LAKHOVSKI Savant génial persécuté sur l’autel du marché du cancer
Au temps de Lakhovsky, le corps médical était encore pluriel et ouvert, le serment d’Hippocrate avait encore un sens, l’hôpital était encore un lieu d’accueil et de soins où l’humanitaire primait sur le gestionnaire et la rentabilité, même si certains patrons le combattaient. Le cancer de la pensée unique n’avait pas encore fait surface, à l’heure actuelle ses ravages dans le monde médical désespèrent même certains médecins ayant encore une âme et une conviction de sauveur de vies. La lettre ouverte du Dr. Nicole Delépine à Mme La ministre de la Santé contre l’asphyxie accélérée de l’hôpital, et la déclaration du docteur Philippe Lagarde, spécialiste en oncologie et en stomatologie que nous avons mise en exergue illustrent bien cette situation. Dans ce contexte d’absence de critique et d’appauvrissement de connaissances dont la médecine conventionnelle a sa large part de responsabilité, la méthode Lakhovsky ne peut séduire au risque de railleries et d’ennuis, que des insoumis à la pensée unique en matière médicale, des esprits ouverts qui regardent les faits au lieu d’écouter des opinions qui sont soit infondées soit idéologiques.
son invention géniale qui apporta une solution simple à bien des maladies dont certaines incurables avec des méthodes connues de l’époque. Avec le temps son nom finit par s’identifier à son invention, c’est aussi la raison pour laquelle beaucoup de personnes ne connaissent Lakhovsky qu’à travers son oscillateur à longueurs d’onde multiples. Écoutons Lakhovsky qui s’explique sur son invention :
« À la suite de nombreuses recherches, je suis arrivé à construire un appareil qui crée un champ électrostatique, dans lequel se trouvent toutes les fréquences, depuis 3 mètres jusqu’à l’infra-rouge. De sorte que dans ce champ, chaque cellule peut trouver sa fréquence propre pour vibrer en résonance.
Nous savons en physique, qu’un circuit alimenté par des courants de haute fréquence amortis suscite de nombreux harmoniques.
J’ai ainsi obtenu un oscillateur qui donne toutes les longueurs d’onde fondamentales de 10 centimètres à 400 mètres, c’est-à-dire toutes fréquences de 750.000 p/s à 3 milliards. Mais chaque circuit émet, en outre, de très nombreuses harmoniques, qui, avec leurs ondes fondamentales, leurs interférences et les effluves, peuvent atteindre jusqu’à la gamme de l’infra-rouge et même de la lumière visible (1 à 300 trillions de vibrations par seconde)[46] .»
Ainsi naquit l’OLOM en 1930 avec tous ces efforts, espérances et enthousiasmes accompagnés d’un espoir de libération du fléau. Dès l’année suivante Lakhovsky mettait en application son OLOM dans des différents hôpitaux et centres de recherches de Paris. Ayant quitté la Salpêtrière, il fut intégré à Saint-Louis, au Val-de-Grâce, au Calvaire (que certains surnommaient l’antichambre de la mort), à Necker, au Dispensaire franco-britannique, au Laboratoire de la Fédération Nationale des blessés du poumon, à l’Institut de Physique Biologique. Cette invention et son efficacité ont très vite emporté l’adhésion de médecins tels que les docteurs Pierre Rigaux et Foveau de Courmelles qui n’hésitèrent pas à présenter l’appareil à la Société Médicale des Praticiens. Le 20 janvier 1933 [47], le Dr. Rigaux, Médecin-chef de l’Institut de Physique Biologique, fit la « présentation d’un malade atteint d’un cancer de la verge » :
« Le colonel T. de Bucarest, ici présent, a 67 ans. Pendant 30 ans il a souffert continuellement d’un phimosis. (…) Fin juillet 1932, le malade, conseillé par certains médecins de Bucarest, vient à Paris pour se faire soigner à l’Institut Curie. (…) En octobre, il vient à Paris et se présente à l’Institut Curie. En raison de l’évolution de la maladie on est d’avis de faire une nouvelle intervention chirurgicale. Il voit également notre confrère le Dr. Dartigues qui est du même avis. Cette opération doit être large, on préconise l’émasculation totale. Le malade s’y refuse et c’est à ce moment qu’il arrive chez moi.
Le colonel T. avait entendu parler de la méthode de Georges Lakhovsky dont je m’occupe en collaboration depuis plus d’un an, méthode sur laquelle je vous donnerai de plus amples renseignements si vous le désirez, dans une autres séance. Il s’agit du traitement par l’oscillateur à onde multiples Lakhovsky. (…) Depuis un an : il ne dormait plus, mangeait mal, souffrait jour et nuit et actuellement depuis le 6 octobre, date à laquelle j’ai commencé le traitement, il a engraissé de 5 kilogrammes, n’a plus de glycémie, ni de sucre dans les urines. Il est euphorique, content de vivre, alors qu’il ne songeait antérieurement qu’à se détruire. (…) Le cas que je vous présente, est pris au hasard parmi une centaine de malades que nous avons traités en collaboration et qui ont déjà recueilli les bienfaits de cette méthode. Cette méthode ne donne pas seulement des résultats dans les cas de néoplasie, mais également dans la tuberculose pulmonaire, dans toutes les algies et même nous avons une observation de radiodermite guérie, par le Professeur suédois Sven Johansson, avec l’oscillateur à ondes multiples Lakhovsky. (…) Bien entendu, dans cette méthode comme dans toutes les méthodes, il y a des désillusions. (…) [48]
Signalons en passant le cas d’une dame de 68 ans qui avait un epithélioma de l’angle de l’œil gauche sur le côté gauche de la racine du nez datant de 3 ans, qui avait été traitée aux rayons X pour une tumeur de la face il y avait 23 ans. En arrivant à Saint Louis elle déclara avoir « perdu la mémoire, et dans la rue », elle pleurait sans savoir où elle était ni où elle allait. Après le traitement par l’OLOM, cette patiente a recouvré entre autres sa mémoire [49].
À l’étranger, l’OLOM faisait parler de lui dès ses premières années d’apparition dans le milieu médical comme en Espagne, en Belgique, en Hollande, en Italie, en Suède, en Uruguay, en Argentine, en Grèce, aux États-Unis, etc. De Bologne, le chef de clinique, le Dr. Léonida Roversi adressa le message suivant à Lakhovsky :
« Monsieur et cher Professeur,
Dans l’espoir de vous être agréable, je tiens à vous informer que je continue les expériences et les traitements au moyen de votre oscillateur à ondes multiples.
J’ai déjà recueilli de nombreuses observations et obtenu des guérisons satisfaisantes. À part quelques cas négatifs, concernant des maladies trop avancées ou des personnes trop âgées, j’ai obtenu des résultats excellents pour les affections les plus diverses. Voici quelques cas, parmi ceux qui paraissent dignes d’être mentionnés et dont je ne vous ai pas encore entretenu :
Un adéno-carcinôme du sein, chez une dame de cinquante ans, un lipôme volumineux chez une autre dame, un cas de calculs rénaux qui causaient de fréquentes et douloureuses coliques, accompagnées d’une hématurie intense, d’insomnie et d’inappétence, ce qui entraînait naturellement une alimentation générale défectueuse. Le malade s’est remis en un temps relativement court ; il se trouve bien, son poids a augmenté de six kilos. La radiographie de contrôle a montré que le calcul avait perdu les extrémités anguleuses qu’il présentait antérieurement et qu’il est aujourd’hui plus uniforme et plus lisse. (…)
J’ai obtenu, en outre, de bons effets dans deux cas de paralysie du nerf facial, dans un cas de névrite multiple datant de huit ans (…) deux cas d’artériosclérose et dans d’autres cas encore dont je me ferai un plaisir de vous entretenir ultérieurement. » [50]
De Montevideo, le Dr. Raul Araujo dont il était question plus haut, lui envoya un mot de reconnaissance :
« Cher Maître,
J’aurais dû vous écrire depuis longtemps. (…) Une fois mis au point, votre notable appareil m’a donné d’énormes satisfactions et de merveilleuses guérisons. Dans le cancer, la radiodermite, l’épilepsie, les anémies, les hypertensions, les urémies, les ulcères gastro-intestinaux, etc., etc., les résultats dépassent les espérances.
Croyez toujours à la sincère admiration et amitié de votre dévoué.
Signé : Dr. Raul Araujo » [51]
Un autre petit mot du Dr. Postma de Groningue (Hollande) :
« Mon cher Monsieur Lakhosky,
J’ai reçu d’Allemagne un oscillateur à ondes multiples établi selon vos théories. Nous l’avons installé chez le Professeur Michaël et le Dr. Kliser. Pour l’expérimenter, nous avons choisi un patient ayant un cancer très ulcéreux de 6 centimètres sur 12. Il avait déjà été opéré deux fois et on n’avait vraiment aucun espoir de le guérir.
Après douze séances d’un quart d’heure, s’échelonnant sur un mois, notre malade est presque guéri. Les ganglions ont disparu et la tumeur s’est rapidement nécrosée. Elle est maintenant réduite à 3 centimètres sur 2.
Nous avons donc le ferme espoir que notre malade va guérir . Nous faisons bien entendu, traiter d’autres cas de cancers, car nous avons pu nous rendre compte de l’efficacité de votre appareil.
J’espère qu’en France vous devez enregistrer aussi de grands succès et je suis persuadé que votre méthode est de la plus grande importance.
Veuillez …
Signé : Dr. Postma. »[52]
Terminons cette série de citations par quelques extraits de la communication de Georges Lakhovsky et celle du Professeur De Cigna faites au deuxième Congrès international des ondes courtes, en Physique, Biologie et Médecine qui eut lieu du 12 au 17 juillet 1937 à Vienne (Autriche) :
(…) Dès 1931, j’ai commencé les applications de cet oscillateur à ondes multiples dans divers Hôpitaux de Paris. (…) Parmi les nombreuses guérisons que j’ai obtenues avec ce traitement, je signalerai notamment celles de divers cas de cancer sur lesquels les rayons X et le radium avaient complètement échoué. Ces sujets guéris depuis six ans, n’ont eu aucune récidive et se portent parfaitement bien à l’heure actuelle. Dans tous les cas pathogènes, ce traitement donne de très bons résultats. Ne s’attaquant pas aux microbes directement, il ne détruit pas les tissus vivants. Mais au contraire, il renforce la vitalité de l’organisme par l’accélération de l’oscillation cellulaire : c’est donc la résistance de l’organisme ainsi renforcé qui lutte victorieusement contre le microbe et toute cause pathogène.
Ainsi, contrairement aux rayons X et au radium qui tuent à la fois les microbes, les cellules néoplasiques et les tissus sains, – ce qui explique d’ailleurs tous les accidents graves qui surviennent après ces traitements, – les radiations de hautes fréquences (ondes courtes) appliquées à distance et sans effet thermique guérissent les maladies de toutes sortes, voire même les affections de la prostate dans une proportion considérable (presque cent pour cent). (…)[53]
Au même congrès, le Professeur De Cigna, de l’Université Royale de Gênes fait une longue communication dont le contenu repose principalement sur la « Thérapeutique par l’Oscillateur à ondes multiples Lakhovsky » :
C’est depuis 1934 que je m’occupe de l’étude de l’oscillateur à ondes multiples de Lakhovsky et les cas soumis à cette méthode spéciale de traitement atteignent aujourd’hui quelques centaines. Parmi ceux-ci, un certain nombre se rattachent aux formes bien définies aujourd’hui des maladies du système nerveux organo-végétatif.
Je dois admettre, à la suite des expériences que j’ai faites, que l’oscillateur à ondes multiples Lakhovsky fournit, dans ce domaine, un excellent moyen de traitement avec des résultats d’une rapidité parfois inespérée et durables. (…) [54]
Et le Professeur De Cigna de citer les principaux cas traités : 4 cas d’épithélioma basocellulaire du visage, 1 cas de lupus érythémateux, 4 cas d’ulcères gastriques et gastro-duodénaux primitifs, 2 cas d’otite moyenne suppurée et chronique, 2 cas concernant des lésions des régions génitales de la femme, et 2 cas d’hypertrophie de la prostate, avant de terminer avec quelques remarques d’ordre général. [55]
Certains thérapeutes ont aussi signalé que l’appareil ne représente aucun risque pour l’opérateur comme pour le patient. Il n’est pas inutile de rappeler qu’au temps du radio-cellulo-oscillateur, Lakhovsky a pris deux fois une décharge d’environ 1600 volts en manipulant son invention, il a failli aller « rejoindre ses ancêtres » (comme auraient dit familièrement certains peuples), mais à chaque fois il s’en est sorti avec des soins thérapeutiques légers (kinésie surtout). Comme il a échappé à la mort par trois fois, il n’avait plus peur de la mort, ce qui a renforcé ses idées sur la vie, la mort, l’immortalité, etc. Nous y reviendrons.
Les observations et témoignages sont nombreux, presque unanimement en sa faveur mais Lakhovsky ne se sentit pas pousser des ailes, il resta modeste avec son invention et sa thérapie en citant des cas d’échec :
« Maintenant que vous avez vu ces nombreux cas de guérison à peu près sans échec, il ne faudrait pas croire que mon oscillateur peut guérir tous les cancéreux quel que soit leur état.
Dans divers cas, la tumeur cancéreuse ayant détruit un certain nombre de vaisseaux, mon appareil est impuissant à reconstituer le tissu de ces vaisseaux avant que survienne une hémorragie fatale.
À l’appui de ces phénomènes, je vous citerai trois cas, qui constituent les trois échecs que j’ai éprouvés au cours des innombrables traitements que j’ai faits avec mon oscillateur à ondes multiples. »[56]
Et Lakhovsky de mentionner deux cas de cancer de la gorge très avancés à l’Hôpital Saint-Louis et un cas de cancer du thorax au Val-de-Grâce. Voici ses observations :
« Nous avons cherché la cause de cet échec et nous l’avons expliqué par le même phénomène qui avait provoqué l’hémorragie des deux cancéreux de la langue et de la gorge à l’Hôpital Saint-Louis. Ce malheureux était atteint de son cancer depuis trois ans : le tissu néoplasique par une évolution progressive, s’est lentement développé en profondeur et avait sectionné l’artère sou-clavière ou l’artère scapulaire supérieur.
Par l’enveloppement du tissu néoplasique, la partie détériorée par la néoplasie de ses artères était maintenue par la tumeur indurée. Le jour où ces artères furent libérées par les nécroses de la tumeur, une hémorragie interne se déclara et entraîna une issue fatale. » [57]
Si nous insistons sur le traitement du cancer c’est parce que, d’une part, cette thérapie appliquée au cancer représentait une grande importance pour Lakhovsky, et d’autre part pour mieux saisir la suite des événements et les enjeux de cette thérapie révolutionnaire, autrement dit les enjeux du cancer. Or cette thérapie n’a pas été découverte par un médecin ou un professeur du corps médical mais par un ingénieur, qui a certes, des connaissances en médecine pour avoir suivi des cours à la Faculté. On peut nuancer en disant que ce fut le Professeur d’Orsonval qui avait eu l’idée de soigner certaines maladies avec des ondes de hautes fréquences. Cependant Lakhovsky n’a pas fait que reprendre l’idée de son maître qu’il respectait et à qui il faisait confiance. Non, Lakhovsky est allé plus loin : formuler une théorie, celle de l’oscillation cellulaire qui était la base de ses réflexions et de ses inventions, puis expérimenter sur les plantes, dont les vignes, et les animaux avant de l’appliquer aux malades avec lesquels la médecine a épuisé ses ressources en renonçant à les soigner. Le Professeur d’Arsonval était certes, un personnage de premier rang et unanimement apprécié du milieu médical ou plus généralement du milieu scientifique mais il n’était pas allé aussi loin que Lakhovsky dans ses réflexions et dans ses recherches pour aboutir à une théorie sur laquelle serait venue reposer sa thérapie, c’était simplement de l’empirisme. Le mérite de Lakhovsky était donc irréprochable, sans partage. Rappelons que dans la période 1924-1929, Lakhovsky distribuait, « avec un esprit franciscain », gratuitement aux malades des colliers et des ceintures qu’il avait personnellement fabriqués [58]. Certains collègues médecins, chef de service, lui demandaient des colliers pour leur famille et leurs amis [59]. C’est un homme avec un idéal humaniste capable de donner beaucoup et non un « homme à argent » comme ses ennemis ont essayé d’en répandre la rumeur. Le cancer absorbait une bonne partie de ses énergies si ce n’était pas entièrement. Dès 1927, il a publié un ouvrage sur ce sujet pour faire connaître ses idées [60], et on peut dire que le cancer ou plutôt la lutte contre cette effroyable maladie était un véritable enjeu pour lui. D’où ses misères aussi. Suite à la réalisation de l’OLOM il a bien sûr voulu faire breveter son invention, mais c’était mission impossible en France et en Belgique : on lui opposa un refus catégorique[61]. Pourquoi ? On ne saura jamais. Devant cette barrière bien réelle et non imaginaire, il est allé en Suisse pour la faire breveter et là, la Suisse n’a pas fait la fine bouche. Est-ce que la Suisse était moins exigeante que la France ou la Belgique en matière d’innovation et de recherche thérapeutique ? Lakhovsky devait-il se consoler pour dire que « Nul n’est prophète dans son pays », et surtout en France ? Nous laissons le plaisir aux autres de spéculer. Nous nous bornons aux faits. Comme fait, on peut dire que si Lakhovsky et sa thérapie étaient bien accueillis par bien des médecins français et étrangers, il faisait de l’ombre sans le vouloir à certains chefs de service ou médecins traitants du petit monde parisien. La jalousie maladive de certains avait raison de l’efficacité de sa thérapie. Dans La cabale, l’ouvrage dans lequel il raconte l’histoire de l’invention de sa machine, Lakhovsky rapporta que l’un des deux ou trois médecins d’un groupe qui lui était hostile lui a dit un jour, texto : « M. Lakhovsky, vous volez trop haut, je vais vous couper les ailes »[62]. Quel aveu ! Du moins c’est clair ! Il gênait malgré lui. Examinons un autre angle de cet enjeu de carrière pour certains. Les ennemis de Lakhovsky étaient soit des médecins-traitants soit des chefs de service, ils avaient des titres, des honneurs, des positions sociales alors que Lakhovsky n’avait pas leurs titres, il n’était ni Chef de service, ni médecin-traitant, mais simplement un ingénieur, un chercheur à ses frais, un inventeur sans titre officiel et de surcroît naturalisé français[63] . Même si Lakhovsky connaissait beaucoup de monde à Paris, des gens qui comptaient, Jean-Louis Portes rappelle qu’il était « initié » [64] (sans autre précision, peut-être bien franc-maçon), sa position était fragile au sein du corps médical. D’ailleurs il déplorait :
« Je ne puis m’empêcher d’être attristé en songeant, qu’en France, je suis seul, depuis huit ans, à poursuivre avec un acharnement et une foi absolus mes recherches dans cette voie. Non seulement je n’ai reçu aucun encouragement, mais j’ai été combattu par des personnalités qui se réclament de la science officielle, comme par les dogmatiques et ignorants qui, brouillés avec la physique moderne, ne connaissent même pas la physique classique. J’ai été raillé par des physiciens ignorant la biologie et par des biologistes ne connaissant rien à la physique et qui, par conséquent, ne peuvent comprendre ni mes théories, ni mes travaux.
Au moment de faire paraître ce livre, des échos me parviennent du dehors. Certains praticiens officiels, qui prétendent monopoliser le traitement du cancer, se révoltent contre ma prétention à étudier le même problème qu’eux. C’est assurément le succès des résultats positifs obtenus suivant mes méthodes qui les empêche de dormir. Ils crient à qui veut les entendre que je suis devenu un danger mondial, parce que j’empêcherais, selon eux, les malades de se faire opérer ou traiter par le radium en temps voulu. (…) Au surplus, loin de combattre le traitement chirurgical et même le radium, comme ce livre en est témoin, j’ai toujours préconisé jusqu’à ce jour l’emploi de mes circuits comme dernier recours lorsque les anciens moyens avaient échoué.
Mais tout esprit observateur a le droit d’être inquiet. Depuis un quart de siècle que l’on emploie Rayons X et Radium, le nombre de cancer a-t-il diminué? Il semble que le contraire se soit produit. Chacun connaît les cas trop nombreux où radium et rayons X, non contents d’avoir fait des victimes héroïques parmi ceux qui les appliquent, ont abouti à des résultats thérapeutiques contraires. » [65]
Un autre détail technique qu’il convient de signaler, d’après Jean-Louis Portes, Lakhovsky n’a pas tenu compte des interférences générées par son appareil (OLOM) qui empêchaient « toute écoute radio dans le voisinage » [66]. Il nous manque des précisions pour apprécier cette remarque. Qu’est-ce qu’on doit entendre par « voisinage » ? Quel est le rayon d’action de ces interférences ? Quel est le cadre de ces écoutes radio, hôpital ou le chez soi ? Si c’est à l’hôpital et qu’on invoque cette objection, cela reviendrait à privilégier le « confort » de certains aux dépens de la santé des autres ! Dans l’entrevue avec Serge Lakhovsky et Guy Thieux réalisée par Alex Chénière, et parue dans la revue Arkologie, n° 4 avril 1988, Serge Lakhovsky a évoqué le même problème technique à propos de l’OLOM : « … qu’on a pas le droit d’utiliser du fait qu’il interfère avec la télévision, la radio et toutes ces histoires-là. » On n’en sait pas plus. Cependant dans une étude technique intitulée « Frequency Analysis of the Lakhovsky Multiple Wave Oscillator from 20 Hz to 20 GHz » et présentée à la Convention annuelle de l’Association étatsunienne de psychotronique en juillet 1983, les deux auteurs Toby Grotz & B. Hillstead ont constaté que dans la bande passante de 15 à 250 MHz, l’OLOM de Lakhovsky ne produit aucune interférence avec les postes de radio et de télévision installés dans la même pièce [67].
Un peu plus loin dans le même entretien Serge Lakhovsky a dit quelque chose qui nous paraît capital pour la compréhension du problème : « Moi, je suis le fils de Lakhovsky, mais je ne parle pas du cancer, étant donné que c’est cela qui a crucifié mon père, en réalité, du fait qu’on guérissait mais qu’on ne savait pas comment, avec soit le radio-cellulo-oscillateur à une certaine époque, soit après avec l’oscillateur à longueurs d’onde multiples. »
On risque d’anticiper sur la chronologie si on veut creuser encore ce thème. En effet Georges Lakhovsky quitta la France en 1940 sur les conseils de ses amis au gouvernement pour éviter des ennuis. Comme son dernier ouvrage avant son départ n’était pas tendre avec la théorie raciste du nazisme, il devait s’attendre à des représailles. D’où son départ pour les États-Unis à 71 ans pour refaire sa vie ! On a appris par la suite que les autorités allemandes, une fois installées à Paris, ont saisi ses biens et brûlé tous ses papiers[68]. Il l’a échappé belle. Mais le destin s’acharnait sur lui, deux ans plus tard à New York, il a été renversé par une voiture. Il voulait qu’on le ramenât chez lui mais il s’est retrouvé à l’hôpital Adelphi à Brooklyn, où il est décédé le 31 août 1942 des suites de l’accident quelques heures après. Le lendemain le New York Times annonça la disparition du savant français [69], chose curieuse : son laboratoire a été vidé aussitôt (par qui ?).
On peut dire qu’ici s’achève la notoriété publique de Lakhovsky et son œuvre avec, malgré le brevet sur l’OLOM qu’il a déposé et qui a été accepté aux États-Unis. Le contexte joue bien évidemment : on était en pleine guerre mondiale, et qui dit guerre dit rupture, cassure, etc. Après cette disparition, la famille Lakhovsky (l’épouse et les deux fils, la fille, Nadine, étant déjà morte en France) continua à vivre aux États-Unis. Serge Lakhovsky s’y lança dans la parfumerie jusqu’à son retour en France vers 1958. Les recherches de Lakhovsky ont pu continuer grâce à Guy Thieux qui voulait bien reprendre, comme nous avons vu. Mais ces recherches étaient cantonnées par la force des choses dans un cadre presque « confidentiel ».
Au retour de la paix, Lakhovsky était « oublié » dans le milieu médical même si la société COLYSA qu’il avait fondée au début des années 1930 continuait à produire des colliers et des ceintures Lakhovsky, société que Serge a reprise à son nom à son retour en France.
Au temps de Lakhovsky, malgré des difficultés rencontrées et des dénigrements de sa méthode par certains, il était le porteur de ses idées dans le milieu médical, il avait un pied dedans. Après sa disparition, cette position n’existait plus. Les médecins n’avaient plus intérêt à reprendre ses idées et sa thérapie. Et avec le temps le monde change. Les connaissances ne sont plus transmises dans le cadre officiel, la montée des firmes pharmaceutiques d’après-guerre qu’on surnomme Big Pharma sur l’autre rive de l’Atlantique, leur méthode de marketing agressive et leur contrôle sur le milieu médical, ont fait le reste. Les médecines alternatives sont raillées, menacées, neutralisées avec des méthodes vieilles comme le monde : on commence progressivement par les dénigrer, puis les accuser, les incriminer, avant de les mettre hors circuit grâce aux accointances du monde médical, industriel, politique. La méthode Lakhovsky et lui-même sont renvoyés au cimetière de l’injustice où s’alignent d’autres tombeaux de la malédiction.