Une consommation journalière de céréales et de lait produit de l'exorphines
Propriétés pharmacologiques des céréales et du lait
De récentes recherches en pharmacologie alimentaire donnent une nouvelle perspective à ces questions.
Les exorphines: des substances opioïdes (qui ressemblent aux dérivés des opiacés, NdT) dans les aliments
Motivés par un lien possible entre régime alimentaire et maladie mentale, plusieurs chercheurs de la fin des années 70 ont commencé à faire des recherches sur la récurrence de substances semblables-aux-drogues dans les aliments d’usage courant.
Dohan a trouvé que les symptômes de la schizophrénie étaient atténués quelque peu quand les patients recevaient un régime sans céréales et sans lait. Il a aussi découvert que les personnes ayant la maladie coeliaque---celles qui ne peuvent manger le gluten du blé à cause d’une perméabilité intestinale plus élevée que la normale, avaient statistiquement des risques plus importants de souffrir de schizophrénie. Des recherches dans des communautés du Pacifique ont montré que la schizophrénie devenait prévalente dans ces populations seulement après qu’elles soient devenues partiellement occidentalisées en consommant du froment, de la bière d’orge et du riz.
Des groupes conduits par Zioudrou et Brantl ont trouvé une activité opioïde dans le froment, le maïs et l’orge (exorphines) et dans le lait de vache et de femme (casomorphine) ainsi qu’une activité stimulante de ces protéines, l’avoine, le seigle et le soja. L’exorphine des céréales est bien plus puissante que la casomorphine du lait de vaches qui à son tour est plus puissante que la casomorphine des humains. Mycroft a trouvé un analogue de MIF-1 , un peptide dopaminergique naturel présent dans le froment et le lait. Il n’est présent dans aucune autre protéine exogène. (Pour la suite, nous utilisons le terme exorphine pour désigner les exorphines, la casomorphine et l’analogue de MIF-1. Bien que les substances opioïdes et dopaminergiques fonctionnent de manière différente, elles sont toutes deux « gratifiantes » et donc plus ou moins équivalentes à notre objet)
Depuis, les chercheurs ont mesuré le potentiel des exorphines, démontrant qu’elles sont comparables à la morphine et à l’enképhaline, déterminé leurs séquences amino-acides et montré qu’elles sont absorbées à partir de l’intestin et peuvent produire des effets tels que l’analgésie et la réduction de l’anxiété qui sont habituellement associées aux dérivés opioïdes du pavot. Mycroft a estimé que 150 mg d’un analogue du MIF-1 pourrait être produit par une consommation journalière habituelle de céréales et de lait, notant que de telles quantités sont actives par absorption orale, et que la moitié de cette quantité a induit des modifications de l’humeur chez des sujets déprimés.
La plupart des drogues addictives communes sont soit des opioïdes (exemple héroïne et morphine) ou des dopaminergiques (exemple cocaïne et amphétamine) et agissent en activant les centres de ''récompense'' (ou du plaisir) du cerveau. Ainsi pouvons nous demander, ces découvertes signifient-elles que les céréales et le lait nous récompensent chimiquement ? Les humains sont-ils d’une certaine manière dépendants de ces aliments ?
Difficultés pour interpréter ces découvertes.
Le débat du possible effet des exorphines sur le comportement, en quantité consommée normale reste prudent. Les interprétations de leur signification ont été de deux types :
dans l'optique d'un effet pathologique (proposé généralement par les recherches sur les céréales, et en relation avec les découvertes de Dohan) et dans l'optique d'une fonction naturelle (par les recherches faites sur le lait, qui suggèrent que la casomorphine peut aider le lien mère-enfant ou bien réguler le développement du petit enfant).
Nous pensons qu’il ne peut exister de fonction naturelle pour une ingestion d’exorphines par des humains adultes. C’est peut être que le désir de trouver une fonction naturelle a perturbé l’interprétation ( comme d’attirer l’attention sur le lait, où une fonction naturelle est plus plausible). Il est peu probable que les humains soient adaptés à la prise d’une grande quantité d'exorphine par les céréales, parce que la prédominance actuelle des céréales dans le régime est simplement trop récente. Si l’exorphine est trouvée dans le lait de vache, elle a peut être une fonction naturelle pour les vaches; de même que l’exorphine dans le lait de femme a peut être une fonction pour les nourrissons. Mais qu’il en soit ainsi ou pas, les adultes humains ne boivent normalement aucun lait quel qu'il soit (ils sont en principe sevrés...), alors aucune fonction naturelle ne s’applique à eux.
Notre tendance va ainsi vers une interprétation pathologique des exorphines, selon laquelle les substances trouvées dans les céréales et le lait sont vues comme des anomalies diététiques modernes qui peuvent engendrer la schizophrénie, la maladie cœliaque ou autre. Mais ce sont des maladies graves trouvées dans peu de cas. Les exorphines peuvent-elles avoir un effet sur l’espèce humaine en général ?
Autre preuve des effets semblables-aux-drogues de ces alimentsLa recherche des allergies à la nourriture a montré que des quantités normales de ces aliments peuvent avoir des effets pharmacologiques, et même sur le comportement. De nombreuses personnes développent des intolérances à des aliments particuliers. Divers aliments sont impliqués, et une variété de symptômes en découle. (le terme ''intolérance'', plutôt qu'allergie est souvent utilisé, car dans de nombreux cas le système immunitaire peut ne pas être impliqué). Des symptômes d'intolérance, comme de l'anxiété, la dépression, l'épilepsie, l'hyperactivité et des épisodes schizophréniques mettent en jeu des fonctions cérébrales.
Liste d'aliments en cause par ordre de fréquence décroissant, sur un essai de 50 personnes : le blé (plus de 70% des sujets y ont réagi d'une manière ou d'une autre), le lait (60%), les oeufs (35%), le maïs, le fromage, les pommes de terre, le riz, les levures, le chocolat, le thé, le citron, l'avoine, le porc, le carrelet, la canne à sucre et le boeuf (10%). C'est pratiquement une liste d'aliments devenus courants par ordre de fréquence dans le régime qui a suivi l'adoption de l'agriculture. Les symptômes les plus couramment soulagés par un traitement ont été le changement d'humeur (>50%)suivi du mal de tête, des problèmes musculo-squelettiques et les affections respiratoires.
L'un des phénomènes les plus frappants de ces études est que les patients font souvent preuve d'une forte envie, d'une addiction et de symptômes de manque par rapport à ces aliments. On a estimé que 50% des patients intolérants ont un besoin irrésistible des aliments qui causent leurs problèmes, et vivent des symptômes de manque quand on exclut ces aliments de leur régime. Les symptômes de manque sont semblables aux addictions par les drogues. La possibilité que les exorphines soient impliquées a déjà été noté et la conclusion est :
Citation: |
''...les résultats jusqu'ici suggèrent qu'ils pourraient influencer notre humeur. Il n'est pas question qu'on dise de quelqu'un qu'il grandit avec un verre de lait ou une tranche de pain – les quantités impliquées sont trop faibles pour cela – mais que ces aliments pourraient induire un sentiment de confort et de bien-être, comme le disent souvent les patients intolérant à certains aliments. Il existe aussi d'autres peptides semblables à des hormones dans la synthèse partielle des aliments, qui pourraient avoir d'autres effets sur le corps.'' |
Il n'existe aucune possibilité que l'envie compulsive de ces aliments ait quelque chose à voir avec la notion populaire du corps disant au cerveau ce dont il a besoin en termes nutritionnels. Ces nourritures n'avaient pas de signification dans le régime alimentaire pré-agricole, et ces dernières en grande quantité ne peuvent être indispensables à la nutrition. En fait, le moyen normal de traitement à l'intolérance alimentaire est de supprimer les produits responsables du régime des malades.