Très grande
La maladie bipolaire, ou trouble bipolaire, a le vent en poupe.
Curieuse formule pour une pathologie mentale… Evidemment, mais être bipolaire, c’est très tendance, et ça peut vite vous tomber dessus.
En 2014 ce trouble caracole en tête des diagnostics de santé mentale.
Le terme déjà (belle invention marketing) est bien plus élégant, bien plus valorisant que celui de « maniaco-dépression » ou de « psychose maniaco-dépressive » qu’il a remplacé.
Et à travers ce changement de dénomination, la définition médicale a tellement été élargie qu’il suffit parfois de souffrir de simples sautes d’humeur, de légère dysthymie, d’anxiété, d’irritabilité ou de dépression répétée mais légère pour être condamné à vie à de lourds traitements.
A en juger par les courriers que nous recevons, beaucoup d’entre vous sont confrontés à cette maladie, inquiets à la suite d’un diagnostic, affolés à l’idée de prendre à vie des pilules indésirables. Vous nous demandez des conseils, des solutions naturelles que l’on dit inexistantes.
Certains dénoncent le machiavélisme de Big Pharma, qui médicalise à outrance nos émotions. La psychiatrie est maintenant le 1er marché pharmaceutique aux Etats-Unis.
Mais nombre d’entre vous expriment aussi une vraie souffrance, poignante. Car même si ce déséquilibre thymique est surévalué, surexploité, quand la maladie de l’humeur se déclare vraiment, c’est un calvaire qui commence.
On ne va pas forcément plus mal sans médicament
Alors entre mensonges et réalités, comment s’y retrouver, comment se soigner au mieux quand on est réellement touché ?
Pour cela, il est essentiel de connaître la « vraie » maladie bipolaire, et de savoir la reconnaître.
Pour cela, la vigilance s’impose face aux « stabilisateurs de l’humeur », « psychorégulateurs », « thymorégulateurs »… lithium, carbamazépine, acide valproïque et autres remèdes dérivés des médicaments inventés il y a 60 ans pour la schizophrénie, et que l’on prescrit au tout venant.
Il existe des moyens naturels permettant de juguler la maladie, d’en atténuer les symptômes et sinon de la faire reculer, au moins de la stabiliser. De toute façon les drogues dures (ces fameux stabilisateurs) ne font pas mieux : elles détruisent la santé à petit feu et entretiennent une autre forme de folie.
C’est un peu comme après une lourde chimiothérapie : la maladie est anéantie, et le patient avec…
Si vous êtes confronté à ce diagnostic, vous pouvez parfaitement décider de vous éviter ces ennuis. Si vous êtes déjà sous traitement, vous pouvez décider de les réduire progressivement et de sortir de l’abrutissement.
Vous avez toujours la liberté de décider d’aller mieux sans ces drogues ! Sauf dans les cas graves, vous n’irez pas plus mal !
La maladie du tout Hollywood
Aux Etats-Unis les « coming out » de stars se succèdent sur les networks : « Je suis bipolaire. J’ai des hauts et des bas et je suis sous traitement ».
Britney Spears, Jim Carrey, Stephen Fry ou Mel Gibson sont bipolaires. Comme l’actrice Catherine Zeta-Jones, l’égérie de cette maladie.
Catherine Zeta-Jones joue son rôle à merveille. En avril 2011, elle décide de se faire hospitaliser pour ce trouble déclenché selon elle par le stress consécutif au cancer de la gorge de son Michael Douglas de mari. Depuis elle répète à l’envi : « Si ma révélation d’être bipolaire peut encourager les gens à demander de l’aide, alors cela vaut la peine »…
Bien avant elle, le chanteur Sting, avait chanté « Lithium sunset », une ode à la gloire du lithium, le premier médoc à s’être attaqué au mal : «… Je vais mieux, je sens votre lumière sur mon visage. Guéris mon âme, ô Lithium coucher du soleil »…
Et la mode a pris chez nous. En 2010, le comédien Benoît Poelvoorde s’est confessé publiquement : « Je suis bipolaire comme pas mal de monde ». D’autres vedettes ont suivi et l’épidémie galope tandis que les forums de « bipotes » font florès sur le Web.
Une aubaine publicitaire pour l’industrie des thymorégulateurs.
5 millions de Français bipolaires, mon œil !
Selon les chiffres officiels, cette maladie toucherait en France près de 2 millions de personnes. Et on estime que 10 millions de personnes, soit 1 Français sur 6, en souffrent directement ou par l’intermédiaire d’un proche (cette maladie perturbe tout l’entourage).
Mais si l’on prend en compte comme certains experts les troubles apparentés, telles la cyclothymie ou la dysthymie, c’est au moins le double de personnes qui sont touchées, soit près de 5 millions… On peut même vous déclarer « bipolaire monopolaire » (sic), ce qui est arrivé à l’un de mes amis qui souffre de dépression chronique.
5 millions, mon œil ! Vu les conséquences du stress de nos vies trépidantes et émotionnellement chargées, le médecin généraliste (formé en la matière par les labos) a vite fait de vous diagnostiquer un petit travers « bipolaire ». Mais rassurez-vous, il y a 80% de chances que ce diagnostic soit faux. Même les psychiatres n’en peuvent plus, qui sont de plus en plus nombreux à s’élever contre ce qu’ils qualifient d’« impérialisme bipolaire ».
Une « épidémie » créée de toute pièce par les labos
La maladie bipolaire est un ensemble de syndromes (catégorie « fourre-tout » par définition) qui a été créée et peu à peu élargie par les labos, via le DSM.
Les sains d’esprit sont des malades qui s’ignorent…C’est le postulat de travail de l’APA, l’Association psychiatrique américaine, l’organisation la plus influente dans le monde de la santé mentale. Son fameux DSM, « Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders » (je vous en ai déjà parlé ici) énumère un demi-millier de troubles et ne cesse d’élargir les critères des maladies mentales de sorte que tout le monde est à peu près concerné.
C’est sous l’influence de l’APA (dont l’indépendance des experts vis-à-vis des labos a maintes fois été mise en cause) que le Prozac a révolutionné la santé mentale, que l’OMS nous parle d’une « crise mondiale » de dépression et recommande toujours sa molécule, la fluoxétine, comme traitement.
C’est par la même supercherie de cette organisation psychiatrique (via le DSM IV de 1994 révisé en 2000) que le chiffre officiel des bipolaires (comme des enfants hyperactifs, des autistes, etc.) a bondi ces dernières années.
Qu’est-ce que la (vraie) maladie bipolaire ?
Nous avons tous des variations de l’humeur, des sautes d’humeur, des hauts et des bas. Des « jours sans » aussi. Et il arrive parfois que sur des périodes plus longues, une semaine voire dix jours, nous soyons en forme ou à l’opposé, las et fatigués. Ce peut être dû à la saison, à une période difficile au niveau professionnel, affectif ou social, mais il arrive que nous ne trouvions pas d’explication à ces modifications. Au fond, nous sommes tous maniaco-dépressifs comme disait Ronald Fieve qui fut l’un des premiers à s’intéresser à cette maladie. L’industrie pharmaceutique l’a pris à la lettre !
La réalité, c’est que chez un vrai bipolaire, ces hauts et ces bas ressemblent à des montagnes russes tant ces changements d’humeur prennent une ampleur démesurée. On perd le contrôle de sa vie, réduite à une courbe sinusoïdale. On est pris en tenaille entre deux pôles extrêmes et opposés, la dépression la plus noire et l’exaltation la plus vive.
Les périodes difficiles, durant lesquelles tristesse et désespoir dominent, peuvent durer des mois. On se sent bon à rien. Puis suivent, à l’opposé, des périodes d’euphorie, d’excitation (manie ou hypomanie) : tout s’accélère, la pensée, les projets, les actions. On se sent si bien et tout puissant.
Quand ces deux extrêmes s’alternent périodiquement, c’est la maladie, une maladie handicapante souvent porteuse de graves conséquences : divorces, licenciements, faillites personnelles, ennuis judiciaires parfois, suicides…
Comment être sûr(e) du diagnostic ?
Dans son expression la plus virulente, quand les hauts et les bas s’enchaînent diaboliquement, le diagnostic du trouble est facile.
Mais en phase débutante ou atténuée (cas le plus fréquent), la maladie bipolaire n’est pas facile à cerner. La limite entre les hauts et les bas d’une vie ordinaire et des hauts et des bas plus accentués est mince.
De l’aveu même des psychiatres spécialisés, il faut du temps pour trancher. Cela ne se fait pas en une ou deux consultations. Il faut des mois et parfois des années pour distinguer une légère hypomanie d’un état de bien-être non pathologique.
Votre généraliste vous déclare bipolaire parce que vous êtes régulièrement déprimé(e) ou excité(e) ? Donnez-vous du temps… Allez voir un psychiatre et revenez consulter ce dernier, surtout quand vous n’en éprouvez pas le besoin parce que « tout va bien »… Ce « tout va bien » peut masquer une phase hypomaniaque et il n’est pas rare de tomber dans le déni (on se sent si bien en phase « haute ») en se croyant simplement dépressif chronique.
Avant de se prononcer, un bon thérapeute vous suivra donc dans le temps. Et il vous demandera de venir accompagné d’un proche à qui il demandera de vous inciter à prendre contact avec lui s’il détectait chez vous cette tendance à la super forme. Car autant l’esprit détecte facilement la dimension pathologique de la dépression, autant il reste comme aveugle face au dérèglement hypomaniaque.
Artistes et décideurs sont les premiers touchés
Il n’existe pas de profil prédisposant à la maladie, à l’exception d’une catégorie de population : les décideurs, les artistes, les grands génies, quels que soient leurs domaines d’activité, sont 10 à 20 fois plus touchés.
On comprend mieux leur manie d’arborer cette affection comme un signe distinctif (au contraire de la dépression « monopolaire », toujours honteuse)…
Berlioz, Rossini… Ray Charles, des écrivains comme Balzac, Baudelaire, Victor Hugo, Hemingway, des peintres comme Gauguin, Munch, Van Gogh ou Marylin Monroe et Francis Ford Coppola dans le cinéma ont souffert de ce trouble. La liste est longue. Et tout le monde connaît « Dr Jekyll et Mr Hyde » mais ignore que l’écrivain Robert Louis Stevenson s’est probablement inspiré de son mal pour ce récit.
Gérard Garouste, l’un de nos peintres contemporains, connu pour avoir décoré l’Elysée, est aussi sévèrement maniaco-dépressif. Dans son autobiographie, « L’intranquille », il raconte avec force et lucidité sa souffrance, ses délires et ses dépressions, ses séjours en hôpital entre deux éclaircies, et comment la maladie l’a poussé vers la peinture. Il écrit aussi : « Etre heureux est dangereux pour moi »…
De grands hommes d’Etat étaient maniaco-dépressifs, nous dit-on : Napoléon, Lincoln, Roosevelt, Churchill. La liste là aussi est longue.
»On peut se demander si cette maladie ne serait pas une forme de sélection génétique d’une sous-population nécessaire à toute société, puisque c’est celle qui fournit les aventuriers, les bâtisseurs, les créateurs… ». Je l’ai lu dans un ouvrage sérieux. L’auteur y va fort mais cette prédisposition peut aussi s’expliquer simplement.
Le « tiercé perdant » pour tomber malade
Les artistes, les créateurs, les leaders d’opinion, les dirigeants, vivent de fortes phases d’excitation, expérimentent l’ivresse du pouvoir ou de la création et ont souvent des rythmes de vie saccadés.
Ils sont aussi exposés à des comportements excessifs. Ce sont là typiquement des conditions qui font le lit de la maladie.
Le trouble bipolaire a plusieurs origines. Trois domaines sont déterminants : la biologie (une vulnérabilité génétique disent les psy mais j’ajouterai aussi sûrement un organisme malmené par l’alimentation), la psychologie (une personnalité fragile, hypersensible), et les évènements de la vie (traumatismes psychologiques). Il faut aligner ce « tiercé perdant » pour tomber malade, une faiblesse dans un ou deux de ces domaines ne suffit pas. C’est une maladie très moderne car multifactorielle et liée au culte de la performance. Pas étonnant qu’elle flambe.
Voici quelques facteurs qui favorisent la survenue du trouble bipolaire :
- Un tempérament passionné,
- Une nature excessivement énergique,
- L’ivresse de la création ou du pouvoir : on travaille des heures d’affilée sans dormir et sans ressentir aucune fatigue. On ne s’arrête plus, on dépasse les bornes en tout.
- Le culte de la performance et l’hyperactivité : si vous travaillez 80 heures par semaine, si vous êtes connectés jour et nuit sur vos ordi, vos boîtes mail, vos téléphones portables, si vous courez après les signes extérieurs de réussite, vous êtes peut-être déjà hypomaniaques. Combien le sont, sans le savoir tant les symptômes collent aux « normes » et aux rythmes modernes ?
De type 1, 2, 3 ou un peu de tout ?
Il n’y a pas si longtemps les maniaco-dépressifs étaient tenus pour « fous ». A l’époque on ne considérait que les formes intenses du trouble bipolaire, celles qui caractérisent ce que l’on appelle aujourd’hui le trouble bipolaire de type 1. Dans cette forme (TB1), la personne alterne des périodes de dépression profondes avec des phases de manie délirante souvent dangereuse (elle prend soudain sa voiture à la nuit tombée pour traverser la France, dépense le double de son salaire en une journée ou « traquée par les forces du mal » se jette d’un pont !).
Mais le trouble de type 2 est bien plus commun. Cette forme (TB2) se traduit par des dépressions toujours aussi intenses mais des périodes hautes moins importantes. On développe de « petites manies » : c’est l’hypomanie. Ce stade est assez proche de la cyclothymie et de ses fluctuations modérées, qui peuvent dégénérer mais pas forcément, et devant lesquelles le généraliste empressé vous collera l’étiquette « bipolaire ».
Depuis peu, on parle d’un nouveau type : le type 3. Les psychiatres ne s’en vantent pas car cet état (TB3) est provoqué par la prescription inadéquate ou excessive d’antidépresseurs, ce qui déclenche des hypomanies. L’usage de drogues (l’alcool par exemple) donne le même résultat.
Enfin il existe aussi des états mixtes (un quart des cas) : c’est la superposition simultanée de symptômes dépressifs et de symptômes maniaques. Cet état mixte, invivable, entraîne un risque important de passage à l’acte, et de suicide réussi.
Après le Prozac, le « miracle » Zyprexa
Le traitement conventionnel du trouble bipolaire passe par des psychotropes de dernière génération, les « antipsychotiques atypiques ». Ces médicaments sont déjà les plus rentables du monde, juste derrière les statines. En tête des meilleures ventes : le Zyprexa, la plus belle invention depuis le Prozac…
Un membre de ma famille, que l’on croyait bipolaire (le diagnostic s’est depuis révélé erroné) a été traité au Zyprexa. Il a pris 12 kg en 6 mois, est devenu hagard et a fini par arrêter d’avaler ces pilules qui l’installaient dans un malaise permanent.
Ce médicament aussi nuisible que coûteux pour la collectivité a été lancé à la fin des années 90. Ses effets indésirables et ses prescriptions hors indications ont valu 1,5 milliard de dollars d’amendes au laboratoire Ely Lilly et les procès continuent. En France, son principe actif, l’olanzapine, est simplement sous surveillance…
Le Dr David Healy, psychopharmacologue de renommée international affirme que pendant les essais cliniques de précommercialisation, le taux de suicides, de tentatives de suicide, de morts et de prise de poids liés au Zyprexa a été « le plus élevé de tous les médicaments psychotropes de l’histoire ».
Conçue pour la schizophrénie, cette pilule est maintenant prescrite sans distinction aux déprimés, aux bipolaires, aux patients âgés atteints de démence et même aux jeunes « à risques », en prévention bien sûr…
Des remèdes déments
En quelques années, une foultitude de « thymorégulateurs » (pour la plupart anti-schizophrénique, antiépileptique ou ciblés sur la démence) ont vu le jour : Risperdal, Neurontin, Epitomax, Séroquel, Dépakine, Depakote, ou dernièrement Xéroquel…
La bipolarité, comme la dépression, est considérée comme la conséquence d’un dérèglement biochimique du cerveau provoqué par des facteurs déclenchant sur fond de prédisposition génétique. C’est sur la base de ce consensus médical triomphant (depuis l’invention du Prozac) que les labos prétendent travailler à la ré-harmonisation, à la régulation de nos humeurs. Ce « dérèglement biochimique » n’a jamais été clairement démontré, mais les médicaments, eux, le provoquent !
Si vous lisez l’anglais, je vous conseille l’excelllent livre du journaliste d’investigation américain Stephen Fried, « Bitter Pills–Inside the hazardous world of legal drugs ». Sorti en 2013, « Amères Pilules–Dans le monde dangereux des drogues légales » dévoile les coulisses du business de la maladie bipolaire, explique pourquoi tant de gens sont étiquetés bipolaires, et pourquoi se passer de ces médocs peut vous sauver la vie
Des effets secondaires jamais vus
Le premier grand remède de cette maladie a été le sel de lithium. Ce régulateur des influx nerveux reste un classique (Téralithe). C’est un métal, quelque chose d’assez naturel donc mais qui, à l’usage, n’est pas dénué de dangerosité (la dose efficace étant très proche de la dose toxique) et d’effets délétères (léthargie, tremblements, risques de diabète insipide, psoriasis… et presque toujours hypothyroïdie). Beaucoup de gens ne le tolèrent pas.
Mais ces inconvénients sont mineurs comparés aux lourds effets secondaires des antipsychotiques atypiques qui ont pris la relève :
- prise de poids rapide et importante (en dizaine de kilos !),
- élévation du taux de cholestérol,
- augmentation du taux de glucose avec risque de diabète,
- élévation spectaculaire des risques de maladies cardiovasculaires et d’AVC,
- dyskinésie (mouvements saccadés involontaires, notamment du visage et de la bouche),
- déclin mental,
- risques de suicide,
- réduction des tissus (gris et blanc) du cerveau (effet mesuré par imagerie médicale et rapporté par l’American Journal of Psychiatry) !!!
A part la prise de poids, et ce n’est même pas sûr, le médecin ne vous mettra en garde sur aucun de ces méfaits. Et quand votre ordonnance comprend aussi un antidépresseur, un anxiolytique, des sédatifs et hypnotiques, imaginez le cocktail. Un bipolaire a 15% de risques de mourir par suicide et perd en moyenne 8 à 9 ans d’espérance de vie. Ces statistiques portent forcément sur les bipolaires suivis en psychiatrie !
Des solutions alimentaires d’attaque
Une fois de plus, le meilleur moyen d’éviter ce naufrage médicamenteux (quand il est encore temps), ou de s’en défaire progressivement avec le suivi de thérapeutes est d’ordre alimentaire.
On sait que les changements alimentaires peuvent entraîner des fluctuations de l’humeur et de nombreux patients souffrant de la maladie présentent des carences en vitamines, minéraux, une intoxication aux métaux (aluminium notamment), une dysbiose intestinale (la santé du ventre est de plus en plus impliquée dans les maladies dites « mentales »). D’où l’intérêt d’un apport en :
- Inositol : selon plusieurs travaux scientifiques récents, notamment ceux de l’équipe britannique du chercheur Robin S.B. Williams, l’inositol (ou vitamine B7) est au cœur de la maladie. L’inositol est indispensable au bon fonctionnement du cerveau et sa carence entraîne troubles nerveux et de l’humeur.
Le foie et le cœur de bœuf en sont d’excellentes sources mais je vous conseille plutôt des noix fraîches, des légumineuses ou de la levure de bière.
L’inositol existe aussi sous forme de complément alimentaire. Dans ce cas il est conseillé de le prendre en association avec du malate de magnésium (chélateur, ce psycho-relaxant chasse les métaux lourds), et du sélénium (que l’anxiété et la dépression n’aiment pas)
- Oméga 3 : c’est l’une des recommandations majeures du Dr Giachetti, expert de cette maladie, avec qui j’ai commis un livre pratique et facile à lire *. Ce psychiatre n’hésite pas à explorer des pistes en phytothérapie, en aromathérapie et à recourir à la luminothérapie.
Une étude de 1999 de Harvard a montré que les oméga 3 réduisent les symptômes de dépression et augmentent les périodes de rémission. Des chercheurs pensent maintenant qu’ils fonctionnent de la même manière que le lithium et l’acide valproïque des thymorégulateurs. Des deux principes actifs des oméga 3, l’EPA est ici le plus important. Il faut donc choisir des capsules riches en EPA plutôt qu’en DHA.
La complémentation est le moyen le plus pratique mais la consommation de poissons riches en oméga 3 (pas d’élevage) me paraît bien meilleure.
L’huile de lin, et surtout l’huile de périlla, qui bat tous les records en acides gras poly-insaturés précurseurs d’ EPA et de DHA, sont des alternatives intéressantes pour les végétaliens.
- Lithium : ce sel minéral naturel, on l’a vu, joue lui aussi un rôle-clé.
Les types de lithium médicamenteux tels que le carbonate de lithium et le citrate de lithium, impliquent d’importantes doses et entraînent des troubles métaboliques.
Mais sous forme d’orotate, le lithium traverse en petite quantité la barrière sang/cerveau et se montre disponible là où il manque, sans aucun effet secondaire.
- Vitamine D3 : sa carence, largement sous-estimée (lire ici) favorise aussi le déséquilibre émotionnel et mental.
Par contre, gare aux remèdes naturels recommandés pour la dépression : le millepertuis est exclus en cas de traitement et les autres plantes (griffonia, rhodiola…) aident à sortir de la dépression mais au risque de vous faire « grimper dans les tours » comme les antidépresseurs que les médecins ont bien du mal à doser pour cette pathologie.
L’opportunité de prendre sa vie en main
Ces solutions conviendront parfaitement à une personne souffrant de trouble bipolaire léger (TB1). Elles seront aussi utiles en cas de TB2 pour sortir d’un traitement avilissant, mais à condition que l’on soit acteur de son rétablissement. C’est l’occasion de reprendre en main sa vie. Cette maladie touche corps, âme et esprit. Elle demande un soin holistique. Soit :
- Une bonne compréhension des troubles et de leurs facteurs déclenchant, sans déni (le piège).
- La nécessité de faire équipe avec un psychiatre avisé et doté de tact, son psychothérapeute (les TCC sont assez efficaces), son naturopathe, son homéopathe (certains savent traiter cette maladie, les noms circulent sous le manteau), son aromathérapeute (les huiles essentielles agissent fortement sur l’humeur), son praticien de médecine ayurvédique si l’on veut…
- En phase « up » de remettre au lendemain les projets utopiques, de temporiser ; en phase « down » de se reposer, en service minimum.
- De faire un travail de « psychoéducation » : c’est une bonne béquille pour la gestion du Soi, du stress, des émotions, du physique. Rien ne remplace le contact direct avec le thérapeute et le soutien de l’entourage mais il existe un excellent guide pratique** pour aider le malade à mieux cerner son trouble grâce à des tests, à suivre son évolution à travers grilles et graphiques, à mieux se connaître par la prise de notes, à le stabiliser en identifiant les signes précurseurs de phases et en anticipant par des trucs méthodiques.
Devant cette maladie, on ne peut faire l’économie d’apprendre à devenir son propre coach.
- D’avoir une bonne hygiène de vie, rythmée : faire attention à la qualité de son alimentation, ne pas boire d’alcool ou très peu, fuir les toxiques, dormir du mieux possible en se couchant à heure raisonnable, aménager son rythme de travail si possible, s’appuyer sur ses proches pour entretenir une vie sociale, faire de l’exercice sans excès.
- De savoir se reposer et surtout se relaxer. Toutes les techniques psychocorporelles sont bonnes à prendre : yoga, relaxation, shiatsu, do in, méditation.
- D’animer sa sensibilité mais sans trop : musique, films, spectacles…
- En cas de doutes, de découragement, de faire appel à une personne de confiance, capable de vous écouter.
- D’accepter ses émotions.
- De se souvenir qu’être bien, ce n’est pas être hypomane ou maniaque !
Cet entraînement quotidien est indispensable pour sortir de l’engrenage. Ce peut être long mais encore une fois c’est possible.
La fée électro
On a tous en tête l’image d’un Jack Nicholson grimaçant de douleurs dans le film « Vol au dessus d’un nid de coucou » sous l’effet d’électrochocs punitifs. Mais l’électro-convulsivo-thérapie (ECT) ou sismothérapie n’a plus rien à voir avec le film de Milos Forman.
L’ECT sauve des vies. C’est une méthode efficace pour les malades résistants aux traitements et pour les cas les plus graves. Quelque 100 000 ECT sont pratiquées chaque année en France. Les appareils de convulsivothérapie délivrent des stimulations électriques par impulsions, faibles mais suffisantes pour provoquer une crise d’épilepsie de quelques secondes, le tout sous anesthésie générale et curarisation (5 minutes).
Les accidents sont très rares, les effets secondaires se résument à une perte de mémoire plus ou moins marquée des événements entourant la séance.
Si l’on met de côté l’anesthésie (dont les effets peuvent être compensés par des moyens naturels), c’est une méthode assez proche de l’électrothérapie des médecines alternatives. Bien plus douce en tout cas que les médocs. On ne sait pas comment ça marche, mais ça marche.
Des solutions non invasives d’avenir
C’est comme la stimulation magnétique transcrânienne (SMT), méthode récente consistant à envoyer de petites impulsions électromagnétiques au cerveau. Un traitement d’avenir qui non seulement atténue les phases dépressives mais améliore les capacités cognitives (Cf. une récente étude australienne publiée par la revue Plos One).
Ne soyons pas surpris par l’efficacité mystérieuse de ces méthodes peu invasives. Car n’en déplaise à ceux qui prétendent tout expliquer en faisant commerce de nos émotions (en les nivelant par le bas), notre cerveau reste l’un des plus grands mystères que la science ait à percer.
L’humeur peut être maladive, c’est certain, mais la cupidité sans borne de Big Pharma a ses limites. Au nom de quoi devrions-nous tous être d’humeur égale ?
Dominique Vialard
* « La maladie bipolaire expliquée aux souffrants et aux proches », Dr Raphaël Giachetti, Dominique Vialard (Odile Jacob, 2012).
** « Manuel de psychoéducation-Troubles bipolaires », Dr Christian Gay (l’un des grands experts français), Marianne Colombani (architecte bipolaire) (Dunod, 2013).
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