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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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Archives
7 avril 2016

William Morgan un martyr anti-maçonnique

Light on Masonry

William Morgan, un martyr anti-maçonnique

Assassiné le 13 septembre 1826

 

William Morgan était un journaliste de New-York. Il faisait partie de la Loge La Branche d’Olivier, établie à Batavia, comté de Genesee. Un jour, Morgan, se retirant de la société, publia à New-York même, sous le titre Free-masonry exposed and explained, un livre dans lequel il révélait les secrets de la mystérieuse institution et reproduisit tous les rituels maçonniques.

Il n’y avait pas grand mal à cela, allez-vous me dire. C’est possible ; mais la Franc-Maçonnerie ne l’entendait pas ainsi.

Les chefs de la Maçonnerie américaine se réunirent, et la mort de William Morgan fut décidée.

Seulement, on avait affaire à un homme qui se tenait sur ses gardes ; il s’agissait de s’emparer de lui adroitement et de la faire disparaître sans esclandre. Voici comment le coup fut exécuté :

Un maître d’hôtel, nommé Kinsley, prétendit tout à coup que Morgan lui avait dérobé du linge et des bijoux ; Morgan fut arrêté à Canandaigua. L’accusation était bête, absurde ; aucune preuve ne put être fournie contre le journaliste ; il fut donc bientôt relâché.

Mais Morgan, pendant sa détention, s’était dit :

« Mes anciens collègues tiennent à me faire incarcérer, et, quand je serai en prison, n’ayant pas le choix de mes aliments, on me glissera quelques mets empoisonné.

Cependant, le livre de l’ex-franc-maçon causait grand tapage aux Etats-Unis. De nombreuses personnes vinrent féliciter Morgan de sa conduite. Il eut des admirateurs, mêmes enthousiastes. Ainsi, il se créa plusieurs relations, notamment avec un certain Loton Lawson, qui devint son ami ; c’était un homme de bonnes manières, qui paraissait jouir de quelque fortune et se montrait, dans ses discours, très opposé à la Franc-Maçonnerie.

Morgan, Néanmoins, se tenait réservé envers ses nouvelles connaissances, attendant que l’occasion lui permît d’éprouver ses vrais amis.

Un beau jour, un individu présenta aux magistrats du comté de Genesee divers titres de créance, - faux, sans doute, - achetés, si par hasard ils étaient vrais, - et requit l’incarcération de Morgan comme son débiteur. A cette époque, la prison pour dettes existait encore.

Morgan fut donc de nouveau emprisonné.

« Allons ! disait-il à ceux de ses amis qui obtenaient la permission de le visiter ; décidément, c’est en prison que les Loges me feront mon affaire ! »

Comme il n’était pas riche, le pauvre garçon se désespérait. Il se défiait de tout aliment qui lui était présenté. Il était convaincu qu’il lui fallait sortir de là au plus tôt, sauf à discuter, une fois libre, la validité de la mesure prise contre lui. Mais qui serait assez dévoué pour lui servir de caution ?

Loto Lawson lui offrit ses bons offices. Morgan accepta, on comprend avec quelle joie ; Lawson, pour lui, était un sauveur !

Le lendemain de son offre généreuse, Loto Lawson revenait à la maison d’arrêt avec une voiture et quelques camarades, payait la somme pour laquelle Morgan était retenu, et celui-ci, se jetant au cou de l’excellent homme, consentait à ce que Lawson l’emmenât dans une de ses campagnes, pour être désormais à l’abri de ses persécuteurs.

La voiture partit dans la direction de Rochester, et, depuis, on ne revit jamais plus ni William Morgan ni Loton Lawson.

Cet enlèvement produisit une profonde sensation dans toute l’étendue des Etats-Unis. Beaucoup de personnes se dirent que la fameuse société le prenait trop à son aise, car ce fut à elle que la voix publique attribua la disparition de Morgan. Une certaine Ligue Anti-Maçonnique se constitua même pour aider les magistrats dans leurs recherches. Cette ligue n’avait pas tout à fait tort de vouloir se mêler de l’enquête. Il fut, en effet, démontré plus tard que les fonctionnaires de l’endroit ne déployaient pas un bien grand zèle dans l’instruction de l’affaire. Ces fonctionnaires avaient, du reste, une excellente raison pour penser que Morgan avait été justement châtié de son indiscrétion : Clinton, le gouverneur de l’Etat de New-York, et tous les magistrats du comté de Genesee étaient francs-maçons.

Bon gré, mal gré, pourtant, les autorités ne purent se dispenser de déclarer qu’une enquête était ouverte.

Un témoin se présenta, Edouard Giddins, garde-magasin du Fort-Niagara. Ce témoin avait vu, dans la nuit du 13 septembre 1826, une troupe d’individus conduisant un homme étroitement lié avec des cordes et dont la bouche était couverte d’un mouchoir fortement serré. Le signalement de cet homme se rapportait exactement à celui de Morgan ; les gens qui conduisaient le malheureux l’accusaient de trahison, l’insultaient et le maltraitaient. Giddins les entendit parler d’un jugement qui devait être exécuté dans des formes solennelles. Finalement, les inconnus enfermèrent leur prisonnier dans une maison isolée, située près du lac Ontario, à peu de distance du Fort-Niagara.

Le témoignage de Giddins fut corroboré par celui d’une femme noire : cette femme, étant venue puiser de l’eau tout près de la maison isolée, avait entendu une voix humaine poussant des cris inarticulés ; cette voix sortait précisément de la maison où Giddins avait vu enfermer Morgan.

Ni l’un ni l’autre de ces témoins n’avaient eu le courage de prévenir les autorités. Giddins avoua qu’il avait cru avoir affaire à une bande de brigands, infligeant un châtiment à l’un des siens, et qu’il avait trouvé dangereux pour lui d’intervenir.

Ces témoignages étaient bien précis. Les magistrats n’en tinrent pourtant aucun compte. Cependant, l’affaire en valait la peine ; car, il fut établi ensuite que les témoins avaient dit l’exacte vérité et que le malheureux Morgan avait été torturé pendant deux jours et trois nuits.

Un franc-maçon, de la Loge de Rochester, nommé Henri Brown, qui, dans un moment d’ivresse, avait laissé échapper quelques paroles compromettantes, fut considéré par le public comme un des principaux meurtriers ; les juges ne le firent même pas comparaître devant eux à titre d’information.

Alors, les citoyens du pays s’indignèrent. On cria au déni de justice. Le crime était indiscutable ; pourquoi les magistrats se renfermaient-ils dans une scandaleuse abstention ? Sur tous les points des Etats-Unis, des meetings s’organisèrent, ce fut un mouvement général. Partout, on déclarait que les Francs-Maçons devaient être exclus de toutes les fonctions civiles et politiques ; des mères jurèrent publiquement de ne jamais consentir à ce que leurs filles épousassent des francs-maçons, et des filles jurèrent, à leur tour, de ne jamais accepter des francs-maçons pour maris. Et l’indignation populaire grondait toujours, s’étendant de province en province.

Deux ans après l’assassinat de William Morgan, une assemblée solennelle d’anti-maçons se réunit à Leroy, le 4 juillet 1828. Là, cent trois Frères, cédant à un entraînement qui avait bien son mérite, se séparèrent de l’institution maçonnique, et, aux applaudissements d’une foule immense, déclarèrent que l’infortuné Morgan, dans ses révélations, causes de sa mort, n’avait rien publié qui ne fut scrupuleusement vrai.

Tous ces incidents, comme on pense, n’étaient pas de nature à plaire aux Francs-Maçons. Une société qui répand partout le bruit que, si elle se cache, c’est pour mieux pratiquer la bienfaisance, perd bien vite toute considération, quand il est démontré qu’elle est jalouse de sa modestie au point d’assassiner ceux qui en parlent. Force fut donc aux chefs de l’association de tenter quelques efforts pour paraître étrangers à la disparition de William Morgan.

Comment se disculper ? Comment se tirer de cette situation fâcheuse ?

Il ne suffisait pas de se prétendre calomniés. Il fallait au moins apporter quelque indice d’innocence.

Dans le but de regagner l’estime publique, les Loges furent d’abord publier, dans les journaux dirigés par leurs partisans, une note racontant que Morgan était un mauvais drôle, enclin à l’ivrognerie, et que, s’il était allé du côté du lac Ontario, il s’y était certainement noyé, pris de boisson, dans quelque partie de plaisir.

Mais les amis de Morgan protestaient. Le journaliste disparu était, au contraire, un homme très sobre.

Les Francs-Maçons, alors, apportèrent un cadavre, trouvé dans le lac Ontario, et les conditions de cette découverte pouvaient laisser croire à la véracité de leur dire.

Seulement, la malchance d’en mêla. Le cadavre fut reconnu ; son identité, établie. Ce n’était pas du tout William Morgan, mais un certain Monroë.

Comment les francs-maçons de New-York s’étaient-ils procuré ce cadavre ? C’est encore ce qu’on ne sut jamais.

L’incident n’était pas fait pour calmer les esprits. La Ligue Anti-Maçonnique fonctionna pendant plusieurs années ; les Loges, devant l’explosion de l’indignation publique, furent obligées de cesser leurs réunions dans toute l’étendue des Etats-Unis, au Canada et dans les autres colonies anglaises de l’Amérique.

Un candidat anti-maçon va jusqu’à se présenter aux élections pour le poste de gouverneur général de New-York, en 1830, et peu s’en faut qu’il ne soit élu.

Entre 1826 et 1846, la Grande Loge de New-York passe de 500 à 65 loges. Jamais la Franc-maçonnerie américaine ne fut soumise à pareille épreuve.

Toutefois, tout a une fin : peu à peu, la colère populaire s’apaisa.

Pour en finir, en 1832, les journaux partisans de la Franc-Maçonnerie insinuèrent que Morgan n’était pas mort, que tout le tapage fait autour de son nom était l’œuvre intéressée des ennemis de la société, et que des voyageurs l’avaient rencontré à Smyrne, où il vivait bien tranquillement, enrôlé parmi les disciples de Mahomet. Comme Smyrne, situé en Asie, à l’extrémité de la Méditerranée, est à plusieurs milliers de lieues de New-York, qui est sur les bords de l’Océan Atlantique, la vérification du racontar maçonnique était difficile à faire. L’opinion publique, du reste, était lassée. Ainsi, tout en resta là.

Et jamais la sépulture de William Morgan n’aurait été découverte, si, en août 1875, un organe indépendant, le New-York Herald, le plus important journal des Etats-Unis, célèbre par ses expéditions d’intérêt public (recherche de Livingstone, voyage au pôle Nord, etc.) ne s’était avisé de réveiller l’affaire.

Le New-York Herald, donc, réunit tous les documents de l’ancienne enquête, tous les témoignages apportés à l’instruction si mal menée, provoqua de nouvelles instigations, qui furent enfin couronnées de succès. En juillet 1881, la sépulture du malheureux Morgan fut découverte à Pembrocke, dans la province d’Ontario, Haut-Canada. Le crime a été officiellement reconnu. C’étaient les membres de la Loge de Rochester qui avaient assassiné l’indiscret journaliste. Dans la fosse où avait été enterré Morgan, on retrouva quelques débris de papier portant le nom du franc-maçon Henri Brown, celui-là même qui, en 1826, était considéré par l’opinion publique comme un des meurtriers.

La voix du peule, on le voit, n’avait pas accusé à tort.

Aujourd’hui, la statue de William Morgan s’élève sur l’une des places publiques de Batavia, Etat de New-York. Elle a été inaugurée solennellement en 1882. Il va sans dire que tous ceux de nos journaux européens qui louangent la Franc-Maçonnerie, se sont bien gardés de rendre compte de cette inauguration.

Cet assassinat maçonnique est un des évènements  se l’histoire des Etats-Unis ; car il a donné naissance à un parti spécial, l’Anti-Masonic Party, qui a joué, pendant une dizaine d’années, un rôle dans la politique de plusieurs Etats de l’Union. Quincy Adams, le plus honnête homme qui, après Washington, ait occupé la présidence des Etats-Unis, en fut le chef. En 1875, les révélations d’un des complices du crime, au lit de mort, ont achevé de faire entrer l’assassinat de Morgan dans le domaine des faits historiques absolument certains.

(Voir Letters on Masonic Institution, par John Quincy Adams, président des Etats-Unis d’Amérique, Boston, 1850 ; History of the abduction and murder of captain William Morgan, Chicago, 1881 ; Honor Thurlow weed on the Morgan abduction, Chicago, 1882 ; voir aussi la relation complète dans le New-York Herald des 9 et 11 août 1875, et le résumé dans le journal français Le Monde du 17 septembre 1875).

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