L’USGS va faire une carte distincte pour les séismes d’origine humain
Des officiels fédéraux débattent de comment rendre compte des dangers suscités par les séismes d’origine humaine, dont beaucoup sont provoqués par des activités pétrolières et gazières.
Par le passé, la U.S. Geological Survey (USGS, organisme gouvernemental US chargé de la surveillance sismique, équivalent du BRGM français, ndt) a généralement tenu à l’écart les séismes en relation avec l’activité industrielle de ses cartes de risques sismologiques. Les cartes projettent la probabilité de lourds tremblements de terre naturels et sont utilisées pour élaborer des codes de construction, des plans routiers et des ponts, et établir les taux d’assurance.
Mais au milieu d’un accroissement du nombre et de l’intensité de séismes suscités par l’homme dans des régions pétrolières et gazières, des scientifiques et des ingénieurs de l’agence se sont mis à développer une nouvelle carte qui inclura ce que les géologues appellent la "sismicité induite".
Les cartes de risques sismiques traditionnelles, projetant les risques de séismes naturels, sont censées être publiées tôt l’année prochaine (en 2014, ndt). La carte évaluant les risques de séismes induits par l’homme sera publiée plus tard dans l’année parce que l’agence se demande encore comment l’assembler.
"Cela a été le sujet de discussion plutôt intenses," a dit Bill Leith, conseiller scientifique supérieur pour les risques sismiques et géologiques au QG de l’USGS à Reston, en Virginie.
La carte traditionnelle pour les séismes naturels a pour but de guider les choix des architectes, des entreprises du bâtiment et autres pendant jusqu’à 50 ans. Les dangers issus des séismes induits par l’homme peuvent se déclarer en beaucoup moins de temps que cela, surtout si l’activité qui les causent cesse.
Pourtant, les séismes induits par l’homme sont un danger. Deux personnes ont été blessées et 14 demeures ont été détruites lors d’un séisme en novembre 2011 près d’Oklahoma City, que les chercheurs de l’USGS ont relié à l’injection d’eaux usées pétrolières et gazières à grande profondeur (EnergyWire, 27 mars).
Le nombre d’injections si profondes a énormément crû avec le boom de forage de schistes du pays, qui a été mû par un procédé de fracturation hydraulique qui utilise une quantité beaucoup plus importante d’eau que le forage conventionnel et rejette beaucoup plus d’eaux usées. La majeure partie de ces eaux usées sont ensuite ré-injectées dans le sol.
Les géologues savent depuis des dizaines d’années que l’injection de n’importe quelle sorte de produit industriel fluide peut provoquer des tremblements de terre. L’injection de fluides toxiques à l’Arsenal de Rocky Mountain fut blâmée pour des séismes qui eurent lieu près de Denver dans les années ’60.
Parmi ce boom de forages, de fracturations et d’injections, les scientifiques de l’USGS ont identifié une suite "remarquable" de tremblements de terre dans le centre du pays. L’agence dit que cette chaîne de séismes est probablement liée à l’activité humaine.
Au centre de cette tendance se trouve l’Oklahoma, qui possède l’un des inventaires les plus denses de puits de rejet d’eaux usées de forages du pays. L’état de l’Oklahoma s’est classé deuxième parmi les 48 états les plus bas (sans l’Alaska et Hawaii, ndt) cette année comme la dernière, derrière la Californie. Depuis le début de 2009, 10% des séismes du pays ont eu lieu dans l’Oklahoma (EnergyWire, 2 décembre).
En octobre, l’USGS a déclaré que le centre de l’Oklahoma se trouve au centre d’un "essaim" sismique. Ceci a incité le commissaire aux assurances de l’état à presser les gens à souscrire une assurance sismique.
Le Texas, qui possède sans doute le plus grand nombre de puits d’injection, a vu 18 séismes de magnitude 3 ou plus entre 2000 et 2008. Rien que cette année, il en a vu 16.
L’USGS et d’autres chercheurs ont également identifié des séismes "induits" ou "provoqués" dans l’Arkansas, le Colorado et l’Ohio.
Au-delà de la ‘zone grise’
Les séismes induits par l’homme sont devenus de plus en plus intenses et plus communs depuis que l’USGS avait publié son dernier jeu de cartes de risques sismiques, il y a à peu près six ans.
Auparavant, la sismicité induite tombait dans une "zone grise", a dit Mark Petersen, coordinateur régional et national du Programme des Risques Sismiques de l’USGS. Elle était souvent laissée de côté, mais parfois elles y restaient s’il était pensé qu’elles constituaient un risque.
Cette zone grise avait besoin d’être éclaircie alors que le risque de séismes induits par l’homme grandissait.
"Nous ne voulons pas publier une carte qui dise ‘pas de risques’ ou ‘peu de risques’ dans l’Oklahoma," a dit Petersen.
Certains officiels de l’USGS appellent l’ajout aux cartes un nouveau "produit". Petersen le décrit comme une "nouvelle couche" de ce qui est vraiment plutôt un modèle qu’une carte.
Quand le dernier jeu de cartes est sorti en 2008, huit zones ont été exclues parce que les séismes de ces régions était relié à des activités industrielles. Dans le modèle de l’année prochaine, il est attendu que ce chiffre atteigne à peu près 20.
Le séisme de l’Oklahoma de 2011, de magnitude 5,7, sera certainement laissé à l’écart de l’évaluation traditionnelle des risques sismiques naturels, ainsi qu’un autre séisme de magnitude 5,3 qui a causé des dommages il y a quelques mois dans le Colorado. D’autres événements sismiques qui seraient évalués dans le nouveau modèle comprennent la suite de séismes de Guy-Greenbrier dans le centre de l’Arkansas en 2010, une série de séismes près de Dallas-Fort Worth en 2009 et des secousses depuis 2006 près de la ville de Snyder à l’ouest du Texas, qui ont été reliées à une injection de dioxyde de carbone.
Tandis qu’ils évaluent le risque pour le public, les scientifiques et les autres pourraient se pencher sur la question de savoir si l’activité à l’origine des séismes peut rapidement cesser ou si les secousses vont devenir la "nouvelle norme", a dit Justin Rubinstein, un chercheur géophysicien de l’USGS qui travaille actuellement sur la manière d’utiliser les données venant des séismes induits par l’homme.
Les changements pourraient mettre des entreprises pétrolières et gazières en colère qui se feraient blâmer pour les dommages issus des séismes, tout en se révélant un soulagement pour ceux du domaine de la construction et de l’immobilier, que leur zone ne sera pas estimée être une zone de risque de séisme naturel.
Cependant, pour compliquer les choses, des officiels de l’Oklahoma sont en désaccord avec l’USGS au sujet des séismes de 2011. Le géologue de l’état affirme qu’il n’y a pas assez de preuves pour dire qu’un seul d’entre eux ait été causé par l’injection de rejets pétroliers ou gaziers.
Rubinstein a dit que l’analyse séparée est censée être plus ou moins "agnostique" pour dire si l’activité provoquant les séismes provient d’une activité industrielle spécifique. En fait, elle est censée inclure les séismes induits, des séismes "potentiellement induits" et des pics soudains qui ne peuvent être expliqués par les modèles traditionnels.
Karen Berry, géologue d’état par intérim au Colorado, a dit qu’elle soutient le traitement du séisme de 2011 au Colorado différemment que comme avec un séisme clairement d’origine naturelle.
"Puisque nous ne savons pas réellement si l’événement de 2011 était naturel ou provoqué, il serait également prématuré de remettre les cartes de risques sismiques à jour rien que sur les bases de cet événement."