LE DISCOURS DU CHEF INDIEN SEATTLE : UN FAUX ?
par Luc - Michel MAZENC
LE CHEF INDIEN SEATTLE Seattle, grand chef indien des tribus Dumawish et Suquamish, est connu en particulier pour son discours de 1854 lors de négociations avec le gouvernement des États - Unis, dans lequel il exprimait son refus de vendre les territoires indiens. Il existe au moins trois versions du texte. Grâce aux notes prises par le docteur Henry Smith, négociateur du gouvernement, une première version fut publiée dans le Seatt le Sunday Star en octobre 1887. Celle qui fait aujourd'hui figure de référence date des années 1970.
Schweabe, le père de Seattle, était un noble Suquamish de Agate Pass et, Sholitza, sa mère, était Duwamish de lower Green River. D'après certains cherche urs Seattle serait né en 1786 à Blake Island, une petite île au sud de Brainbridge Island, pendant les terribles épidémies, héritage des pionniers blancs, qui anéantissaient le s populations indigènes. Quand il eut entre vingt et vingt - cinq ans, Seattle fut nommé chef de six tribus, titre qu'il conserva jusqu'à son décès en 1866. Après la mort d'un de ses fils (d'un second mariage, sa première femme meurt à la naissance de leur fille Angelina), il est baptisé par l' Église catholique, probablement par des pèr es oblats (dans les registres il est inscrit comme Noë Siattle) .
Ses autres enfants furent également baptisés. Seattle est le porte - parole pendant les négociations (commencées en 1854) et le signataire avec d'autres chefs indiens, du traité de paix de Point Elliott - Mukilteo (1855) que cédait 2.5 millions d'acres de terre au gouvernement des États - Unis et délimitait le territoire d'une réserve pour les Suquamish. LE DISCOURS PRONONC É PAR SEATTLE devant l'Assemblée des tribus d'Amériq ue du Nord en 1854 « Le Grand Chef de Washington nous a fait part de son désir d'acheter notre terre. Le Grand Chef nous a fait part de son amitié et de ses sentiments bienveillants. Il est très généreux, car nous savons bien qu'il n'a pas grand besoin de notre amitié en retour. Cependant, nous allons considérer votre offre, car nous savons que si nous ne vendons pas, l'homme blanc va venir avec ses fusils et va prendre notre terre. Mais peut - on acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la t erre ? Etrange idée pour nous ! Si nous ne sommes pas propriétaires de la fraîcheur de l'air, ni du miroitement de l'eau, com ment pouvez - vous nous l'acheter ? Le moindre recoin de cette terre est sacré pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisante, chaque grève sablonneuse, chaque écharpe de brume dans le bois noir, chaque clairière, le bourdonnement des insectes, tout cela est sacré dans la mémoire et la vie de mon peuple.
La sève qui coule dans les arbres porte les souvenirs de l'homme rouge. Les morts des hommes blancs, lorsqu’ils se promènent au milieu des étoiles, oublient leur terre natale. Nos morts n'oublient jamais la beauté de cette terre, car elle est la mère de l'homme rouge; nous faisons partie de cette terre comme elle fa it partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs, le cerf, le cheval, le grand aigle sont nos frères; les crêtes des montagnes, les sucs des prairies, le corps chaud du poney, et l'homme lui - même, tous appartiennent à la même famille. A insi, lorsqu'il nous demande d'acheter notre terre, le Grand Chef de Washington exige beaucoup de nous. Le Grand Chef nous a assuré qu'il nous en réserverait un coin, où nous pourrions vivre confortablement, nous et nos enfants, et qu'il serait notr e père, et nous ses enfants.
Nous allons donc considérer votre offre d'acheter notre terre, mais cela ne sera pas facile, car cette terre, pour nous, est sacrée. L'eau étincelante des ruisseaux et des fleuves n'est pas de l'eau seulement ; el le est le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous souvenir qu'elle est sacrée, et vous devrez l'enseigner à vos enfants, et leur apprendre que chaque reflet spectral de l'eau claire des lacs raconte le passé et les souvenir s de mon peuple. Le murmure de l'eau est la voix du père de mon père. Les fleuves sont nos frères; ils étanchent notre soif. Les fleuves portent nos canoës et nourrissent nos enfants.
Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous souvenir que l es fleuves sont nos frères et les vôtres, et l'enseigner à vos enfants, et vous devrez dorénavant leur témoigner la bonté que vous auriez pour un frère. L'homme rouge a toujours reculé devant l'homme blanc, comme la brume des montagnes s'enfuit deva nt le soleil levant. Mais les cendres de nos pères sont sacrées. Leurs tombes sont une terre sainte; ainsi, ces collines, ces arbres, ce coin de terre sont sacrés à nos yeux. Nous savons que l'homme blanc ne comprend pas nos pensées. Pour lui, un lopin de terre en vaut un autre, car il est l'étranger qui vient de nuit piller la terre selon ses besoins. Le sol n'est pas son frère, mais son ennemi, et quand il l'a conquis, il poursuit sa route. Il laisse derrière lui les tombes de ses pères et ne s'en soucie pas. Vous devez enseigner à vos enfants que la terre, sous leurs pieds, est faite des cendres de nos grands - parents. Afin qu'ils la respectent, dites à vos enfants que la terre est riche de la vie de notre peuple. Apprenez à vos enfants ce que nous apprenons à nos enfants, que la terre est notre mère.
Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. Lorsque les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux - mêmes. Nous le savons: la terre n'appartient pas à l'homme, c'est l'homme qui appartient à la terre. Nous le savons : toutes choses sont liées comme le sang qui unit une même famille. Toutes choses sont liées. Tout ce qui arrive à la terre arrive aux fils de la terre. L'homme n'a pas tissé la toile de la vie, il n'est qu 'un fil de tissu. Tout ce qu'il fait à la toile, il le fait à lui - même. Mais nous allons considérer votre offre d'aller dans la réserve que vous destinez à mon peuple. Nous vivrons à l'écart et en paix. Qu'importe où nous passerons le reste de nos jours. Nos enfants ont vu leurs pères humiliés dans la défaite. Nos guerriers ont connu la honte ; après la défaite, ils coulent des jours oisifs et souillent leur corps de nourritures douces et de boissons fortes.
Qu'importe où nous passerons le reste de n os jours ? Ils ne sont plus nombreux. Encore quelques heures, quelques hivers, et il ne restera plus aucun des enfants des grandes tribus qui vivaient autrefois sur cette terre, ou qui errent encore dans les bois, par petits groupes; aucun ne sera là pour pleurer sur les tombes d'un peuple autrefois aussi puissant, aussi plein d'espérance que le vôtre. Mais pourquoi pleurer sur la fin de mon peuple ? Les tribus sont faites d'hommes, pas davantage. Les hommes viennent et s'en vont, comme les vagues de la mer . Même l'homme blanc, dont le Dieu marche avec lui et lui parle comme un ami avec son ami, ne peut échapper à la destinée commune. Peut - être sommes - nous frères malgré tout; nous verrons. Mais nous savons une chose que l'homme blanc découvrira peut - ê tre un jour: notre Dieu est le même Dieu. Vous avez beau penser aujourd'hui que vous le possédez comme vous aimeriez posséder notre terre, vous ne le pouvez pas. Il est le Dieu des hommes, et sa compassion est la même pour l'homme rouge et pour l'homme bla nc.
La terre est précieuse à ses yeux, et qui porte atteinte à la terre couvre son créateur de mépris. Les blancs passeront, eux aussi, et peut - être avant les autres tribus. Continuez à souiller votre lit, et une belle nuit, vous étoufferez dans vos propres déchets. Mais dans votre perte, vous brillerez de feux éclatants, allumés par la puissance du Dieu qui vous a amenés dans ce pays, et qui, dans un dessein connu de lui, vous a donné pouvoir sur cette terre et sur l'homme rouge. Cette destin ée est pour nous un mystère; nous ne comprenons pas lorsque tous les buffles sont massacrés, les chevaux sauvages domptés, lorsque les recoins secrets des forêts sont lourds de l'odeur d'hommes nombreux, l'aspect des collines mûres pour la moisson est abîm é par les câbles parlants. Où est le fourré ? Disparu. Où est l'aigle? Il n'est plus. Qu'est - ce que dire adieu au poney agile et à la chasse ? C'est finir de vivre et se mettre à survivre. Ainsi donc, nous allons considérer votre offre d'ache ter notre terre.
Et si nous acceptons, ce sera pour être bien sûrs de recevoir la réserve que vous nous avez promise. Là, peut - être, nous pourrons finir les brèves journées qui nous restent à vivre selon nos désirs. Et lorsque le dernier homme rouge aura d isparu de cette terre, et que son souvenir ne sera plus que l'ombre d'un nuage glissant sur la prairie, ces rives et ces forêts abriteront encore les esprits de mon peuple. Car ils aiment cette terre comme le nouveau - né aime le battement du cœur de sa mère . Ainsi, si nous vous vendons notre terre, aimez - la comme nous l'avons aimée. Prenez soin d'elle comme nous en avons pris soins. Gardez en mémoire le souvenir de ce pays, tel qu'il est au moment où vous le prenez. Et de toute votre force, de toute v otre pensée, de tout votre cœur, préservez - le pour vos enfants et aimez - le co mme Dieu vous aime tous. Nous savons une chose: notre Dieu est le même Dieu. Il aime cette terre. L'homme blanc lui - même ne peut pas échapper à la destinée commune. Peut - être som mes - nous frères, nous verrons. » CE MAGNIFIQUE DISCOURS EST UN FAUX « Hélas, ce texte est un faux, et Chef Seattle est l’un des premiers «prophètes manufacturés» de l’âge médiatique (...)
Mais cett e supercherie médiatique ne doit rien retirer, bien sûr, ni à la stature historique de Seattle, qui fut un grand Chef, ni aux idées des défenseurs de l’environnement. » Nous n’avons pas voulu rabaisser l’émotion du lecteur qui découvre pour la première fois ce discours, dont l’auteur se hausse au rang d’un Abraham Lincoln des Indiens d’Amérique. Hélas, ce texte est un faux, et Chef Seattle est l’un des premiers « prophètes manufacturés » de l’âge médiatique (selon le mot de David Buerge, un historien du Nord - ouest américain qui prépare un livre sur le Chef indien). Seattle (nommé See - ahth), Chef des indiens Duwamish et Suquamish, prononça en effet en 1854, et dans sa propre langue, une célèbre oraison à l’adresse d’Issac Steven, Commissaire aux affaires indiennes venu proposer aux premiers habitants du Nord - ouest un « arrangement territorial ». On n’en connaît aujourd’hui le contenu que par une transcription, parue trente - trois ans plus tard dans le Seattle Sunday Star le 29 octobre 1887 sous la signature du docteur Henry Smith (qui semble avoir bien connu son modèle). Elle n’a que quelques phrases en commun avec la trop éloquente profession de foi qui s’est répandue depuis sur les posters, les pochettes de disques et les livres d’enfants . Celle - ci semble avoir été rédigée en 1971 par le scénariste du Texas, Ted Perry. De flagrants anachronismes infirment la première attribution : « le « fils qui parle » n’a pas encore franchi les montagnes de Seattle, les bisons y demeurent inconnus dans un rayon de mille kilomètres, et le premier chemin de fer ne rel iera les Grandes Plaines à la côte Pacifique qu’en 1870 ... .
La prophétie écologique des années Nixon a donc utilisé ici un nom de plume, commode pour mieux faire passer son message. Mais cette supercherie médiatique ne doit rien retirer, bien sûr, ni à la stature historique de Seattle, qui fut un grand Chef, ni aux idées des défenseurs de l’environnement. Chef Seattle est mort à quatre - vingts ans, un an après que la ville qui avait pris son nom fasse défense à tous les Indiens d’y résider. Je remercie Sally Elliott de m’avoir procuré sa documentation sur cette affaire (article de Timothy Egan dans le New York Times du 21 avril 1992, et transcription du docteur Smith publiée par la bibliothèque de la ville). » (Daniel Bougnoux " Sciences de l'information et de la communication », 1993, pages 63 à 65). La controverse autour du discours du Chef Seattle a été relancée lors du récent colloque de Die "Ecologie et spiritualité", au cours duquel je suis intervenu pour préciser à l'auditoire que le fameux discours du Chef indien, qui était religieusement récité à la tribune, n'était qu'un faux. J'ai dû intervenir par deux fois pour me faire entendre, car les auditeurs dans leur grande majorité n' "en croyaient pas leurs oreilles".
La seconde intervention fut prise au sérieux car j'ai donné des références bibliographiques. On m'a demandé des précisions et c'est ainsi que je viens de préparer ce dossier que je diffuse largement, en espérant qu'il suscitera la prise de conscience attendue. LE DOSSIER I. Extrait du livre de Daniel Bougnoux : " Sciences de l'information et de la communication », Larousse, Coll. textes essentiels, 1993, 809 p., ISBN : 2 - 03 - 741010 - 7. Extraits des pages 63 à 65. Recopie textuelle. Toutes choses se tiennent. « En 1854, le grand Chef blanc à Washington (Franklin Pierce, Président des Etats - Unis) offrit d’acheter une large zone du territoire indien et promit une « réserve » pour le peuple ainsi dépouillé. La réponse du Chef Seattle (« L’homme blanc est étrange ... . ») a été décrite comme la plus belle déclaration jamais faite sur l’environnement. Ce message sur l’état de l’Union, que l’on mettra en relation avec les modèles de Von Foerster et E. Morin présentés au chapitre V, se passe de commentaire. On le rapproc hera des textes cybernétiques de Bateson (chapitre III) et de Weiner (chapitre V), qui ont consacré leurs œuvres à fonder théoriquement cette « structure qui relie ».
Source : texte (du Chef Seattle) publié dans diverses revues, et notamment dans le numé ro 18/19 de Silex : « La sensibilité écologiste. », Grenoble 1980 : « Comment pouvez - vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre ? (...) Où es l’aigle ? Disparu. La fin de la vie et le début de la survivance . ( sic) », discours du Chef Seattle. II. Extraits du quotidien Le Monde, n° 17336, numéro Spécial É tats - Unis, 2000 .
Trois articles, page 14 : A) « Les Indiens d’Amérique n’étaient pas de gentils amis de la nature » : « Sur fond de culpabilité, dans les années 70, la société américaine a promu ses peuples indigènes en modèle d’écologistes. Les historiens contestent aujourd’hui cette légende. Les premiers concernés ne s’en émeuvent pas et revendiquent d’être reconnus pour ce qu’ils sont. Et si les indiens avaient été des destructeurs de l’e nvironnement ? Des incendiaires de la forêt ? Des exterminateurs de bisons ? Historiens et paléo - écologues américains soulèvent depuis une dizaine d’années ces questions provocatrices. (...) Prélèvements excessifs. (...) La disparition des bisons. (...). » B) « Le discours du Chef Seattle est l’œuvre d’un scénariste. » : « (...) ... ce texte a été diffusé à des centaines de millier d’exemplaire et (fut) souvent cité, par exemple par Al Gore, en 1992, dans son livre «Earth in the Balance » (trad. française « Sauver la planète Terre. ») . (...) en 1969, un professeur de littérature de l’Université du Texas, William Arrowsmmith, le découvre et le publie, quelque peu arrangé, dans la revue Arion. Il le lit en public à l’occasion du premier jour de la Terre, en avril 1970, au moment où la vague écologiste commence à caresser l’Amérique. Parmi les auditeurs, un scénariste, Teddy Perry, prépare un film sur l’environnement. L’idée lui vient d’adapter le texte de Seattle, empruntant son personnage et son ton pour produire un messa ge contemporain. Et Perry a écrit le « Discours du chef Seattle » que son commanditaire, la Southern Baptist Television Comission , utilise dans le commentaire du film sans préciser que Perry en est l’auteur. Le succès est immédiat : des milliers de téléspe ctateurs réclament le texte, qui est repris par de nombreux journaux.
Il se répand à travers le monde, et la dessinatrice Susan Jeffer en fait un best - seller , publié en 1991. L’affaire est finalement révélée par le New York Times en avril 1992, ce qui n’em pêchera pas la « sagesse indienne » de tromper encore de nombreux dindons bien intentionnés. Ted Perry a écrit un beau texte, et les écologistes occidentaux de la fin du XXème siècle ont de nobles pensées. Mais elles ne sont p as indiennes. ». C) « Un squelette disputé . ». III. Extrait du livre de Albert Gore : « Sauver la planète Terre . » , Albin Michel, 1992, Préface de Brice Lalonde, chapitre « Spiritualité et environnement », pages 227 à 231 : « La richesse et la diversité de nos traditions religieuses tout au long de l’histoire constituent une ressource longtemps ignorée par les croyants, qui redoutent d’ouvrir leurs âmes à des enseignements venus d’un autre système de croyance que le leur. (...) cette vision panreligieuse pourrait se révéler extrêmement importante en ce qui concerne la responsabilité globale de notre civilisation à l’égard de la terre. Les religions des Américains indigènes, par exemple, nous proposent une riche variété d’idées s ur notre rapport à la terre.
On cite souvent la déclaration émouvante du chef Seattle lorsque le Président Franklin Pierce voulut acheter le territoire de sa tribu: « .... ( discours du chef Seattle ) .... ». (...) Aujourd’hui, toutes les grandes religions ont beau coup à nous dire sur les relations entre le genre humain et la planète. Le prophète Mohammed a dit : « le monde est vert, et beau, et Dieu t’en a confié la garde . ». Les grands enseignements du Coran – tawhed (unité), khalifa (gestion) et akhrah (responsabilité) — représentent aussi les fondements de la morale écologique de l’islam. (...) Dans bien des lieux du monde, la société s’adonne à la satisfaction instantanée de ses besoins et à la consommation et demeure indifférente aux dommages que cela provoque. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, la gravité du problème de l’écologie trouve son origine dans la profondeur de la crise morale des hommes. Bien des prophéties recourent à des images de destruction de l’environnement pour mettre en garde contre les transgressions de la volonté de Dieu. ». (Al Gore « Sauver la planète Terre . »).
IV. Extraits de Luc - Michel Mazenq : « Les Nouveaux Mouvements Religieux (NMR) et les Nouveaux Mouvements sociaux (NMS) dans le procès de mondialisation . » , Thèse de doctorat, 2001. A) « Il faut indiquer que, parallèlement à cette montée en puissance du néo - positivisme, les Etats - Unis ont mis au point, à partir des années 70, toute une mythologie de la «sagesse indienne» en vue de promouvoir l’utopisme néolibér al et une communautarisation de la société pour endiguer l’anomie engendrée par le démantèlement du Welfare State. Al. Gore s’est fait le chantre de cette pseudo - sagesse, notamment dans son ouvrage « Sauver la planète Terre .» .
Un (faux) discours du Chef i ndien Seattle, fort prisé dans le New Age comme dans les mouvances « mystiques » de l’Ecologisme politique (ecothéologie, écosophie, deep - ecology ), a ainsi fait le tour du monde et connu un énorme succès. En réalité, on a découvert qu’il avait été rédigé par un scénariste nord - américain (Le Monde, N° 17336, spécial Etats - Unis). On sait par ailleurs, depuis les années 90, que les amérindiens n’étaient nullement de « gentils écologistes » et qu’ils furent des destructeurs de l’environnement, au même titre qu e tout autre peuple (Ibid.). A ce propos, voir aussi Daniel Bougnoux : « Sciences de l’information et de la communication.)», Larousse (ISBN : 2 - 03 - 741010 - 7), 1993, p. 65 note 1.
De même, Cf. Infra., p. 475 n. 1. Le Chef Seattle est le « premier prophète manufacturé de l’âge médiatique » note Bougnoux (Op. Cit. p. 65 n. 1).