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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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front national
16 novembre 2013

« C’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal* »

ISLAMOPHOBIE

Les récents actes racistes [ Rapport de la CNCDH ] et islamophobes [ Carte des actes islamophobes en France ] qui ont frappé de nombreux citoyens issus du continent africain les rappelant à leur origine et à l’histoire de la mise en esclavage et de la colonisation portent en eux plusieurs facteurs. D’une part, ces actes prouvent que les esprits se sont libérés du carcan de l’égalité qu’ils trouvaient trop anachronique, trop lourd à respecter alors qu’il leur avait été imposé –de leur point de vue- par le développement des politiques orientées par les droits de l’homme, dont la non-discrimination et le respect de la dignité humaine. Ces politiques n’ont pas réussi à anéantir l’impensé raciste, même après les indépendances africaines ; elles ont juste permis de cacher le racisme basé sur l’essentialisme biologique et de focaliser sur l’essentialisme culturel. Ce déplacement conceptuel a conforté le néo racisme en lui conférant une invisibilité face aux outils de la lutte anti raciste adaptés au racisme universaliste et non au racisme différentialiste.

Et cela, évidemment, n’a pas permis de mettre à distance la croyance d’une « civilisation supérieure ». L’Occident gardant pour nombre de personnes, dont les élites politiques et intellectuelles, l’auréole qu’il brandit depuis le Siècle des Lumières et qui justifie en elle-même l’idée de la suprématie d’une pensée « blanche ».

D’autre part, c’était sans compter avec les ravages de la mondialisation. Si dans les années 70-80, le rôle de l’Etat, en tant que régulateur des rapports sociaux, était ouvertement revendiqué, de nos jours, ce rôle se trouve profondément érodé par l’offensive idéologique et politique du capitalisme mondialisé. Cette offensive a pour conséquence un vrai recul des fonctions de l’Etat sur le plan de l’exercice traditionnel de ses compétences. Les pouvoirs publics se contentant de réguler juridiquement les privatisations ainsi que la vente de biens publics aux transnationales, de gérer les « restructurations », les licenciements et les délocalisations qui en découlent.

De fait, en tant que facteur politique et social de régulation, l’Etat a perdu et son rôle de redistributeur de richesses par la politique fiscale et celui de la mise en place de politiques portant sur l’emploi, l’éducation, la santé, la culture... En un mot, l’Etat est réduit au rôle de gardien des intérêts privés. Le pouvoir politique, enfoncé dans une profonde crise de crédibilité et de légitimité, devient le facteur qui véhicule « les valeurs » du capitalisme et les mots d’ordre l’accompagnant -compétitivité, récompense au mérite, responsabilité individuelle, égalité des chances, bonne gouvernance, peur de l’autre avec en regard la fabrique d’un ennemi de l’intérieur- sont devenus l’orientation principale des politiques étatiques. L’objectif étant l’accaparement de la richesse au profit d’une minorité. Dès lors, le système désigne à la vindicte populaire toutes les personnes qu’il estime de trop ; trop de migrants, trop de Roms, trop de Chabanis, trop de musulmans, trop de femmes voilées, trop de chômeurs, trop de malades, trop de pauvres, trop de personnes sans logis, trop de sans-papiers… Cette liste peut s’allonger ad libitum.

Le résultat est sans appel : les femmes et les hommes sont traités à la fois, comme une ressource exploitable que l’on peut sélectionner, évaluer, éliminer et comme une marchandise que l’on peut jeter ou remplacer. La forme de gestion portée par le système capitaliste libéral n’est pas sans rappeler la façon dont étaient traités les êtres humains maintenus en esclavage ou sous colonisation.

D’accusations larvées en petits mots stigmatisants, du raidissement sur l’idée phantasmée d’une France de souche, seule capable de sauver cette France, aux agressions physiques empreintes d’islamophobie et de mots orduriers jetés à la face de citoyens français, y compris ayant des fonctions ministérielles, les élites politiques et intellectuelles ont, en donnant le « la », autorisé la libération de l’impensé raciste et ce retour au racisme biologique.

Il devient indispensable que ces élites cessent de favoriser la permanance de la colonialité aussi bien dans les rapports sociaux et dans les institutions que dans les relations internationales de façon à promouvoir des politiques qui font exister « l’agir en commun, égaux et différents [1] »

En définitive, 50 ans après les indépendances, on peut dire que si le colonialisme n’existe plus sous ses formes directes et brutales, la colonialité n’a jamais disparu des esprits et particulièrement de ceux qui dominent et organisent le monde en fonction de leurs intérêts.

* Hannah Arendt, « Le système totalitaire », Le Seuil (collection « Points / Essais », no 307), 2005

Mireille Fanon-Mendes-France pour la Fondation Frantz Fanon

* Mireille Fanon-Mendes-France Experte ONU

Fondation Frantz Fanon. 13 novembre 2013

El Correo. París, le 15 novembre 2013.

Contrat Creative Commons
Cette création par http://www.elcorreo.eu.org est mise à disposition selon les termes de la licence Creative

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14 novembre 2013

Bonnets rouges : des dérives autonomistes derrière les revendications sociales

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Des Bretons affublés de bonnets rouges défilant sous une marée de drapeaux noir et blanc : l'image a fait le tour de la planète. Les ouvriers bretons licenciés défilent à l'appel des patrons bretons sous un même drapeau, le drapeau breton. Le drapeau breton montre que les Bretons sont tous unis pour mener le même combat séculaire : les bons Bretons sont en révolte contre la France. Ils veulent leur liberté, la « liberté armorique » revendiquée au XVIIe siècle lors de la révolte dite des « bonnets rouges » (qui, en fait, étaient aussi bien bleus).

Pour les patrons de l'agroalimentaire qui appellent à manifester, la liberté a un sens bien précis. Pour les élus à l'origine de cette énorme opération de propagande, il a un sens non moins précis. Ce qui les rassemble se résume en un mot : autonomie.

Les premiers sont fédérés en un lobby qui réclame le droit d'en finir avec la République et ses lois contraignantes : c'est ce qui s'appelle en attendant mieux « droit à l'expérimentation ». Les seconds appuient ce projet en vue de faire de la Bretagne une nation tenant sa place dans une Europe des peuples et ethnies solidaires.

A la tête des premiers, Alain Glon, ex-président de l'entreprise Glon-Sanders et président de l'Institut de Locarn. A la tête des seconds, Christian Troadec, maire de Carhaix, fondateur du parti autonomiste Nous te ferons Bretagne, soutenu par le Parti breton, indépendantiste, relais de l'idéologie de Locarn.

UNE STRATÉGIE DE L'ENTRISME

Electoralement, ils ne représentent rien (aux élections régionales, la liste de Troadec n'a pas obtenu 5 % des voix). Politiquement, ils mènent le jeu face à un pouvoir incapable de leur tenir tête, faute d'avoir su faire pièce, dès l'origine, à une stratégie de l'entrisme menée depuis tous les points d'accès possible : gauche ou droite, écologie ou développement sans contrôle de l'agroalimentaire, appels aux droits de l'homme pour défendre l'homme breton exclusivement, apologie de la Résistance bretonne et assimilation de la Résistance au combat breton mené par les nationalistes alliés aux nazis, et, pour finir, appel des ouvriers à défiler au nom de la Bretagne derrière les patrons qui les licencient.

Les ouvriers défilent : la démonstration est faite, ils sont bretons. Leur identité les amène à se révolter : ils se mettent des bonnets rouges sur la tête. Ils se révoltent au nom de leur nation niée, le drapeau le prouve : ils brandissent des drapeaux noir et blanc.

Personne ne rappelle que le sinistre drapeau noir et blanc a été inventé par un druide raciste comme symbole antirépublicain, à partir d'hermines représentant les évêchés de la Bretagne féodale, la Bretagne d'avant la Révolution française tant honnie par les autonomistes dont il était l'un des chefs. Personne ne rappelle que la sanglante jacquerie dite des « bonnets rouges » était dirigée contre la noblesse et le clergé bretons autant et plus que contre les fermiers du roi.

Et surtout, personne ne se demande qui sont ces patrons qui sonnent le tocsin contre l'écotaxe et distribuent des bonnets au peuple pour l'enrôler dans une croisade identitaire. Produit en Bretagne (300 entreprises, un phare bleu sur fond jaune garantissant la qualité du « made in Breizh »), bon label, bons patrons – ils font plier Paris : c'est une victoire.

Seuls sont interrogés à ce sujet les autonomistes, Alain Glon, pour l'Institut de Locarn, Jakez Bernard, pour Produit en Bretagne, Romain Pasquier, Ronan Le Coadic, Christian Troadec… La « misère armorique » fait le beurre du séparatisme.

LA PREMIÈRE D'UNE LONGUE SÉRIE

Présentée comme née spontanément d'une révolte atavique des Bretons contre l'impôt, écotaxe ou gabelle, cette opération médiatique a été soigneusement orchestrée et d'ailleurs présentée dès l'origine comme la première d'une longue série. On ne peut la comprendre qu'en la prenant pour ce qu'elle est, à savoir une phase particulièrement voyante de la réalisation du projet politique poursuivi par le lobby patronal breton.

Voilà quelques années, tenter d'expliquer le rôle du Club des Trente ou de l'Institut de Locarn dans la dérive identitaire à laquelle on assiste en Bretagne vous exposait à vous faire accuser de conspirationnisme. L'un des premiers soutiens de l'Institut, Patrick Le Lay, jurait ne pas le connaître. De même, des responsables de Produit en Bretagne assuraient n'avoir aucun lien avec Locarn.

Les statuts de ces associations ont pourtant été déposés à la sous-préfecture de Guingamp : l'association Institut de Locarn, culture et stratégies internationales a été déclarée le 5 avril 1991 ; Produit en Bretagne le 9 février 1995, bizarrement, à première vue, précédée, le 2 juin 1993, par une Association Coudenhove-Kalergi-Aristide-Briand ayant, elle aussi, son siège à l'Institut de Locarn.

Le comte de Coudenhove-Kalergi est le fondateur de l'Union paneuropéenne, dont les principes fondamentaux peuvent être lus en ligne : « L'Union paneuropéenne reconnaît l'autodétermination des peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel, économique et politique. » « Le christianisme est l'âme de l'Europe. Notre engagement est marqué par la conception chrétienne des droits de l'homme et des principes d'un véritable ordre juridique. »

L'ÉTAT-NATION DOIT DISPARAÎTRE

Le projet de l'Institut de Locarn a été exposé par son fondateur, Joseph Le Bihan, en 1993, sous le titre « Genèse de l'Europe unifiée dans le nouveau monde du XXIe siècle » : la France n'a plus d'avenir ; l'Etat-nation doit disparaître ; il faut liquider l'éducation nationale, les services publics et surtout les services culturels, en finir avec l'héritage de la Révolution française, syndicalisme, laïcité, et autre boulets : « Nous allons réintégrer cette Europe de la civilisation et de la propreté qui existe déjà en Allemagne, en Suisse et dans certains pays nordiques. »

Le plus beau jour de l'histoire de l'Institut, d'après son fondateur, a été, en juin 2006, le jour où le président du conseil régional socialiste, Jean-Yves Le Drian, est venu y présenter son projet pour la région. Depuis, la messe est dite et la collusion sans mystère. Nul espoir que la gauche s'oppose au projet obscurantiste de Locarn – dont les Bretons ne voudraient pourtant pas s'ils étaient consultés.

Le discours ethniciste des élus socialistes qui ont fait entrer les autonomistes de l'UDB au conseil régional s'inscrit dans la droite ligne de celui des patrons bretons et la labellisation de la Bretagne sur base identitaire semble irrémédiable.

Alain Glon, lors de l'université d'été de Locarn, déclarait : « Notre problème, c'est la France » et donnait pour modèle l'action des Flamands susceptible de faire éclater la Belgique en ethnorégions.

L'écotaxe a bien servi. Sous bonnet d'acrylique fabriqué en Ecosse, les bons Bretons sont venus fournir les troupes. On les faisait danser en chapeaux ronds, ils défileront en bonnets rouges. Le lobby breton a gagné : la guerre ne fait que commencer.

Françoise Morvan (Ecrivaine, traductrice et spécialiste du folklore breton)

Françoise Morvan est l'auteure du « Monde comme si –Nationalisme et dérive identitaire en Bretagne » (Actes Sud/Babel, 2005)

http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/11/13/bretagne-des-derives-autonomistes-derriere-les-revendications-sociales_3513215_3232.html

 

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