La peine de prison du futur pourra-t-elle durer mille ans en connectant des cerveaux humains à des ordinateurs
Et si une condamnation à perpétuité se mettait à durer bien plus qu’une vie? La biotechnologie, rapporte le Telegraph, pourrait être utilisée pour piéger les prisonniers et leur faire croire, ressentir, que leur emprisonnement dure 1.000 ans. C’est ce qu’assure un groupe de scientifiques britanniques qui planche sur le sujet.
La philosophe Rebecca Roache, en charge d’une équipe de chercheurs de l'université d'Oxford travaillant sur la façon dont les futures technologies pourraient transformer les punitions, explique qu’ainsi les condamnations des prisonniers pourraient leur paraître bien plus lourdes sans que l’on ait besoin de recourir à la peine de mort pour autant. Et cela permettrait selon elle de prononcer des peines plus adaptées à certains crimes odieux.
Dans un article publié en 2013 sur son blog Practical Ethics, elle expliquait avoir beaucoup pensé, en démarrant sa réflexion, au cas de Daniel Pelka:
«Daniel avait 4 ans quand il est mort en mars [2012]. Dans les derniers mois de sa courte vie, il fut battu, affamé, maintenu sous l’eau jusqu’à perdre conscience juste pour que sa mère puisse avoir un peu de "tranquillité"; tout traitement médical lui fut refusé, enfermé dans une petite pièce ne contenant qu’un matelas sur lequel il était censé à la fois dormir et déféquer, humilié et privé d’affection, et soumis aux abus les plus absurdement créatifs, comme être forcé à manger du sel quand il demandait un verre d’eau.»
Les parents purgent aujourd’hui une peine à perpétuité pour ce meurtre, ce qui ne paraît pas suffisant à la philosophe.
Dans une interview publiée le 13 mars 2014 sur le site Aeon, Rebecca Roache explique que plusieurs psychotropes peuvent transformer le sens du temps que les individus peuvent avoir. «On pourrait donc imaginer de développer une pilule, ou un liquide, qui donnerait l’impression à des individus de purger une peine de 1.000 ans».
Sur son blog, elle explique aussi que l’état de la recherche permet de penser que l’on pourrait bientôt connecter des cerveaux humains à des ordinateurs pour accélérer le rythme auquel le cerveau fonctionne:
«Faire en sorte que le cerveau d’un criminel aille un million de fois plus vite que normalement permettrait au criminel de purger mille ans de peine en huit heures et demi. Evidemment, cela serait beaucoup moins cher pour le contribuable que d’allonger la vie des détenus [ce que la science permet aussi selon elle d’envisager] pour leur faire purger mille ans en temps réel.»
Dans l’interview accordée à Aeon, la chercheuse concède:
«Bien sûr, il y a une perception commune qui suggère que jouer avec le cerveau d’une personne est invasif à un degré inacceptable. Mais il est envisageable de ne pas avoir à interférer avec le cerveau directement.»
Avec la lumière par exemple. La distorsion du temps, rappelle Roache, est déjà utilisée lors d’interrogatoires, via des expositions constantes à la lumière, ou au contraire fluctuantes, c'est à dire ne correspondant pas à l’alternance naturelle du jour et de la nuit.
Mais l’administration de psychotropes ou l’hyperstimulation sensorielle (comme l’exposition à des lumières constantes de jour comme de nuit) sont considérés comme de la torture. Allonger la vie d’un détenus pour lui faire vivre mille ans de prison ou lui faire éprouver mille ans de prison via de nouvelles technologies semble devoir se ranger dans cette même catégorie. Une conception peu enthousiasmante de la peine du futur.
http://www.slate.fr/life/84647/peines-prison-futur