Au premier trimestre, les banques de l’UE ont accru de 57% leurs avoirs dans le secteur public états-unien, a indiqué la Banque des règlements internationaux (BRI)
Avec l’intensification progressive du débat sur le niveau d’endettement des Etats-Unis cette année, on aurait pu imaginer que les banques européennes réduisent quelque peu leurs engagements outre-Atlantique. Or, c’est l’inverse qui s’est produit durant les trois premiers mois de cette année, comme l’indiquent les statistiques publiées mardi soir par la Banque des règlements internationaux (BRI).
De janvier à fin mars, les banques européennes ont même augmenté de 57% leur exposition dans le secteur public américain, qui a atteint 752,6 milliards de dollars à fin mars, contre 479,6 milliards à fin décembre.
Leur exposition a aussi légèrement augmenté dans les banques américaines (686 milliards de dollars) mais n’a en revanche que peu varié dans le secteur privé (2189 milliards).
PLUS DEXPOSITIONS EN SUIVANT :
Banques suisses très impliquées outre-Atlantique
Au final, les engagements des banques européennes aux Etats-Unis ont totalisé 3737 milliards à la fin du premier trimestre (3439 milliards à fin décembre), en hausse de 9%. Cela représente un cinquième de leurs créances totales à l’étranger. Ces chiffres provisoires concernant le premier trimestre seront présentés plus en détail en septembre prochain.
Globalement, les banques helvétiques sont très impliquées sur le marché américain. Après les banques européennes considérées dans leur ensemble, les plus grands créanciers des Etats-Unis étaient à fin mars le Japon (1132,8 milliards de dollars), le Royaume-Uni (1124,8 milliards) puis la Suisse avec 747,8 milliards, en hausse de 2% par rapport à fin décembre. C’est davantage que l’exposition des banques françaises et allemandes aux Etats-Unis considérées séparément.
A noter toutefois que les statistiques de la BRI n’incluent toujours pas les données de la Chine, principal pays créancier des Etats-Unis. Dans le détail, les établissements helvétiques ont sensiblement accru leurs engagements dans les emprunts d’Etat américains à près de 151 milliards de dollars, en hausse de 8% sur trois mois, tout comme dans le secteur privé (+2% à 334 milliards).
En revanche, ils ont réduit leurs engagements dans des banques américaines à 153,8 milliards (-7%).
Globalement, les dernières statistiques de la BRI indiquent aussi que les engagements transfrontières des banques ont rebondi de 1,5% au cours du premier trimestre, soit un montant de 466 milliards de dollars, après une baisse de même ampleur trois mois plus tôt
EN COMPLEMENT : Les 28 banques «systémiques» identifiées par Moody’s
L’agence a publié la liste des banques qui devraient être soumises à une «surcharge» en raison de leur importance globale
La semaine dernière, le Comité de Bâle pour la supervision bancaire a rendu publics sur son site les critères utilisés pour déterminer quels sont les établissements d’importance systémique au niveau mondial. A cette occasion, l’organisation avait précisé que 28 établissements, sur 73 passés en revue, entreraient dans cette catégorie .
Lundi soir, l’agence Moody’s a indirectement apporté la réponse à cette question en publiant une liste de 28 établissements qui devront «vraisemblablement» renforcer leurs fonds propres au-delà des 7% requis par les règles de «Bâle III».
Ceux-ci seront soumis à une «surcharge» de 1 à 2,5% de plus, à quoi peut s’ajouter une possible pénalité de 1% de plus. Cette liste inclut UBS et Credit Suisse, qui ne seront que peu affectées car elles sont de toute manière déjà soumises aux règles plus strictes en Suisse, et la plupart des grands établissements européens. En France, il s’agit de BNP Paribas, Natixis et Société Générale. Deutsche Bank et Commerzbank en font partie en Allemagne, Unicredit en Italie ainsi que Barclays, HSBC, RBS et Standard Chartered outre-Manche
Par Yves Hulmann Zurich /le temps
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Et à ce petit jeu, les banques françaises sont placées très haut.
L’exposition totale du Crédit Agricole, qui est notamment très actif en Grèce depuis le rachat en 2006 de la banque Emporiki, est en effet évaluée à 35 milliards d’euros (dont un peu plus de 3 milliards d’euros de dette souveraine), soit 123% de sa valeur (actif net).
La suit la banque franco-luxembourgeoise Dexia: sauvée de la faillite de justesse à l’automne 2008, celle-ci est exposée sur 119% de sa valeur, dont 75% de dettes souveraines (le courtier KBW, cité sur le site TradingSat, estime qu’elle est la banque française la plus exposée à l’économie portugaise).
La troisième de ce «podium» est la britannique Royal Bank of Scotland, très active en Irlande.
Trappe à Dettes/Irlande : une odeur de bankrun
Les autres banques françaises citées par le document, Société Générale, BNP Paribas et Natixis (filiale de banque d’investissement des Banques Populaires et des Caisses d’Epargne), affichent des taux d’exposition de respectivement 29%, 19% et 10%.
Récemment sacrée première banque mondiale en termes d’actifs par l’agence Bloomberg (dont les calculs sont contestés), BNP Paribas est la banque la plus exposée du classement aux dettes souveraines de l’Irlande, du Portugal et de la Grèce, avec un total de 8 milliards d’euros.
Et si l’on parle essentiellement des finances publiques irlandaises ces jours-ci, c’est la Grèce qui fait peser les plus gros risques sur les banques françaises: la Banque des réglements internationaux (BRI), citée en mai par le Journal des Finances, faisait état d’une exposition totale du secteur bancaire français à la Grèce de plus de 57 milliards d’euros.
Problèmes financiers en Europe des PIGS : banques françaises allemandes et suisses très exposées selon la BRI (cliquez sur le lien)
L'exposition des établissements français et allemands n'est guère étonnante, car ils comptent parmi les plus grands de l'Union européenne.
Source: Bank for International Settlements/ New Times 2010
Les marchés européens ont les yeux rivés sur les quelques pays dont la dette et la capacité à rembourser inquiètent de plus en plus: la Grèce, le Portugal, l’Espagne, l’Irlande et dans une moindre mesure l’Italie. L’Irlande refuse toujours de se faire aider par l’Union européenne tandis que certains craignent la contagion de la crise irlandaise à l’Espagne et au Portugal. Le New York Times a proposé une infographie claire et instructive sur les dettes de ces cinq pays envers leurs voisins européens. Le quotidien explique:
«Au cours de la décennie qui a suivi l’introduction de l’euro, les économies du continent sont devenues de plus en plus interdépendantes. Avec les emprunts et les opérations bancaires transfrontalières, de nombreux pays à la périphérie de l’Europe se doivent de grandes sommes entre eux, mais aussi à leurs voisins plus riches comme l’Allemagne et la France.»
On comprend mieux pourquoi la faillite d’un pays inquiète toute l’Europe: la Grèce par exemple doit 10 milliards aux banques portugaises. Sa faillite serait un coup terrible pour le Portugal, qui a vu sa notation baisser, emprunte à des taux déjà élevés et doit lui-même 86 milliards aux banques espagnoles…
La France est le plus gros créditeur de ces cinq pays en difficultés avec un total de 674 milliards d’euros prêtés par les banques françaises (l’Allemagne leur prête 521 milliards et la Grande-Bretagne 309 milliards), dont 379 milliards à la seule Italie (20% du PIB français).
Chiffres établis par la BRI de Bâle en suisse. (en milliards d’euros!). Ceux-là sont particulièrement coupables, car ces chiffres sont connus depuis longtemps, avec aucune réaction notable de la part de cette instution dite « régulatrice ». comment et pourquoi a t on laissé les banques européennes augmenter de 57% leur exposition dans le secteur public américain,en pleine crise ?
Voici l'exposition des banques pays par pays dans l'UE c'est grave les chiffres sont en milliard d'euro.