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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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Archives
3 décembre 2013

Les Vitraux Alchimiques de Bourges

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Les vitraux peuvent se prêter à une lecture symbolique ; cela, personne n'en peut douter. Mais peut-on leur trouver, par delà, des correspondances « ésotériques » ? Voici déjà de premiers éléments de réponse :
 

Tous les manuels d'histoire de l'art décrivent les scènes ou les personnages des vitraux, quelques-uns abordent la symbolique. Il existe un enseignement mystique sur la lecture des vitraux, qui est transmis oralement. Quelques éléments généraux seront donc seulement donnés ci-après. Il s'applique essentiellement aux édifices qui possèdent des vitraux dignes d'intérêt, et en particulier des rosaces. Le travail porte sur la couleur et sur le sens de lecture des panneaux des vitraux. Les couleurs utilisées pour les vitraux ne sont mises par hasard ni selon l'imagination de l'artiste. Elles correspondent à une symbolique connue, mais en plus dans le cadre de quatre groupes de nuances appelées:

gamme arc-en-ciel (les 7 couleurs de base),
gamme du Roi,
gamme de la Reine,
gamme mystique.

Les couleurs employées dans un vitrail permettent de savoir de quelle gamme il s'agit, et par suite de quelle manière lire les panneaux de ce vitrail. Cette lecture est indépendante de la scène représentée. Un travail préalable consiste à effectuer la signature du lieu. Ensuite seulement commence la lecture, dans un certain ordre, en se positionnant devant les vitraux du déambulatoire puis les rosaces d'une certaine façon. Avec les préparations esquissées ci-dessus, le travail sur les vitraux en général, et sur les rosaces en particulier, est très puissant, et doit être fait sous la direction d'un moniteur expérimenté. Le temps d'exposition doit être très limité, les risques d'overdose pour prendre un terme familier sont très réels. Des messages, des prises de conscience ne sont pas rares à l'occasion de ce travail. Une analogie en électricité peut être donnée: un "circuit accordé" est inoffensif pour la plupart des fréquences des courants qu'il reçoit, alors qu'il va provoquer une surtension très élevée pour une fréquence particulière. Lorsque l'on peut se mettre en résonance avec un lieu sacré, il dévoile certains de ses secrets. A partir du moment où des vitraux ont été découverts avec une certaine résonance, ils sont regardés à tout jamais d'une autre façon.

site consulté : http://perso.wanadoo.fr/revue.shakti/vitraux3.htm

A Bourges, on retrouve, à des degrés divers, ces quatre groupes. La gamme arc-en-ciel renvoie aux couleurs de l'oeuvre et aux régimes planétaires du Philalèthe. La gamme du roi se rapporte au vieux Mercure et à son fils. Le Mercurius senex de Jung est le premier état du dissolvant des Sages qui, son temps venu, doit laisser place à plus jeune que lui ; les textes alchimiques s'accordent pour supputer que ce vieux roi doit s'effacer par la voie de la sublimation. Son fils est représenté par le double Mercure ou Mercure philosophique ; l'or alchimique y a été « enté », à l'image du grain que l'on met en terre. La gamme de la reine se rapporte aux substances qui permettent au Rebis de croître et de se multiplier ; elle ressortit bien évidemment de la symbolique de la Vierge. Enfin, la gamme mystique permet de comprendre comment agissent les intermédiaires dans le grand oeuvre, c'est-à-dire les émissaires du Ciel qui agissent sur la matière grâve, en un mot les Anges qui dispensent la rosée de mai, que nous avons étudié dans la section des blasons alchimiques. Munis de ses bases, nous pouvons effectuer le tour du déambulatoire de la cathédrale Saint-Etienne. Ses fenêtres larges sont ornées de composition assez complexes aux grands médaillons cernés par les barlotières de plomb. Y sont représentés des thèmes de Rédemption et de Salut : parabole de Lazare et du mauvais riche ; parabole du Bon Samaritain complété par quelques scènes typologiques de la création et la chute d'Adam et Eve, de l'histoire de Moïse qui préfigure le Christ, de la Passion du Christ et du Veau d'Or ; parabole du Fils Prodigue, histoire de la nouvelle Alliance, Histoire de Saint-Jean-le-Baptiste, Passion du Christ et Jugement Dernier, Apocalypse, Apôtre Thomas, Histoire du Patriarche Joseph, Invention des reliques de Saint Etienne. De ces grandes verrières, il a fallu choisir quelles étaient celles qui pouvaient se prêter le mieux à notre thèse. Site consulté :

http://www.diocese-bourges.org/cathedrale/iconographie/vitraux/coeurr/stetienne.htm

1)- l'invention des reliques de saint-Etienne

Donateurs : les fontainiers ou porteurs d'eau.

Le terme « invention » signifie ici redécouverte des reliques. Le vitrail témoigne de l'importance donnée au culte de St Étienne au XIIIe siècle et à la tradition selon laquelle Saint Ursin, l'évangélisateur du Berry, aurait apporté à Bourges les reliques du premier martyr. Trois parties dans ce vitrail (il faut intervertir le ¼ de cercle du bas avec celui du milieu et lire les indications de bas en haut) :

1. a)-  Un prêtre, Lucianus, voit en rêve Gamaliel, le maître de St Paul. b)- le corps de St Étienne abandonné aux bêtes c)- la sépulture du saint d)- Lucianus raconte son rêve à l'évêque de Jérusalem.
2. a)-  « L'invention » proprement dite. (Le médaillon en bas du vitrail doit se placer ici). b)- vénération des reliques c)- Miracles (la pluie ...) d)- Ici commence l'épisode de la translation des reliques : une femme, Juliana, veut emporter dans sa ville natale, Constantinople, les restes de son mari, enterré près d'Étienne. Elle se trompe et désigne les restes d'Étienne.
3. Péripéties diverses sur le chemin de Constantinople, en particulier, partie haute du cercle : les mules refusent d'avancer. On se dirigera donc vers Rome. Le dernier médaillon illustre l'arrivée dans cette ville où se trouvent réunis alors St Étienne (le 1er martyr de Jérusalem) et St Laurent (le 1er martyr de Rome).

De ces Reliques de saint Etienne, nous avons utilisé les n°12, n°17 et n°18. Redisons d'abord que la relecture que nous faisons de ces vitraux n'est évidemment que pure conjecture, cela afin d'épargner au lecteur novice un doute bien légitime qu'il pourrait avoir sur le bon équilibre de notre raison... Les Amoureux de science, en revanche, saisiront rapidement le Sel [Scel] de ces paraboles.

A propos de saint Etienne

[site consulté : http://perso.respublica.fr/monastere-orthodoxe/sts/stsaout/aout02.html]

Après la lapidation de Saint Étienne par les Juifs, Gamaliel, le maître de Saint Paul dans l'étude de la Loi, mais qui, convaincu par les miracles du Seigneur, s'était fait baptiser par les Apôtres, encouragea certains autres Chrétiens à l'accompagner pour s'emparer du corps du Premier-Martyr, qui avait été abandonné sur la voirie, et l'ensevelir à Caphargamala, propriété qui lui appartenait, à quelques vingt milles de la Ville sainte.

Une fois achevé le deuil de quarante jours, Nicodème, le disciple nocturne du Seigneur , qui avait échappé de peu à la persécution déclenchée à Jérusalem, parvint au village de Gamaliel, qui était son oncle, et lui demanda refuge. Il mourut des suites de ses blessures, quelques jours après, et fut enseveli aux côtés de Saint Étienne. Et Gamaliel et son fils de vingt ans, Habib, qui avait été lui aussi baptisé par les Apôtres, ne tardèrent pas à le rejoindre dans la mort.

De longues années plus tard, alors que ces sépultures étaient tombées dans l'oubli, Lucien, un Prêtre pieux et vénérable du village de Caphargamala, vit Saint Étienne lui apparaître à trois reprises. Le Saint était vêtu du sticharion [L'aube que revêtent les Diacres et les Prêtres pour célébrer] de lin des Diacres, sur lequel était brodé son nom en lettres rouges et or. La tête couverte d'une longue chevelure blanche, il était chaussé de sandales d'or et tenait en main un bâton doré, avec lequel il frappa légèrement Lucien, en l'appelant par son nom. Il lui ordonna d'avertir l'Evêque de Jérusalem, Jean, et de procéder à l'invention de ses Reliques, pour que Dieu accomplisse par leur intermédiaire quantité de Miracles. Lucien alla aussitôt avertir l'Evêque Jean, qui lui commanda de creuser à l'endroit indiqué par le Saint, là où se trouvait un amoncellement de pierres. Cette même nuit, Saint Étienne apparut de nouveau à Lucien pour lui révéler que cet amas n'était qu'un mémorial élevé lors de ses funérailles, et qu'il devait chercher sa sépulture un peu plus au nord. Après avoir creusé en grande hâte, on découvrit une plaque de pierre, sur laquelle étaient inscrits en lettres hébraïques les noms d'Étienne, de Nicodème et d'Habib. Aussitôt la terre trembla et un suave parfum se répandit alentour, accomplissant soixante-treize guérisons. Et l'on put entendre des voix angéliques chanter: « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre, aux hommes la bienveillance. » L'Evêque Jean, qui présidait alors un synode à Lydda (Diospolis), se rendit sur les lieux, assisté de deux autres Evêques, pour reconnaître le corps du Premier-Martyr, et il le transféra dans l'église de la Sainte-Sion à Jérusalem, le 26 décembre 4154. Une pluie abondante vint alors mettre fin à la sécheresse qui affligeait depuis longtemps la Palestine.

On raconte que quelque temps après, la veuve du fondateur de l'église dans laquelle avait été déposée la Relique de Saint Étienne voulut transporter à Constantinople la dépouille de son mari. Mais, à cause de la ressemblance des deux sarcophages, ce fut la Relique du Saint qu'elle emporta. Tout le long du chemin les miracles se multiplièrent à son passage; et quand le navire parvint au port de Chalcédoine, les démons qui étaient cachés dans les flots crièrent qu'un feu insupportable les tourmentait. Quand le navire eut abordé, on posa le sarcophage sur un chariot traîné par des mules. Mais les bêtes s'arrêtèrent soudainement en un lieu nommé Constantianes, et l'une d'elles prit même une voix humaine pour déclarer qu'il fallait déposer là le corps du Saint. On eut beau atteler douze autres mules, il fut impossible de déplacer le chariot. On déposa donc les précieux restes, le 2 août, en cet endroit où une église en l'honneur du Saint Premier-Martyr fut ensuite édifiée. [cette légende fait l'objet de l'allégorie décrite et peinte sur le médaillon n° 12. ] Ce récit de l'invention des Reliques attribué au Prêtre Lucien,  a été transmis dans la tradition hagiographique, en ajoutant la narration de leur translation à Constantinople. En fait, comme le rapportent par ailleurs les chronographes byzantins (Théophane le Confesseur), la main droite de St Etienne fut envoyée par l'Archevêque de Jérusalem à Constantinople, en remerciement des dons accordés par l'empereur (429). Quand la Relique, apportée par St Passarion, arriva à Chalcédoine, le Saint apparut à l'impératrice Pulchérie, qui vint avec son frère, l'empereur Théodose le Jeune, accueillir ces précieux trophées, qui furent ensuite déposés au palais, avant d'être transférés dans la première église de la capitale dédiée au Saint. En 439, l'impératrice Eudocie, retirée aux Lieux Saints, envoya de Jérusalem d'autres parties du corps. Et, au VIe siècle, Julia Anicia transféra le reste des Reliques, dont la plus grande partie fut emportée en Occident par les Croisés lors du pillage de Constantinople en 1204.

2)-
 
 
 
 
 
 
 

Cliquez sur chaque vitrail pour voir l'agrandissement correspondant.

De tout temps, les vitraux des cathédrales ont exercé une fascination sur l'esprit, peut-être parce qu'ils servent d'intermédiaire entre le ciel et la terre, par cette médiation du verre teinté dont les rayons ressemblent à ceux d'une pierre précieuse . Ce n'est pas d'autre chose dont discutent les alchimistes lorsqu'ils parlent de leur Mercure et des opérations du Grand Oeuvre. En effet, leur Mercure, qu'ils appellent aussi leur Lion Vert - en somme, leur dissolvant universel - a fort à voir avec l'art du verre et l'art de faire des émaux ou des vitraux. Michel Maier, dans son Atalanta fugiens, consacre l'emblème IX à ce sujet. Ce vitrail : à gauche, le roi muni de son sceptre ; à droite le dauphin qui semble se servir d'un instrument de musique...Le tout entouré de quatre-feuilles blancs sur un fond bleu, signalant deux des couleurs de l'oeuvre ; les personnages sont vêtus de rouge et de vert, c'est-à-dire des couleurs cardinales du dissolvant pris à deux époques différentes. Nous évoquerons enfin la croix, omniprésente, symbole majeur de l'oeuvre, par l'évocation du creuset et du feu des Sages.
Nous voici placés un peu plus avant dans la Grande Coction ; la conjonction radicale ne va pas tarder à survenir ; en effet, la couleur dominante est le bleu ; chaque personnage tient un sceptre au bout duquel on peut voir une feuille de lys ; cf.  là-dessus les Douze Portes [Ripley] et l'Oeuvre Secret d'Hermès [Jean d'Espagnet]. Le Rosaire des Philosophes [anonyme] montre par le menu les détails de cette conjonction ou pas moins de quatre étapes sont distinguées. Par cabale, on pourrait évoquer le le Lilium minéral, Mixte dont la composition est connue
depuis l'abbé Rousseau, Livre de Secrets et Remèdes
éprouvés . Il s'agit d'un sel fait des chaux métalliques
du fer, du cuivre et de l'antimoine, auxquelles on ajoute, par fraction du nitre fixé sur des charbons ardents - c'est-à-dire de l'alkali fixe. Ce Mixte se rapproche beaucoup de la composition que l'on observe sur ce vitrail : voyez donc le fer à l'état de colcothar [rouge], le cuivre bleu dans lequel il faut voir l'aes des Latins, c'est-à-dire le laiton ou Rebis, l'antimoine que l'on devine à la croix dont nous avons parlé supra. Le nitre fixé sur les charbons « fuse » littéralement et explique cette couleur jaunâtre qui touche les pieds du personnage royal de droite.
Voici un moine jouant de l'orgue de Barbarie et sonneur, avec ses marteaux. Le symbolisme est simple à décrypter : par les tuyaux de son orgue, il manifeste la puissance du vent, c'est-à-dire de Zéphyre qui touche d'abord les matières de l'oeuvre : il est humide et froid. C'est Zéphyre que l'on voit souffler sur la montagne de l'Aquilon, représentée sur l'une des peintures du Livre d'Abraham Juif, décrit par Nicolas Flamel. A un autre moment, le musicien - notre Artiste - doit s'appuyer non plus sur un instrument à vent mais sur un instrument à percussion qui résonne : le bourdon. La cloche [kwdwn] désigne l'ouverture de la trompette ou la trompette elle-même : c'est celle qui réveille le dormeur du Mutus Liber, au son de l'airain, signalant l'animation du Mercure. C'est la même allégorie qui est décrite ici. Les couleurs du vitrail sont partagées entre une sorte de glacis bleu où l'on entrevoit une structure cristalline, rappelant que le Mercure n'est, après tout, qu'un Sel qui prend une forme serpentine, ce que montre la frise blanche sur fond rouge qui vient animer l'ensemble en lui faisant prendre comme une « tournure ».
Ici, on se trouve placés à un stade assez tardif de l'oeuvre, comme l'indiquent les multiples couleurs qui évoquent celles de la queue du paon : c'est  fin de la période de dissolution. Le trèfle à trois feuilles évoque notre gueule-de-loup [lupus, c'est-à-dire lepus par cabale] et les trois principes de l'oeuvre, comme le quatre-feuilles précédent nommait les quatre eléments, principes principiés des vieux auteurs. Le médaillon central montre un ange à gauche [la rosée de mai, cf. Gardes du corps] s'adressant à un personnage habillé de vert sombre ; au premier plan, une fleur de lys semble sortir d'un creuset noir. Le lys ou lis se dit en grec krinon qui a aussi le sens de mendiant ou de pauvre ; par ailleurs krinon est en proche assonance phonétique de krinw qui signifie séparer ; on voit ainsi pourquoi les alchimistes disent que la voie sèche a été réservée pour les pauvres et la nécessité de pratiquer une séparation au début du travail, afin d'extraire le Caput du Sel véhiculé par la rosée de mai.
C'est une scène tout à fait différente qui prend place, contrastant nettement avec les trois derniers vitraux où l'aspect dynamique l'emportait nettement. Là, au contraire, c'est la tranquillité qui semble prévaloir. Les personnages habillés de rouge représentent nos deux matières flottant dans l'élément liquide qui est l'eau permanente des Sages. C'est donc à une époque avancée de la Grande coction que nous sommes situés. Observez les reflets verts qui se projettent sur les bras, restes du Lion Vert. Voyez aussi la croix, couleur d'aurore ou plutôt de crépuscule, signe annonciateur d'Hesperus, l'étoile du Berger. la Vénus hermétique [par delà sa forme de Lucifer ou d'Hesperus]
est le Laiton ou Airain, miroir de l'oeuvre captant progressivement, sous les sublimations répétées, la lumière céleste, c'est-à-dire le Soufre vital. 
Ce vitrail nous renvoie aux deux premiers ; c'est un pas de plus franchi dans les opérations du grand oeuvre : la blancheur des personnages atteste que le Laiton a bientôt achevé sa maturation, grâce aux laveures prescrites par Nicolas Flamel. La couleur dominante est le bleu ; on note des éléments trifoliés sur le cercle extérieur qui manifestent la présence des trois principes du magistère. Ainsi qu'on peut l'observer, la couleur rouge a progressivement disparu depuis les deux premiers vitraux et se retrouve en périphérie. La symbolique est nette : la scène du médaillon exprime l'état des matières dans l'athanor et le cerclee xtérieur montre l'opération en cours.
Les matières transformées expriment une élévation spirituelle que l'on retrouve sur le vitrail n°5. Contrairement au vitrail n°6 où l'élan dynamique est manifeste, c'est là encore l'aspect statique qui domine. On se trouve à un stade peut-être antérieur à celui du vitrail n°5 où la rougeur est beaucoup plus accusée. On prendra soin de noter que l'opération en cours porte d'ailleurs sur les quatre Eléments comme en attestent les quatre-feuilles dont la couleur n'est pas uniforme : 4 sont blancs ; les autres sont rouges ou orangés. Enfin, la tunique du personnage de gauche est verte alors que celle du personnage de droite est blanche. En langage hermétique, voilà qui signifie que Latone parvient à Délos ; que Diane apparaît d'abord (droite) et qu'Apollon paraît seulement, après (gauche).
On s'en doute, la réincrudation approche. La fleur à pistil blanc et pétales rouges s'apparente à celle que nous avons examiné, lorsque nous avons visité la tour Rivalland à Fontenay. Voyez l'orgue portatif que nous avons déjà vu au vitrail n°1. Mais dans quel état de corruption apparente sont nos deux matières ! Réduites à l'état de squelette, émaciées, elles portent la trace du métal mort, ouvert : c'est nommer la chaux. Nous sommes ici placés, dans l'ordre des opérations vers le Sagittaire ou le Scorpion. Et cette couleur rouge qui domine l'opération en cours est celle que procure l'allégorie du Massacre des Innocents, chère à Nicolas Flamel. Nous donnons en lien cette allégorie exprimée par l'un des vitraux de Notre-Dame de Paris. Le sens général de ce vitrail est donc que le Rebis se nourrit du sang du Lion vert.
Ici, la blancheur équilibre exactement la rougeur. C'est la croisée des chemins, exprimée par la ou encore par l'Y. La croix [crux, creuset] est manifestée sur chaque vitrail, cf. supra, par l'armature en forme de +. Son symbolisme est exotérique. L'Y en revanche prend un sens ésotérique et recouvre le croisement des deux natures métallique et minérale. L'étudiant ne devra pas oublier que l'on disposait assez souvent, chez les Romains, une statue d'Hécate, déesse qui préside aux carrefours. La roue extérieure montre le mariage canonique des deux couleurs et rappelle étrangement l'une des peintures de l'Alchimie de Flamel, que nous devons à Molinier. On oberve que la Grande Coction  est  au  ¾ parfaite : il ne rseste plus qu'un quart de cercle dominé par la corruption. La couleur dominante des personnages est le rouge ; celui de droite qui porte le sceptre porte une robe verte ; celui de gauche manipule un orgue portatif.
Ce vitrail précède dans l'ordre des opérations le n°8. Ici, bien au contraire, c'est un peu plus du ¼ de la coction qui a seulement été parfaite ; observez que les personnages, au lieu de couronnes, portent des auréoles, signe de leur nature essentiellement spirituelle. Leurs vêtements portent des couleurs délavées qui pourraient être peintes par Le Greco. Les correspondances hermétiques passent ici par les saints Evangélistes. En toute rigueur, l'EAU et l'AIR dominent cette époque de la Coction ; l'EAU, c'est l'Aigle, qui se rattache à saint Jean ; l'AIR, c'est l'ange, c'est-à-dire saint Matthieu. Cf. le tarot alchimique. Nous ajouterons que le cercle extérieur présente des motifs blancs qui ont l'allure de tourbillons ou de virgules ; on doit faire le rapprochement avec le signe du Cancer - a - lorsque la Lune est en son plein, ce qui annonce le 4ème degré de feu dont parle Fulcanelli (1300°C).
Ce vitrail présente l'aspect des matières intermédiaire entre le n°2 et le n°6. La couleur dominante est le bleu, c'est-à-dire la dissolution, opération exprimée par le cercle extérieur, avec ses quatre-feuilles blancs [leur sens est celui-ci : « la putréfaction est la solution de la conjonction. »]. La dissolution semble toutefois assez avancée puisqu'on voit des pommes d'or [les fruits rouges qui sont semés çà et là alentour des personnages] qui fixent progressivement notre Atalante. Mais la corruption des Soufres n'est pas totale, comme au n°6 où le métal apapraît tout à fait ouvert. Ainsi, le n°6 et le n°11 sont-ils comme les deux visages de Janus, l'un où se devinent les traits de la dissolution en cours [la première roue de Fulcanelli ou le passage pour accéder à la chambre centrale du labyrinthe de Salomon] ou la sortie de la dissolution [le moment où les Argonautes franchissent avec succès les roches cyanées ou Symplégades].
Et soudain, l'illumination, l'éclair, le rayon igné solaire. C'est l'époque de la réincrudation des Soufres qui prélude à la coagulation de l'eau mercurielle. C'est celle où l'Artiste doit oeuvrer au feu de roue, assez bien indiquée sur ce vitrail par les chars. Nous trouvons le Mercure en son état animé et il est révélateur que la se soit modifiée en X, signant l'entre-croisement propre - nous dit Fulcanelli - à la matière même du Mercure, en surface, qui le lui a fait comparer à la galette des Rois, façon frangipane. C'est dans ce gâteau des Rois que l'Artiste ira chercher la fève hermétique ou petit baigneur qui, pour l'heure, ne se laisse pas encore deviner dans la masse tinctoriale. Le vitrail narre les avatars de la translation des reliques de saint-Etienne vers Rome, partant de l'Hellepont. Rappelons que Etienne - StejanoV - désigne tout ce qui se rapporte au Mercure [cercle, enceinte, couronne de fleurs]. Etienne est donc le moyen de couronner après avoir encerclé. En somme, la Nature, par le truchement de l'Art, accorde à la matière la 3ème couronne de perfection en même temps qu'elle accorde à l'Artiste la couronne de laurier, celle-là même que l'on peut voir dans notre Tarot alchimique, à la lame XXI. Et ce roi couronné, nous l'apercevons au ¼ droit du vitrail. N'oublions pas que la légende de saint Etienne rapporte que lorsque le navire aborda Chalcédoine [Kalchdonia], les démons sortirent des flots [¼ gauche]. Kalch est le coquillage d'où l'on tire la pourpre : allégorie de la phase finale de la Grande Coction. L'illumination est double : elle traduit d'une part le passage de la noirceur à la blancheur, et d'autre part l'apparition du pourpre qui signale la naissance de la Pierre.
Passé le moment de l'illumination, il est temps pour l'Artiste de reprendre le travail. Après avoir assouvi l'appétit du dragon, en lui ayant donné comme repas les Soufres corrompus, il lui faut à présent les pêcher dans son eau permanente. A cela, plusieurs choses l'aideront : tisser son Mercure, par adaptation, en forme de treillis, de filet cosmique [ce qui est exprimé par l'aspect de l'armature du vitrail] ; coaguler son eau très progressivement : les alchimistes disent ici qu'il faut guérir le roi de son hydropisie. Lambsprinck, dans son De Lapide Philosophorum, Michel Maier dans l'emblème XLVIII de son Atalanta fugiens. C'est cette opération qui est prescrite dans ce vitrail : un évêque - l'intermédiaire - est au chevt d'un roi reposant sur un baldaquin blanc, et couvert d'une hermine rouge. La scène du bas, qui exprime la même opération, mais de façon plus exotérique, montre un « chaperon rouge » flanqué de deux gardes du corps dont l'un a la couleur de l'aurore tandis que l'autre se pare de couleurs vertes qui signalent, au contraire, le début de l'oeuvre. C'est l'époque de la floraison comme en témoignent les nombreuse fleurs [cf. n°8].
Trois têtes sous le même voile. Telle est la réflexion de Fulcanelli sur la TERRE des Sages : il veut entendre par là Cérès, Isis et Déméter. Il veut nommer ainsi la terre qui peut accueillir le Soufre rouge, c'est-à-dire la toyson de l'or ou christophore. Mais d'abord, avant de pouvoir semer l'or alchimique immûr, l'Artiste doit labourer par trois fois sa terre feuillée. C'est le sujet des allégories d'Hercule et d'un épisode de l'odyssée des Argonautes. Voilà comment peut se comprendre cette scène où un Labourant s'apprête à dépurer ses matières. On voit qu'elles sont comme des gîsants ; c'est dire qu'elle sont ouvertes, c'est-à-dire disposées en forme de chaux dans l'eau minérale qui leur sert de véhicule. Leur sort ? On peut l'entrevoir à la partie droite : trois enfants semblent sortir d'un récipient couleur aurore et il se pourrait bien qu'il s'agisse des Caput dépurés. Nous serons néanmoins d'accord avec le lecteur pour affirmer que ce vitrail n'affiche pas d'intention hermétique évidente. Aussi bien est-il inutile de vouloir forcer une porte qui n'a point de serrure.
Le panneau supérieur, par delà le grillage du four, montre les matières, prises entre l'évêque et le bourreau. Examinons d'abord l'évêque et sa crosse. En alchimie, la crosse possède une valeur semblable à la flèche du Sagittaire. C'est donc de la « corporification » des Soufres dont il est question dans ce vitrail. On pourrait évoquer la statue du portail de Notre-Dame où saint Marcel enfonce sa crosse dans la gueule d'un dragon écumant [cf. Cambriel], crosse assimilable d'ailleurs au glaive de feu ou glaive miellé. Tous ces instruments ont à voir avec la symbolique du Soufre sublimé prêt à être réincrudé. Sait-on que dans les temps anciens, la crosse archaïque était en forme de tau [t] ? Cf. recherche sur la signifiance du tau en alchimie. Tout autre est l'image  inférieure du vitrail qui semble être un fragment de la Cène. Chaque apôtre symbolise l'un des signes zodiacaux et la Cène constitue donc comme une sorte de récapitulation de l'oeuvre, le Christ étant pris comme la prima materia qui doit subir l'épreuve du creuset, c'est-à-dire la Passion. Sur la coupe ou Graal, cf. Tarot alchimique.
Image de la Trinité. Nous voyons au centre le Mercure ; de part et d'autre les deux matières de l'oeuvre. Notez la correspondance entre chaque scène du haut et du bas. Au Mercure est liée la Vierge à l'enfant Jésus. C'est le processus de croissance de notre BasileuV [petit roi]. Les deux scènes latérales expliquent l'opération qu'il faut pratiquer sur le Soufre pour le rendre « philosophique », c'est-à-dire pour le faire passer d'un état amorphe à un état cristallin. On pourra suivre ici les conseils de l'auteur de la Nature Dévoilée :  « Lorsque la semence universelle est conjointe à la semence spécifiée, et qu’ainsi elle prend la même spécification, la mère est jointe à l’enfant, et l’enfant tire sa nourriture de la mère, de la substance et du sang de laquelle il a été formé: rien n’est plus conforme à la Nature. » Dit autrement, il faut comprendre que le Mercure animé se féconde lui-même de sa propre matière.
Voici à nouveau l'image de cet entre-croisement en c. C'est la signature du Mercure, canoniquement préparé. Ce vitrail doit être rapproché du n°12 dont il étend, en le complétant, le symbolisme. Rappelons qu'il s'agit des opérations qui ont trait aux Soufres, passée la phase de dissolution. Chaque quadrant de la verrière est une indication sur l'Elément correspondant. L'AIR et l'EAU servent de moyen de transport au Soufre : ils sont désignés par les couleurs bleu et blanc. Rappelons que la physiologie veut que le bleu disperse et que le rouge concentre ; c'est assez dire que le bleu est l'image de la solution et le rouge, celle de la coagulation : Solve et Coagula, rien d'autre n'est exprimé - du moins dans le petit monde de l'alchimiste - par ces deux couleurs. Quant à la TERRE et au FEU, c'est-à-dire le CORPS et l'ÂME de la Pierre, c'est la combinaison des couleurs, selon le degré d'ensoleillement, qui en déterminera et la position et l'intensité. Les alchimistes ont assez dit que leur CORPS était noir et que leur ÂME était violette. C'est dire l'importance, pour notre Artiste, de saisir le moment de la journée où le flux de lumière lui révélera au mieux ces couleurs. Le vitrail montre l'épisode d'un miracle que l'on observe au ¼ droit : la Pluie. Symbole bien connu des alchimistes ; la rosée de mai, les pluies d'or de Rhodes témoignent de l'importance de l'EAU dans le grand oeuvre. Au ¼ gauche, la vénération des reliques, c'est-à-dire la prière devant l'athanor. Par cabale, il s'agit du traitement des cendres - cf. n°18 - qui sont disposées dans l'athanor en vue de la préparation du Rebis, ce qui nous ramène au symbolisme de la croix ou du carrefour Y. Vénérer - sebastoV - se rapproche de SebastiaV, qui signifie auguste ; qualité qui se rapporte à un prêtre chargé du culte des carrefours [qu'on peut lire four carré : athanor, vaisseau des quatre Eléments].
Voici d'abord ce que l'on peut lire d'une chanson intellectuelle que l'on prête à Michel Maier, glorifiant l'image du phénix :

« Tous les êtres ailés forment une assemblée 
D’où l'amour du massacre et la peur sont bannis. 
Entouré de ce chœur d'oiseaux, il prend l'essor, 
Et la foule l'escorte, heureuse et recueillie. 
Mais quand ils ont atteint les plaines éthérées, 
La cohorte revient ; lui, regagne son gîte. 
Ô destin fortuné ! Ô trépas bienheureux 
Que Dieu donne à l'oiseau pour naître de soi-même ! 
Qu'il soit mâle ou femelle ou bien ni l'un ni l'autre, »

Que représente ce vitrail ? Le ¼ inférieur montre un homme soulevant le couvercle d'un tombeau ; nous sommes à Constantinople, c'est-à-dire là où Hellè tombe du Bélier à la toison d'or qui l'emporte avec Phryxos. C'est l'endroit même où les Argonautes durent franchir le passage des roches cyanées ou Symplegades, à l'aide de la colombe d'Aristhée. Autrement dit, c'est la phase finale de la putréfaction. C'est là où l'Artiste doit recueillir les restes - leijana - c'est-à-dire les cendres de ses matières avant de les disposer dans l'athanor. Le ¼ gauche montre un prêtre - Lucianus, de lux, lumière - qui voit saint Etienne dévoré par les loups, en rêve. Michel Maier nous montrera sur l'emblème XXIV de son Atalanta fugiens un sujet semblable.

Parabole sur le Soufre et le moyen, d'abord de le dissoudre, ensuite de le coaguler. L'armature de fer, en forme de croix, nous ramène aux vitraux n°1 à 11. En haut à gauche, deux personnages semblent se battre et évoqent l'un des bas-reliefs de Notre-Dame de Paris, illustrant le thème de la Discorde. Il s'agit donc du combat des deux natures minérale et métallique, lesquelles forment une sorte de cahos [notez néanmoins que l'on peut déjà apercevoir des traits qui distinguent les Soufres ; l'auréole indique qu'ils sont encore sublimés]. Ce combat, qui s'apparente aux soldats surgissant de terre, du champ labouré par Cadmus, où les dents du dragon ont été plantées, conduit, après une phase d'ébullition intense à un état beaucoup plus calme, exprimé par le quadrant droit inférieur : les deux Soufres sont à présent nettement distincts. On voit parfaitement bien le Soufre rouge, à gauchet, et le Soufre blanc, à droite. Le quadrant supérieur, à droite, montre les Gémeaux de l'Oeuvre, Castor et Pollux [cf. Atalanta, XXV]. Le quadrant inférieur, à gauche, permet de dégager l'aspect luciférien des matières. Sur ce point précis, veuillez consulter la section des blasons alchimiques. Songez aussi que Selon Wolfram, le Graal aurait
été apporté par des anges qui avaient refusé de prendre 
parti quand commença la lutte de Lucifer et de la Trinité. Selon la traduction  de Tonnelat: Dieu contraignit ces anges à descendre sur Terre pour garder cette pierre,
qui ne cessa d'être pure, puis en confia la garde à des chevaliers - les fameux Templeisen,- à qui il envoya l'un de ses anges. 
Le n° 19 se trouve heureusement complété par le n°20 qui amplifie la signifiance hermétique appliquée au traitement du Soufre. Car chacun des quartiers de cette roue crucifère exprime sa destinée. Son voyage - véritable chemin de Compostelle - commence au quadrant supérieur droit où l'on aperçoit une forme monstrueuse, d'aspect inquiétant qui tient à la fois du diable et du crabe. C'est la dissolution qui est ainsi dépeinte, dans tous les sens du terme. Au quadrant inférieur gauche, le Soufre rouge vient implorer ses parents, le Mercure et le Soufre blanc. La mythologie vient ici à notre aide, si l'on tient compte que Latone, sous la pression de Typhon, parvient en fin à Délos où elle accouche d'abord de Diane puis d'Apollon. C'est donc à bon droit que l'on observe, au quadrant inférieur droit, les deux natures implorer Dieu et sa miséricorde, de les avoir mené à bon port, de leur avoir montré le chemin de la voie linéaire. Est-ce hasard, il semble qu'au sein du bleu émerge quelque terre. En priant, le personnage de droite [Soufre rouge] semble cramponné à ce rocher. Enfin, la réincrudation est manifestée au quadrant supérieur et gauche où la couleur pourpre apparaît.
Ce vitrail est hors d'oeuvre : on le trouve, non point dans la cathédrale, mais dans l'Eglise Notre-Dame. Il manifeste tous les symboles du grand oeuvre alchimique. Le médaillon figure l'oeuf philosophal ;  les fleurs dont il est couronné le métamorphosent en stibine hermétique. L'intérieur montre la Trinité : le principe de germination, à droite : c'est le vieux Mercure, l'équivalent du dragon couvert d'écailles [on mesure la distance qui sépare l'iconographie christique de celle appliquée à l'Art sacré ; car les Chrétiens voient évidemment Dieu le Père dans cette vision de vieillard]. Au centre, le principe de croissance : la Vierge Marie dont la robe est de couleur aurore. Enfin, à gauche, le Christ qui tient le bourdon de pèlerin. Notez les couleurs : celles du Père [le vert et le rouge, ce que l'hermétiste interprète facilement comme les deux couleurs du Lion] ; celles du Fils [le bleu et le rouge : le Fils subit d'abord la Passion - bleu - avant d'être ressuscité, c'est-à-dire avant d'être réincrudé, soit : avant la renaissance du phénix]. La Vierge est de bleu et d'aurore. Surplombant cette Trinité, un triangle à base inférieure, rehaussé de langues de feu, qui sont d'or. Au centre, un trèfle à trois feuilles, symbole du serpent Ouroboros ; de part et d'autre, deux cercles, qui figurent les matières.
Nous terminons cette série avec la scène de l'Annonciation. Allégorie complexe. Certains y ont vu l'attaque de la prima materia par le premier agent. D'autres, l'annonce de la lumière, c'est-à-dire du Soufre naissant. Or, dans le premier cas, nous sommes au premier oeuvre, alors que dans le second, nous voici déjà très avancés dans la Grande Coction. De ces deux versions, laquelle retenir ? Un élément peut-être pourrait nous faire trancher : cette pierre blanche qu'une main tend à travers la nuée. Et peut-être aussi, les couleurs affichées sur l'Ange : vert et rouge. L'ange Gabriel peut fort bien être l'équivalent de la trompette qui réveille le dormeur du Mutus Liber au son de l'Airain ; dès lors, la scène de l'Annonciation peut être comprise comme l'opération de l'animation du Mercure, c'est-à-dire de la période de gestation qui démarre dans la masse fluide du Compost philosophal. Messager de Dieu, envoyé ou émanation de Zeus, cet Ange symbolise l'élément AIR et une autre main vient apporter une TERRE embrasée, chauffée au blanc. Nous pouvons donc considérer cette scène comme une parabole du Sagittaire tendant sa flèche vers le firmament.
L'image de la Vierge Marie est omniprésente dans les vieux textes alchimiques. L'une des représentations les plus admirables, des plus complètes aussi, au sens de l'hermétisme alchimique, nous est offert par le Livre d'Abraham Juif, dont nous avons discuté dans les derniers emblèmes de l'Atalanta fugiens. On peut en rapprocher la lame du Monde qui clôt la série des XXI arcanes du Tarot [cf. Tarot alchimique]. C'est Basile Valentin qui a signalé, l'un des premiers le sens précis de la Vierge dans le grand oeuvre alchimique :

« L'on habille une fille à marier de beaux et riches vêtements, afin que son époux la trouve belle, et la voyant ainsi parée, en devienne amoureux, mais quand ils doivent coucher ensemble, l'on lui ôte toutes ses sortes d'habits, et ne en laissons pas un que celui qu'elle a apporté de sa naissance et du ventre de sa mère.». [Douze Clefs de Philosophie

Mais ce n'est pas là que l'on trouvera le sens véritable, la portée remarquable que l'alchimiste considère entre la Vierge et l'embryon hermétique. Dans sa Toison d'or, E. Canseliet à écrit : 

« [...] Marthe entra dans le fourré, afronta le monstre (le dragon) et, l'aspergeant d'eau bénite, lui présenta la croix. Le dragon devint alors doux comme un agneau, se laissa attacher, et le peuple vint le tuer à coups de lance. » [Alchimie, p. 225]

Voilà qui nous semble plus près de la vérité. Quant au signe zodiacal de la Vierge, il complète utilement l'enseignement du disciple de Fulcanelli [cf. Atalanta, XLVII ; zodiaque alchimique ; Gobineau]

Le Christ est représenté à l'origine comme un poisson et son nom ICQUS réunit les initiales des principaux matériaux utiles au magistère. I, c'est le Soufre hermétique car, ainsi que l'affirme Fulcanelli lorsqu'il examine la cheminée hermétique du château de Fontenay-Le-Comte, toute barre verticale est un signe du Soufre, mais non point du soufre vulgaire. C est la signature du dissolvant secret qui permet d'ouvrir les serrures métalliques et c'est aussi l'inconnue du problème posé aux impétrants. Seuls les plus rusés sauront parvenir à la chambre centrale du labyrinthe muni de leur fil d'Ariane. Seuls ceux ayant résolu le rébus sauront en sortir [cf. Mercure philosophique].
Nous avons vu, en outre, que ce C était le signe igné qui permettait à l'Artiste de comprendre l'illumination et d'intercepter le rayon igné solaire. Q est la première lettre de Qeion et aussi de QeioV, raison cabalistique pour laquelle tous las alchimistes s'accordent à écrire que la Pierre Philosophale est un Don de Dieu. Georges Aurach y a consacré un traité entier : le Donum Dei. Il faut, bien entendu, comprendre par malice les propos des vieux sages et entendre que la Pierre est un don du Soufre, ce que l'on peut encore entendre comme un don du Diable ou de Lucifer, ce qui, par tout un système d'allégories, permet de comprendre bien des points de symbolisme. U, c'est encore l'un deux croisements que l'étudiant rencontrera sur sa route, avec la . C'est le signe du Rebis, c'est-à-dire des Soufres conjoints, dont l'union est sanctifiée par l'évêque. Enfin, S représente tout bonnement le soufre vulgaire, nécessaire à l'oeuvre sous forme saline : il permet le transport de deux sels indispensables pour la voie sèche, symbolisés par Chrysaor et Pégase [cf. Fontenay].
Quelques mots sur les grandes verrières alchimiques
1. Les principes


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Nous ne pouvions terminer ce voyage fantastique des vitraux de Bourges sans nous pencher sur cette première verrière. Le lecteur va se voir contraint, à nouveau, de faire un effort d'imagination. Ces somptueux vitraux, en effet, n'ont point été conçus dans un but hermétique mais dans un but apologétique, c'est-à-dire dans le souci de préserver le dogme et de susciter l'illumination du fidèle. Mais ce n'est pas là notre souci principal ; il est, plutôt, d'essayer de dégager la vision cachée ou voilée, l'espèce de symphonie spirituelle que ne manque pas d'éveiller en nous une telle harmonie. C'est à des joyaux extraordinaires que nous avons affaire : voici d'abord la verrière de la Vierge avec quatre colonnes de verre se terminant chacune par une gemme de la plus belle eau. Ces quatre athanors sont surmontés d'ensembles irisés, disposés en trèfles à trois-feuilles dans lesquels se ressent une intention symbolique qui ne peut laisser indifférent même l'étudiant peu versé dans l'alchimie. Les deux trèfles situés immédiatement au-dessus des colonnes représentent le double Mercure, reconnaissable à l'entrecroisement du blason qui les centrent. Au-dessus, le Sel et le Soufre : le Sel se reconnaît au croissant qui est la manifestation de Diane aux cornes lunaires et le Soufre, à la couleur rouge qui en forme le fond ; il s'agit donc du Rebis. Le trèfle de gauche dont le centre forme une croix stigmatise le feu secret. L'ensemble des deux trèfles forme le Compost philosophal. En haut, le dernier trèfle avec les deux clefs, représente la Pierre philosophale. De part et d'autre, les vitraux qui donnent l'impression de « fuser » représentent les intermédiaires entre le ciel et la terre : il s'agit d'anges qui distillent la rosée de mai. Les scènes du bas nous montrent l'évolution de la matière ; à gauche, les trois principes de l'oeuvre, puis le Soufre blanc qui se présente comme il se doit, avant le Soufre rouge ; puis le Rebis où l'attitude de la prière et le personnage à l'arrière plan qui pourraît être le Mercurius senex donnent assez à voir l'aspect sublimé de la matière à cette époque de la Grande coction. Enfin, à droite, la présentation du BasileuV, dauphin ou Regulus.

2. la sublimation


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Nous pouvons voir les quatre Evangélistes nichés dans ces quatre colonnes ; il s'agit d'une figuration mystique des quatre Eléments, dont nous avons relevé le cousinage dans la section du Tarot alchimique. Les gemmes ne sont plus portées comme dans l'image précédente mais semblent comme en fusion. Les trèfles ont donné forme à des figures en marisque et à des anges qui entourent les principes de l'oeuvre ; le bleu dont nos matières sont cernées dit assez bien qu'elles sont dans un état de totale sublimation. Fulcanelli - comment ne pas nommer la figure tutélaire en un moment pareil ? - commentait ainsi l'un des caissons de Dampierre-sur Boutonne :
 

. SIC. LVCEAT. LVX. VESTRA.

Que votre lumière brille ainsi. La flamme indique pour nous l'esprit métallique, qui est la plus pure, la plus claire partie du corps, son âme et sa lumière propres, bien que cette partie essentielle soit la moindre, eu égard à la quantité. Nous avons dit souvent que la qualité de l'esprit, étant aérienne et volatile, l'oblige toujours à s'élever, et que sa nature est de briller, dès qu'il se trouve séparé de l'opacité grossière et corporelle qui l'enrobe. Il est écrit qu'on n'allume point une chandelle pour la mettre sous le boisseau, mais bien sur un chandelier, afin qu'elle puisse éclairer tout ce qui l'environne. De même, voyons-nous, dans l'Œuvre, la nécessité de rendre manifeste ce feu interne, cette lumière ou cette âme, invisible sous la dure écorce de la matière grave. L'opération qui servit aux vieux philosophes à réaliser ce dessein, fut nommée par eux sublimation, bien qu'elle n'offre qu'un rapport éloigné avec la sublimation ordinaire des spagyristes. Car l'esprit, prompt à se dégager dès qu'on lui en fournit les moyens, ne peut, toutefois, abandonner complètement le corps ; mais il se fait un vêtement plus proche de sa nature, plus souple à sa volonté, des particules nettes et mondées qu'il peut récolter autour de soi, afin de s'en servir comme véhicule nouveau. Il gagne alors la surface externe de la substance brassée et continue de se mouvoir sur les eaux, ainsi qu'il est dit dans la Genèse (ch. l, 2), jusqu'à ce que la lumière paraisse. C'est alors qu'il prend, en se coagulant, une couleur blanche éclatante, et que sa séparation de la masse en est rendue très facile, puisque la lumières'est, d'elle-même, placée sur le boisseau, laissant à l'artiste le soin de la recueillir.

Demeures Philosophales, II, pp. 68-71
 

Cette âme qu'évoque Fulcanelli, c'est ce Soufre que l'Artiste obtient lors de l'ouverture du métal. Rappelons que cette ouverture nécessite un agent spécial que les alchimistes ont appelé glaive de feu ou glaive miellé. L'opération exacte est d'ailleurs visible sur un autre vitrail de la cathédrale de Bourges. Le hasard a voulu que l'agent soit aussi décrit sur un vitrail parfaitement semblable. Les voici dans leur partie supérieure :
 
 

Le lecteur aura deviné que nous tenons là tout le secret du grand oeuvre. A des siècles de distance, voilà comment ces magnifiques vitraux peuvent encore exprimer des vérités que seule, l'étude des vieux textes alchimiques, peut tenter de ramener en surface en un  travail fait de patience et de persévérance ! L'image de gauche, c'est la stibine hermétique, l'antimoine saturnin d'Artephius, le véritable stibium de Jacques Toll, le platyophtalmon des Egyptiens ; c'est, dans le même temps, une coupe de l'oeuf philosophal. Remarquez comment les Soufres sont symbolisés : deux phylactères serpentiformes, de couleur rouge et verte : ce sont les serpents que Nicolas flamel a vu sur l'une des gravures du Livre d'Abraham Juif ; ils représentent nos Gémeaux célestes, poussés par le feu secret que l'on aperçoit en forme de sphère bleue ; observez que rien n'y manque : la croix patée et le symbole du FEU (D). A droite, l'opération de l'ouverture du métal : le coeur brisé par le glaive de feu laisse sourdre une nuée qui symbolise l'Âme, c'est-à-dire ce précieux Soufre rouge, cette teinture que l'Artiste devra conserver « en sa vitreuse provision » comme l'écrit E. Canseliet dans son Alchimie Expliquée sur ses Textes classiques. Voyez encore comment le globe crucifère, à gauche, a évolué : la croix s'est transformée en épée ; le corps vitré de l'oeil s'est teinté du sang du coeur déchiré [c'est-à-dire que l'or alchimique a été enté dans la terre feuillée après que le dragon écailleux a été écorché par Gabriel].

3. La Jérusalem Céleste


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Les quatre colonnes sont réduites à trois : ce sont les « principes principiés » d'Artephius.

Eh bien ! Nous voyons ces trois Principes dans nos colonnes : le Mercure, à gauche, symbolisé par l'évêque ; le Soufre rouge ou teinture, à droite et le Sel, au centre. Sublimés dans le feu de l'athanor, Sel et Soufre sont destinés à être réincrudés, c'est-à-dire à apparaître sous une forme « plus noble » qu'à l'origine : c'est ce qu'expriment les deux quatre-feuilles. Celui de gauche est le Soufre où la couleur rouge domine. Celui de droite est le Sel, où le bleu domine. Les trois fleurs de lys rappellent le nombre de réitérations qu'il faut effectuer pour obtenir des matières dépurées. Enfin, l'escarboucle des Sages est symbolisée par le troisème quatre-feuilles : l'astérisme qui est figuré dit assez de quelle nature est notre Pierre philosophale.

http://herve.delboy.perso.sfr.fr/vitraux_bourges.html

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