Le neurophysiologiste américain Karl Pribram s'est demandé comment les souvenirs se stockaient dans la mémoire.

Pour cela, il a remis en cause les recherches menées dans les années 1920 par le neurochirurgien canadien Wilder Penfield qui affirmait que chaque souvenir avait sa place dans un endroit précis du cerveau. Pour démonter cette affirmation qui faisait alors la quasi-unanimité, il s'appuya sur les expériences du neurophysiologiste américain Karl Lashley. Ce dernier commençait par entraîner des rats à accomplir un certain nombre de tâches comme courir dans un labyrinthe. II prélevait ensuite au bistouri sur le cerveau des cobayes diverses quantités de matière grise, par exemple le secteur où était censé s'inscrire le processus mémoriel. Il s'aperçut que, quelle que soit la partie du cerveau d'un rat qui lui était enlevée, le rat était toujours capable d'accomplir les tâches qu'il avait appris à faire avant l'opération. Mais Lashley ne pouvait expliquer comment cette mémoire "tout entière dans chaque partie" fonctionnait. C'est au milieu des années 1960 que Pribram eut une révélation en tombant sur un article du Scientific American décrivant le premier hologramme.

Pour comprendre pourquoi Pribram a eu cette illumination, il faut expliquer ce qu'est l'hologramme mis au point par Denis Gabor : on l'obtient en divisant un unique rayon de lumière pure (un laser) en deux faisceaux distincts. Le premier rebondit sur l'objet à reproduire. Le second, acheminé par un jeu de miroir, entre en collision avec les ondes lumineuses diffractées du premier. II en résulte un système de franges d'interférences qui va s'enregistrer sur une émulsion photosensible. Mais, à la différence de ce qui se produit en photographie, l'ensemble des informations sont enregistrées sur chaque fragment du support. Même si l'on brise une plaque holographique en mille morceaux, chaque fragment pourra être utilisé pour reconstituer l'image entière.

C'est ce dernier aspect qui fascina Pribram car il vit une métaphore du mode de répartition des souvenirs dans le cerveau qui abrite, dans chacune de ses parties, de quoi reconstruire un souvenir dans son intégralité. Le cerveau est donc un hologramme, capable d'emmagasiner d'enormes quantités d'informations dans un très petit espace, de même qu'un seul centimètre cube de film holographique peut contenir jusqu'à dix milliards de bits d'informations. Cette découverte fondamentale allait s'avérer à l'échelle du cosmos sous l'impulsion de David Bohm.

En 1987, l'Américain Stanislav Grof, directeur du Centre de recherches psychiatriques du Maryland, déclara que le modèle holographique était le seul à pouvoir expliquer les expériences archétypales, à savoir les rencontres avec l'inconscient collectif et les états modifiés de conscience. En 1987, le physicien canadien David Peat de la Queen's University soutint que la synchronicité - des coïncidences insolites et si riches de sens qu'elles ne peuvent résulter du seul hasard - trouve son explication dans le modèle holographique. Elle trahirait des processus de pensée infiniment plus connectés que nous ne le soupçonnons.

Là où le modèle holographique est vertigineux, c'est quand il donne sens à un vaste éventail de phénomènes si difficiles à cerner qu'ils restaient jusqu'à présent exclus du champ de la science. C'est le cas de phénomènes comme la télépathie, la précognition, le sentiment de ne faire qu'un avec l'univers décrit par les mystiques et même la psychoki-nésie (la faculté de déplacer des objets par la concentration). Les phénomènes paranormaux méprisés par le milieu scientifique parce qu'ils n'entraient dans aucun des schémas connus devraient désormais trouver leur place dans la compréhension du monde. Certes, bien des scientifiques restent sceptiques mais le modèle holographique a ses adeptes qui disposent d'une clé permettant d'expliquer certains phénomènes déclarés inexplicables.

 

ps .Leibniz, un mathématicien allemand, prétendit que non seulement les couleurs, la lumière et la température, mais aussi les formes, le contenu et le mouvement de chaque chose dans l'univers pourraient n'être rien d'autre que des propriétes que notre esprit projetterait dans la realité.
A la lumiére de la theorie des quanta