21 mars 2016
La lettre G qui figure au centre de l’étoile flamboyante : Une énigme pour les maçons.
La lettre G qui figure au centre de l’étoile flamboyante garde bien son secret et constitue depuis longtemps une énigme pour les maçons.
Nos frères anglais ont autrefois assimilé les lettres du mot God aux initiales des mots Gamel, Oz, Dabar, qui signifiaient Beauté, Force, et Sagesse.
Cherchant toujours une explication plausible dans la tradition hébraïque, certains spécialistes ont cru discerner une relation de cause à effet avec le Iod, le mot God n’aurait été qu’une déformation du Yod.
Ces pistes se trouvent Aujourd’hui totalement abandonnées et l’on en revient aux fondements de l’art de bâtir.
Samuel Prichard, dans sa Masonry Dissected, de 1730, apportait déjà une lumière avec cette question d’un catéchisme du grade de Compagnon :
« What does that G dénote? »
« Géometry or the fifth science! »
Cela prenait une valeur d’autant plus particulière, qu’à ce grade, le Grand Architecte devenait le Grand Géomètre de l’Univers.
L’interprétation actuelle va dans le sens de l’exaltation de la « géométrie ». Les alphabets les plus anciens, phéniciens et grecs, comportaient l’un, le Ghimmel, l’autre, le Gamma, qui avaient tous deux la forme d’une équerre, cet outil devenu aujourd’hui l’emblème de la fonction « créatrice » du Vénérable Maître.
Compte tenu de l’importance du nom de Dieu (El Schaddaï) qui se trouvait vénéré, depuis le 17e siècle, par les maçons opératifs et qui s’exprimait par les valeurs 3, 4, 5 attachées à l’équerre, cet « outil » avait alors la valeur que revêt aujourd’hui le delta dans les loges.
Il s’avère évident que lorsque les maçons spéculatifs ont désacralisé l’équerre en 1’affectant au travail, il leur a fallu substituer un nouvel emblème divin à l’ancien : ce fut le delta.
Mais par ailleurs, la mention de Grand Architecte de l’Univers et les nouvelles Lumières de la Maçonnerie : la Bible, l’équerre et le compas au lieu du Père, du Fils et du Saint-Esprit, ne satisfaisant pas totalement les puristes, adversaires d’Anderson et de sa déchristianisation de la Maçonnerie, l’étoile du berger, ou étoile de Noël, fut adoptée.
Elle devint l’étoile flamboyante, celle qui conduit vers le Christ et réintroduisait dans une Maçonnerie « modernisée » les valeurs chrétiennes vénérées par les frères opératifs.
Afin d’affirmer la prééminence de Dieu, ces frères d’Outre-Manche établirent que cette lettre G remplacerait l’ancienne équerre et que désormais « she stands for God ».
Enfin la phrase : « He that was taken up the pinnacle of the holy Temple » est interprétée par certains comme l’identification du GADLU au Christ lui-même via le symbolisme de la pierre angulaire.
Cette lettre G (1) suscitant d’innombrables interrogations, de nombreux maçons ont fait le tour des alphabets de toutes les langues, tentant en vain de forcer l’interprétation dès qu’un mot commençait par cette lettre.
Les associations les plus diverses ont perduré jusqu’à nous et l’on rencontre encore parfois les G pour Gnose, Gloire, Grandeur, Gravitation, Génération, etc.
Or gnose s’imposait d’autant moins que les rites traditionnels, opératifs et anciens, ne véhiculaient (cela reste vrai aujourd’hui) aucun corpus à caractère gnostique.
Au contraire, la Maçonnerie opérative, fondamentalement catholique, ignorait superbement les évangiles apocryphes en général et celui de Thomas en particulier.
Seul le Rite Ecossais Rectifié, rite moderne, possède une trame gnostique et, malheureusement pour les tenants de cette thèse, la lettre G n’y tient pas une place plus importante qu’ailleurs.
On peut même supposer le contraire puisqu’au deuxième degré de ce rite, le nombre mystérieux du grade, comme l’étoile (ambivalente), comporte certains dangers.
Cette conception rectifiée, qui vient des « Elus Coëns », ouvre une perspective nouvelle.
Si on observe la lettre G, on constate qu’il s’agit d’un cercle brisé. Cette figure circulaire se trouve commencée et une portion de droite vient briser ce mouvement en changeant le tracé de direction.
La ligne droite, intervenant comme un élément de l’illusion et restant le produit d’un postulat dans un monde terrestre et sphérique où tout ce qui se situe à sa surface s’avère obligatoirement courbe, pourrait signifier la non-réalité ou l’incarnation (2).
Pourquoi ce parcours terrestre risque-t-il de se voir brisé par l’illusion ou condamné à l’entrée dans le néant ?
La recherche de la réponse constitue l’un des éléments du travail du maçon.
Quant à l’analyse de l’expression sonore, la lettre G se caractérise par un son bref qui ne se prolonge par aucune vibration, comme s’il s’agissait d’un «expir» brisé.
La lettre G pourrait intervenir comme la marque d’un avertissement capital, à ce degré charnière du système bleu, qui n’existe qu’au Rite Ecossais Rectifié, avec la maxime :
« Celui qui étant entré dans le chemin de la vérité n’a pas le courage de persévérer est cent plus à plaindre qu’il n’était auparavant ».
Celui qui a commencé son chemin vers la Lumière ne peut faiblir, dévier ou abandonner, sous peine d’avoir à payer un jour un prix redoutable.
La lettre G est-elle l’emblème ou la conséquence de cette maxime ?
Il appartient à chacun d’en chercher la réponse…
(1) Le rituel du rite français stipule « La lettre G que vous voyez au centre de l’étoile, nous présente deux grandes et sublimes idées, l’une est le monogramme d’un des noms du Très-Haut, source de toute lumière, de toute science ; la seconde idée que cette lettre nous présente, résulte de ce qu’on l’explique communément par le mot « géométrie ». Cette science a pour base essentielle l’application de la propriété des nombres aux dimensions des corps, et surtout au triangle auquel se rapportent presque toutes leurs figures, et qui présente des emblèmes si sublimes.
(2) L’incarnation est une « non-réalité », un fantasme, une illusion au regard de l’éternité, tout ce qui se trouve voué à disparaitre n’ayant en fait jamais existé.
Source documentaire : La Formation Maçonnique – Christin Guigue –
Texte proposé par Aron O’Raney
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