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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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rupert sheldrake
3 décembre 2016

La théorie Quantique pourrait expliquer la télépathie

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Débat sur la télépathie entre Rupert Sheldrake et Lewis Wolpert

Débat présidé par Edward Nugee, 15 Janvier 2004, à Londres


La célèbre revue scientifique Nature a rendu compte, il y a de cela quelques mois, d’un débat sur la télépathie qui s’est déroulé le 15 janvier à la Royal Society of Arts de Londres. Devant un public d’environ 200 personnes, sont intervenus : Rupert Sheldrake, en tant qu’avocat de la réalité du phénomène, auteur de plusieurs livres mettant en pratique des expériences souvent simples et ingénieuses (notamment sur le sentiment d’être observé, sur le fait de deviner qui appelle au téléphone, sur l’attidude du chien ou du chat au moment où le maître rentre de son travail, etc.) et Lewis Wolpert, en tant que sceptique, biologiste du University College de Londres et vulgarisateur célèbre au Royaume-Uni. Voici la traduction en français de ce débat.

Le Pr. Wolpert va d’abord parler pendant 15 mn. Il a dit que c’est tout ce dont il avait besoin ! Il est manifestement sûr de lui. Rupert Sheldrake va ensuite avoir une demi-heure pour récapituler certaines des preuves de l’existence de la télépathie. Lewis aura 10 mn pour soumettre ces preuves à une revue critique et Rupert Sheldrake aura 10 mn pour répondre. Le débat sera ensuite ouvert au public pendant une heure et d emi, après quoi nos deux intervenants auront chacun 5 mn pour exposer leur position finale.

En association avec la fondation Nowhere

Intervenants :
-  Rupert Sheldrake, biologiste et auteur de Le septième sens
-  Lewis Wolpert, professeur d’anatomie, Université college London

Présidé par : Edward Nugee Q. C.

Date : 15 janvier 2004

Lieu : RSA, 8 rue John Adam, Londres

NB Ceci est une retranscription inédite de l’événement. Bien que tous les efforts aient été faits pour s’assurer de son exactitude, il peut y avoir des erreurs phonétiques, ou autres, dues aux variations inévitables de la qualité d’enregistrement et de la traduction écrite. Merci de nous contacter pour nous signaler toute erreur que nous nous empresserons de corriger.

Les points de vue exprimés ne sont pas nécessairement ceux de la RSA ou de ses membres.

Edward Nugee : Liz Winder nous a présenté mais c’est en réalité la seconde série de conférences de ce 250ème anniversaire de la Royal Society of Arts. Il y en a eu une autre hier soir intitulée « se défaire de la loi » mais nous ne nous débarrasserons pas de la loi aussi facilement que ça et j’ai le privilège d’avoir été choisi pour présider le débat de ce soir sur la télépathie. Ce débat est soutenu, comme Liz l’a indiqué, par la fondation Nowhere et nous sommes heureux d’accueillir Terry Ingham, PDG et 6 autres membres de la fondation et du groupe. Si vous voulez en savoir plus sur la fondation Nowhere, allez sur internet. Tout ce que je dirai, entre autre, c’est que la fondation cherche à mettre sur pieds des projets révolutionnaires à la limite de nos connaissances et pour moi, le débat de ce soir est un bon exemple d’un tel projet et je ne suis pas surpris qu’il ait suscité beaucoup d’intérêt, tellement d’intérêt que tout fut complet en trois jours de réservation dès décembre. Maintenant, je vais vous présenter brièvement nos intervenants.

A ma droite, le professeur Lewis Wolpert. Depuis 1966, il a été Chef de Département de Biologie, a exercé la médecine, d’abord à l’Hôpital Universitaire du Middlesex et puis, je crois, a fait partie du collège de la Faculté de Médecine. Il est membre permanent de la Royal Society depuis presque 25 ans et a été, pendant 5 ans, président d’un Comité Scientifique d’Information. Il la été aussi président du Committee for the Public Understanding of Science. Il a publié plusieurs livres dont un ayant le titre intrigant, à mes yeux, de The Unnatural Nature of Science et il a animé de nombreux programmes sur Radio 3 et BBC2. Vous vous rappelez peut-être, il y a 5 ans, d’une série de trois programmes intitulés A Living Hell basée sur son livre Malignant Sadness, The Anatomy of Depression et son nom, j’en suis sûr, est bien connu de la plupart d’entre vous.

A ma gauche, voici Rupert Sheldrake. Rupert est biologiste. Il a été Directeur de recherches en biochimie au collège Clare de Cambridge pendant 6 ans et membre de recherche de la Royal Society. Pendant 4 ans, il a été physiologiste à Hyderabad en Inde où il a travaillé sur la physiologie des plants en condition semi-aride, situation que l’on retrouve dans une grande partie de l’Inde et qui, je trouve, a apporté une contribution notable à la capacité de ce pays à nourrir sa population qui est maintenant de plus d’un milliard d’habitants. Il a publié plus de 50 articles dans des journaux scientifiques et a aussi écrit de nombreux livres dont le plus connu est probablement Sept expériences qui peuvent changer le monde qui a été élu livre de l’année en 1994 par le British Institute for Social Inventions.

Voici notre programme de ce soir, le Pr. Wolpert va d’abord parler pendant 15 mn, il dit que c’est tout ce dont il avait besoin ! Il est manifestement sûr de lui. Rupert Sheldrake va ensuite avoir une demi-heure pour récapituler certaines des preuves de l’existence de la télépathie. Lewis aura ensuite 10 mn pour soumettre ces preuves à une revue critique et Rupert Sheldrake aura 10 mn pour répondre. Le débat sera ensuite ouvert au public pendant une heure et d emi, après quoi nos deux intervenants auront chacun 5 mn pour exposer leur position finale. Après la conclusion du débat, vous êtes tous invités à un cocktail.

Avant que je ne demande au Pr. Wolpert d’ouvrir le débat, il me semble intéressant de vous proposer un vote à mains levées pour voir si vous croyez ou non à l’existence de la télépathie. Que ceux qui croient que la communication télépathique entre les êtres humains ou entre les hommes et les animaux est possible ou susceptible de se produire, lèvent la main. Oh Lewis, vous êtes plutôt minoritaire... et ceux qui ont un esprit ouvert sur la question ? bien, il y a quelques personnes qui sont venus sans idées préconçues. Nous referons de même à la fin de la soirée pour voir si certains ont changé d’avis. Maintenant, Pr. Wolpert, ouvrez le débat.

Pr. Lewis Wolpert : Très bien, merci infiniment. Je suis le conférencier barbant. Rupert vous dira des choses plus intéressantes. Je suis vraiment stupéfait que vous soyez autant à vous être déplacés et qu’autant d’entre vous croient à la télépathie. C’est fascinant. Je suis en train d’écrire un livre sur la croyance mais je n’en parlerai pas maintenant. Bon, laissez moi vous expliquer ma position concernant la télépathie et les autres phénomènes paranormaux. Je pense que ce serait vraiment très très très enthousiasmant si c’était vrai. Vous savez, cela ouvrirait des perspectives, et je pense que Rupert l’a bien compris, si n’importe lequel de ces phénomènes, disons si les anges existaient, je pense que ce serait absolument merveilleux. S’il y avait vraiment des fées au fond du jardin, ce serait passionnant ! Si vraiment les pensées pouvaient passer d’une personne à une autre, ce serait un phénomène totalement nouveau et cela serait extrêmement excitant et je crois que la voie que je prends, et c’est une voie ennuyeuse, je l’admets, est de dire que la nature même de la science est basée sur la preuve et le fait marquant est qu’il n’y en aucune de persuasive. Maintenant il se pourrait que la Reine soit un espion russe. C’est une possibilité, en effet. Mais les preuves ne sont pas très probantes. Je pense que vous serez d’accord avec moi. Qu’il y ait des fantômes, je le sais. J’ai des amis très proches qui en ont vu. Il n’y a pourtant aucun doute. Ca ne veut pas dire que parce qu’elle a vu des fantômes, ça ne veut pas dire qu’ils existent réellement.

Ma position au regard de la télépathie et des phénomènes paranormaux est que ce serait merveilleux si c’était vrai mais il n’y a aucune preuve qui ne le soutienne. Aucune preuve fiable. Maintenant, laissez-moi vous dire ce que je pense. Actuellement, une des façons d’aborder ce phénomène dans sa globalité est basée sur l’idée d’un célèbre chimiste appelé Irving Langmuir. C’était un chimiste brillant qui a créé le terme « science pathologique » et ce qu’il entendait par science pathologique, ce sont ces sortes de sciences qui se concentrent sur de nombreux phénomènes totalement ahurissants. L’effet observé est toujours minuscule. C’est à la limite de la détectabilité. L’importance de l’effet semble indépendante de quoi que ce soit. C’est généralement un fantastique théorème et quand il y a des critiques concernant les expériences, il y a toujours des explications ad hoc sur le pourquoi de leur apparition. Je pense, en ce qui concerne la télépathie -j’ai regardé la littérature à ce sujet- qu’il n’y a pas un seul exemple dans toute la littérature scientifique qui n’étaye de façon fiable ce phénomène. Je vais me répéter au cas où vous ne m’auriez pas bien entendu ! Il n’y a pas, dans toute la littérature scientifique, convenablement référencée dans des journaux appropriés comme le British Journal of Psychology, un seul article qui soit convaincant quant à la capacité des pensées à être transférées, et ça n’est pas franchement surprenant. Je ne dis pas que c’est impossible.

Vous voyez, on a un jour demandé à Richard Feynman, un très célèbre physicien, s’il croyait aux soucoupes volantes et Feynman a répondu « non » et on lui a dit « c’est une bien piètre science. Quelles sont vos preuves qu’elles n’existent pas ? ». Il a répondu « je n’ai pas de preuves qu’elles n’existent pas. C’est mon intuition et j’en suis terriblement désolé. Les preuves à leur sujet sont vraiment très maigres. » Mais ne vous méprenez pas. Le fait que les preuves soient maigres ne veut pas dire que ça n’existe pas et il y a beaucoup d’exemples dans l’histoire de la science où les preuves étaient très maigres et finalement, finalement ça s’est avéré être vrai. « Un des meilleurs exemples (dit-il en citant son propre livre !) est bien sûr la dérive des continents. » Si vous vous souvenez, Alfred Wegener, un éminent géologue allemand, croyait que les continents s’étaient éloignés et c’est pour cela que l’Amérique du Sud a l’air de s’emboîter si bien avec l’Afrique. Personne ne le croyait, on le prenait pour un fou. Les physiciens disaient « je n’ai jamais entendu une telle ânerie » et puis, en fin de compte, les preuves sont apparues et il s’avéra qu’il avait vu juste. Le très grand Lord Kelvin, un des plus grands physiciens de tous les temps, a vraiment eu de fausses idées sur l’âge de la terre. C’est parce que ses idées sur la température étaient erronées. Il ne savait rien de la radioactivité. Ainsi, les scientifiques peuvent être vraiment opposés à certaines idées et puis finalement se tromper, l’un des plus beaux exemples - et je l’adore - est Newton lui-même. Quand Newton a avancé ses idées sur la gravité, puis-je vous rappelez ce que Leibniz disait, à savoir « chaque corps physique exerce une force d’attraction sur les autres. Vous pouvez ne pas le croire monsieur mais vous et moi nous attirons mutuellement ! » comme le fait le reste du public. Ces verres sont attirés entre eux par une force proportionnelle à leur masse et inversement proportionnelle au carré de la distance entre eux. Et quand cela arriva, Leibniz le grand physicien allemand dit « une occulte propriété insensée que je ne pourrai jamais élucider, peut-être même un esprit, pour ne pas dire dieu lui-même, était à l’œuvre pour l’expliquer. » Et Newton dit « vous savez, c’est difficile, et il est inconcevable que la matière brute inanimée puisse, sans modification ou autre chose de non matériel, agir et influencer une autre matière sans support matériel. » Et il continua mais je ne vous livrerai pas l’entière citation « c’est tellement absurde que je crois qu’aucun homme ayant un sens philosophique puisse tomber là-dedans mais la gravité doit être causée par un agent car c’est ce que montrent les preuves. » Alors c’est vraiment là... toute la question, il s’agit des preuves.

Maintenant je crois qu’aucun de vous ne veuille nier les corps - nous ne comprenons toujours pas vraiment la gravité à ce que j’en vois - ces corps, vous et moi sommes attirés les uns les autres par nos poids. Vous plus que moi, vous êtes plus lourd que moi ! C’est réciproque. C’est absolument surprenant et quand vous en arrivez à des choses remarquables comme la mécanique quantique, c’est vraiment surprenant de toutes les manières qui soient mais il faut être prudent. Il y a eu tellement d’affirmations et l’une des plus célèbres est, si vous vous souvenez, celle de Benveniste qui a publié un article dans Nature disant que bien qu’une substance particulière ait été diluée tant de fois qu’il n’en reste plus aucune molécule dans l’eau, cette substance pouvait encore avoir un effet et que la mémoire résidait dans l’eau. Il a été montré que c’était faux et donc, encore une fois, toute la question tient dans les preuves. Tout ce que je peux dire en regardant la littérature et en écoutant la remarque d’Irving Langmuir c’est que toutes les études en relation avec la perception extrasensorielle et la télépathie tombent merveilleusement dans la catégorie de la science pathologique. Tout petit effet, non répétable, beaucoup d’excuses de la part de ceux qui ne peuvent le refaire et bien sûr, cela va à l’encontre de l’intuition qu’il se passe quelque chose dans le cerveau. Tout biologiste ou physicien qui y pense dirait que c’est hautement invraisemblable. Ca ne veut pas dire que ce n’est pas vrai. Comme je continue à le dire, il y a eu beaucoup de cas dans la science où l’on pensait les choses fausses et qu’elles se sont avérées vraies.

Pourquoi les gens croient-ils en ces choses ? Et bien, il y a tant de coïncidences. Vous savez, vous recevez un coup de téléphone et vous dites « mince alors, je pensais justement à ... ». J’ai une amie, Pat Williams, qui affirme assez souvent qu’elle sait quand je vais l’appeler mais des coïncidences arrivent et ce n’est pas là le problème. Je crois qu’une grande part de la confusion vient de ce que j’appellerais la confusion « Clever Hans ». Laissez moi vous parler de Clever Hans. Cela remonte à plus de 100 ans. Il y avait un aristocrate russe appelé William Von Osten qui tenait beaucoup à montrer que les animaux étaient beaucoup plus intelligents que les gens ne le pensent. Il acheta un cheval qu’il entraîna à résoudre des problèmes mathématiques en tapant du pied et il voyagea à travers le monde avec ce cheval, Clever Hans, pour montrer comme cet animal était intelligent. Oh, c’était impressionnant ! Mais arriva un scientifique appelé Oscar Vogt qui dit « c’est très étrange, je vais préparer une série de tests pour voir si Hans est aussi intelligent que je le crois. » Quand il posa à Hans une série de questions auxquelles Von Osten ne connaissait pas la réponse, le cheval fut très mauvais et il s’avéra que si on lui mettait des œillères pour qu’il regarde l’ardoise et qu’on lui demande de taper... mauvaises nouvelles. Il s’avéra que le cheval avait appris à regarder la tête de Von Osten qui bougeait très légèrement comme cela -avez-vous vu mes sourcils se lever ? Les chevaux sont très sensibles aux sourcils apparemment et c’est comme ça que Clever Hans savait réfléchir. Je pense qu’il faut, avec ces expériences, être très très très prudent sur l’erreur expérimentale, l’influence de la recherche et, bien qu’il m’ait fallu 10 mn et 36s pour en parler, ma position est aussi simple que cela : il n’y a aucune preuve pour soutenir l’idée que les pensées peuvent être transmises d’une personne à un animal, d’un animal à une personne, d’une personne à une personne ou d’un animal à un animal. Merci beaucoup.

Edward Nugee : C’est admirablement bref et nous fait un peu avancer dans notre programme. Rupert, vous avez une demi-heure maintenant pour convaincre, sinon le Pr. Wolpert, du moins ceux qui n’ont pas d’idées préconçues.

Rupert Sheldrake : Merci. Eh bien, Lewis Wolpert et moi sommes d’accord sur une chose : la science est basée sur des preuves. Il pense qu’il n’y a aucune preuve convaincante de la télépathie. Bien sûr cela dépend de la facilité avec laquelle on peut convaincre quelqu’un. Il y a beaucoup de créationnistes qui pensent qu’il n’y a aucune preuve convaincante pour l’évolution. Si vous avez l’esprit étroit et que vous êtes persuadé d’avoir raison, aucune des preuves ne fera la plus petite différence. Je pense que la vrai question est : quelles sont les preuves de la télépathie ? Et c’est ce dont je vais vous parler.

Personnellement, je pense qu’il y a beaucoup de preuves persuasives pour la télépathie et que les expériences qui ont été menées pour le prouver sont loin d’être pathologiques. Elles ont été réalisées, en grande partie, par des gens qui n’avaient pas de subventions... ils ont rencontré tout un tas d’obstacles sur leur chemin. Ce ne sont pas des gens appartenant aux institutions scientifiques le plus souvent et il me semble qu’il s’agit plus de science héroïque que pathologique. De toute façon, il y a différentes catégories de preuves. Pour moi, la plus importante et la plus convaincante est le fait qu’autant de gens pensent avoir vécu des expériences télépathiques. En effet, selon des études anglaises, européennes, américaines et d’un peu partout dans le monde, la plupart des gens croient qu’ils ont vécu ces expériences. Maintenant, certains diront, comme Lewis Wolpert, qu’en réalité c’est une illusion, que ce sont des coïncidences que les gens prennent pour de la télépathie. Leur mémoire leur a joué des tours, les faisant oublier quand ils ont tort et se souvenir quand ils ont vu juste et ainsi de suite. Mais le fait est que des millions, des centaines de millions, en fait, des milliards de gens rationnels, tout à fait normaux croient qu’ils ont eu ces expériences. Auraient-ils tous tort et se feraient-ils des illusions si facilement ?

Deuxièmement, il y a eu beaucoup de recueils de cas, d’histoires d’expériences télépathiques. Elles sont généralement rejetées dans leur intégralité comme étant anecdotiques. Une anecdote est par définition une histoire non publiée. En grec « an » signifie « non » et « ekdot » publié. Beaucoup de branches de la science sont basées sur l’expérience. C’est le point de départ de la science. On ne peut pas le nier et il y a eu beaucoup de recueils de cas et si vous rassemblez des centaines d’anecdotes et qu’il y a beaucoup de gens qui ont vécu la même expérience... les anecdotes deviennent de l’histoire naturelle. J’ai moi-même des bases de données avec plus de 5000 cas et c’est la même histoire que vous entendez encore et toujours. Il pourrait y avoir des antécédents où les gens croyaient et se trompaient, néanmoins il y a une quantité énorme de ce genre de preuves.

Mais d’un point de vue scientifique, pour écarter l’objection manifeste qui a été soulevée depuis le tout début de la recherche sur la télépathie, à savoir qu’il ne s’agit que d’une histoire de coïncidences, vous devez mener des expériences pour réellement estimer la probabilité des coïncidences. Et en 1880, avec la création de la Society for Psychical Research, des méthodes statistiques ont été appliquées à cette recherche en commençant par le grand physicien sir William Barett. En réalité, ce fut l’un des premiers champs de la science où les statistiques furent réellement utilisées dans le cadre de recherche expérimentale. La recherche psi a en fait ouvert la voie à beaucoup de sciences à venir. La preuve statistique est importante car le seul moyen qu’on ait d’affirmer qu’une chose est une coïncidence est de connaître sa probabilité de se produire. On peut alors comparer ce qui se produit réellement par rapport à ce que l’on s’attend à obtenir par hasard.

Je vais vous parler maintenant principalement de la recherche expérimentale sur la télépathie qui se décline classiquement en 4 types. Le premier type comprend les expériences de divination de cartes développées par sir William Barrett. Si on se base sur une revue récente de toutes ces premières publications, il y a eu 186 articles publiés décrivant 3 600 000 essais. Cela donne, tout réuni, les résultats que vous voyez... sur l’ensemble des articles publiés dans des revues. Il y a 186 articles, plus de 30 investigateurs... la signification statistique est astronomique. P égal 1 fois 10^(-21) vous pouvez exprimer par cette formule la part de la chance, le résultat cumulatif étant dû au hasard. C’est basé sur une technique, largement utilisée en médecine appelée « meta-analyse » où l’on combine les résultats de nombreuses études différentes. C’est sur cette base que l’Institute for Clinical Excellence évalue l’efficacité clinique. C’est une sacrée référence en science qui permet de combiner différents types de données. De toute façon c’est la conséquence de la combinaison de tous ces articles. Le résultat est répétable. Il est vrai que dans le cas de la divination de cartes, on obtient un résultat plutôt minime mais quand un résultat minime est répété des centaines, des milliers, dans ce cas-ci, des millions de fois, cela devient très significatif.

La seconde sorte d’expériences sur la télépathie est la transmission de dessins. Beaucoup de gens ont fait des tests où une personne fait un dessin et une autre personne dans une autre pièce ou une autre ville doit essayer de reproduire ce dessin. Il y a eu des réussites spectaculaires avec ce genre d’expérience. Le résumé le plus célèbre est celui de l’écrivain américain Upton Sinclair qui a publié un livre intitulé Mental Radio en 1930. Ca a été un grand best-seller. Il est difficile de quantifier les similarités même si elles sont frappantes aussi cette voie n’a, dans l’ensemble, pas été poursuivie par les parapsychologues.

Dans les années 60, un nouveau genre de recherche a vu le jour en parapsychologie expérimentale impliquant des tests sur les rêves télépathiques. Beaucoup de gens ont vécu des expériences télépathiques en rêve et dans ces expériences, les gens venaient dormir dans un laboratoire. Quand ils commençaient à rêver, ce qui était mesuré par les mouvements rapides oculaires, un expérimentateur dans un bâtiment différent assez éloigné du rêveur regardait une image choisie au hasard et se concentrait pour voir s’il pouvait transmettre cette image au rêveur. Ces expériences ont donné des résultats positifs et hautement significatifs mis ensemble. Je vais vous montrer les résultats, une méta-analyse des données sur le rêve télépathique, qui ont été obtenus entre 1966 et 1973. 25 études publiées dans des revues scientifiques à comité de lecture, 450 essais, une signification statistique de 1,3x10-8 ou si vous préférez, 75 millions de chances contre 1 que ce ne soit pas dû au hasard. Et voici maintenant les résultats des tests individuels. Voici des graphes, le seuil de confiance est de 95 %, que l’on voit ici. Certains étaient en fait, en dessous du hasard, d’autres au même niveau mais la plupart étaient au-dessus du hasard. Et si on les combine tous, en utilisant des techniques statistiques standard, voici le résultat là avec un graphe qui montre que c’est significativement au-dessus du hasard. Il est faux de dire que ce n’est pas réplicable. La plupart le sont. Il y en a certainement quelques-uns qui n’ont pas suivi le modèle général. C’est très courant en science. C’est certainement le cas dans beaucoup d’essais médicaux, c’est pourquoi on utilise cette technique. Peu d’expériences marchent de la même façon à chaque fois. Peut-être que cela arrive dans les salles de classe mais dans la vraie science aux Frontières de la Recherche, c’est plus confus et ce genre de chose est assez normal dans beaucoup de domaines scientifiques.

Puis, il y a eu le développement d’une nouvelle sorte d’expérience, les tests télépathiques « Ganzfeld », qui ont eu lieu depuis les années 1970 dans les laboratoires de parapsychologie. Dans ces tests, le sujet est couché dans une pièce dans un état de privation sensorielle léger avec des moitiés de balles de ping-pong sur les yeux, un bruit blanc dans les écouteurs, une lumière rouge, une atmosphère détendue pendant que quelqu’un dans une autre pièce ou un autre bâtiment regarde une photo ou un vidéoclip, choisi au hasard parmi un groupe de photos ou de vidéos, la question est alors : le sujet peut-il dire, identifier parmi 4 images qui lui sont montrées à la fin, laquelle est celle que l’autre personne regardait. Si ce n’était que de la devinette, le taux de réussite serait de 25 %. Et bien, les expériences Ganzfeld conduites entre 1974 et 1985 ont été passées en revue en 1985 avec ces résultats. 25 études publiées, 762 essais... globalement la signification statistique (que vous voyez là) est de mille milliards contre un. Voici le résultat des études individuelles. Une fois encore, comme pour les essais sur le rêve télépathique, il y en a eu des négatifs et des sceptiques disent « ça n’est absolument pas réitérable, untel a obtenu des résultats négatifs. » Vrai, mais si vous regardez le schéma entier, la signification totale est donnée ici et vous voyez que c’est au dessus du seuil de hasard. Encore une fois c’est un assez petit résultat mais néanmoins, c’en est un. Si vous regardez les effets de l’aspirine dans la prévention des crises cardiaques, vous verrez des résultats beaucoup plus petits que ceux-là et ce sont des procédures médicales déjà recommandées.

En 1985, ces études furent passées en revue par un certain nombre de personnes qui s’autoproclamaient « sceptiques éclairés ». Ce sont des gens qui ont réellement étudié ces expériences, ils ont émis un certain nombre de critiques tout en admettant que le résultat était là... il se passait quelque chose. Ils ont avancé un certain nombre de critiques que les parapsychologues ont ensuite tenté de contrer en automatisant la procédure et en excluant diverses choses qui auraient pu mener à des fuites d’information. Bien évidemment, l’effet « Clever Hans » est connu depuis le tout début de la parapsychologie et tout cela se passe dans des pièces séparées. Ainsi il n’y a aucune possibilité de signaux subtils. Toutes ces expériences font l’objet d’un examen minutieux de la part de sceptiques extrêmement hostiles et irréprochables qui sont prompts à se jeter sur la moindre imperfection. C’est probablement le champ de recherche le plus rigoureux et le plus lourdement surveillé de toute la science. Les sceptiques ont relevé quelques points faibles éventuels et, tenant compte de ça, les tests d’auto-ganzfeld furent créés. Passés en revue en 1977, ils ont donné ces résultats. Dans 6 laboratoires... presque 2000 essais... et voici la signification... voilà les études détaillées et les résultats combinés. Cela inclut les tous premiers tests jusqu’en 1985. Les 10 tests les plus récents sur le Ganzfeld, dans une revue publiée en 2001, montrent de nouveau un résultat significatif, pas aussi important mais montrant une grande probabilité que ce ne soit pas du hasard.

Bien qu’il me semble que ce genre de preuves recueillis par les parapsychologues grâce à des recherches menées en laboratoire soit assez impressionnantes et même convaincantes, elles ont pourtant un grand désavantage, celui d’être basé sur des situations extrêmement artificielles. En voulant être scientifiques, beaucoup de ces expériences se sont trop éloignées de la télépathie de la vie courante. En particulier, dans la vie courante, la télépathie se produit la plupart du temps entre personnes qui se connaissent bien. Cela arrive généralement entre partenaires, entre mère et enfant, jumeaux, meilleurs amis, parfois entre thérapeute et patient s’il y a transmission d’un lien émotionnel et ainsi de suite. Ca n’arrive pas entre étrangers dans la vraie vie ou du moins, si cela se produit, c’est très rare. Pour commencer, dans ces expériences de laboratoire, la manière typique de procéder et de demander à un couple d’étrangers (généralement des étudiants à l’heure du déjeuner) de deviner des cartes choisies pour leur absence de signification émotionnelle dans des pièces séparées. Ce qui me surprend, c’est qu’ils aient obtenu des résultats aussi positifs. Personnellement, je ne me serais pas attendu à des résultats aussi positifs que ceux que l’on vient de voir avec de si mauvaises conditions pour la télépathie. Dans un certain sens, je crois que les parapsychologues se sont fait du tort à eux-mêmes en travaillant avec des conditions si peu naturelles et autant éloignées de la réalité. Cependant, il y a eu des études expérimentales sur la télépathie dans des conditions beaucoup plus naturelles. Une que j’apprécie plus particulièrement, en fait c’est la toute première que j’ai pu lire, a été menée par Sir Rudolph Peters qui était professeur de biochimie à Oxford. Puis il est venu à Cambridge où je l’ai rencontré quand j’ai travaillé au Département de Biochimie de Cambridge. Un jour, dans le salon de thé du laboratoire, le sujet de la télépathie a été lancé et, à cette époque, j’étais un sceptique primaire standard et j’ai dit : « ce ne sont que des sottises, il s’agit de coïncidences ou d’illusion etc... » Sir Rudolph, qui était un collège très intelligent et charmant, dit « eh bien, je n’en suis pas si sûr. » Il a ajouté « j’ai examiné un cas qu’un ami a trouvé » et il me l’a raconté. C’était une mère qui vivait à Cambridge avec son fils, un attardé mental profond. L’histoire est parvenue jusqu’à Sir Rudolph par le biais d’un de ses amis ophtalmologiste. Ce garçon avait une très mauvaise vision. Quand il l’examina, le gamin eu de brillants résultats au test de la vue ce qu’il ne pouvait comprendre. Il fit sortir la mère de la pièce et le score du gamin chuta. Il n’y arrivait pas sans sa mère. Ils firent ensuite d’autres tests et trouvèrent que le garçon pouvait réussir toutes sortes de choses si sa mère était là. Bien sûr ils pensèrent que c’était dû à l’effet « Clever Hans ». Alors ils mirent la mère dans une autre pièce et ça continua à marcher. Puis, ils firent une série d’expériences contrôlées depuis le laboratoire de Cambridge jusqu’au laboratoires de Babraham, à environ 5 miles de Cambridge, où l’on montrait à la mère une série de cartes avec des lettres ou des nombres, dans une séquence aléatoire et à l’autre bout du fil on disait au garçon quand l’essai commençait et il devait alors deviner quelle lettre ou chiffre c’était. Tout fut aussi enregistré sur bande au cas où quelqu’un aurait répliqué que des signaux subtils passaient par le téléphone. Les résultats de cet essai furent très différents des résultats d’essais de laboratoires de parapsychologie normaux. Voilà les 479 essais impliquant des nombres, le taux de réussite dû au hasard pour des nombres de 1 à 10 est de 10 %. Il a obtenu un score de 32 %... la signification est là... 1x10-27 et avec les lettres, 163 essais... le taux dû au hasard est de 4 % car il y a 26 lettres. Score réel 32 % (10-75). Ce sont des résultats incroyablement significatifs, beaucoup plus impressionnants que la parapsychologie de laboratoire standard. Ca n’est pas un cas isolé. La littérature de recherche psychique est pleine d’études de ce type. Personne n’a jamais relevé de point faible dans cette étude. Ils l’ont simplement ignorée et sir Rudolph Peters était très enthousiaste lorsqu’il m’en a parlé. (Cela a été publié dans un journal à comité de lecture). Il a dit : « aimeriez vous écouter les bandes pour voir si vous pouvez détecter un bruit de fond ? » Je les ai écouté... Je ne pouvais pas... il n’y avait aucun signe... Ca a été examiné par des illusionnistes et des magiciens professionnels. Personne n’a rien trouvé. Alors quelles ont été les suites ? C’est resté dans l’ombre comme la plupart des recherches à ce sujet car cela n’allait pas dans le sens du courant de la littérature scientifique, parce que c’est un domaine tabou. De toute façon, c’est l’exemple d’une étude qui montre, il me semble, des résultats assez nets.

J’ai moi-même mené des recherches dans des domaines plus proches des phénomènes de la vie quotidienne. En collectant un grand nombre d’histoires et en faisant des enquêtes, j’ai essayé d’identifier quels sont les domaines les plus courants où les gens vivent des expériences télépathiques et j’ai essayé de mettre au point des expériences pour le tester dans la réalité ou dans des conditions les plus proches possibles de celles de la vie quotidienne. On dit très couramment que les mères sont télépathes avec leur bébé et des mères qui allaitent prétendent être physiologiquement télépathes dans le sens où leur lait coule, leurs seins commencent à suinter si elles sont loin de leur bébé à faire, par exemple les courses dans un supermarché alors que le bébé a besoin d’elles. Ca n’avait jamais été étudié alors j’ai monté un essai comparatif où l’on a surveillé la perte de lait chez 9 mères allaitantes sur une période de 2 mois. Nous avons déterminé exactement quand leur lait coulait et avons également surveillé quand le bébé se réveillait, ils étaient à plusieurs kilomètres, pour voir si la perte de lait était corrélée avec les réveils du bébé. Ca l’était... elles n’avaient pas toujours raison mais la probabilité que ce soit une coïncidence était d’un milliard contre un. Aussi, vous pourriez penser que ce ne sont que des rythmes synchronisés. Eh bien ça ne l’était pas, ça ne suivait pas de schémas particuliers mais si vous analysez les statistiques pour éliminer tout rythme possible, vous obtenez toujours un résultat significatif. Beaucoup de mamans affirment en avoir fait l’expérience... les données montrent que cela semble se produire, davantage d’études sont certainement nécessaires mais voici un exemple de télépathie quotidienne qui semble être corrélée avec ce qui se passe.

Probablement le type le plus courant de télépathie manifeste dans le monde moderne est la télépathie en lien avec les appels téléphoniques comme l’a déjà mentionné Lewis Wolpert et la réponse habituelle est exactement celle qu’il a donné : « c’est juste une coïncidence... Vous vous souvenez quand vous avez vu juste et vous oubliez les millions de fois où vous vous êtes trompé et qu’il n’y avait rien. » J’ai fait des études qui montrent que c’est de loin le genre de télépathie le plus répandu du monde moderne. Les enquêtes montrent que pour une population moyenne, 80 % des gens affirment avoir fait l’expérience de penser à quelqu’un qui les a ensuite appelé d’une façon apparemment télépathique ou d’avoir appelé quelqu’un qui leur a dit « c’est marrant, je pensais justement à toi » Combien de personnes ici, pour voir, ont vécu ce genre d’expériences avec les coups de téléphones ? Eh bien, je dirais que c’est assez proche de la moyenne nationale. Maintenant, pouvons-nous ne pas en tenir compte si facilement ? Cet argument facile qui a régné en sciences depuis 100 ans, depuis l’invention du téléphone n’a pas un soupçon de preuve en sa faveur. Personne n’a jamais fait de tests. Bon, c’est très bien d’avancer une hypothèse mais en science, émettre des hypothèses ne suffit pas. On doit les tester et il y a très peu de domaines scientifiques où les gens peuvent avancer des hypothèses sans aucune preuve et obtenir l’approbation universelle de la communauté scientifique. C’est un de ces domaines pathologiques de la science ordinaire, je pense, où il y a un déni de l’évidence, un refus des preuves et, en fait, une ignorance volontaire. Peut-on tout de même le tester ? Peut-on aller plus loin que de simples arguments de salon ? la réponse est oui, on peut faire des expériences sur la télépathie téléphonique et j’en suis maintenant, avec l’aide de ma collègue Pam Smart, qui est ici ce soir, à plus de 800 de ces tests.

Voici comment se déroulent ces expériences : nous trouvons des gens qui disent que ça leur arrive, nous leur demandons de nommer 4 personnes avec qui cela serait susceptible de se produire, ce sont habituellement des amis proches ou des membres de la famille et ensuite ils restent assis à la maison. Ils sont filmés - le téléphone posé sur une table devant eux. Ce sont des fixes car, bien sûr, tous les mobiles ont des écrans d’identification du correspondant. Ils savent qu’ils vont recevoir un appel vers disons 10 h. A 10 h le téléphone sonne, c’est une de ces 4 personnes. Avant de décrocher, ils doivent deviner de qui il s’agit. Ils n’ont aucun moyen rationnel de le savoir car on l’a choisi au hasard 10 minutes plus tôt. Ainsi, c’est une démarche randomisée. La personne est à des kilomètres. Il n’y a pas d’effet « Clever Hans » en remarquant des signes de la tête ou quoi que ce soit d’autre... juste le téléphone qui sonne et ils doivent deviner qui. Au hasard, ils peuvent tomber juste une fois sur quatre soit 25 %. En réalité, le taux de réussite moyen est loin bien au dessus du hasard. Voici les résultats de nos expériences résumés sur cette feuille. Nos premières expériences n’étaient pas filmées et pouvaient, éventuellement, être ouvertes à la triche. Nous avions 63 sujets, moins rigoureux que les autres mais ici, le résultat dû au hasard est de 25 %, les vrais résultats : 40 %... significativité 4x10-16. C’est un résultat extrêmement significatif. Bien sûr, nous avons voulu éliminer la triche c’est pourquoi nous sommes passés à la version filmée et voici les résultats là. Les scores sont en fait plus élevés dans les expériences filmées que dans celles qui ne le sont pas : 45 % à 10-12 de signification. Ainsi ces expériences ont produit des résultats considérables. Elles sont actuellement reproduites dans 2 autres universités, Cape Town et Amsterdam. La télévision en a diffusé une version il y a quelques mois qui a été réalisé avec 5 personnes. Ils ont chois les Nolan Sisters, un groupe pop des années 80 car ils pensaient que si ils devaient faire des expériences à la télévision ce devait être avec des célébrités. Et bien les Nolan Sisters se sont bien débrouillées. Leur taux de réussite a été de 50 %, statistiquement significatif, et c’est passé sur Channel Five, certains d’entre vous l’ont probablement vu. Bien, maintenant la télépathie téléphonique, c’est assez facile de réaliser ces expériences. Elles font de bons projets scolaires mais maintenant je mène des expériences sur la télépathie par email.

C’est un phénomène similaire. Beaucoup de gens ont dit qu’ils pensent à quelqu’un et qu’ensuite ils reçoivent un message d’eux. Est-ce juste une coïncidence ? Le seul moyen de le savoir est de faire le test. Nous avons la même démarche pour les emailers potentiels. Ils sont choisis au hasard. Vous savez que vous allez avoir un message à un moment précis et juste avant, vous devez deviner de qui il s’agit. Le taux de réussite dû au hasard est de 25 %. Avec 50 participants dans des expériences non filmées, le taux de réussite est de 40 %, semblable à la télépathie téléphonique. Avec 5 participants dans des expériences filmées, le taux de réussite est de 46 %... encore une fois extrêmement significatif. Avec l’aide de Mike Lambert, cela a été mis en place sur internet sous une forme automatisée et vous pouvez mener cette expérience vous-même en allant sur mon site. Vous pouvez faire 10 essais en moins de 20 minutes. Tout ce dont vous avez besoin c’est d’amis qui acceptent d’être en ligne en même temps. Ainsi ce genre de recherche peut maintenant être testé par n’importe qui. Vous n’êtes pas obligé de me croire sur parole.

Je voudrais parler maintenant dans le temps qui nous reste de la télépathie des animaux. C’est extrêmement courant. Beaucoup de gens ont eu des expériences télépathiques avec des chiens ou des chats. Avec Pam Smart, nous avons fait des centaines d’expériences, filmé des expériences sur des chiens qui savent quand leur maître rentre à la maison. Ils se lèvent et vont attendre derrière une porte ou une fenêtre quand leur maître est sur le chemin du retour et nous avons montré que cela arrive même quand les gens rentrent à des moments aléatoires. Tout a été filmé, cela a été évalué de façon objective, cela arrive même quand ils prennent le taxi, ce n’est pas dû au hasard. C’est hautement significatif statistiquement et cela a été reproduit, plutôt à contrecoeur, par des sceptiques impatients de discréditer la chose et ils ont obtenus exactement les mêmes résultats. Je n’ai pas le temps de vous les montrer, étant donné mon temps limité, et je préfère vous parler maintenant des expériences que je mène actuellement sur un perroquet voyant qui vit à New York !

La propriétaire de ce perroquet a découvert qu’il captait ses pensées. Il semblait savoir ce qu’elle pensait. Il a un vocabulaire de 950 mots actuellement. C’est l’animal parlant le plus accompli au monde. Comme il a été maintenant prouvé que les perroquets peuvent parler de façon expressive. Ce perroquet fait des phrases et il capte ses pensées. Il interrompt même ses rêves quand il dort à côté d’elle. Il la réveille en commentant ses rêves ! La première fois que j’ai entendu ça, je n’y ai bien sûr pas cru. Je pensais que c’était loin du fin fond de tout ce que j’avais déjà pu faire ! Je suis allé la voir à Manhattan, à New York où elle habite. Nous avons de simples tests où je lui ai demandé de regarder des images dans une autre pièce et le perroquet disait ce qu’elle regardait. Je ne voyais aucun moyen possible ou imaginable de tricher. Alors, nous avons mis au point une expérience filmée avec toute une série d’images scellées dans des enveloppes cachetées dans un ordre aléatoire. Elle les ouvrait dans une pièce avec une caméra. Dans une autre pièce, le perroquet - sans personne d’autre, à un autre étage - était filmé tout le temps. Les transcriptions ont été faites indépendamment pour voir si il disait ce qu’elle regardait. Le taux de réussite était incroyable. En 71 essais, il a eu raison 23 fois, 32 % Il y avait 19 mots possibles. Ce résultat est énormément supérieur au hasard et je vais vous montrer une vidéo qui vous montrera l’atmosphère de cette expérience particulière. [La vidéo défile... à partir de là la seule voix est celle du perroquet. C’est difficile à croire, car cela sonne comme Amy... car il a un accent américain, il y a des sous-titres pour que ce soit plus clair. Celle là est obscure... vous verrez en gros plan, pourtant, qu’il y a la tête d’un type derrière la vitre de la voiture. Fin de la vidéo]

Bien, il me reste peu de temps et je crains de ne plus pouvoir en parler en détails mais je dois juste préciser que ces expériences ont été évaluées et transcrites séparément par trois personnes différentes. Les statistiques ont été faites par un statisticien indépendant, un professeur de statistiques d’Amsterdam, et tout a été décrit et publié dans un journal à comité de lecture. En fait, cela sort aujourd’hui dans le Journal of Scientific Exploration. J’ai amené des copies des articles sur les expériences filmées de télépathie téléphonique, d’un chien qui sait quand son maître revient et celui-ci, qui sera disponible par la suite. Il n’y en a pas assez pour tout le monde mais si quelqu’un est particulièrement intéressé par les détails techniques, vous pouvez les lire ici à votre guise.

Bien je n’ai plus le temps et j’aurai pu en dire beaucoup plus mais j’espère que j’en ai dis assez pour montrer qu’il y a en réalité plutôt beaucoup de preuves de la télépathie. Cela ne peut pas convaincre les gens qui ne veulent pas croire à la télépathie ou qui sont convaincus que c’est impossible car, par définition, toute preuve doit être défectueuse, frauduleuse ou je ne sais quoi d’autre mais pour beaucoup de gens qui sont plus ouverts d’esprit, je pense qu’il y a vraiment de quoi faire et que ce que nous voyons ici est de la science normale qui procède avec des conditions plutôt défavorables mais qui procède de façon normale avec des hypothèses, des tests, des preuves, des critiques, des techniques perfectionnées et ainsi de suite. Bien, je finirais en le répétant encore une fois. Je pense qu’il y a beaucoup de preuves de télépathie de toutes sortes dont des preuves expérimentales dans des conditions bien définies.

Edward Nugee : Avant de laisser la parole au public, nous allons donner à Lewis Wolpert l’opportunité de reprendre de façon critique ce qu’il a entendu.

Pr. Lewis Wolpert : Bien c’est difficile de faire une revue critique sans prendre chaque cas séparément. Il me semble, en tant que scientifique, qu’il est un peu étrange que les gens qui travaillent dans ce champ de recherche ne fassent qu’apporter davantage d’exemples. Ils ne font absolument aucun effort pour comprendre ce qui se passe. Vous voyez, tout scientifique normal dirait : « prenons notre meilleur cas de télépathie ». Disons que c’est le téléphone. « Maintenant, essayons de comprendre ce qui se passe. Par exemple, quelle est l’influence de la distance ? Qu’est-ce qui se passe si je triche réellement et pas les autres ou seulement la personne que j’ai désigné, la personne finira t’elle par savoir ? » En d’autres termes, essayer de falsifier les hypothèses.

Ca ne se passe pas comme ça et, voyez-vous, mon embarras vient des articles que j’ai en face de moi Rupert. Devant moi, un article de Richard Wiseman, Matthew Smith et Julie Milton réalisé en fait avec votre chien... (désolé, pas de Pam Smart dans les collaborateurs) avec votre chien Jaytee, dont vous prétendez qu’il sait quand (il me semble que c’était vous) quand vous rentrez à la maison et leur analyse du comportement du chien Jaytee montre que le chien n’en avait aucune idée. Il peut sortir pour toutes sortes de raisons comme, vous savez, quelqu’un qui passe, un chat dans l’arbre voisin. Il n’avait aucune idée de quand vous rentriez à la maison. Et voilà quelqu’un qui essaye de reproduire votre expérience et prouve tout simplement qu’elle est fausse. Maintenant, je suis désolé, je ne travaille pas dans ce champ de recherche mais c’est le genre de problèmes que nous les scientifiques...

J’ai un autre article ici de Julie Milton et Richard Wiseman qui est une méta analyse des tests de perception extrasensorielle des médias, une méta analyse du genre dont Rupert vous a parlé, en regardant toutes les études et en représentant un point... nous aimons bien utiliser des grands nombres, montrant environ 1.5 million d’essais. L’analyse montre qu’il n’y a rien. Maintenant, la seule façon, bien sûr, de résoudre ça est d’examiner ces choses. Vous savez, je crois que vous devez comprendre que si la télépathie existait réellement, la neuroscience écarquillerait les yeux, serait éblouie. Ils travailleraient tout de suite dessus. Ce serait excitant au-delà des mots. Les scientifiques ne sont pas aussi bornés que vous semblez le croire. Si vous prenez mon propre champ de recherche, par exemple, nous sommes tellement embourbés dans les détails que vous pourriez parfois mourir d’ennui... Je le pense vraiment. C’est technique... de trouver un nouveau phénomène qui pourrait ouvrir un tout nouveau monde... vous sauteriez dessus illico. Pourquoi ne l’ont-ils pas fait ? Tout simplement, il n’y a pas de bon système expérimental qui vous donne des résultats fiables. Je sais que Rupert vous a donné tous ces nombres de centaine de millions de chances contre le hasard. La seule approche serait d’essayer de faire répéter ces expériences par d’autres gens et je pense, quand par exemple Rupert y va de son anecdote personnelle... Je suis vraiment désolé, je ne prends pas les anecdotes personnelles au sérieux. Désolé, ce n’est pas comme ça que fonctionne la science. Désolé, vous croyez en fait... laissez moi vous donner une de vos anecdotes personnelles. Quand vous êtes à 400 miles à l’heure en avion, pensez vous qu’il y a une force qui vous pousse en avant ? Oui ou non ? Allez ne soyez pas timides... oui ou non ? Il n’y en a pas, vous le savez. La force cause l’accélération pas le mouvement. Alors votre anecdote... vous diriez tous « bien sûr qu’il y a une force, c’est l’avion qui me fait avancer. C’est faux ». Alors l’anecdote, j’en ai peur, ne marche pas et je pourrais vous donner des millions d’exemples. Je suis vraiment désolé, ce n’est pas impressionnant. Et aussi quand Rupert dit « 186 articles ont été publiés dans la littérature scientifique » Quelle littérature scientifique ? La littérature parapsychologique. Maintenant je suis snob (et oui je le suis bien sûr) si c’était dans le British Journal of Psychology ou Science ou Nature ou les Transactions of the Royal Society, je le prendrais plus au sérieux et si c’était un vrai phénomène, ces journaux le publierait. Il n’en est pas question. Qu’en est-il de nous ? Pourquoi nous, les scientifiques, devrions nous être ennuyés de l’existence de la télépathie bien que nous ne puissions l’expliquer ? Vous savez, on ne comprend pas vraiment la mécanique quantique. J’ai une citation ici de fameux physiciens disant « oui, la mécanique quantique marche ». On ne le comprend pas vraiment. C’est juste une des choses avec laquelle il faut vivre et nous essayerons de l’étudier et je veux revenir aux gens qui, comme Rupert, travaillent dessus et n’essayent même pas de comprendre ce qui se passe. Ils ne veulent pas savoir l’importance de l’effet, ils ne veulent pas savoir qu’ils peuvent le compliquer, ils ne savent pas quelles barrières on pourrait dresser pour empêcher le transfert des pensées. Alors c’est juste un joli exercice spirituel pour que quelqu’un se sente vraiment mieux et quand on en arrive à celle de la mère de l’enfant, la chance...

j’aurai besoin de regarder ces statistiques car je répliquerai encore une fois que la probabilité de coïncidence est ici extrême... laissez moi vous dire... prenez une pièce, d’accord ? Ne croyez vous pas qu’il est remarquable que parmi un petit groupe de personnes, très souvent deux d’entre elles ont le même anniversaire ? Ne trouvez vous pas... vous trouvez ? Savez vous combien de gens il faut dans une pièce pour que la probabilité que deux d’entre vous aient exactement le même anniversaire soit d’un d emi ? Je parie que vous ne savez pas... 23... alors si vous voulez faire de l’argent, rassemblez 50 personnes et cela équivaut à ce qu’il y en ait deux dans cette pièce qui ont exactement la même date de naissance... vous ferez une fortune. Il en faut seulement 23. Si vous ne me croyez pas, prenez n’importe qui (comme je l’ai fait avec des étudiants) et laissez les écrire leur date de naissance dans un ordre aléatoire. Combien en moyenne doivent le faire avant qu’il n’y en ait deux qui aient la même date de naissance ? 23.

les coïncidences peuvent être beaucoup plus surprenantes que vous ne l’imaginez. Je trouve que l’exemple de l’enfant et la mère où l’enfant pourrait deviner les nombres exacts. Je pense que quelqu’un devrait regarder ça de façon très... Je veux dire, c’est un exemple remarquable mais il faudrait regarder plus en détails et pourquoi n’ont-ils fait aucun effort pour trouver ce qui cloche ou ce qui marche bien. Donc ce sont de charmantes histoires qui, je le regrette, me laissent entièrement non convaincu qu’il y ait quelque chose appelé perception extrasensorielle... désolé.

Rupert Sheldrake : Bien, j’ai remarqué pendant la diffusion du film sur le perroquet que Lewis ne regardait pas ! Ce film a été montré à la télévision... et au tout début de nos investigations, il en a fait de même. Ils ont demandé à un sceptique de commenter. Lewis est apparu sur l’écran et a dit : « La télépathie c’est de la foutaise... il n’y a aucune espèce de preuve que des personnes, des animaux ou des choses soient télépathes. » Les réalisateurs ont été surpris qu’il n’ait même pas demandé à voir la preuve avant de la commenter et je pense que c’est un peu comme le Cardinal Bellarmine et les gens qui ne veulent pas regarder à travers le télescope de Galilée. Je pense qu’on est ici au niveau de ne pas vouloir savoir - ce qui n’est pas de la vraie science. Je suis désolé d’avoir à le dire Lewis. Laissez moi aborder ces points particuliers.

Il a dit que dans les expériences sur le téléphone, nous n’avons pas pris la peine d’étudier les effets de la distance. Nous l’avons fait. Si vous lisez l’article, nous avons délibérément recruté des gens en Angleterre qui avaient des amis vivant en Australie, Nouvelle-Zélande et Afrique du Sud. Nous l’avons testé à distance jusqu’aux Hébrides Extérieures, précisément pour voir si cela dépend de la distance. Non... la distance n’a aucun effet. On a regardé d’autres variables... familiers versus inconnus. Vous vous rappelez, je pense, que la télépathie se produit avec des gens familiers mais pas avec des inconnus, et ici, quand on compare les résultats des familiers et des inconnus, vous verrez qu’avec les familiers, le résultat tourne autour de 53 % hautement significatif. Les inconnus étaient au seuil du hasard. Il y avait un biais d’estimation. Les gens disent les noms des gens familiers plus que des inconnus et quand on corrige ça, voici les résultats. C’est toujours, cependant, très significatif cette différence entre les familiers et les inconnus. Ca c’est pour la télépathie téléphonique et par email. En fait, nous étudions actuellement ces seules variables. Elles sont toutes dans ces articles publiés que vous êtes invités à amener à la maison après.

Maintenant, venons en au cas du chien médium, Jaytee. Ce chien appartient à Pam Smart qui est là ce soir - ce que nous avons trouvé dans nos expériences c’est que le chien... voici certaines moyennes des expériences où le chien... voici les périodes de 10 minutes après le départ de Pam, là le nombre de secondes à la fenêtre évalué à partir d’une cassette vidéo par un tiers qui ne sait rien de l’expérience pour une mesure objective du temps passé à la fenêtre. Voici les 10 premières minutes de son retour vers chez elle à au moins 5 miles de loin. Voici les expériences de distance moyenne et voici les courtes. Le chien est allé quelquefois à la fenêtre alors qu’elle ne rentrait pas à la maison pour aboyer des chats ou regarder de l’agitation dehors ou des gens arrivant en voiture mais il est allé beaucoup plus à la fenêtre quand elle était sur le chemin du retour et il a commencé à attendre dans les 10 minutes avant qu’elle ne commence à rentrer, quand elle décide de rentrer ou quand elle reçoit un signal aléatoire sur un biper pour lui dire de rentrer. Il était hautement significatif qu’il se trouvait plus à la fenêtre lorsqu’elle était sur le chemin du retour et ce n’était pas l’histoire qu’il aurait attendu un certain temps puis qu’il serait allé ça et là car dans ces courtes expériences vous voyez qu’il restait longtemps à la fenêtre alors qu’au moment où elle sortait il n’y était pas. Ces résultats sont hautement significatifs, hautement reproductibles. Il y en a eu beaucoup.

Le cas de Richard Wiseman et des ses collègues en est un très intéressant. Wiseman est l’un des plus grands sceptiques médiatiques. C’est un sceptique éclairé dans le sens où il lit la littérature et sait ce qui se passe et fait réellement des expériences. Cependant, c’est un sceptique très engagé qui croit que ces choses sont fondamentalement impossibles et Wiseman a accepté de mener ces expériences avec Pam Smart. Il a inventé un critère de réussite ou d’échec pour le chien qui était qu’il devait aller à la fenêtre sans raison apparente pour Wiseman... la première expérience c’était 60 secondes. Puis il a modifié le critère pour le porter à 2 minutes sans raisons apparentes. Si le chien allait à la fenêtre sans raison apparente alors qu’elle ne rentrait pas à la maison, il échouait au test. Il a publié un article dans le British Journal of Psychology disant qu’il avait échoué au test. Voilà l’article. Il a fait un communiqué de presse. Il est notoire que la plupart de nos grands journaux sont des sceptiques invétérés (la plupart d’entre eux). Ils sont très crédules quand l’affirmation vient des sceptiques. Les journaux en étaient remplis. « Le chien médium échoue au test »... « Le chien médium n’arrive pas à mettre les scientifiques sur la piste » et ainsi de suite ! C’était à la radio, à la télévision... Le phénomène a été réfuté dans son entier et tout le monde l’a gobé (qui pourrait croire ça) et on a entendu une déclaration catégorique de Lewis. Pourtant, si vous mettez les données de Wiseman sur un graphique, ce qu’il n’a pas fait dans son article bien que je lui ai envoyé des graphiques avant qu’il ne le soumette, montrant que c’est un système auto-étayé, renforcé par un système de tabous et de préjugés, ce qui, je trouve, est une honte pour la science. Je pense que c’est un scandale, vraiment, que ce genre de comportements se perpétue dans le monde scientifique car cela discrédite la science dans son entier et il me semble qu’une des choses qui désillusionnent réellement les gens au sujet de la science c’est l’impression qu’il ne s’agit pas en fait de preuves... mais de dogmes et mon opinion est que la science a besoin de preuves et pas de dogmes et personnellement, je considère la télépathie comme une affaire type sur ce principe fondamental.

Edward Nugee : Merci beaucoup Lewis et Rupert et maintenant c’est à votre tour. Je vous demanderai de donner votre nom et dans la mesure du possible, de faire aussi court que vous le pourrez.

Eugene Belgaum ( ?) : Bonsoir M. le Président. Merci au Pr. Wolpert et à Rupert Sheldrake pour ces présentations vraiment vivantes. Je ne suis pas un universitaire. J’ai juste publié un livre sur ce que vous appelleriez la « science controversée ». Il s’appelle Why we exist. Pour que les choses soient claires, je dirai que je crois en l’existence de la télépathie et je crois qu’elle a été prouvée scientifiquement. Je me ferai l’écho des propos de Sheldrake. Si les scientifiques maintiennent le dogme, la science court le danger d’être court-circuitée, tout comme une organisation religieuse car les gens avancent avec leur propre bon sens et leur propre intelligence. Laissez moi vous citer très brièvement ce que Robert Jastro (et c’est dans mon livre), un astronome qui a fondé l’Institut Goddard des Etudes Spatiales de la NASA en Amérique, a dit sur ce genre de sujet. Il a dit : « les scientifiques ne supportent pasl’idéequ’unphénomène naturel ne puisse pas être expliqué. Il y a comme une religion en science qui dit que tout événement de l’univers peut s’expliquer de façon rationnelle. » M. le Président, vous nous avez demandé d’être brefs. Je ne vais pas poursuivre là-dessus mais ce genre de problèmes est devenu vraiment important et va au-delà des arguments habituels pour la bonne raison que nous sommes sur le point d’intervenir sur la nature même de nos êtres. Nous avons fait des recherches, nous décodons le génomehumain, nous parlons de clonage humain et il est temps de reconnaître que nous ne sommes pas seulement des entités physiques, peu importe le nom que vous voulez leur donner, des énergies ou... il y a des choses en l’être humain que nous ne comprenons pas et nous devons avoir une approche holistique envers notre existence pour nous informer alors que nous avançons avec ces expériences qui peuvent modifier la nature de notre être et la nature de notre environnement. C’est le message essentiel de mon livre. Merci beaucoup.

Henrietta Dobson : Rupert vous avez dit que c’est un sujet tabou et c’est pourquoi il n’est pas beaucoup accepté par la communauté scientifique. Pourriez-vous en dire un peu plus sur la raison de ce tabou ?

Rupert Sheldrake : J’espère que Lewis aura aussi quelque chose à dire parce que... je pense que c’est un sujet tabou. Il est extraordinaire que les scientifiques qui prétendent être rationnels ou rationnalistes deviennent extraordinairement irrationnels lorsqu’il s’agit de télépathie. La confiance en les preuves part aussitôt en fumée. Cela réveille souvent de profondes émotions et je me demande souvent pourquoi la possible existence de la télépathie dérange autant les gens. Pourquoi est-ce quelque chose de si profondément dérangeant ? Je crois que les raisons sont historiques. Elles remontent au moins au siècle des lumières où la volonté était de faire avancer la science et la raison et de rejeter la religion et la superstition, la crédulité, le folklore etc... Ainsi la télépathie, à cette époque on n’appelait pas ça télépathie, mais d’une certaine façon, ces phénomènes psychiques ont été rejetés dans la catégorie superstition et depuis lors, les gens rationnels sont supposés ne pas y croire. Je pense que c’est pourquoi (en tant que fait sociologique) que vous ne trouverez pas d’articles sérieux à ce sujet dans les grands journaux ou sur les programmes horizon de la BBC car c’est inacceptable pour le discours rationnel et les gens instruits - pas seulement les scientifiques mais la plupart des diplômés universitaires - savent qu’ils sont censés faire partie de ce projet « d’éclaircissement » et, au moins en public, sont supposés nier la télépathie ou, du moins, de ne pas en parler. La sanction sinon est d’être considéré comme crédule, superstitieux ou stupide et personne ne veut perdre son rang intellectuel. Alors je pense que ce tabou a été établi assez tôt et qu’il est toujours en place depuis lors. Si vous regardez les controverses de la fin du 19ème siècle, vous verrez que ce sont les mêmes qu’aujourd’hui, le même type d’arguments. Les gens pour disaient « voici les preuves ». Les gens contre « ce n’est pas possible, les preuves ne sont pas crédibles ». C’est très étrange en science comme des idées nouvelles sont tout à fait acceptables. Par exemple, David Deutsch, un physicien d’Oxford a écrit un livre sur le voyage dans le temps. Il a aussi écrit un livre sur les univers multiples, l’idée qu’à chaque observation physique l’univers se divise et qu’il y a des milliards, des trillions, des quadrillions d’univers parallèles complètement inobservés. Il bénéficie d’une place respectable en physique à Oxford. Il n’y a aucune preuve de son postulat et cependant, c’est assez toléré en physique. Pourtant, au sujet de la télépathie, David Deutsch dit à peu près la même chose que Lewis Wolpert. « Ce sont des âneries, pas le moindre soupçon de preuves. ». Je sais qu’il n’a pas étudié les preuves mais pourtant la même personne peut avoir des théories complètement folles sur les univers paranormaux et malgré tout, ce tabou total de la télépathie coexiste au sein du même individu.

Personnellement, je pense que la télépathie n’est pas menaçante. Je crois que la télépathie est une aptitude naturelle des communautés d’animaux pour communiquer ensemble. Je pense que ça existe. Ma propre théorie, je n’en ai pas parlé faute de temps, ma théorie est que les membres d’un groupe ont ce que j’appelle un sens morphique qui les relie entre eux... des flopées d’oiseaux, des bancs de poissons. Je crois à un phénomène de champ. Les membres d’une communauté animale, lorsqu’ils sont séparés, restent connectés entre eux par ce champ qui s’étire au lieu de se briser... et chacun peut communiquer avec l’autre télépathiquement. Je pense que c’est un mode normal de communication animale. Pour finir, la nature de ce champ est, en réalité, assez proche d’un phénomène bien connu en physique quantique appelé « non-localité » où des particules faisant partie du même système quand elles s’éloignent, gardent une connexion non-locale... un changement chez l’une affecte instantanément l’autre indépendamment de la distance. Peu importe leur éloignement. Il n’y a pas de loi quadratique inverse. Quand Einstein a d’abord réalisé cette implication de la théorie quantique, il a cru que la théorie quantique devait être fausse car si elle était juste, cela impliquerait « a spooky action at a distance » (effroyable action à distance). Il s’est avéré que la théorie quantique est juste, Einstein avait tort et ces particules ou systèmes qui appartiennent au même système quand ils sont séparés conservent cette connexion non-locale. Des organismes qui appartiennent à un même groupe social ou un chien et son maître, des jumeaux, des parents, des mères et leurs bébés... peuvent s’éloigner. Je préfère ça. Si la théorie quantique est vraiment fondamentale, alors on peut voir des choses analogues, homologues même, au niveau des organismes. Dans la mesure où les gens ont des théories de la télépathie, c’est une des principales candidates. Je n’ai pas parlé des théories. Lewis a dit « il n’y en a aucune ». Il y en a plein, probablement trop, on ne manque pas de travaux théoriques dans ce domaine.

Romy Shovelton : Question pour Lewis. J’ai peur que vous ne vous soyez contredit vous-même en l’espace de deux minutes dans votre dernière intervention car vous avez dit que les « scientifiques normaux », comme vous dites, « essayeraient de trouver ce qui se trame » et puis vous avez dit que « nous savons que la mécanique quantique marche mais nous ne comprenons pas vraiment pourquoi et c’est accepté » et vous avez aussi dit plus tôt à ce propos « beaucoup de scientifiques ont fini par dire « nous avions toujours pensé que la vie était ainsi et finalement nous avons trouvé que nous avions tort » ». Alors ma question est : qu’est-ce qui pourrait vous faire changer d’avis ?

Pr. Lewis Wolpert : Je trouve que c’est une bonne question. J’y pense souvent en lien avec Dieu pour parler franchement. Un petit miracle aiderait l’affaire. J’apprécierais un système bien défini de la télépathie. Vous voyez ce qui est frappant c’est ce qui est transmis télépathiquement. C’est trivial à l’extrême. Qui vous appelle ? zzzzzzzz ! Est-ce si important pour maintenir la communication du groupe de savoir qui est au bout du fil ? La mère et l’enfant, ça je peux comprendre mais je dirais que la plupart de la communication télépathique est si ennuyeuse et si triviale qu’il serait difficile de voir pourquoi l’évolution l’aurait choisie. Ce qui me persuaderait serait si vous pouviez lire ce que je pense maintenant. Je vais penser à un nombre à 5 chiffres et je vais essayer de vous le transmettre et si Rupert arrive à lire ce numéro je suis prêt à retirer tout ce que j’ai dit ! Je veux voir la télépathie faire quelque chose d’intéressant... ne me dites pas qui va me téléphoner.

Rupert Sheldrake : Je pense à un nombre, voulez-vous le deviner ?

Pr. Lewis Wolpert : Non, je ne veux pas deviner votre nombre. Je veux juste dire qu’une des choses qui m’ennuient au sujet de la télépathie quand je déplore qu’elle ne soit pas étudiée, c’est quelle quantité pouvez vous transmettre. Oui, vous avez le choix entre quatre noms. Pourriez-vous transmettre une pièce de Shakespeare ? Pourriez-vous envoyer une lettre entière par télépathie ? J’aimerais que quelque chose d’intéressant soit transmis télépathiquement.

Edward Nugee : Tout le monde pourrait-il penser à un nombre à 5 chiffres ? Il y a 200 personnes dans cette salle. Il y a environ 90 000 nombres à 5 chiffres. Cela donne une probabilité de réussite de environ [ ?]. Bien si vous êtes concentrés et si Lewis l’est aussi... maintenant dites nous et nous verrons si quelqu’un a le même résultat !

Rupert Sheldrake : 56565

Dans le public : Je l’ai !

Edward Nugee : Quelqu’un a-t-il juste ? Bien ça fait 450 contre 1.

Question du public : Une question pour le Pr. Wolpert. D’après ce qu’a dit Rupert Sheldrake... il a utilisé deux mots « honteux » et « comportement », et je me demandais si vous voudriez bien commenter ce que vous pensez à propos de ce que j’ai lu, mais je ne suis pas sûr que ce soit vrai, que vous ne croyiez pas, en quelque sorte, à la dépression jusqu’à ce que vous en souffriez vous-même. Je me demandais si vous avez maintenant l’esprit ouvert sur la dépression. Vous pourriez...

Pr. Lewis Wolpert : Merci... Je n’ai certainement pas l’esprit ouvert. Les esprits ouverts sont une mauvaise chose... tout y passe ! Alors je n’ai pas l’esprit ouvert. Ca pourrait être un stupide cliché mais d’un autre côté, trop d’ouverture ne vous mène absolument nulle part. Je veux dire que je n’ai pas besoin de croire aux fées, aux anges et tous ces autres créatures insensées... ou à l’astrologie ou à la télépathie. En ce qui concerne la dépression, j’ai dit que je ne comprenais pas la dépression. Ce n’est pas que je n’y croyais pas. Je savais que des gens avaient des dépressions. Mon propre père en a eu une grosse mais je ne savais pas de quoi il en retournait. Oui, je pense que si je vivais réellement des expériences répétées de télépathie où quelqu’un pourrait en fait me transmettre quelque chose de vraiment extraordinaire, je reverrais certainement ma position mais pas sur le principe du téléphone, désolé.

[Ally Carsney ???] : Une question pour Rupert au sujet de la télépathie. 1) Croyez-vous que ce soit quelque chose qui puisse se développer ? 2) Cela pourrait-il, à l’avenir, devenir à un certain stade une capacité par laquelle nous pourrions transmettre des pièces de Shakespeare ou autre ?

Rupert Sheldrake : Eh bien, comme Lewis, je m’intéresse à la quantité d’informations que l’on peut transférer... Ce qui se passe dans des conditions évolutives. Prosaïquement, bien que certains exemples... la plupart de ceux étudiés par les parapsychologues sont totalement triviaux, comme transmettre des nombres. Comme le test proposé par Lewis, entre inconnus, de transmettre des nombres sans sens. C’est le genre d’expérience qui a peu de chances de marcher. Dans la vie quotidienne, les cas de télépathies les plus impressionnants sont quand cela se produit. Les mères et les bébés en sont un exemple mais beaucoup de gens ont vécu l’expérience de voir soudain quelqu’un ou de l’entendre au moment où il meurt ou qu’il est en danger. Cela arrive aussi... J’ai fait des expériences avec des chiens qui le font. J’ai plus de 100 cas de données sur des chiens qui hurlent mystérieusement sans raison apparente et il s’avère par la suite que leur maître a subi un grave accident ou est mort, loin et sans que personne ne le sache dans l’entourage du chien. Beaucoup de ces cas sont en lien avec la mort et la détresse. Certains de ces cas impliquaient des chiens qui savaient leur maître en danger et qui se sont débrouillé pour sauver leur vie en forçant les gens à aller quelque part, ou dans certains cas, en empêchant des suicides. Je pense que dans beaucoup de cas la télépathie a à voir avec des choses qui ont une grande signification biologique. On ne peut pas, bien évidemment, faire d’expériences là-dessus. Vous ne pouvez pas demander à quelqu’un de mourir à un moment aléatoire pour que vous puissiez observer le chien et si vous travaillez à l’Université, il y a des comités d’éthique et autres alors évidemment vous ne pouvez pas faire des choses qui impliquent des perturbations émotionnelles. La plupart des expériences de télépathie les plus puissantes sont celles de communication d’une nécessité ou d’un besoin. Elles concernent les nécessités, les besoins, les demandes... Elles concernent les appels silencieux. Les gens veulent que quelqu’un viennent à eux. Il y a parfois des informations plus détaillées qui sont transmises mais la télépathie est le bon terme. Télépathie veut dire « sensation distante », tele-pathie, distante sensation, comme l’empathie, la sympathie. Ce n’est pas de la transmission de pensées. Cela ne concerne pas à l’origine les pensées, les images. Cela concerne au départ les sensations, les besoins. Quand vous dites « pouvons nous développer une plus grande sensitivité ? », je crois que la question est « Pourquoi avons-nous perdu autant de la sensitivité de nos ancêtres ? ». Il y a beaucoup d’histoires de voyageurs en Afrique qui disent qu’on considère comme normal dans de nombreuses régions d’Afrique que les membres d’une tribu savent quand quelqu’un arrive, quand quelqu’un a besoin de quelqu’un d’autre quelque part, ils partent et trouvent ce quelqu’un qui a besoin d’eux à 50 miles de là. Ils réagissent à ça tout le temps. Avant l’invention du téléphone, c’est ce que les gens faisaient et il y a des témoignages d’amérindiens, d’aborigènes australiens, d’explorateurs. Généralement, les anthropologues ne l’ont pas étudiés car ils étaient convaincus que c’est impossible. Ils sont venus avec un état d’esprit rationaliste et n’ont pas documenté les choses des cultures traditionnelles qui en sont les aspects les plus intéressants. Alors je crois que si nous voulons savoir jusqu’à quel point cela peut être utile dans les sociétés humaines, nous devons regarder les sociétés traditionnelles, celles qui survivent encore, où elles n’ont pas encore été complètement balayées. Même dans notre société cela n’a pas complètement disparu, et il me semble que l’exemple du téléphone est une survivance résiduelle de la réponse aux appels à distance. Le téléphone nous permet d’appeler les gens à n’importe quelle distance. Nous formons l’intention avant de réaliser l’appel et je pense que c’est pour cela qu’ils réagissent. Lewis a raison, c’est un exemple assez trivial mais je pense qu’être capable d’appeler les gens à distance n’est pas trivial et je crois que ces une des racines évolutives de la télépathie.

Roger Harridan : Je fais partie de la catégorie de ceux qui sont venus l’esprit ouvert. Donc probablement l’esprit vide. Mais je ne suis pas complètement sceptique. J’avais déjà vu le travail de Rupert sur les chiens et je dois dire que j’étais extrêmement sceptique car cela semblait être profondément incroyable mais ce qu’on a vu ce soir c’est un nuage de statistiques du Dr Sheldrake et vraiment, ce que j’attendais de vous, Pr. Wolpert, c’est plutôt un examen d’expertise d’un ou deux cas. Au lieu de cela, vous avez répliqué avec une grande intelligence, de l’élégance et du charme mais vous n’avez pas vraiment, à mon sens, démoli aucun de ses propos et j’aimerais vous inviter à vous pencher sur un cas particulier, celui de l’expérience de Wiseman sur le chien. Wiseman a-t-il eu raison d’arrêter l’expérience là où il l’a fait ou aurait-il dû continuer à observer les données comme elles sont apparues.

Pr. Lewis Wolpert : Bien, je suis vraiment désolé... j’ai l’article devant moi. Ce n’est pas vraiment mon domaine d’expertise. Cela a été discuté et cet article très convaincant montre que le chien ne se rend pas compte du retour de son maître.

Roger Harridan : Mais Rupert Sheldrake a montré un autre graphique. Il a analysé...

Pr. Lewis Wolpert : Nous devons nous poser ensemble et regarder très attentivement car ces graphiques, tels qu’il les a décrits, semblaient avoir peu de rapports avec ce que j’ai devant moi, désolé !

Roger Harridan : Et au sujet du perroquet ?

Question du public : [inaudible] discrédité.

Pr. Lewis Wolpert : J’ai peur que le simple fait de dire de quelqu’un qu’il a été discrédité ne suffise pas à le discréditer. Bien que je pense que la télépathie soit discréditée, cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle le soit.

Susan Reed [membre] : Je suis philosophe, pas scientifique, alors je regarde ça d’un point de vue un peu plus émotionnel et sentimental auquel aspire Rupert Sheldrake. Je pense que tout le problème de manque de conviction envers la télépathie vient des gens qui n’ont pas vraiment de conscience spirituelle, et je pense que cela revient à la question, comme Rupert Sheldrake, du lien affectif. Il y a tellement d’isolement dans notre société. Nous n’avons plus ce lien que les animaux ressentent dans leur volée ou leur meute ou ce que d’autres gens ressentent dans leur tribu. Nous avons tendance à être trop éloignés dans notre société. Alors nous manquons de ça dans une large mesure. Cela devait être plus courant dans les petits villages ou autres en Angleterre et peut-être avant le siècle des Lumières, et je pense qu’il faut revenir aux enseignements religieux qui parlent tous de télépathie. Cela concerne l’éveil spirituel et je pense à une citation qui m’est venue à l’esprit mais j’ai attendu trop longtemps et je l’ai perdue ! Mais c’est incroyable qu’il y ait tous ces enseignements et je crois que les scientifiques actuels sont l’équivalent du Thomas l’incrédule de la Bible car « as is your faith, so will it be unto you » et nous disons dans les anciennes prières « nous pêchons en pensée, en parole et en acte ». Pas seulement en paroles et en actes, ainsi par nos pensées et notre manière de penser, nous créons notre propre monde autour de nous. Alors je crois que le pouvoir de la télépathie, le pouvoir de la pensée est énorme et je pense que c’est vraiment important et je me demande pourquoi les scientifiques en ont tellement peur.

[Conférence interrompue brusquement à cause d’une urgence médicale]

 

Traduction par Christelle Ferry
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27 août 2013

L’âme de la nature théorie de la résonance morphique qui a valu à son auteur d'etre poignardé

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Rupert Sheldrake, connu pour sa théorie de la résonance morphique, et qui a été au centre d’une controverse récente suite à une conférence de TEDx de janvier 2013, présente dans cet ouvrage une remarquable synthèse sur l’attitude de l’humanité envers la nature au cours des âges. L’ouvrage a été publié en 1991, et traduit en français en 2001 chez Albin Michel, soit dix ans plus tard. A noter qu’en 2008, Rupert Sheldrake a été poignardé lors d’une conférence. Son dernier livre, qui devrait paraître en français en septembre, s’intitule : Réenchanter la science – Les dogmes de la science remis en cause par un grand scientifique

L’âme de la nature est disponible en format poche sur Amazon.

L’auteur commence par évoquer une anecdote de son enfance, alors qu’il vivait à Nottinghamshire. A quatre ou cinq ans, il vit un rang de saules où s’accrochaient des fils de métal rouillé. On lui expliqua que c’étaient à l’origine des piquets, et que les piquets avaient repris vie et s’étaient mués en arbre. Depuis, l’auteur explique être fasciné par l’interaction entre mort et régénération.

Dans son parcours, Rupert Sheldrake s’est rendu compte que notre civilisation s’est détachée de la nature, d’essence féminine, et qu’avec le succès de la technologie, la théorie mécaniste triomphe, qu’elle est devenue « la doctrine orthodoxe et officielle du progrès économique« .

Première Partie – Les racines historiques

L’auteur explique que la nature est duale, elle est à la fois terrifiante et « maternelle ». Il retrace les visions mythologiques et philosophiques anciennes de la nature, comme « l’âme universelle » de la cosmologie platonicienne. (p.21) La nature est vivante, il n’y a pas de « machine »… elles sont le propre de l’homme. La nature est sacrée, elle est la Terre Mère qui a été désacralisée. Un visage de cette Terre Mère était Mammon, qui avant le christianisme était Mammetoun, qui dérive de la même racine linguistique que « maman », « mammaire », « mammifère », et « mère ». « Il est possible que ce soit la forme masculine du nom de cette déesse ancienne dont la poitrine généreuse était source d’abondance. » (p.43) Mammon aurait été l’équivalent de Lakshmi en Inde, ou Junon Moneta à Rome.

Même aujourd’hui, nous continuons d’explorer les cavernes dans l’espoir dans l’espoir d’une « nouvelle naissance ». On retrouve l’aspect sacré de la Nature dans les traditions de l’Âge d’Or : à cette époque, la nature distribuait ses dons sans contrainte (p.26). Avec la fin de l’Âge d’Or, des changements sociaux s’accomplirent : fortifications, armements, invasions, patriarcat et fin du culte de la Déesse. La tradition judéo-chrétienne mit l’accent sur la toute-puissance du Dieu mâle (p.30).

La désacralisation était à son comble avec le protestantisme, alors, « c’en était fini de l’identification de la nature à une mère et de la conception d’une nature vivante. Elle était devenue le Monde Machine et Dieu, le Mécanicien tout puissant. » (p.31) Avec la Réforme, puis le progrès technologique, la confiscation des lieux sacrés, l’humanisme laïque, nous avons enfouis en nous un nostalgie indécise qui procure un désir fort de retour à la nature. (p.33) Dans toutes les religions il y a des lieux sacrés, et des rituels sacrés (marquant les saisons). Ces traditions proviennent en général de cultes qui précèdent les monothéismes et qui ont été assimilés (ex : le culte marial, les mégalithes, etc).

Avec le protestantisme, on s’est opposé à tout cet ensemble de cultes et de rites reliés à la Nature. On détruisit et profana les sanctuaires, on désenchanta le monde. Les protestants voulaient abolir l’ensemble des lieux sacrés. « Le royaume de la nature devait être débarrassé de la moindre parcelle de magie, de sainteté ou de spiritualité. » (p.41) La Réforme fut le premier grand tournant vers la vision mécaniste du monde, qui prépara le terrain à la révolution scientifique du siècle suivant. En effet, le protestantisme permit à l’humanisme laïque de se développer, l’homme devint source de toute divinité, « unique créature rationnelle et conscience au sein d’un monde inanimé« . (p.45) Les résultats de cette vision sont aujourd’hui désastreux.

Rupert Sheldrake retrace ensuite la progression de la vision mécaniste du monde dans la science. L’idée de domination de la nature, qui se retrouve déjà chez Aristote, et dans la mythologie (triomphe de Mardouk sur Tiamat, etc), semble quelque part être « innée » pour l’homme. Mais la modernité voit la suppression des entraves traditionnellement imposées à la connaissance et à la puissance humaines (exemple avec la conquête des Amériques, p.50). La science mécaniste se reflète dans le personnage de Faust, au XVIe siècle, qu’on retrouve au XIXe siècle dans Frankenstein. « Peut-être en effet le pacte de Faust est-il un fondement de l’ensemble de notre système scientifique, technologique et industriel. » (p.53)

L’auteur évoque longuement la personne de Francis Bacon, qui pour lui marque un tournant décisif de ce « pacte de Faust ». Souhaitant la domination totale de la Nature, Francis Bacon élabore une utopie technocratique dans laquelle gouverne un clergé scientifique. Dans La Nouvelle Atlantide (1624), il vante les mérites de la science institutionnalisée et des expériences de laboratoire sur les animaux, ou encore le contrôle du climat. Son projet ayant inspiré la Royal Society, Sheldrake pense qu’il est « un père fondateur de la science moderne ». « Les  »coins et recoins » les plus secrets de la nature doivent être violés et pénétrés à la recherche de la vérité. Il faut  »l’assujettir », en faire une  »esclave » la  »contraindre ». On la disséquera (…) » (p.56) C’est ainsi que la Nature a perdu toute féminité vers la fin du XVIIème siècle, « elle était devenue de la simple matière inanimée en mouvement« .

Rupert Sheldrake explique qu’avant ce grand tournant, l’Europe médiévale était animiste : toutes les créatures possédaient une âme. L’homme était un microcosme au sein du macrocosme. « La société humaine reflétait pareillement l’ordre hiérarchique de l’univers, les mouvements et conjonctions planétaires ayant un lien avec les vies humaines et le destin des nations. Quant aux troubles célestes, ils se traduisaient de façon réciproque par des troubles sur la Terre. » (p.60) Le cosmos était considéré comme vivant, avant d’être perçu comme un « univers-machine ». Descartes fut un des partisans de cette idée d’un univers comme « système mathématique de matière en mouvement », dès 1619 après son expérience visionnaire. (p.62) Pour Sheldrake, c’est à Descartes que l’on doit les fondements de la vision mécaniste du monde, en physique comme en biologique. Sa conception faisait disparaître l’âme. Les animaux et végétaux n’étaient plus que de simples machines et l’homme était le seul « seigneur et maître de la nature ».

Aujourd’hui, les grands scientifiques passent pour des héros, censés être exclusivement « objectifs ». Ils observent des phénomènes et suivent des protocoles. Et pourtant il correspondent à l’archétype du chaman, qui suite à un voyage en esprit revient avec des pouvoirs neufs. Le détachement scientifique est masculin : « il accentue les divisions entre homme et nature, esprit et corps, tête et coeur, objectivité et subjectivité, quantité et qualité… » (p.70) Cependant, cette vision du monde niant la subjectivité ne donne lieu qu’à un mode de connaissance très partiel. Cette même vision du monde est à l’origine de la destruction de zones forestières, du pillage des ressources naturelles, de la dépossession des territoires indigènes colonisés… ce qui souligne la mentalité dominatrice à l’origine de cette théorie mécaniste.

S’opposant à ce courant mécaniste, d’autres courants chercher à renouer le lien avec la nature. Au XVIIIème siècle, les romantiques se tournent vers la nature sauvage. Au XIXème, Ralph Waldo Emerson défend un retour respectueux à la nature, puis Henry David Thoreau cherche à préserver, en vain, des hectares de forêt vierge près des villes du Massachusetts. La création de parcs nationaux et d’autres réserves naturelles rejoint ce courant religieux percevant la nature sauvage comme un temple, et les bois comme des cathédrales. A cette époque, la science est donc influencée par ce romantisme, que l’on retrouve par exemple chez Wordswoth, qui inspira le nom du journal scientifique Nature. (p.83) Charles Darwin fut quant à lui inspiré par Le Paradis Perdu de Milton. Et en effet, Darwin lui-même percevait la sélection naturelle comme une puissance intelligence, il redonne donc à la Nature les pouvoirs créateurs de la Grande Mère… Ce qu’on retrouve chez Bergson avec l’idée de « l’élan vital ». Même dans le néo-darwinisme, le rôle du Hasard correspond à la déesse de la Fortune.

« Le réussites scientifiques et technologiques ont rendu la théorie mécaniste de la nature si prestigieuse qu’on la considère moins aujourd’hui comme une théorie que comme un fait avéré. Pourtant, à mesure que la science elle-même se développe, elle transcende peu à peu la conception mécaniste du monde. La nature reprend vie au sein même de la théorie scientifique. Et plus cette évolution prend d’essor, plus il devient ardu de justifier le refus de la vie de la nature. En effet, si le cosmos ressemble plus à un organisme en train de se développer qu’à une machine glissant sur sa lancée, si les organismes eux-mêmes sont plus des organismes que des machines, si la nature, enfin, est organique, spontanée, créative, pourquoi continuer à croire que toute chose est mécanique et inanimée ? » (p.90) Rupert Sheldrake prévoie une révolution où l’expérience subjective de la nature devra être ramenée sur le devant de la scène.

Deuxième Partie – La renaissance de la nature en science

Rupert Sheldrake commence par noter la distinction, d’origine médiévale, entre natura naturata (la nature agie) et natura naturans (la nature agissante). Il y a d’un côté les phénomènes, et de l’autre les âmes qui leur donne naissance. L’auteur explique qu’on a eu du mal à se débarrasser de ces forces invisibles, parfois placées en Dieu, puis placées dans la force de gravité et les autres forces définies par la science. Cependant, l’attraction universelle restait mystérieuse. Et l’on retrouve le concept d’anima mundi dans le champ gravitationnel einsteinien. Curieusement, le modèle actuel du cosmos rejoint les conceptions médiévales.

L’auteur trace un parallèle étonnant entre le concept de champ électromagnétique et les âmes. Autrefois, le pouvoir de l’aimant était une « âme ». « La théorie du magnétisme s’enracinait dans un sentiment puissant dans la vie de la Terre (…) les forces magnétiques étaient d’une manière ou d’une autre liées à la gravité terrestre et les unes et l’autre était envisagées comme des aspects de l’âme de la Terre. » (p.99) Faraday puis Maxwell vont rejoindre bien plus tard cette idée de champs. L’univers n’est donc pas uniquement matière, il a pour fondement des « vibrations de champ de matière quantique », des états du « vide ». La théorie quantique a montré que ce vide était plein d’énergie. « Les atomes, comme tous les autres systèmes de quanta, sont des structures d’activité et non des choses inertes et immuables. » (p.102) Bref, le monde repose sur une « énergie universelle unique », ce n’est pas un univers mécanique. Cette conception apparaît chez Wilhelm Ostwald en 1890 et franchit une étape avec Einstein.

Contrairement à ce que pensait Pierre Laplace, on ne peut pas appréhender tout le passé et tout le futur sans admettre le principe d’indétermination. « Depuis une vingtaine d’années, il est apparu que l’indéterministe est inhérent aux systèmes, et ce, à tous les niveaux de complexité (…) de petites fluctuations peuvent être amplifiées de manière à produire de grands effets« . (p.105) C’est l’occasion pour Sheldrake d’exposer la « théorie du chaos » et le principe des attracteurs chaotiques comme l’entonnoir de Rössler. Il y a donc inévitablement une « spontanéité inhérente à la vie de la nature. Le future n’est pas pleinement déterminé; il est ouvert. » (p.107)

La découverte des attracteurs remet au goût du jour l’idée de finalité interne du monde naturel, écartée par la vision mécaniste. Les systèmes physiques se développent suivant une finalité. Un attracteur « étrange » est un système qui ne se fixe jamais dans un schème répétitif exact. « Les modèles mathématiques des attracteur ne sont pas considérés, conventionnellement, comme étant téléologiques. Pourtant, ils impliquent inévitablement l’existence de finalités ou d’objectifs, même si ceux-ci sont « chaotiques ». Dans de tels modèles, le champ vectoriel joue le rôle formatif de l’âme et l’attracteur est la finalité vers laquelle tout système dynamique au sein du bassin d’attraction est habituellement attiré. » (p.109) On se rapproche des organismes vivants…

Sheldrake mentionne ensuite le mystère de la matière noire, il s’agit selon lui de « l’inconscient » de notre univers, car « le monde physique flotte sur un océan cosmique » un peu comme « l’esprit conscient flotte à la surface des processus mentaux inconscients. » (p.110) Tout cela indique que « l’indéterminisme, la spontanéité et la créativité ont ré-émergé dans le monde naturel« . Nous en arrivons à une vision du monde « post-mécaniste ». « Toute la nature est évolutionniste. Le cosmos est semblable à un grand organisme en développement et la créativité évolutive est inhérente à la nature. » (p.111)

Les traditions du monde ont toujours considéré qu’il y a un « principe vital » chez les êtres vivants. Cependant, quelque chose distingue le principe vital d’un végétal du principe vital d’un animal, ou d’un humain. Pour Sheldrake, il doit donc y avoir un « principe formateur transcendant le flux énergétique – un principe qui organise ce flux en accord avec ses finalités propres. » (p.113) Mais quel est ce principe formateur ? Au XIXème, on parlait d’un principe organisateur interne, localisé dans la cellule, puis avec la génétique, on a supposé que le principe organisateur était dans les gènes (supposés égoïstes pour Dawkins !). Ces gènes sont devenus les « facteurs organisateurs ». Qui écrit les programmes génétiques ?

La biologie mécaniste a échoué en particulier à comprendre la croissance et le développement des organismes, leur morphogénèse. « La nature réfléchie et holistique de la morphogénèse et de la régénération continue à défier toute explication mécaniste. » (p.121). « Les substances chimiques seules ne déterminent pas la forme. (…) Il est clair qu’une influence formative autre que l’ADN doit contribuer à façonner les bras et les jambes en développement. Tous les biologiques du développement admettent ce fait. Mais à ce stade, leurs explications mécanistes se perdent dans des affirmations vagues, où il est question de « schèmes spatio-temporels complexes d’une interaction physico-chimique encore mal comprise. » (p.123)

Pour la théorie holistique, apparue dans les années 1920, tout organisme (même les cristaux !) est une structure d’activité, un schème d’activité énergétique dans des champs. La théorie holistique permet d’expliquer le mystère de la morphogénèse : il y aurait des champs morphogénétiques. Ces champs, inconnus de la physique, existeraient dans les organismes et autour d’eux. Ils « attirent les systèmes en développement vers les finalités, les objectifs ou les représentations qu’ils renferment. Mathématiquement les champs morphogénétiques peuvent être schématisés sous la forme d’attracteurs (…) » (p.125)

Ces champs inconnus renferment aussi une mémoire collective. C’est ce qui permet à une espèce animale de maintenir une continuité tout en évoluant au fil du temps. « Les champs sont le moyen par lequel les habitudes de l’espèce se forgent, se préservent et se transmettent. » (p.126) Sheldrake a évoqué l’hypothèse de la causalité formative pour la première fois dans Une nouvelle science de la vie (1981) puis dans La mémoire de l’univers (1988). Il développe le concept de champ morphogénétique dans son idée de champ morphique. « Les systèmes auto-régulateurs, quel que soit leur niveau de complexité – molécules, cristaux, cellules, tissus, organismes, société d’organismes – sont organisés par des champs qualifiés de « morphiques ». Les champs morphogénétiques représentent un type particulier de champs morphiques – ils sont concernés par le développement et la préservation des corps des organismes. Les champs morphogénétiques organisent aussi la morphogénèse des molécules, façonnant, par exemple, la manière dont les chaînes d’acides aminés codés par les gène s’enroulent dans les structures tridimensionnelles complexes des protéines. De même, le développement des cristaux est façonné par les champs morphogénétiques qui disposent de la mémoire inhérente aux cristaux antérieurs du même type. De ce point de vue, les substances telles que la pénicilline ont une cristallisation particulière, non parce qu’elles sont régies par des lois mathématiques intemporelles, mais parce qu’elles se sont cristallisées de la sorte par le passé; elles respectent des habitudes établies par répétition. » (p.127)

L’influence du passé sur le présent, au-delà de l’espace et du temps, semble n’être possible que par une « résonance morphique » qui n’implique pas un transfert d’énergie, mais d’information. C’est par ce transfert d’information que l’on peut expliquer qu’une même découverte se fasse simultanément à différents endroits du monde. La résonance morphique explique aussi pourquoi des comportements instinctifs complexes peuvent se transmettre chez les animaux. « Les instincts (…) dépendent d’une mémoire inconsciente collective. » (p.130)

La mémoire elle aussi, appartient à ce plan de l’information. Les théories mécanistes ont échoué à localiser la mémoire. Par exemple, même après une ablation du cerveau, les souvenirs persistent. La mémoire est donc « partout et nulle part en particulier ». Certains ont fait l’hypothèse d’hologrammes dans le cerveau. Quoiqu’il en soit, le cerveau est comme un téléviseur : il ne fait que « capter » les émissions télévisées, il ne les emmagasine pas. La mémoire dépend donc d’une « résonance morphique ». Jung l’avait déjà déterminé avec sa théorie de l’inconscient collectif.

Les champs morphiques expliquent également la complexité des sociétés d’insectes sociaux, qu’on compare à des super-organismes. « Les insectes individuels sont dans le champ morphique social, comme les particules de fer sont dans le champ magnétique. » Diverses observations tendent à prouver ce fait. Il en va de même pour les bancs de poissons ou les bandes d’oiseaux qui révèlent une coordination profonde. Les humains aussi se trouveraient dans de tels champs morphiques. Sheldrake avoue que la nature de ces champs reste obscure (p.138) mais qu’ils se prêtent à une investigation expérimentale.

Note :
Sheldrake est cité dans le Livre Jaune n°2, sa théorie permettrait d’expliquer pourquoi une société est manipulable à grande échelle : « Rupert Sheldrake, qui a découvert et expliqué les champs morphogénétiques, doit faire face à une grande résistance. Il a démarré un projet de recherche qu’il ne peut mener à bout à cause des obstacles qui se présentent à lui. Son travail révèle les différentes façons d’influencer, d’hypnotiser les masses et de laver le cerveau des peuples, et la façon de s’en protéger. » (Lire la suite)

Sheldrake applique aussi la théorie de la résonance morphique à la cosmologie. L’ancien paradigme percevait l’univers comme réglé par des lois éternelles. Or, le paradigme de l’évolution est que « tout se modifie ». Aujourd’hui, « la physique elle-même a adopté une cosmologie évolutive. On considère désormais que toute la nature évolue, et pas seulement sur Terre. Voilà qui ébranle nombre d’anciennes certitudes. Si toute la nature évolue, que dire des lois naturelles ? » (p.140) Cette vision est contraire à celle du Big Bang, qui ne serait alors que la projection de notre vision judéo-chrétienne sur le cosmos (p.142). « Si toute la nature évolue, pourquoi les lois naturelles n’évolueraient-elles pas ? (…) Il serait logique d’admettre que, dans un univers en évolution, les lois naturelles évoluent avec la nature. » (p.145) Dans cette perspective, il n’y a pas besoin d’un Dieu mathématique, mais simplement d’une régularité dans la nature, une nature organisée par habitudes. Et ces habitudes (comme les « constantes ») peuvent évoluer. L’univers, comme les êtres vivants, pourrait avoir des « sauts créatifs » qui lui permette de changer. Ainsi, de nouveaux types de molécules et de cristaux peuvent apparaître.

Revenant à la biologie, Sheldrake explique que l’évolution suppose l’apparition de schème véritablement nouveaux – pas juste des répétitions, permutations, ou recombinaisons de schèmes existants. Il s’oppose à l’idée que toutes les mutations sont aléatoires, au contraire, elles seraient pour lui « réfléchies. Les mutations arrivent alors « au moment précis où elles sont nécessaires ». « La créativité qui donne naissance à de nouvelles formes organiques et à de nouveaux schèmes de comportement ne s’explique pas par les seules mutations aléatoires. Elle fait intervenir une réponse créative de la part de l’organisme même et dépend de son aptitude à intégrer ce nouveau schème à l’ensemble de ses habitudes » (p.159)  Sheldrake indique aussi que le concept d’habitudes rejoint de près celui de Darwin (les adaptations acquises tendent à devenir héréditaires), mais pas celui des doctrines néo-darwiniennes qui dominent actuellement. En résumé, Sheldrake pense que « le processus évolutionniste dans son ensemble implique un effet réciproque entre créativité et habitude. Sans créativité, il n’y aurait pas d’habitudes nouvelles (…) en revanche, sans l’influence de la formation d’habitudes, la créativité déboucherait sur un processus de changement chaotique dans lequel rien ne se stabiliserait jamais. » (p.163)

Troisième Partie – La renaissance de l’animisme

La troisième partie porte sur la notion ancienne selon laquelle la Terre est vivante. Sheldrake cite d’abord l’hypothèse Gaïa de James Lovelock (1988). Il argumente ensuite sur la difficulté de distinguer l’état vivant du non-vivant. La Terre pourrait être un organisme très vaste (p.171). Pour Lovelock, la Terre est « une entité autorégulatrice de la capacité de préserver la santé de notre planète en contrôlant l’environnement chimique et physique. » Tous les systèmes sont en relation les uns avec les autres. Et notre présence a un impact sur ces systèmes. Mais quelle est la nature de la vie de Gaïa ?

Si elle est animée, si elle a un principe organisateur, elle doit aussi avoir une « âme ». Pour Sheldrake, les modifications du champ magnétique terrestre sont des indications de cette âme. Par exemple, le fait que les pôles géographiques soient de nature polaire n’est pas sans rappeler les pôles dans les oeufs fertilisés, ou la polarité primaire entre racines et pousses chez les végétaux (p.180). Gaïa pourrait avoir des objectifs internes, évoluant vers un « attracteur ». Dans ce contexte, le champ morphique de Gaïa pourrait être son « âme ».

Après ces explications sur l’hypothèse Gaïa, l’auteur développe le sujet des fêtes saisonnières. Pour lui, ces fêtes sont en relation avec les cycles du soleil, de la végétation et de la vie animale. Elle sont l’expression de la participation du groupe social aux rythmes du monde vivant. Elles rappellent notre participation communautaire aux cycles de la nature. Elles obéissent aussi à une « résonance morphique », qui par là, leur procure une « verticalité », leur donne un « temps sacré ». « Les rituels introduisent véritablement le passé dans le présent, par résonance morphique. » (p.188) Ces rituels sont garants d’une continuité sociale.

Il n’y a pas qu’un temps sacré, il y a aussi des lieux sacrés. Par exemple, certains lieux ont une « qualité » différente, une « âme ». Traditionnellement, c’était le cas des chutes d’eaux, des sources, des ruisseaux, des grottes, de certains arbres, des montagnes, etc. A ces endroits se trouvaient des « esprits de la nature ». T.C. Lethbridge pensait qu’il s’agissait de sortes de champs (p.193). Sheldrake pense que ces champs sont des champs morphiques. La mémoire collective s’y trouve inscrite. La présence de reliques de saints dans les lieux sacrés pourraient s’expliquer ainsi : leur rôle de gardien est inscrite dans le champ morphique du lieu.

Dans les deux derniers chapitres, l’auteur traite de la question de Dieu. Reprenant l’idée d’une renaissance de l’animisme, il suggère que « si Dieu existe, ce doit être désormais le Dieu d’un monde vivant. » (p.202) Citant James Frazer, il insiste sur l’importance des « antécédents mythologiques et « primitifs » des grandes religions. Par exemple, il y a des aspects chamaniques au judaïsme et au christianisme. On retrouve aussi des reliquats du culte de la Déesse dans les Vierges noires – symbole de la Terre Mère.

« Dans un monde mécaniste, l’adoration de la nature est absurde. (…) En revanche, dans un monde vivant, la nature renferme des puissances vivants de beaucoup supérieures à celles de l’homme. Dans le processus d’évolution cosmique et dans celui d’évolution de la vie sur Terre, la nature est beaucoup plus créative que l’homme. Elle est source de vie et produit ses innombrables formes avec une créativité inépuisable; elle est tous les processus matériels; elle est le flux cosmique d’énergie; elle est présente dans tous les champs physiques; elle est aussi le hasard et la nécessité impitoyable. En fait, s’il n’y a pas de Dieu, elle est tout. » (p.211) Comme elle est tout, continue Sheldrake, elle doit aussi embrasser les polarités. On retrouve partout ces polarités dans la nature… le Yin et le Yang. C’est cette polarité qui est la source de la création. Pas juste un principe mère, ou un principe père; mais « l’effet réciproque entre les principes pères et mère« . (p.215) Le concept d’une unité englobant ces deux principes, englobant l’ensemble du cosmos, ressemble beaucoup à « la vision de la nature avec Dieu. » On en vient donc à une trinité.

Une nouvelle relation avec le monde naturel implique donc une resacralisation de la nature. Ayant perçu les effets de l’orientation qu’a prise l’humanité avec la science mécaniste, nous pouvons, dans un esprit de repentir, adopter une nouvelle manière d’appréhender les choses – une métamorphose du cœur. « Cette conversion est encore amplifiée par le sentiment de vivre la fin d’une époque. » (p.228) Les signes de cette fin d’une époque sont frappants, sans même devoir recourir à des révélations visionnaires.

« Si nous ne voulons pas vivre sur deux plans distincts, déchirés entre une réalité « objective », impersonnelle, mécaniste et le monde « subjectif » de l’expérience personnelle, nous devons trouver un moyen de tendre un pont entre ces deux domaines. » (p.184)

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