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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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Archives
dmi
23 janvier 2015

DMI La destruction des valeurs spirituelles par Albert Pike texte rare

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La D. M. I., et nous l'expliquons ésotériquement par : Destruction, Matérialisation, Imposition. En d'autres termes, il faut Imposer, par le travail maçonnique, la Destruction de tout ce que la Matérialisation n'atteint pas.

Les trois points qui suivent chacune de ces trois initiales signifient que le travail maçonnique de Destruction, de Matérialisation et d'im­position est triple.

I. DESTRUCTION :

1° de la Superstition; - 2° de la Tyrannie Po­litique; - 3° de l'Anti-Maçonnisme.

II. MATÉRIALISATION :

1° de la Conscience; - 2° de l'Etat; - 3° de l'Enseignement.

III. IMPOSITION :

1° à la Famille ; - 2° à la Nation; -3° à l’Humanité.

C'est pourquoi, le travail maçonnique doit consister, par tous les moyens quels qu'ils soient, à Imposer pratiquement à la Famille d'abord, à la Nation ensuite, et àl'humanité enfin, la Destruction : de la Superstition, là où la Ma­térialisation n'a pu faire son oeuvre sur la Conscience; de la Tyrannie Politique, là où l'Etat n'a pu être matérialisé ; de l'Anti-Maçonnisme, là où l'Enseignement n'a pu être atteint par la matérialisation.

Tel est l'ordre de mise en pratique du D. M. I. qui résume en trois lettres notre loi.

Il est absolument nécessaire de ne laisser parvenir au grade de Chevalier Kadosch que des Frères choisis parmi ceux qui sont intimement convaincus de l'existence d'une Cause Première. Retenez au grade de Rose-Croix tous ceux dont l'âme vous paraît s'ouvrir à la Vraie Lumière, mais qui ont néanmoins de la lenteur à compren­dre ; instruisez-les graduellement, soumettez leur intelligence à des épreuves, exposez-leur surtout le rôle du feu, agent actif de la nature ; mais ne les pressez pas.

Les athées nous sont bons comme auxiliaires, mais dans les Loges Symboliques seulement. Il faut leur dire que, si, par le premier article de la Déclaration de Principes du 22 septembre 1875, nous avons proclamé l'existence d'un prin­cipe Créateur, sous le nom de Grand Architecte de l'Univers, c'est uniquement pour attirer à l'Ordre l'adhésion des croyants libéraux et faire preuve de tolérance envers tous les cultes. Mais n'agissez qu'avec la plus grande prudence vis-à-vis des athées ; ils sont plus difficiles à convaincre que les hommes qui, croyant à la divi­nité, en ont une fausse idée. L'idée de ceux-ci peut à la longue se rectifier; l'athée, au contraire, s'obstine dans sa négation. Ne vous servez donc des athées que pour les oeuvres politiques, et ne leur confiez jamais le soin de faire en loge des conférences sur les questions philosophiques.

 

C'est avec le plus grand soin qu'il est néces­saire de choisir les adeptes. Dans beaucoup d'orients, on les prend trop au hasard ; aussi tar­dons-nous à atteindre le but.

Ne conférez la Maîtrise qu'au Compagnon qui se connaît lui même. Sur le fronton des anciens temples érigés au Dieu de la Lumière, on lisait cette inscription en deux mots : « Connais-toi ». Nous donnons le même conseil à tout homme qui veut s'approcher de la science.

N'initiez jamais au troisième degré l'homme qui, malgré les enseignements reçus aux deux grades précédents, est demeuré esclave des préjugés du monde profane. Il ne parviendra jamais tant qu'il ne se réformera pas. Au grade de Com­pagnon, vous lui ouvrez les portes des Loges d'Adoption ; là, vous le jugerez bien. Vous ver­rez si ses préjugés tombent. S'il reste esclave de ses passions, s'il s'attache exclusivement à une femme, ne vous préoccupez plus de lui, vous perdriez votre temps. Il ne saurait être un adepte; car le mot « adepte » signifie celui qui est parvenu par sa volonté et par ses oeuvres, qui mé­prise les préjugés et qui triomphe de ses pas­sions.

L'homme qui a peur de perdre ses idées ; celui qui redoute les vérités nouvelles et qui n'est pas disposé à douter de tout plutôt que d'admettre quelque chose au hasard, celui-là n'est point pour nous. S'il soupçonnait notre secret, il le comprendrait mal ; son âme timide en serait troublée. Il deviendrait dangereux. Aussi, dès que vous sentez que vous vous êtes mépris sur le caractère et le tempérament d'un homme à qui vous avez conféré le premier grade et même le second, excluez-le adroitement, mais impitoya­blement, en faisant naître des prétextes quelconques d'élimination.

On ne montre pas la lumière aux oiseaux de nuit. La leur montrer, c'est la leur cacher; car elle les aveugle et devient pour eux plus obscure que les ténèbres.

Notre science est la science traditionnelle des secrets de la nature ; elle nous vient des mages, adorateurs d'Ormudz, nom persan du Principe du Bien, du Génie de la Lumière. Il ne faut donc la communiquer qu'à bon escient et avec des précautions infinies, attendu qu'au moyen de cette science, l'adepte se trouve investi d'une sorte de toute-puissance et peut agir surhumai­nement, c'est-à-dire d'une manière qui passe la portée commune des hommes.

Pour parvenir au sanctuaire de notre Dieu, quatre qualités sont indispensables : 1° une intelligence éclairée par l'étude; 2° une audace que rien n'arrête; 3° une volonté que rien ne brise ; 4° une discrétion que rien ne puisse corrompre ou enivrer.

SAVOIR, OSER, VOULOIR, Se TAIRE, voilà les quatre verbes du mage qui sont écrits dans les quatre formes symboliques du sphinx.

La première science étant la connaissance de soi-même, la première aussi de toutes les oeuvres de la science, celle qui renferme toutes les autres, c'est la création de soi-même. L'adepte doit dé­pouiller le vieil homme profane et se créer une humanité nouvelle. De même que l'homme ne devient le roi des animaux qu'en les domptant ou en les apprivoisant, sous peine d'en devenir la victime ou l'esclave, de même l'homme doit vaincre ses passions, dont les animaux sont la figure, doit commander à toutes les forces ins­tinctives de la nature, sous peine d'être broyé par elles.

Celui qui aspire à devenir un vrai Maçon doit être, dirons-nous, l'héritier du sphinx ; il doit en avoir la tête humaine pour posséder la parole, les ailes d'aigle pour conquérir les hauteurs, les flancs de taureau pour labourer les profondeurs, et les griffes de lion pour se faire place à droite et à gauche, en avant et en arrière.

A la science de Faust, le vrai Maçon joindra l'impassibilité de Job. Il piétinera la superstition dans son coeur. Il sera sans indécision et sans caprices. Il n'acceptera le plaisir que lorsqu'il le voudra, et il ne le voudra que lorsqu'il le devra.

Nous recommandons très instamment de multiplier les Loges d'Adoption. Elles sont indispensables pour former des Maçons bien maî­tres d'eux-mêmes. Le prêtre essaye de dompter sa chair en s'astreignant au célibat ; il commet là un crime social, et, en même temps, il entreprend contre la nature une lutte impossible. Le vrai Maçon, au contraire, arrive à la perfection, c'est-à-dire à se dominer, en employant son zèle dans les Loges d'Adoption à se soumettre aux épreuves naturelles. Le commerce avec la femme commune à tous ses Frères lui fait une cuirasse contre les passions qui égarent le coeur. Celui-là seul peut vraiment posséder la volupté de l'amour, qui a vaincu, par l'usage fréquent, l'a­mour de la volupté. Pouvoir, à volonté, user et s'abstenir, c'est pouvoir deux fois. La femme t'enchaîne par tes désirs, dirons-nous à l'adepte ; eh bien, use des femmes souvent et sans passion ; tu deviendras ainsi maître de tes désirs, et tu enchaîneras la femme. D'où il résulte que le vrai Maçon parviendra facilement à résoudre le problème de la chair, que le prêtre ne résou­dra jamais ; et c'est lui qui sera le vainqueur et le sage, parce qu'il aura pris, contrairement au prêtre, l'épée triomphante et raisonnable de l'ac­tion, au lieu du bouclier absurde de l'abstention systématique, arme défensive vouée d'avance à la défaite.

Dans la question du choix des adeptes, la Maîtrise est le premier degré important. Les grades d'Apprenti, Compagnon et Maître sont dans tous les rites : les deux premiers ont leur signification au point de vue doctrinal, et l'on ne saurait les supprimer ; mais ils sont avant tout les grades préparateurs de la Maîtrise. Aussi, les officiers qui confèrent le troisième degré à un Frère peu disposé à comprendre et incapable de se vaincre, sont impardonnables.

Evidemment il n'est pas de nécessité absolue que l'homme que vous allez diriger vers les hauts gra­des soit immédiatement parfait et ait compris notre secret dès son entrée dans la Maçonnerie. Ce que Nous vous demandons, c'est de l'observer avec le plus grand soin pendant son Apprentissage, d'abord, et de faire, ensuite, de la Loge d'Adop­tion, où il pénétrera quand il sera Compagnon, votre critérium, votre instrument de contrôle infaillible. L'Atelier de Frères, qui ne s'annexe pas une Loge de Soeurs, est un Atelier incom­plet, destiné fatalement à ne jamais perfection­ner ses membres ; il ne produira que des Maçons, dont la politique sera le principal souci, qui se préoccuperont surtout des intrigues et des compé­titions, qui s'agiteront dans le vide, qui avance­ront tantôt de trois pas pour reculer après d'autant, en un mot, qui feront du mauvais travail et dont la politique sera incohérente.

Ce qui est indispensable, aussi, c'est de faire élire comme officier de Loge, au moins au Vénéralat et aux fonctions d'Orateur, des Frères pourvus des hauts grades ; car le Vénérable et l'Orateur sont les conducteurs des Apprentis et des Compagnons vers la lumière de la Maîtrise, qui n'est elle-même qu'un pâle reflet de la Vraie Lumière. Or, des aveugles ne peuvent conduire des aveugles, et le chemin de la lumière est perdu, quand les guides portent encore un ban­deau sur les yeux. Pour faire quelque chose, il faut savoir ce que l'on veut faire ou du moins avoir foi en quelqu'un qui le sait; mais com­ment risquerait-on sa vie à l'aventure et suivrait-on au hasard celui qui ne sait pas lui-même où il va ?

Une fois que, par l'observation, vous aurez acquis la certitude que votre homme peut, sans inconvénient, être conduit à la parfaite initia­tion du Chevalier Kadosch, conférez-lui la Maîtrise, commencez à soulever pour lui un coin du voile ; et si vraiment vous le jugez digne de rece­voir un jour la révélation, vous lui ferez connaître le Verbe, au grade de Rose-Croix.

Nous appelons Verbe ou Parole le voile es­sentiel de l'être et le signe caractéristique de la vie. Toute forme est le voile d'un verbe, parce que l'idée mère d'un verbe est l'unique raison d'être des formes. Toute figure est un carac­tère, tout caractère appartient et retourne à un verbe. C'est pourquoi les anciens sages avaient formulé leur dogme unique en ces termes : « Ce qui est au-dessus est comme ce qui est au-des­sous, et ce qui est au-dessous est comme ce qui est au-dessus.» Notre Dieu est comme le Dieu des prêtres, et pourtant celui-là n'est pas celui-ci ; ils sont semblables, quant à leur éternité et à leur puissance surnaturelle; mais il n'y a pas iden­tité entre eux. A telle lumière répond telle obs­curité ; au feu s'oppose l'eau ; l'ordre n'est l'ordre, que parce qu'il a contre lui le chaos qui lutte pour l'absorber. Mais, logiquement, la lumière remportera le triomphe final sur les té­nèbres, en les repoussant et les enchaînant à jamais aux extrêmes confins de l'immensité ; le feu sortira vainqueur de sa lutte contre l'eau, en la dissolvant et reculant les limites de son do­maine ; l'ordre régnera sur le chaos écrasé, non détruit. Telle est la loi suprême, le destin iné­luctable.

Mais il faut néanmoins reconnaître que les deux opposés sont semblables, comme essence. La forme est proportionnelle à l'idée ; l'ombre est la mesure du corps calculée avec sa relation au rayon lumineux ; le fourreau est aussi profond que l'épée est longue ; la négation est proportionnelle à l'affirmation contraire ; la produc­tion est égale à la destruction dans le mouve­ment qui conserve la vie, et il n'y a pas un point dans l'espace infini qui ne soit le centre d'un cercle dont la circonférence s'agrandit et recule indéfiniment dans l'espace.

Ce qui est dans le surnaturel est reproduit dans l'humanité, en des proportions moindres, il est vrai. Toute individualité est donc indéfiniment perfectible, puisque le moral est analogique à l'ordre physique, et puisqu'on ne saurait con­cevoir un point qui ne puisse se dilater, s'agrandir et jeter des rayons dans un cercle philo­sophiquement infini. Par conséquent, le Com­pagnon éprouvé dont vous aurez fait un Maître, et qui, Maître, aurait été jugé digne de devenir Rose-Croix, est perfectible entre vos mains et sera le Kadosch de la sainte initiation, l'Elu qui connaîtra la Vraie Lumière, parce que le regard de ses yeux lucides aura traversé le voile du Verbe.

Pour distinguer le futur Elu, le futur Kadosch, dès le grade de Maître, vous vous attacherez à discerner les Frères doués d'une imagination ardente, et vous négligerez les esprits terre à terre. L'imagination est, en effet, comme l'oeil de l'âme. L'homme, dont le cerveau ne travaille pas à la découverte des grands mystères, pos­sède une âme incomplète, une âme irrémédiablement frappée de cécité. C'est l'imagination qui est la plus forte puissance intellectuelle, et c'est elle qui fait triompher même physiquement. Etes-vous en danger dans une bataille ? Croyez-vous invulnérables comme Achille, et vous serez vraiment invulnérables. La peur attire les balles, et le courage fait rebrousser chemin aux boulets. Le vrai Maçon est audacieux, et il triomphera, parce que, grâce à son imagination ardente, il verra la vérité avant même qu'elle ait paru devant les yeux de son corps. Toute la question est de diriger vers la saine raison l'i­magination de l'adepte. Le prêtre qui obscurcit la conscience du fidèle en lui imposant des dog­mes que la raison ne peut expliquer, fait de ce fidèle, s'il a une imagination ardente, un fou. Au contraire, l'imagination appliquée à la raison, c'est le génie.

En résumé, Nous ne saurions trop insister sur ce point : le succès dépend du choix des adeptes, et, pour bien choisir les adeptes, pour avoir de bons Maîtres qui seront ensuite d'excellents Rose-Croix et enfin de parfaits Kadosch, il faut que les Ateliers pratiquent la Maçonnerie dans son intégralité, chaque Atelier ayant sa Loge d'Adoption, qui est le meilleur moyen de contrôle de la perfectibilité des Compagnons, et il faut que les Ateliers aient, en outre, à leur tête, au moins un Chevalier Kadosch, c'est-à-dire un Maçon ayant reçu la Vraie Lumière.

 

 

Nous avons examiné avec très grand soin les Annuaires du Grand Orient de France, que le Grand Collège des Rites nous envoie régulièrement, et Nous avons constaté que, dans les Loges Symboliques du Rite Français, le Véné­rable est souvent un Maître, très rarement un Rose-Croix, presque jamais un Chevalier Ka­dosch. Nous voyons là la cause des agitations stériles, qui condamnent le Rite Français à pié­tiner sur place. Aussi, dans la Maçonnerie Française, où ce rite possède 379 Ateliers, tandis que le Rite Ecossais en a 116 seulement, le progrès est d'une lenteur désolante, et les Loges sont, Nous avons le devoir de le dire, envahies par les brouillons politiques. Les résultats acquis sur le terrain gouvernemental de la nation manquent de stabilité ; l'ennemi peut, sans cesse, préparer un retour offensif ; une bonne loi, dont le vote parlementaire a été amené par le concert ma­çonnique, est mal appliquée ou même ne tarde pas à tomber en désuétude. Cela tient à ce que, dans le Rite Français, l'orient de l'Atelier, au lieu d'être, comme cela est indispensable, un foyer de lumière, est occupé, neuf fois sur dix, par des officiers dont les yeux sont encore cligno­tants.

En cette année (1889), le Conseil de l'Ordre, au Grand Orient de France, compte 15 Maîtres, 3 Rose-Croix, 2 Chevaliers Kadosch, et 13 Sou­verains Grands Inspecteurs Généraux. Il y a là un progrès sur les années précédentes ; mais, au sein de ce conseil administratif, les Frères ayant reçu la parfaite initiation, c'est à dire les Che­valiers Kadosch et les Souverains Grands Ins­pecteurs Généraux, sont encore en nombre égal à celui des simples Maîtres ; de sorte que la majorité dépend des 3 Rose-Croix, c'est à dire de 3 Frères dont l'instruction maçonnique n'est pas terminée. Cette situation est profondément re­grettable.

Il faut absolument que le Rite Français s'ins­pire mieux des traditions de l'Ordre. Sinon, il végétera dans l'impuissance, et les temples des autres rites, dans les contrées autres que la France, continueront avec douleur, à fermer leurs portes aux imparfaits initiés de ce Grand Orient.

D'autre part, il faut éviter aussi de passer d'un extrême à un autre. En France, - du moins, dans la plupart des Loges du Rite Français, - on a trop de tendances à professer un scepticisme absolu. C'est ainsi qu'on Nous a communiqué des planches de convocation d'Ateliers, où ne figure pas la formule : A la gloire du Grand Architecte de l'Univers. Dès 1877, nous avions malheureusement prévu qu'on en viendrait là. Jusqu'en cette année 1877, le premier article de la Constitution du Rite Fran­çais portait : « La Franc-Maçonnerie a pour principes l'existence de Dieu, l'immortalité de l'âme et la solidarité humaine. » Le Convent de septembre 1877, au Grand Orient de France, supprima l'affirmation de la divinité, et vota que l'article premier de la Constitution du Rite Fran­çais porterait : « La Franc-Maçonnerie a pour principes la liberté absolue de conscience et la solidarité humaine. » En 1884, le Convent annuel des Loges du Rite Français aggrava en­core cette suppression de l'affirmation de la divinité, en introduisant ceci dans la rédaction du dit premier article : « Considérant les conceptions métaphysiques comme étant du domaine exclu­sif de l'appréciation individuelle de ses membres, la Franc-Maçonnerie se refuse à toute affirmation dogmatique. » Voilà certainement un excès, que Nous réprouvons de toutes nos forces.

Mais, par contre, en Italie et en Espagne, de nombreux Frères, - bien intentionnés, sans doute, - pèchent par l'excès contraire, et leur erreur mérite d'être relevée.

En effet, ces Frères, mûs par une légitime haine contre le Dieu des prêtres, glorifient son adversaire sous le nom de Satan, et en lui conservant la situation et le rôle d'un ange déchu, révolté. Il y a là une hérésie manifeste. Le mot de Satan, ayant été inventé par l'imposture sacerdotale et s'appliquant à un être surnaturel subalterne ou diable, ce mot n'a pas lieu d'être prononcé, ne doit pas être prononcé en Maçon­nerie.

On Nous a signalé une Loge de Gènes qui a poussé l'inconscience jusqu'à arborer dans une manifestation publique une bannière portant : Gloire à Satan! A Milan, des Frères Maçons ont, dans une fête, fait exécuter et ont chanté un Hymne à Satan. D'Espagne, on Nous a fait hommage d'une poésie signée par le Frère Bartrina, poésie dont voici le texte :

REHABILITACION

 

Solo estaba Satan en el infierno

Siglos hacia, cuando entro Caïn ;

Ambos a Dios juraron odio eterno

Y dar juraron a su imperio fin.

- Soy la revolucion, por Dios maldita,

Desterrada por Dios, dijo Satan.

- Soy et trabajo que a ese Dios irrita,

Dijo et terrible Vastago de Adan.

Miraronse : en la luz de la mirada

Brillo rayo de colera en los dos.

Y la raza de Abel tremblo asustada,

Y hasta en su trono estremeciose Dios.

La maldicion divina con su peso

No los hundio. - Raza de Abel, atras!

Plaza al triunfante carro del progreso,

Quo arrastra Caïn y empuja Satanas !

 

H. JOAQUIN-MARIA BARTRINA.

 

Certes, ces vers sont animés par un souffle généreux ; mais ils sont en opposition directe à l'orthodoxie maçonnique.

Les égarés qui glorifient Satan considèrent, en général, que le Dieu des prêtres a manqué à de prétendues promesses faites par lui à l'humanité, et, en présence de la désertion de ce Dieu, ils font appel au diable. Tel est le système de la goétie, qui est une aberration, qui est la démonomanie.

Existe-t-il un diable ? - Les prêtres disent : Oui. - Nous répondons : Non.

Qu'est-ce que le diable ? - C'est, disent les prêtres, le prince des anges, qui s'est révolté par orgueil contre Dieu, et qui, ayant été vaincu par l'archange Mikaël, a été, pour son châtiment, précipité en enfer, où il est condamné à rôtir éternellement en la compagnie d'autres anges, ses complices, devenus des démons, et de ceux d'entre les humains qui n'ont pas vécu selon la loi des prêtres.

Or, cette légende sacerdotale est un infâme mensonge, et nos Frères qui glorifient Satan n'aboutissent, en réalité, qu'à consacrer l'im­posture et à nous nuire maladroitement dans l'opinion de la multitude ignorante.

C'est pourquoi, Nous condamnons, de la façon la plus formelle, la doctrine du Satanisme, qui est une divagation de nature à faire le jeu des prêtres. Les Francs-Maçons satanistes donnent, sans s'en douter, des armes contre la Franc-Maçonnerie.

Ce que nous devons dire à la foule, c'est : - Nous adorons un Dieu, mais c'est le Dieu que l`on adore sans superstition.

A vous, Souverains Grands Inspecteurs Géné­raux, Nous disons, pour que vous le répétiez aux Frères des 32e, 31e et 30e degrés : - La reli­gion maçonnique doit être, par nous tous, initiés des hauts grades, maintenue dans la pureté de la doctrine luciférienne.

Car le Dieu Lucifer de la théurgie moderne n'est pas le démon Satan de la vieille goétie. Nous sommes Ré-Théurgistes Optimates, et non praticiens de la magie noire.

Les prêtres, en inventant Satan, ont créé les sorciers, leurs sanglants sacrifices du Moyen-Âge, leurs folles assemblées, leurs criminels et horri­bles conventicules de goules et de striges. Mais il y a deux magies : la magie lumineuse, et la magie des ténèbres. Il est vrai que les prêtres, lorsqu'ils ont eu l'omnipotence, ont persécuté également les mages de la sagesse et les mages de la folie, ont brûlé les Templiers, nos pères, aussi bien que les sorciers, oubliant que ces der­niers, sans eux, n'eussent pas existé.

La magie créatrice du démon, cette magie qui a dicté le Grimoire du pape Honorius, 1'Enchiri­dion de Léon III, les exorcismes de l'église catholique, les réquisitoires des Laubardemont, les sentences de Torquemada, cette magie n'est pas la nôtre ; cette horreur, cette démence, avec son cortège de turpitudes et de cauchemars, c'est la Rome papale qui doit en porter la res­ponsabilité.

Elle a été enfantée par Adonaï, calomniateur de Lucifer. Dans sa rage contre son éternel et magnanime antagoniste, le Dieu Mauvais a bouleversé chez les hommes superstitieux la notion des choses saintes, Il a nié la divinité du Père du Bien et l'a appelé le Mal. Il a voulu écraser la raison sous les pieds de la crédulité aveugle. Il a perverti le sens de toutes choses, il a porté son chaos jusque dans la logique des mots. L'hypocrisie a été par lui transformée en sainteté ; le vice, en vertu ; le mensonge, en vé­rité ; le caprice et l'arbitraire, en justice ; la diva­gation et la foi de l'absurde, en science théolo­gique. La nuit a osé appeler nuit le jour; ténèbres, la lumière ; licence, la liberté ; erreur, la philoso­phie. L'orgueil, qui se prétend infaillible et se cantonne dans l'obscurité de ses dogmes illogi­ques et anti-naturels, l'orgueil superbe a eu le cynisme de nommer orgueil l'humble raison qui doute, qui ne croit que lorsqu'elle est sûre, qui n'émet une affirmation que lorsque la preuve des faits a été irrévocablement donnée par la science ; oui, Adonaï et ses prêtres ont jeté au ciel de notre Dieu toutes les boues de leur impudence, en qualifiant d'orgueilleuse l'intelligence raisonnable, qui cherche la solution des grands problèmes, qui marche sans cesse à une découverte nouvelle, qui est toujours insatiable de vérité.

Si Lucifer n'était point Dieu, Adonaï, dont tous les actes attestent la cruauté, la perfidie, la haine de l'homme, la barbarie, la répulsion pour la science, si Lucifer n'était point Dieu, Adonaï et ses prêtres le calomnieraient-ils ?

Oui, Lucifer est Dieu, et malheureusement Adonaï l'est aussi. Car la loi éternelle est qu'il n'y a pas de splendeur sans ombre, pas de beauté sans laideur, pas de blanc sans noir ; car l'absolu ne peut exister que comme deux ; car les ténèbres sont nécessaires à la lumière pour lui servir de repoussoir, comme le piédestal est nécessaire à. la statue, comme le frein à la locomotive.

En dynamique analogique et universelle, on ne s'appuie que sur ce qui résiste. Aussi l'univers est-il balancé par deux forces qui le maintiennent en équilibre : la force qui attire et celle qui repousse. Ces deux forces existent en phy­sique, en philosophie et en religion. Et la réalité scientifique du dualisme divin est démontrée par les phénomènes de la polarité et par la loi uni­verselle des sympathies et des antipathies. C'est pourquoi les disciples intelligents de Zoroastre, ainsi qu'après eux les Gnostiques, les Manichéens, les Templiers ont admis, comme seule concep­tion métaphysique logique, le système des deux principes divins se combattant de toute éternité, et l'on ne peut croire l'un inférieur à l'autre en puissance.

Donc, la doctrine du Satanisme est une hérésie; et la vraie et pure religion philosophique, c'est la croyance en Lucifer, égal d'Adonaï, mais Lucifer Dieu de Lumière et Dieu du Bien, luttant pour l'humanité contre Adonaï Dieu des Ténèbres et Dieu du Mal....

 

... Donné au Grand Orient de Charleston, le quatorzième jour du cinquième mois de l'an 000889 de la Vraie Lumière (14juillet 1889, ère vulgaire). ALBERT PIKE, 33e.

 Extraits de cette instruction de Pike ont été publié par Domenico Margiotta dans ses ouvrages : Souvenirs d’un trente-troisième. Adriano Lemmi chef suprême des Francs-Maçons (Delhomme et Briguet, 1894) et : Le Palladisme culte de Satan-Lucifer dans les Triangles Maçonniques (H. Falque, 1895, pages 61 à 66).

 

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