’aujourd’hui de nombreux et terribles exemples de pratiques de ce genre. La relative facilité avec laquelle le point d’assemblage de l’homme se déplace vers toute position inférieure soumet les voyants à une grande tentation, surtout ceux qui ont un penchant pour cela. Il est donc du devoir du nagual d’éprouver ses guerriers.

Il me dit alors qu’il m’avait mis à l’épreuve en déplaçant mon point d’assemblage vers une position située dans la région du bas, pendant que j’étais sous l’influence d’une plante de pouvoir. Puis il avait guidé mon point d’assemblage jusqu’à ce que je parvienne à isoler la bande d’émanations de la corneille, ce qui eut pour résultat de me transformer en corneille.

Je posai à nouveau à don Juan la question que je lui avais posée des dizaines de fois. Je voulais savoir si je m’étais physiquement transformé en corneille ou si j’avais simplement pensé et senti comme cet animal. Il m’expliqua qu’un déplacement du point d’assemblage vers la région du bas aboutit toujours à une transformation totale. Il ajouta que si le point d’assemblage franchit un certain seuil crucial, le monde disparaît ; il cesse d’être ce qu’il est pour nous, à niveau d’homme. Il admit que ma transformation fut en effet effroyable à tous égards. Ma réaction à cette expérience lui prouva que je n’avais aucune tendance qui me poussât dans cette direction. Si cela avait été le cas, j’aurais dû utiliser une immense énergie pour combattre et venir à bout d’un penchant à rester dans cette région du bas, que certains voyants trouvent extrêmement agréable.

Il me dit encore que tous les voyants souffrent périodiquement d’un déplacement involontaire vers le bas, mais que ce genre de déplacement devient de moins en moins fréquent à mesure que leur point d’assemblage poursuit ses déplacements vers la gauche. Cependant, chaque fois qu’il survient, le pouvoir du voyant qui le subit diminue considérablement. C’est un inconvénient qu’il faut du temps, et un grand effort, pour neutraliser.
« Ces défaillances, dit-il, rendent les voyants très maussades et bornés, et, dans certains cas, très rationnels. » [...]

« Les voyantes subissent plus de déplacements vers le bas que les voyants. Mais elles sont capables de sortir en trombe de cette position sans aucun effort alors que les hommes s’y attardent dangereusement. »
Il me dit aussi que les voyantes ont une extraordinaire capacité à maintenir leur point d’assemblage sur n’importe quelle position dans la région du bas. Les hommes n’y parviennent pas. Les hommes sont doués de modération et de résolution, mais de très peu de talent; c’est pour cela qu’un nagual doit avoir huit voyantes dans son clan. Les femmes donnent l’impulsion nécessaire pour traverser l’immensité incommensurable de l’inconnu. À côté de cette capacité, ou peut-être grâce à elle, les femmes sont douées d’une intensité très virulente. Elles peuvent donc reproduire une forme animale avec flamme, aisance et une férocité sans pareille. [...]

Il me dit, toujours en murmurant, que certaines régions géographiques non seulement aident à ce
déplacement précaire du point d’assemblage mais sélectionnent aussi des directions spécifiques pour ce déplacement. Le désert de Sonora, par exemple, aide le point d’assemblage à se déplacer au-dessous de sa position ordinaire, vers le domaine de la bête.
« C’est pour cela qu’il y a de vrais sorciers à Sonora, dit-il. Des sorcières surtout. ces régions sont proches de leylines ou vortex qui permettent aux entités qui réalisent la magie de l'invocation du sorcier de s'effectuer le prix a payer sera l'ame du magicien ,quel vil prix pour pourir l'existence de milliers d'individus .

Source : Aurélien L news of tomorrow

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