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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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faillite
25 août 2013

Alain de Benoist : « Au bord du gouffre – La faillite annoncée du système de l’argent »

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Sous ce titre, Alain de Benoist publie à propos de la crise contemporaine une analyse incisive et peu complaisante du capitalisme. Les débouchés, dit-il, sont le problème éternel du capitalisme. Après la phase initiale qui a vu les salaires soumis à une très forte pression, au XIXe siècle surtout, ce problème a pu être résolu un temps par le fordisme : on a alors globalement et progressivement relevé le niveau des salaires de manière à soutenir la consommation. Mais…

 

Mais après la période des Trente Glorieuses est survenue une baisse tendancielle de la profitabilité des investissements et, d’une certaine manière, on a abandonné le fordisme pour revenir à la phase initiale se caractérisant par une pression sur les coûts salariaux propre à restaurer la profitabilité.

La question des débouchés s’est alors posée à nouveau de manière aiguë. L’auteur énumère trois moyens propres à y répondre : premièrement, augmenter la durée du travail (le lecteur rapprochera sans doute ce moyen de l’exhortation à « travailler plus pour gagner plus »), avec tous les effets pervers qui s’ensuivent sur la vie personnelle des salariés ; deuxièmement, rechercher une main-d’œuvre moins chère et « peu revendicative », ce qui incite à recourir à l’immigration et aux délocalisations ; et enfin troisièmement, faciliter le crédit dans des proportions éventuellement imprudentes pour favoriser la consommation.

On touche ici au risque fondamental : un excès déraisonnable de crédit. Alain de Benoist replace ainsi dans une perspective plus générale l’événement ponctuel qui a déclenché une crise mondiale dont le système était gros : l’endettement des ménages américains par les prêts hypothécaires et l’impossibilité où ils étaient de rembourser ces « crédits pourris ».

L’auteur retrace alors tous les facteurs qui ont concouru et concourent encore à l’endettement général, au premier rang desquels la dérégulation globale, souhaitée par la pensée libérale.

Sur le plan privé, l’énorme endettement des ménages américains finit par affecter les finances mondiales et les banques par le biais de la titrisation. Sur le plan public la surémission de monnaie par la FED qui facilite cet endettement a lui aussi des répercussions en raison de la prééminence du dollar. Celui-ci, en effet, est jusqu’à un certain point une monnaie mondiale dont la gestion dépend d’un seul pays (gestion qui, depuis 1971, échappe à la contrainte de la convertibilité).

Les autres pays sont obligés d’acheter du dollar pour éviter des déséquilibres majeurs de sorte que les États-Unis peuvent mener une politique budgétaire acceptant des déficits eux-mêmes majeurs. Alain de Benoist évalue leur endettement total à 340% de leur PIB.

Et il montre comment la dette publique des États n’est pas seulement due à la légèreté de la gestion par les politiques, mais aussi aux plans de sauvetage des banques privées. « Au total, les quatre principales banques centrales mondiales (FED, BCE, Banque du Japon, Banque d’Angleterre) ont injecté 5.000 milliards de dollars dans l’économie mondiale entre 2008 et 2010… En s’endettant massivement pour sauver les banques, les États ont permis aux banques de se relancer dans les mêmes activités qui avaient abouti à les mettre en péril ».

On arrive ainsi à la formule de Maurice Allais qui prévoyait « l’effondrement général d’une économie mondiale reposant sur une pyramide de dettes ».

Alain de Benoist critique vivement les oligarchies financières qu’il accuse d’avoir conçu le moteur de la crise présente: l’excès de crédit, lui-même motivé par une âpreté extraordinaire au gain.

Il traite aussi les autres aspects du sujet : les délocalisations, qui appauvrissent les pays émetteurs sans enrichir les pays recevant (sinon chez ceux-ci, une mince couche de privilégiés) ; l’immigration, qui est l’arme du capital, qui pèse sur les salaires et que les politiques encouragent sans se préoccuper outre mesure des conséquences sociologiques ; l’extraordinaire aggravation des inégalités sociales, qui voit les classes inférieure et moyenne pénalisées au profit d’une hyperclasse aux revenus « faramineux » et de sociétés aux bénéfices énormes.

Il faut enfin faire mention spéciale du libre-échangisme comme motif initial de la crise actuelle: l’auteur montre que le recours massif au crédit (qu’il situe dans les années 1980) fut une réponse du capitalisme à une baisse tendancielle du taux de profit. On peut ajouter que l’origine de cette baisse se situe dans les années 1970, époque où l’on voit avec un faible décalage dans le temps, d’une part, la mise en place du libre-échangisme mondial (la négociation Kennedy a pris fin en 1969) et, d’autre part, la fin de la prospérité des « Trente Glorieuses ».

On notera que le libre-échange, âprement et à juste titre dénoncé par l’auteur, est lui-même fruit dans le domaine économique d’un mouvement de pensée plus général : l’idéologie cosmopolite devenue dominante à partir de 1945.

En conclusion, on peut tenir le livre Au bord du gouffre pour un ouvrage brillant et instructif, même si certains lecteurs y trouveront quelques excès.

Note de la rédaction de Polémia :

Les points de vue d’Henry de Lesquen et d’Alain de Benoist sont généralement assez éloignés, notamment en matière économique. On observera toutefois une convergence d’analyse sur le rôle de l’excès de crédit comme amplificateur de la crise. Nos lecteurs peuvent utilement se reporter à ce texte d’Henry de Lesquen:

Les raisons de la crise économique: les éclairages de l’école autrichienne (2 mars 2012)

En 1972, sous la signature de Michel Norey, la revue Nouvelle École avait de son côté souligné l’importance de l’école autrichienne dans son numéro consacré aux théories économiques.

Source : Polémia

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