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  • Dans la tradition secrète, le corps humain est considéré comme le symbole ultime de l'univers. Chaque partie du corps correspond à un idéal spirituel, une constellation étoilée ou un élément alchimique. De cette manière, les anciens philosophes se connectaient directement à toutes les choses, et par cette connexion, ils pouvaient influencer le monde qui les entourait, rusty james blog
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Archives
enseignement
5 novembre 2015

Les fondements de votre identité : Les ancrages psychiques de votre conditionement

 

Je sais... Je sais... je sais ...  

mais au fait, êtes vous sûr de savoir ? et que savez-vous au juste ?  

Une plongée dans les fondements de votre identité 

Ce que je sais personnellement, c'est que nous sommes disposés à croire que ce qui va dans le sens de notre opinion, de notre intérêt, sans doute pour nous conforter et nous sentir bien, confortablement assis dans nos convictions. 

Bien sûr ce sont les autres qui ont tort, toute information contradictoire crée des tensions, de l'angoisse et de l'agressivité. Nous avons donc réflexivement un recul pour tout ce qui pourrait déstabiliser notre confort mental.         

Chacun se croit libre de penser, de ses opinions, et chacun les défend comme s'il s'agissait réellement des siennes...

 

Funeste illusion :

La communauté d'où nous sommes issus, le type et le niveau de notre culture, l'éducation familiale, la religion, la politique etc. constituent les fondements de notre identité et conditionnent notre conscience et notre comportement.

D'une manière générale ces différents déterminants sont des ancrages psychiques, ils ne nous laissent pratiquement aucune liberté de conscience susceptible de remettre en question nos réflexes comportementaux, les opinions, précocement sur trajectoire.

De cette évidence, nous devons malheureusement conclure que nous sommes pratiquement conditionnés comme les chiens de PAVLOV.

 

Des expériences précoces déterminantes indélébiles ?

Est-ce à dire qu'il ne reste plus de possibilité de changer réellement, d'évoluer, ce qui implique la remise en question de nos certitudes, de nos convictions ?...

Bien sûr, nous avons le sentiment parfois de changer, mais quand nous le faisons, c'est en marge et sur des détails qui ne créent pas de bouleversements notoires dans notre identité, c'est à dire, de la manière dont nous apparaissons pour d'autres. 

Il est, dit-on, plus facile de lutter contre une armée que contre soi même ... cela démontre à quel point nous nous ménageons et à quel point nous cherchons à rester nous mêmes, sans comprendre que ce nous-même tant protégé, est la résultante des déterminants éducationnels que nous venons d'énumérer, qui ont façonné très tôt notre identité.

 

Observez autour de vous:

En politique : lorsqu'une personne de droite exprime son opinion à une personne de gauche et inversement, la fermeture est immédiate et la condamnation péremptoire de tarde pas, jusqu'au risque de conflit !

 

En matière de religion le même archaïsme comportemental existe. Chacun croit en son Dieu et condamne celui des autres religions. Elles sont tellement différentes, qu'on se demande s'il ne s'agit pas de panthéisme ! Les religions ne sont que des hypothèses, par contre, ce qui est certain, c'est que le lieu géographique, par exemples l'Afrique du nord et le Pakistan produisent des musulmans alors que les USA et l'Europe des chrétiens. Le lieu de naissance condamne donc un individu à la religion du lieu.

Le fait paradoxal, c'est que chaque type de croyant a le sentiment d'avoir opté volontairement pour la religion de son choix.    

 

Les conditions de notre évolution personnelle

L'ouverture de son champ de conscience, une meilleure lucidité et une disponibilité accrue, pour accéder à une adaptation optimale et satisfaire au mieux notre capacité d'évolution, passe obligatoirement par une confrontation à des opinions contradictoires.

Sans cette confrontation, pas d'évolution possible. Les freins très efficaces à notre évolution, ce sont sans conteste, nos convictions. quand une personne est convaincue, elle s'enferme en elle-même dans une prison, la plus sûre qui soit.       

 

Passons à l'expérience suivante, entrons en résistance avec nous-mêmes pour  restituer un peu plus de liberté de conscience:

Ecoutez les intervenants, surtout si vous n'êtes pas d'accord avec eux, essayez de faire la part des choses et surtout méfiez-vous des lois qui limitent vos opinions ou vous obligent à penser selon des directives politiques du pouvoir dominant.

Les médecins disposent de votre corps quand vous êtes malades et les politiques tentent de contrôler votre mental. Alors défendez votre peau et votre liberté de conscience !       

 Pour mon compte personnel, je recherche des informations susceptibles de remettre en questions mes convictions à seule fin d'évoluer. Je ne m'interdis rien et j'avoue que j'ai beaucoup appris des thèses révisionnistes. Je comprends pourquoi les antirévisionnistes assistés d'instances répressives inquisitoriales refusent tout dialogue contradictoire avec les révisionnistes qui apportent de plus en plus de preuves confortant leurs thèses. 

  

Souvenez-vous de ces conseils:

 

« Ne crois rien de ce qu’une loi t’oblige à croire » (Socrate)

car « Quand la Vérité n’est pas libre, la Liberté n’est pas vraie » (Prévert)

 

Je vais spontanément à l'encontre de ce qu'on entend m'interdire, car la liberté commence au delà de ces barrières qu'on nous impose.

 

Chaque individu est unique, alors ne vous laissez pas cloner par ceux qui imposent des standards normatifs ..

source « Les fondements de votre identité : les ancrages psychiques de votre conditionnement » de René Féjan

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30 avril 2015

L'expérience personnelle - Piège de l'orgueil spirituel

new age

Que recherche donc l'adepte du New-Age ?
Une expérience initiatique, et l'accès à la Connaissance qu'on lui a fait miroiter dès l'abord.
N'oublions donc pas que cette recherche est stigmatisée dès le récit de la Genèse, en Adam et Eve : "Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l'arbre de la connaissance du bien et du mal tu ne mangeras pas, car le jour où tu en mangeras, tu deviendras passible de mort." (Gn 2, 16-17). "Vous serez comme des dieux" réplique le serpent (Gn 3, 5).
Saint Maxime écrivait : "L'homme a voulu s'emparer des choses de Dieu sans Dieu, avant Dieu, et non selon Dieu."

Pour l'adepte du New-Age, l'accès au "salut" se fait par la gnose, par un savoir supérieur réservé à une élite, et qui plus est, par un savoir… qui se paye (il faut bien acheter les livres, payer les stages, etc.) ! Curiosité, attrait de l'insolite, du merveilleux, voir des pouvoirs occultes, mais aussi attrait pour une certaine "facilité", dans la mouvance de "L'Alchimiste" de Paolo Cuelho : pour se réaliser pleinement en ce monde, il suffit de suivre sa "légende personnelle", répondre à ses propres désirs, à ses propres envies…

Sur le site internet "Emeraude" (http://www.chez.com/emeraude2/), site "dédié à notre Mère, la Terre", on lit par exemple les lignes suivantes (communication télépathique de "Lumière de l'Etre" reçue en 1997) : "J'aimerais vous rappeler, bien-aimés frères et sœurs de l'humanité, que la Réalisation Christique ne se fait pas seulement par la foi dans le Divin. Elle se fait également par l'intérêt et l'action de l'esprit vers la Connaissance. La Foi guide le pèlerin sur la route qui le conduit à la demeure du Père et la Connaissance révèle les indications de cette route. Pendant toute mon incarnation de Jésus, J'ai cultivé une détermination à vouloir m'ouvrir à des réalités qui m'étaient totalement étrangères. Cette attitude a grandement contribué à nouer mon esprit de la Connaissance et a amplifié ma Foi de la grandeur des affaires du Père." S'ouvrir à la Connaissance : nous retrouverons cet appel dans tous les mouvements se réclamant du Nouvel Age.

La déification de la volonté est également monnaie courante. Les livres de Paolo Coelho sont assez représentatifs dans ce domaine, lui qui fait dire par exemple à l'un de ses personnages dans "L'Alchimiste" : "Il y a une grande vérité en ce monde : qui que tu sois et quoi que tu fasses, lorsque tu veux vraiment quelque chose, c'est que ce désir est né dans l'Ame de l'Univers."

 

Détailler le processus et les étapes des différents niveaux initiatiques que doit, au sein du mouvement New-Age, parcourir l'homme pour atteindre le sommet de son accomplissement spirituel, n'offre que bien peu d'intérêt. Contentons-nous donc de jeter un œil sur cet aperçu donné sur le site internet de Shakti, une "revue encyclopédique de spiritualité" (http://perso.wanadoo.fr/revue.shakti/). On y apprend que les initiations sont au nombre de cinq pour le règne humain (pour le règne végétal, demandez à votre fleuriste), et qu'elles s'échelonnent sur une dizaine de vies (ce qui représente tout de même plusieurs siècles !), pour aboutir enfin à la dernière incarnation. Mais avant d'accéder à la première initiation, le prétendant aura du vivre des dizaines de milliers de vies, pendant lesquelles il aura progressé péniblement, surmontant les épreuves, et se libérant peu à peu de son karma... Et dire que nombreux sont ceux que cette théorie attire !

Voyons donc ce qu'il en est de ces initiations :
Première initiation : "maîtrise du corps physique" ; deuxième initiation : "maîtrise du corps astral" ; troisième initiation, "maîtrise du corps mental" ; quatrième initiation : "lorsque le lien avec l'âme est total"; cinquième initiation : "lorsque la personnalité est totalement imprégnée par l'âme et l'Etincelle divine. L'individu est alors un Maître de sagesse ou Maître ascensionné". Et voilà la perspective offerte à l'adepte : devenir peu à peu son propre maître, jusqu'au titre de "Maître de sagesse"… Voilà sans doute l'une des principales raisons du succès de ces théories, qui mettent tristement en valeur l'immensité de l'orgueil humain…

Vous vous demandez où vous en êtes personnellement de ce parcours ? Ne vous faites pas trop d'illusions : selon le "Maître" de Benjamin Creme (in "La mission de Maitreya"), sur 6 milliards d'êtres humains actuellement en "incarnation" : 6 millions (soit un pour mille) sont aux portes de la 1ère initiation – "c'est-à-dire ayant commencé à prendre contact avec leur âme", 850.000 ont atteint la 1ère initiation, 250.000 la 2ème, 3.000 ont la 3ème, et 450 seulement la 4ème … Et Benjamin Creme de préciser que le total des âmes s'élève à 60 milliards ! Nous avons donc toutes les chances de nous trouver dans la première catégorie ( Réjouissante perspective !

"Il y a eu de faux prophètes dans le peuple, comme il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes pernicieuses et qui, reniant le Maître qui les a rachetés, attireront sur eux-mêmes une prompte perdition. Beaucoup suivront leurs débauches, et la voie de la vérité sera blasphémée, à cause d'eux. Par cupidité, au moyen de paroles trompeuses, ils trafiqueront de vous, eux dont le jugement depuis longtemps n'est pas inactif et dont la perdition ne sommeille pas." (2 P 2, 1-3)

Les précisions qui suivent prêteraient à sourire, si le sujet n'était pas aussi grave. Elles figurent dans un livre d'Alice Bailey (dont nous reparlerons) : "Les rayons et les initiations", et reprises on ne peut plus sérieusement sur le site de Shakti déjà cité.
On y apprend que parmi les "Grands Initiés" se trouvaient Abraham et Moïse (difficile de les passer sous silence…), et qu'auraient atteint la "troisième initiation" les personnalités suivantes (accrochez-vous…) :
Dans le domaine de la politique : Jeanne d'Arc, Francis Bacon, Abraham Lincoln, Winston Churchill, Mao Tsé Toung, Willy Brandt ; pour ce qui est de la littérature : Shakespeare ; pour la poésie : Milarepa (Tibet), qui était en fait un "Instructeur spirituel" (petit cachotier !) ; pour la peinture : Michel-Ange, Rembrandt, Raphaël, Titien, Véronèse, Gréco, Rubens (Léonard de Vinci avait quant à lui atteint la quatrième initiation !) ; et dans le domaine de la musique : Bach, Mozart et Beethoven. Mozart - qui est soit dit en passant déjà revenu (n'oubliez pas la "loi" de réincarnation) - aurait été dans sa vie suivante un luthier aimé de tous ceux qui le rencontraient, et aurait atteint également cette quatrième initiation !

On trouve également dans les 3 tomes de "La mission de Maitreya" de Benjamin Creme, de nombreuses précisions sur les fondateurs du mouvement New-Age, ainsi que sur quelques personnalités historiques, ou attachées au christianisme… précisions toujours reprises sur le site de Shakti. Par exemple :
Helena Petrovna Blavatsky (1831-1891), co-fondatrice de la Société théosophique : "Ame de 1er rayon, personnalité de 2ème rayon, corps mental de 1er rayon, corps astral de 6ème rayon". On ne peut être plus précis !
Selon le Maître de Benjamin Creme, elle a été Cagliostro (1743-1795) dans sa vie précédente. et s'est réincarnée depuis 1984 dans un corps masculin à Leningrad (et devrait devenir un Maître à la fin de sa vie présente)…
Helena Roerich (1879-1947), occultiste russe : "Ame de 1er rayon, personnalité de 2ème rayon"... Comme H.P. Blavatsky, c'était aussi une disciple directe du Maître Morya...
Jeanne d'Arc (1412-1431)... "Le Maître de Benjamin Creme a indiqué que les voix qu'elle entendait étaient les messages du Maître Hilarion, sur le même rayon d'âme qu'elle, c'est-à-dire le 5ème. De rayon de personnalité 1, elle était bien armée pour le commandement. Jeanne d'Arc est maintenant un Maître resté sur Terre."
Ste Thérese d'Avila (1515-1582)…
Auraient atteint la 2ème initiation : Ste Marie, mère de Jésus : "Ame 6, personnalité 6, corps mental 2, corps astral 2. Elle a eu ensuite des incarnations non médiatiques avant de devenir Maître (5ème degré). Elle est maintenant un Maître du 6ème degré, à l'origine des "apparitions" de la Vierge, et de miracles tels que des larmes ou du sang coulant de statues ou d'icônes."
Annie Besant (1847-1933) : "Ame 7, personnalité 1, avec sous-rayon 7, donc très attachée à l'aspect rituel" (oh la vilaine !)… mais aussi Marie Curie (1867-1934), Indira Gandhi (1917-1984), ou Maria Callas (1923-1977) !
Auraient "commencé la polarisation mentale (à mi-chemin entre la 1ère et la 2ème initiation)" : Elisabeth 1ère (1533-1603), Catherine la Grande (1729-1796), George Sand (1804-1876), Sarah Bernhardt (1844-1923), Marguerite Yourcenar (1903-1987), Françoise Dolto (1908-1988), Greta Garbo (1905-1990)... mais aussi Ste Thérèse de Lisieux (1873-1897) ou Marthe Robin (1902-1981) !
Ces précisions sur le cheminement spirituel des âmes est pour le moins édifiant. Ce qui suit ne l'est pas moins….

Je vous propose de rester sur le site de Shakti, décidément inépuisable en ce domaine, lui qui a puisé aux sources "inspirées" que sont Benjamin Creme et Alice Bailey, pour nous offrir l'organigramme de l'actuelle Hiérarchie Spirituelle, qui préside aux destinées de notre monde...
Au sommet, se trouve le Seigneur du Monde, Sanat Kumara. Son bras droit (son premier ministre en quelque sorte) est le Christ. Mais attention, il ne s'agit pas de Jésus. Ce Christ est Maitreya (son nom oriental), "Maître du 7ème degré, Maître des Maîtres de 6ème degré chargés des ashrams sur les sept rayons, lesquels sont les chefs d'autres Maîtres de 6ème et 5ème degrés." Vous suivez ? Bien, poursuivons donc la revue de détail.
Voici quelques noms de "Maîtres" restés sur terre (ils seraient une soixantaine à ce jour), pour notre plus grand bien, avec leur situation spirituelle (il est important de savoir à qui l'on parle) et leurs antécédents : "Maître Morya ou Maître M., du 6ème degré sur le 1er rayon, qui fut l'apôtre Pierre ; Maître Koot Houmi (Hoomi) ou Maître K.H., du 6ème degré, sur le 2ème rayon, qui fut Jean le bien aimé ; Maître Sérapis du 6ème degré sur le 4ème rayon ; Maître Hilarion du 6ème degré sur le 5ème rayon, qui fut Paul de Tarse ; Maître Jésus, 6ème degré, sur le 6ème rayon, qui fut Jésus de Nazareth puis Apollonius de Tyane ; Maître Rakoczi, ou Maître R., du 6ème degré sur le 7ème rayon, qui fut Francis Bacon puis le comte de Saint-Germain ; et enfin le Maître qui fut Marie, la mère de Jésus, du 6ème degré sur le 6ème rayon, qui est à l'origine des apparitions de la Vierge Marie."
Au-delà du ridicule d'une telle énumération, retenons la gravité d'une telle récupération des principaux piliers du christianisme… Songeons que tout cela est pris très au sérieux par de nombreux adeptes, prêts à gober tout ce qui leur est donné en pâture, pourvu qu'ils aient l'espérance d'une élévation spirituelle, et l'accès à la Connaissance… Et il y a là de quoi frémir…

"Auparavant doit venir l'apostasie et se révéler l'Homme impie, l'Etre perdu, l'Adversaire, celui qui s'élève au-dessus de tout ce qui porte le nom de Dieu ou reçoit un culte, allant jusqu'à s'asseoir en personne dans le sanctuaire de Dieu..." (2 Th 2, 3-4)

"Sa venue à lui, l'Impie, aura été marquée, par l'influence de Satan, de toute espèce d'œuvres de puissance, de signes et de prodiges mensongers, comme de toutes les tromperies du mal, à l'adresse de ceux qui sont voués à la perdition pour n'avoir pas accueilli l'amour de la vérité qui leur aurait valu d'être sauvés..." (2 Th 2, 9-10)

 celle des humains particulièrement obtus et fermés aux révélations présentes), ce qui nous laisse encore quelques siècles devant nous pour progresser…
Le New-Age propose à l'adepte "d'élargir sa conscience". Il trouvera en même temps mieux-être personnel et accès à la Connaissance.
Quelques techniques de base lui sont proposées pour cela : méditation, relaxation, yoga, sophrologie…
Le danger de la contemplation narcissique y est évident. Est-il besoin de préciser que la sérénité naturelle induite par ces techniques (yoga, zen, etc.) - qui provoquent la dissolution de la conscience personnelle - n'a rien à voir avec la Paix surnaturelle de l'Esprit ? Celle-ci ne nécessite pas un recours à des "techniques" humaines pour être accueillie. Et il n'y a pas plus de yoga chrétien qu'il n'y a d'oraisonhindoue ou bouddhiste. Par ailleurs, les sensations du corps éprouvées lors de ces séances de "relaxation" sont volontairement ou non confondues par les pratiquants avec de soi-disant phénomènes spirituels…

Le New-Age ayant largement puisé dans les philosophies bouddhiste et hindouiste les éléments constitutifs de ces techniques de méditation, il semble important d'étudier succinctement mais précisément ce qu'il en est véritablement en Orient.


Le Bouddhisme tout d'abord.

Pour le bouddhiste, la vie en ce monde est douleur. La seule quête spirituelle possible consiste donc à s'en échapper.
Dans son premier sermon à Bénarès, Siddharta Gautama devenu Buddha (= éveillé) dira qu'il faut arracher les hommes à la souffrance, le seul moyen efficace pour parvenir à ce but étant l'extinction du désir : "L'extinction du désir, l'extinction de la haine, l'extinction de l'illusion (causes ou fruits du désir), cela, ô moines, est appelé l'absolu. [...] Ne te laisse pas abuser, Ananda, la vie est une longue agonie. [...] N'attendez rien des dieux impitoyables... Attendez tout de vous-mêmes, en n'oubliant pas que chaque homme crée sa prison, et que chacun peut acquérir un pouvoir supérieur à celui d'Indra lui-même." (Indra est le Roi des dieux dans le védisme-hindouisme). L'homme étant défini comme son propre maître, c'est donc par son effort personnel qu'il supprimera la souffrance, en passant par l'extinction du désir.

Ashvaghosa, l'un des maîtres actuels du bouddhisme tibétain en France, explicite ainsi l'idée de l'impermanence des choses, et de l'illusion de la vie : "Toute existence est comme une réflexion dans un miroir, sans substance, un simple fantôme de l'esprit. [...] Les idées cessant, le monde se termine aussi [...]. Tous les phénomènes ont leur origine dans l'esprit et n'ont réellement aucune forme extérieure : c'est une erreur de croire que quelque chose est là." Rien n'existerait donc en dehors de l'esprit.

Nagarjuna, autre maître du bouddhisme en France, va encore plus loin : "L'océan du sans formes est à la base de toutes les formes... Il n'y a ni naissance ni mort, ni unité ni pluralité. Tout est illusion, tout est Vide. Cette vacuité n'est ni l'être ni le non-être, ni le néant..." Il y a là identification du Vide et de l'esprit pur, dans l'unique Réalité.

On retrouve cette approche de la Réalité bouddhique dans le Livre des Morts tibétains (Bardo-Thödol) : "Tu vas connaître la Réalité, dans l'état de Bardo où toutes choses sont comme le ciel vide sans nuages (la Sagesse du Miroir), et où l'intelligence nue et sans tache est comme une vacuité transparente sans circonférence ni centre (la Sagesse du Vide)..."
Dans ce monde d'illusion, les dieux mêmes ne sont que création de l'esprit de l'homme : "Puisses-tu reconnaître que toute apparition (toute déité) est une réflexion de ta propre conscience. [...] Puisses-tu ne pas craindre les troupes des divinités paisibles et irritées qui sont tes propres formes-pensées."

Une dernière citation permettra de situer parfaitement la pensée bouddhique relative à la nature de l'esprit. Nous l'emprunterons au Lama Denis Teundroup, disciple européen de Kalou Rinpoche, et "père-abbé" du monastère de Karma-ling (cité in "Les Racines du Monde", de Jean Denis, 1993) :
"L'enseignement bouddhique propose la compréhension de ce qui est intérieur à nous-mêmes : l'esprit. Le bouddhisme est donc ce qu'on peut appeler une voie d'intériorité. [...] Cette pratique est fondée sur la méditation, c'est-à-dire l'expérience d'une relation juste à notre vécu intérieur et extérieur, à toutes nos expériences. [...] Nous portons en nous la racine de nos conditionnements et de nos souffrances, tout comme nous portons en nous l'éveil, la nature du Buddha, l'état fondamental de l'esprit au-delà du jeu des projections de l'ego. [...]
Dans la méditation bouddhique, il n'y a plus ni sujet ni objet, mais l'expérience immédiate d'une réalité non dualiste. Car ne n'est plus l'intellect qui perçoit, mais une qualité énergétique particulière, permettant l'unification de l'esprit par la libération des projections conditionnées de l'ego.
La connaissance transcendante est la découverte de l'expérience non dualiste en laquelle l'esprit est auto-connaissant, il est le sujet et l'objet de sa propre connaissance. [...] Cette connaissance est au-delà des concepts et au-delà de toutes les formulations.
Le pur esprit irradiant en lui-même est le corps de la divinité, une luminosité vide, l'absence de toute fixation, tout comme l'expérience de la lune dans l'eau. Son mode d'être essentiel est vacuité, liberté vis-à-vis de toutes les catégories du mental. [...] Sans origine, sans fin et sans localisation spatiale, elle est immortelle, c'est l'intelligence fondamentale, la merveille des merveilles."


Ne perdons jamais de vue la différence entre ces deux termes : fusion et union, celui-ci supposant deux objets à unir, principe de la dualité.
On voit donc ici affirmée le principe de la non dualité, associé à l'état de vacuité qui caractérise la pureté acquise de l'esprit.
Nous sommes bien aux antipodes du christianisme. Mais retenons ces formulations : elles seront reprises (et déformées) par tous les gourous new-age...


L'Hindouisme ensuite.

Nous retrouvons la notion de non-dualité, mais cette fois dans l'intime identification entre le Soi (le moi profond de l'être humain, l'âtman selon le terme hindou sanskrit) et l'Esprit immortel, le Principe Unique, l'Absolu : le Brahman. L'Upanishad, écrit du VIII° siècle avant Jésus-Christ, définissait ainsi cette double "qualité" du Brahman : "Il y a en vérité deux aspects du Brahman : le corporel et l'incorporel, le mortel et l'immortel, le fixe et le mobile, le sensible et le transcendant." (2, 3, 1).

Pour parvenir à saisir cette unicité au plus profond de lui-même, l'hindou est appelé à pratiquer le yoga, discipline qui lui ouvre le chemin de l'intériorité. Shankara écrit ainsi au VIII° siècle de notre ère : "Le Soi est Brahman [...] le Soi est tout cet univers. Rien d'autre n'existe que le Soi... Je suis Brahman !" ("Shankara et le Vedanta" de Paul Martin-Dubost, Paris, Le Seuil, 1973).
Et cette identification à l'Absolu atteint son sommet dans les lignes qui suivent, extraites d'un poème de Shankara : "Je ne connais ni la mort, ni le doute, ni les distinctions de castes. Point de père, point de mère. Je n'ai jamais pris naissance. Je n'ai aucun ami, aucun parent, point de maître, point de disciple. Je suis Intelligence et Félicité pures..." (op. cit.) Etre, Intelligence et Félicité (Sac-Cid-Ananda), triple qualité du Brahman, unifié ici au Soi de Shankara.

Un autre élément de la croyance hindoue est à prendre en compte : le samsara, principe de la réincarnation. Dans la Bhagavad-Gita, Vishnu - créateur et destructeur des cycles du monde - s'exprime ainsi :"Les mondes sont assujettis aux retours [..]. Quand on sait que la durée complète d'un "jour de Brahman" est de mille éons, et de mille éons sa nuit, on connaît vraiment ce qu'est un cycle cosmique. [...] Cette multitude des êtres, lorsqu'elle est venue encore et encore à l'existence, se résorbe malgré soi, quand vient "la nuit" ; elle surgit à nouveau quand revient "le jour"." (VIII, 16-19). Cycle des mondes, cycle de la vie des êtres. Toujours dans la Bhagavad-Gita, est explicité ce retour incessant à l'existence : "En vérité, jamais ne fut le temps où je n'étais point, et plus tard ne viendra pas celui où je ne serai pas. Comme l'âme passe physiquement à travers enfance et jeunesse et vieillesse, ainsi passe-t-elle à travers les changements de corps. Le sage ne s'y trompe pas. [...] Les corps ont une fin ; l'esprit qui s'y incarne est éternel, indestructible, incommensurable. [...] A la façon d'un homme qui a rejeté ses vêtements usagés et en prend d'autres, neufs, l'âme incarnée, rejetant son corps usé, voyage dans d'autres qui sont neufs. [...] En vérité, pour qui est né, la mort est certaine et certaine la renaissance pour qui est mort..." (II, 12-13, 18, 22, 27)


Notons au passage que pour ce qui concerne la connaissance de ces vies antérieures, très en vogue dans tous les mouvements New-Age, hindouistes et bouddhistes restent extrêmement réservés. Tel le LamaDenis Teundroup déjà cité, qui rappelle que "en ce qui concerne les souvenirs des vies antérieures que prétendent avoir les êtres ordinaires, le bouddhisme demeure très réservé. Il n'est pas possible de distinguer ce qui peut être authentique de la pure affabulation ou hallucination. Dans le doute, mieux vaut traiter ce genre de phénomènes comme des projections illusoires, ce qui évite de délirer." (cité in "Les Racines du Monde", de Jean Denis, 1993).
Les Maîtres du New-Age n'étant pas des "êtres ordinaires", il est bien évident qu'ils peuvent ne pas se sentir concernés par cette prudente mise en garde...

On l'aura compris, cette perspective de réincarnations infinies n'a rien de réjouissant. Les philosophies orientales ont donc axé la quête de l'être humain sur la Délivrance de cet enchaînement (au sens strict du terme) des réincarnations. Cette délivrance est appelée moksha.
Reprenons la Bhagavad-Gita : "Les sages adonnés à la vigilance, détachés du fruit des actes, sont libérés du lien des renaissances [...]. L'homme qui, abandonnant tout ses désirs, va et vient, libre d'attachement, ne dit plus : C'est à moi, ni Je ; celui-là accède à la paix [...], ne s'égare plus [...] ; à l'heure ultime il atteint le Brahman." (II, 51, 71-72) "Ceux pour qui la connaissance détruit l'inconnaissance, pour eux la connaissance tel un soleil, illumine la réalité suprême. Tendus vers elle d'un esprit vigilant, s'identifiant à elle, ayant en elle leur fin ultime, ils arrivent à l'état où il n'y a plus de retour [...]. Le Sage, tendu vers la Délivrance, sa fin ultime, est dépris du désir, de la crainte, de la colère ; il est libéré à jamais." (V, 16-17, 27-28).

La quête spirituelle de l'oriental consiste donc à échapper à la roue des réincarnations. Au bout du voyage : le Vide pour le bouddhisme, et la fusion avec le Brahman pour l'hindouisme.

Il peut évidemment sembler étrange qu'une telle perspective ait pu trouver écho en Occident, mais comme nous avons commencé à le voir, pour masquer la lourdeur de cette loi implacable, les porte-parole du mouvement New-Age n'ont pas manqué d'arguments... tous aussi fallacieux que trompeurs.

Revenons donc à leur écoute.


Méditations Nouvel Age

L'individualisme spirituel qui caractérise ces pratiques de méditation présentées par les groupements New-Age, est toujours masqué par un vocabulaire chatoyant, qui enveloppe d'un papier cadeau rutilant ces méditations "unifiantes", censées agir pour le mieux-être de la planète tout entière. Un succédané de charité, passive, édulcorée, et de surcroît pratiquée à distance !

En voici un exemple, avec la "Méditation du Pissenlit" proposée par Daniel Meurois sur son site internet (http://pro.wanadoo.fr/bdvrevue/Pissenlit.html). On y retrouve les incontournables références au passé lointain et inconnu (les "peuples du soleil"), les termes empruntés à l'Orient ("prâna", mot qui désigne dans le monde hindouiste l'ensemble des énergies qui circulent en l'homme), et les formulations habituelles du New-Age ("ouvrez votre âme", "l'écran de votre conscience", "visualisation", "harmonie", etc.) :
"Voici une vieille façon d'agir utilisée autrefois chez les peuples du Soleil. Ce n'est pas une technique mais un moyen d'ouvrir la nouvelle ère du Don. Nous la nommons la Méditation du pissenlit. Elle voyagera à nouveau de poitrine en poitrine.
Voici : asseyez-vous à même le sol et les pieds déchaussés. Lorsque vous serez calme et relaxé, ouvrez votre âme, écoutez le silence et sentez la lumière du prana tourner autour de vous.
Ensuite, commencez à projeter sur l'écran de votre conscience la sphère duveteuse d'un pissenlit prêt à essaimer. Visualisez bien les milles graines dans toute leur perfection et chargez chacune d'elles de toutes les qualité dont la Terre a soif.
Ainsi rayonneront la graine de l'harmonie, celle de la tolérance, de l'amour inconditionnel, de la Paix et de tous les trésors qu'un cœur peut contenir et générer.
Lorsque la sphère duveteuse sera ainsi chargée de ces messages, avec votre "souffle intérieur", éparpillez-les et voyez-les se disséminer à travers les cieux des cent contrées de la Terre et y déverser leur suc..."


Cette émission à distance de "bonnes vibrations", "d'ondes harmonieuses", "d'énergie positive"… remplace ainsi avantageusement pour l'adepte du New-Age l'épuisante charité du christianisme, qui a fait se dévouer depuis des siècles auprès des plus pauvres des St Vincent de Paul, Mère Teresa, curé d'Ars et tant d'autres encore…
"Moi d'abord" : si je vais bien, le monde ira mieux, donc je ne m'occupe que de moi. Voilà ce dont on a convaincu l'adepte, qui ne doit avoir pour seule préoccupation que son bien-être, son évolution spirituelle, son destin. Et plongé dans cet égocentrisme spirituel, le "new-ager" est bien persuadé d'aimer l'humanité entière…

Par ailleurs, notez qu'au cours de cette méditation, c'est le cœur qui génère de lui-même les trésors d'amour qu'il va diffuser autour de lui… L'homme est considéré comme un petit dieu, capable de toutes les merveilles, de toutes les réalisations, de tous les "possibles". Cette auto-déification est une constante nous l'avons dit de la philosophie New-Age. Elle rejoint ici la philosophie hindouiste, qui recherche la fusion du Moi et du Soi, refusant toute idée de dualité (d'altérité), et donc d'un rapport Créateur – créature. C'est la raison pour laquelle il n'est jamais question de Dieu dans les doctrines New-Age, mais tout au plus de la "Divinité", vaste concept indéfinissable, que les différents "gourous" se gardent d'ailleurs bien de préciser davantage…

Egalement empruntée à l'Orient, une affirmation telle que "Ce que vous vivez sur terre, n'est qu'illusion", trouvée sur le site de L'éveil à la conscience (http://net.addr.com/eveil/index.htm) (dont le logo est un magnifique arc-en-ciel…). Sur ce même site, on trouve d'autres citations telles que : "Au sujet de vos croyances : Vous croyez à certaines choses mais des quantités de gens croient complètement autre chose et même le contraire. Les croyances ne sont pas la réalité. Tous ceux qui deviennent conscients découvrent la réalité." Autrement dit, votre foi ne vaut rien, puisque d'autres personnes ont une foi différente de la vôtre…

"Jésus leur dit : « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n'aura jamais faim ; qui croit en moi n'aura jamais soif »." (Jean 6, 35)
"« En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit a la vie éternelle »." (Jean 6, 47)
"Jésus l'a dit, il l'a clamé : « Qui croit en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en celui qui m'a envoyé. […] Moi, lumière, je suis venu dans le monde pour que quiconque croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres »." (Jean 12, 44-46)

On y lit aussi : "La connaissance est pratique, concrète et vécue. La connaissance est l'expérience d'une certaine réalité. La connaissance vécue par l'expérience directe procure la conscience." … Comment ne pas avoir pitié de cet auteur, qui ignore que "l'amour du Christ surpasse toute connaissance" (Ep 3, 18) !

Ce même site propose tout un panel de méditations ("méditation sur l'opulence", "méditation sur la lumière dorée", "méditation avec le symbole de la pyramide"), et de nombreuses méditations suggérées par les "Etres de Lumière"… Particulièrement remarquable est la "Méditation Merkabah", qui permet, après une longue séance de "toucher de doigt" et de respirations cadencées en 7 secondes, de pénétrer dans les "vibrations de la 5° dimension" (la quatrième dimension est complètement dépassée !). mais parvenu à ce degré, "L'Energie est multipliée par mille, mais attention aux pensées, elles sont très puissantes."… Ah, la puissance de la pensée, voilà décidemment un appât bien classique, sous couvert de charabia ésotérico-magique !

Sur le site Shakti (http://perso.wanadoo.fr/revue.shakti/pres.htm), "Revue encyclopédique de spiritualité, élaborée dans le respect de toutes les religions et à la lumière des enseignements ésotériques" (mais typiquement New-Age !), il nous est proposé cette citation de Saï Baba : "Si l'homme désire transformer sa vie intérieure comme extérieure en une vie de splendeur, la méditation est la meilleure discipline spirituelle qu'il puisse adopter." Notez bien : la méditation, pas la prière. Sur ce même site, l'on nous rappelle que méditer, c'est "simplement être, sans activité, sans pensée, sans émotion." (Osho Rajneesh, in "Techniques de méditation"). Et la citation suivante de Benjamin Creme (né en 1922, l'une des références incontournables aujourd'hui du Nouvel Age), précise ce qu'il en est (in "La Transmission, une méditation pour le Nouvel Age") : "La prière dans sa forme ordinaire est l'expression d'une supplication habituellement manifestée par l'intermédiaire du plexus solaire. Dans sa forme la plus élevée, la prière est aspiration ; plus l'aspiration est élevée, plus elle fait appel à l'activité du cœur. La méditation est une méthode visant à faire passer la personnalité sous le contrôle de l'âme. Par la méditation, un pont est édifié entre le cerveau physique et l'âme". La prière, acte d'amour. La méditation, oubli du cœur. Au-delà du jargon ésotérico-new-age de l'auteur, on ne pouvait mieux résumer l'antinomie de la pratique chrétienne et de celle du Nouvel Age !
On retrouve également sur cette page internet de nombreuses allusions au "Traité sur la Magie Blanche" d'Alice Bailey, qui fait également référence dans ce milieu.

Plus instructive sur ce site est la présentation des différentes formes de méditations : "méditation Zen", "Kriya Yoga", "méditation transcendantale", "méditation de transmission", "méditation sur la Lumière", etc..
Notons au passage que le Yoga semble avoir été introduit en France dès les années 1930 par un certain Félix Guyot (1880-1960), qui venait de publier à Londres sous le pseudonyme de C. Kerneiz un ouvrage intitulé "Yoga for the West" (Rieder, London). Il publie à Paris des articles dans la revue "Le Lotus bleu" (organe de liaison de la Société Théosophique), et tient la rubrique astrologique du "Journal de la Femme". C'est à la même époque que Jean Herbert (1897-1980) fait connaître en France les "Maîtres" de l'Hindouisme. Les cours dispensés par Kerneiz rencontrent un grand succès, cours destinés comme il le déclare lui-même dans la préface de son livre "à celui qui, en désaccord fondamental avec son milieu, douloureusement insatisfait de la vie tant dans ce qu’elle lui donne de bon que dans ce qu’elle lui donne de mauvais, a ressenti l’appel de l’Absolu"… L'expression "douloureusement insatisfait de la vie" sera reprise par les marchands de stages, ateliers, conférences et initiations de tout poils, nous le verrons au chapitre "maladie-guérison".

L'on apprend donc sur ce site internet cité plus haut que dans la "Méditation transcendantale", "l'énergie provient d'un Maître de la Hiérarchie, comme Guru Dev par exemple", qu'elle a été introduite en occident par Maharishi Mahesh Yogi, et qu'elle aurait 4 millions d'adeptes dans le monde entier, dont 50.000 en France… On devient pratiquant à la suite d'une cérémonie d'initiation, au cours de laquelle est attribuée "les yeux dans les yeux" un "mantra", qui sera aussi personnel que secret… "Initiation", "secret", voilà les mots choisis pour attirer l'adepte potentiel. Mais pour compléter l'attirail, l'accès aux pouvoirs surnaturels est indispensable : "La méditation peut, selon le niveau du méditant, engendrer des phénomènes "surnaturels" décrits par Patanjali (puissance, omniscience, invisibilité, lévitation...)."

"Vous serez comme des dieux…" (Gn 3,5) !

Dans la "Méditation de transmission" signalée plus haut – "méditation de service tournée vers l'humanité dans son ensemble""L'énergie est contrôlée par les Maîtres de la Hiérarchie. Elle est disponible dès la récitation de la Grande Invocation... L'essentiel du travail est accompli par les Maîtres." Nous expliciterons cette référence à la "Hiérarchie" un peu plus loin. Qu'est-ce que cette "Grande Invocation" ? Un ersatz de prière, divisé en strophes, où l'on lit des phrases telles que "Du point de Lumière dans la Pensée de Dieu, que la lumière afflue dans la pensée des hommes""Que le dessein guide le faible vouloir des hommes, le Dessein que les Maîtres connaissent et servent""Que Lumière, Amour et Puissance restaurent le Plan sur la Terre."… Et Benjamin Creme de conseiller, en récitant la Grande Invocation,"de visualiser le Bouddha pour la 1ère strophe, le Christ pour la seconde et une boule de lumière blanche pour la troisième"… On voit apparaître pour la première fois cette "Invocation" dans "L'état de disciple dans le Nouvel Age" d'Alice Bailey, livre qu'elle a rédigé comme tous les autres sous la dictée d'un "Guide spirituel invisible", Djawhal Kuhl, "grand esprit de la Fraternité Blanche Universelle". Cette invocation y est présentée comme étant appelée à remplacer le "Notre Père"… Le dernier ouvrage qu'Alice Bailey écrit sous la dictée de D.K. se termine par cet appel : "Puissent la lumière, l'amour et le pouvoir briller sur votre chemin, et puissiez-vous, en temps voulu et le plus tôt possible, vous tenir devant l'Initiateur…" "Initiation", "pouvoir" : nous sommes toujours dans ce même schéma d'une ascension forcée, où sous couvert d'amour universel, on amène l'adepte sur ce terrible chemin de l'orgueil spirituel…
Peut-être plus grave encore – mais il semble n'y avoir pas de limite dans ce domaine que nous avons abordé… - est la "Méditation sur la lumière", proposée par Saï Baba. Inutile de détailler le long déroulement de cette méditation. Signalons seulement que le méditant la conclut par cette affirmation, énoncée lentement : "Le Père et Moi sommes un, Je suis un avec Jésus et avec le Père, Je suis Divin, Je suis Celui qui Suis : SO-HAM SO-HAM SO-HAM, JE-SUS JE-SUS JE-SUS." Est-il nécessaire de rappeler que "Je suis celui qui suis" est la traduction (si tant est que cette traduction soit possible…) des quatre lettres hébraïques du Tétragramme sacré, du Nom imprononçable de Dieu, qu'entendit Moïse sur le Mont Sinaï ?
Nous reparlerons de Saï Baba un peu plus loin.

"Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis qu'airain qui sonne et cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien…" (1 Cor 13, 1-3) 

Signalons encore le "site de Jésus-Christ" (http://www.lechrist.net/siteFRF/sitechristFR.htm), site "purement divin", qui "vous propose de vivre un moment énergétique privilégié avec celui qui 2000 ans après fait encore parler de lui tellement son passage a marqué les humains". Sur ce site est proposée une méditation mensuelle, "face à l'est, séance vibratoire de 20 mn maximum. Ne manquez pas de rendre Grâces à la Divinité pour ce moment Divin". Le texte de la méditation est court, tel celui-ci : "Merci Christ de m'avoir libéré de toutes mes illusions", texte sous lequel est précisé que "L'année 2002 correspond à l'année chinoise, Cheval Eau, l'année la plus prospère de l'astrologie chinoise. Cette année Cheval Eau ne revient que chaque 59 ans." A noter que l'on retrouve ces même phrases sur le site internet (http://www.eileen-caddy.net/francais/) d'Eileen Caddy (voir plus loin), dont celui-ci dépend directement… Avec une adresse internet qui mentionne explicitement le Christ (lechrist.net), le piège est plus grand encore…

Quelques sites s'annonçant comme "catholiques" n'échappent pas à cette tentation du syncrétisme, et aux pièges tendus par la vague du Nouvel Age. Témoin ce site (http://perso.wanadoo.fr/famille.delaye/Textes/fenetre_ouverte.htm) où l'on trouve après des pages d'Evangile, des Psaumes et des citations de saint Jean de la Croix, d'autres textes bien loin du catholicisme, parmi lesquels "Bouddha vivant, Christ vivant" de Thich Nhat Hanh ("le bouddhisme n'est fait que d'éléments non-bouddhiques, dont les éléments chrétiens, et le christianisme est fait d'éléments non-chrétiens, dont des éléments bouddhistes" … "Quand nous sommes calmes, quand nous regardons profondément en touchant la source de notre vraie sagesse, nous touchons le Bouddha vivant et le Christ vivant en nous-mêmes et en chaque personne que nous rencontrons"…), quelques "logions" de l'Evangile apocryphe de Thomas, ou encore ce texte de Krishnamurti (1895-1986) dont nous reparlerons plus loin, concernant précisément la méditation : "Ecoutez le mouvement de vos pensées ; ne les contrôlez pas, ne les façonnez pas, ne dites pas : "Celle-ci est bonne, celle-là est mauvaise." Mais accompagnez-en le mouvement. C'est cela, la conscience dénuée de tout choix, de toute condamnation, comparaison ou interprétation, et qui n'est qu'observation. Voilà qui rend l'esprit hautement sensitif."Nous sommes là dans une autre constante du New-Age : si le Bien et le Mal sont reconnus dans l'Absolu, ils n'ont aucune existence sur le plan relatif. Voilà qui explicite un peu mieux encore le succès rencontré par cette philosophie du Nouvel Age… Mais à qui peut profiter cette suppression de la distinction entre le bien et le mal, sinon au maître du Mal lui-même…?
http://www.spiritualite-chretienne.com/Nouvel-Age/new-age2c.html

8 septembre 2013

L'école est une prison qui peut causer de graves dommages psychologiques aux enfants.

ecole

« Libre d’Apprendre : Pourquoi libérer l’instinct du jeu rend nos enfants plus heureux, plus autonomes, et de meilleurs élèves pour toute la vie »
Les parents envoient leurs enfants à l'école avec les meilleurs intentions, pensant qu'ils en ont besoin pour devenir des adultes productifs et épanouis. Ils doutent souvent du bon fonctionnement des écoles, mais la sagesse conventionnelle veut que ces problèmes peuvent être résolus avec plus de moyens, de meilleurs enseignants, des programmes plus difficiles, et/ou des examen plus rigoureux.

Et si le problème venait de l'école elle-même ? La triste réalité est que l'une de nos institutions préférées, par sa nature même, ne répond pas aux besoins de nos enfants et de notre société.

L'école est un passage obligé pour les enfants, qui restreint fortement leur liberté - les adultes ne toléreraient pas eux-même de telles contraintes dans leurs lieux de travail. Ces dernières décennies, nous avons forcé nos enfants à rester de plus en plus de temps dans ce cadre, et de solides preuves (résumées dans mon dernier livre) indiquent que ce n'est pas sans causer de graves dommages psychologiques. Par ailleurs, plus les scientifiques étudient le mode d'apprentissage naturel des enfants, plus ils comprennent qu'un apprentissage enthousiaste, profond et authentique, n'est possible que dans des conditions quasiment opposées à celles de l'école.

La scolarité obligatoire fait partie intégrante de notre culture depuis plusieurs générations. Aujourd'hui, la plupart des gens auraient du mal à imaginer comment les enfants peuvent apprendre le nécessaire pour réussir en société sans passer par l'école. Le président Obama et le secrétaire à l'éducation Arne Duncan aiment tant l'école qu'ils veulent même allonger les jours et les années scolaires. La plupart des gens pensent que la conception de base des écoles, telle qu'on la connait aujourd'hui, est validée par des preuves scientifiques montrant que c'est ainsi que les enfants apprennent le mieux. Mais en réalité, rien n'est plus loin de la vérité.

Les écoles telles que nous les connaissons aujourd'hui sont le produit de l'histoire, et pas d'une recherche sur l'apprentissage. La conception actuelle de nos écoles découle de la Réforme protestante. On vit alors apparaître des écoles pour apprendre aux enfants à lire la Bible, à croire en l'Ecriture et aux figures d'autorité, sans les remettre en question. Les premiers fondateurs des écoles l'indiquent clairement dans leurs écrits. L'idée que les écoles aient pour but le développement de la pensée critique, de la créativité, de l'initiative personnelle ou de la capacité à apprendre par soi-même - des compétences essentielles dans notre économie actuelle - ne leur effleurait même pas l'esprit. Que les enfants agissent par eux-même était pour eux un péché qu'il fallait casser ou réprimer à tout prix.

Même si l'Etat a repris les écoles, les rendant obligatoires et laïques, la structure de base et les méthodes d'enseignement n'ont pas changées. Les tentatives de réformes ultérieures sur des points superficiels n'ont pas modifié la conception de base. La méthode hiérarchique, par évaluation, suppose que l'apprentissage repose sur un système de récompense et de punissions où la curiosité et le vrai désir d'apprendre n'ont pas leur place. Elle sert surtout à endoctriner et rendre obéissant. Il n'est pas étonnant que de grands entrepreneurs et innovateurs dans le monde aient quitté l'école à un jeune âge (comme Thomas Edison), ou disaient détester l'école et apprendre non pas grâce à elle, mais de leur côté (comme Albert Einstein).

Il n'est pas étonnant qu'aujourd'hui même les « meilleurs élèves » (et peut-être eux en particulier) rapportent que le processus de scolarisation les « lessive ». Un élève diplômé avec brio, a expliqué à un journaliste pourquoi il remettait à plus tard l'université : « le désir de bien réussir me rongeait et je n'ai pas beaucoup dormi ces deux dernières années. J'avais cinq ou six heures de devoirs tous les soirs. La dernière chose que que je voulais était que ça continue. »

La plupart de élèves - qu'ils aient de bons résultats, des résultats moyens ou qu'ils soient en échec scolaire - ont perdu leur goût de l'apprentissage à leur entrée au collège ou au lycée. Mihaly Czikszentmihalyl et Jeremy Hunter ont récemment mené une étude sur plus de 800 élèves de la sixième jusqu'à la terminale, dans 33 écoles différentes dans le pays. Les élèves devaient porter une montre-bracelet spéciale émettant un signal au hasard durant la journée. A chaque fois que le signal retentissait, ils devaient remplir un questionnaire indiquant où ils étaient, ce qu'ils faisaient et s'ils étaient heureux ou malheureux. C'est à l'école qu'ils étaient - de loin - le moins heureux, et à l'extérieur qu'ils étaient le plus heureux, quand ils jouaient ou discutaient avec des amis. A l'école, ils ressentaient de l'ennui, de l'anxiété ou les deux. [NdT : voir aussi l'article "Pourquoi avoir la tête ailleurs nous rend malheureux".] D'autres chercheurs ont montré qu'à chaque nouvelle année, les élèves adoptent des attitudes de plus en plus négatives envers les matières enseignées, en particulier envers les mathématiques et les sciences.

La société en général tend à ignorer ces conclusions. Nous ne sommes pas surpris qu'apprendre soit désagréable. Nous pensons que c'est une pilule qu'il faut avaler et qui finira par payer sur le long terme. Certaines personnes pensent même que c'est une bonne chose que l'école soit désagréable car cela permettrait aux enfants d'apprendre à tolérer les désagréments, puisque de toute manière la vie après l'école n'est pas agréable. Peut-être que l'école est-elle la raison de ce triste point de vue. Bien sûr, il y a des haut et des bas dans la vie, à l'âge adulte comme dans l'enfance. Mais il y a bien des façons d'apprendre à tolérer les désagréments sans devoir rajouter à cela une scolarité désagréable. Les recherches montrent que les personnes de tous âges apprennent mieux quand elles sont motivées à approfondir des questions qui les concernent réellement, et des objectifs de vie qui sont les leurs. Dans ces conditions, apprendre devient en général amusant.

* * *

J'ai passé une grande partie de ma carrière de chercheur à étudier comment les enfants apprennent. Les enfants viennent au monde avec la capacité magnifique de diriger leur propre éducation. La nature leur a donné de puissants instincts éducatifs, comme la curiosité, le ludisme, la sociabilité, l'attention à ce qu'il se passe autour d'eux, et le désir de grandir et de faire aussi bien que les enfants plus âgés et les adultes.

La preuve que tout cela vaut pour les petits enfants se trouve sous les yeux de tous ceux qui ont regardé un enfant grandir de la naissance jusqu'à l'âge scolaire. Par leurs propres efforts, les enfants apprennent à marcher, courir, sauter et grimper. Ils apprennent leur langue maternelle en partant de rien, et apprennent ensuite à affirmer leur volonté, à débattre, amuser, ennuyer, se faire des amis, charmer et poser des questions. Par les interrogations et l'exploration, ils acquièrent énormément de connaissances sur leur environnement matériel et social, et par le jeu, ils acquièrent des compétences pratiques favorisant leur développement physique, intellectuel, social et émotionnel. Ils font tout cela avant que quiconque ne cherche à leur enseigner quelque chose, de quelque manière systématique que ce soit.

Cette étonnante progression et capacité d'apprendre ne s'arrête pas d'un coup quand l'enfant a 5 ou 6 ans. C'est nous qui y mettons un terme avec ce système coercitif qu'est l'école. La leçon la plus importante et mémorable de notre système scolaire est que nous devons éviter autant que possible un apprentissage sous la forme du travail.

Mes recherches portaient sur l'apprentissage chez les enfants qui sont « d'âge scolaire » mais qui ne sont pas envoyés à l'école, ou qui ne sont pas dans une école tel qu'on l'entend habituellement. J'ai examiné comment se déroule l'apprentissage des enfants dans les cultures qui n'ont pas d'écoles, surtout les cultures de chasseurs-cueilleurs, le genre de cultures dans lesquelles notre espèce a évolué. J'ai également étudié l'apprentissage dans notre culture, quand on laisse aux enfants le soin de s'éduquer par eux-mêmes et qu'on leur donne la possibilité et les moyens de s'instruire. Dans ces conditions, la curiosité naturelle des enfants et leur goût de l'apprentissage persiste tout au long de l'enfance et de l'adolescence, jusqu'à l'âge adulte.

Un autre chercheur qui a documenté la puissance de l'auto-apprentissage est Sugata Mitra. Il a installé des ordinateurs en plein air dans des quartiers très pauvres en Inde, où la plupart des enfants ne vont pas à l'école et sont majoritairement illettrés. A chaque fois qu'il a installé un tel ordinateur, des dizaines d'enfants s'attroupaient tout autour, et comprenaient comment l'utiliser sans l'aide des adultes. Ceux qui ne savaient pas lire ont commencé à lire en interagissant avec l'ordinateur et les autres enfants. Les ordinateurs ont permis aux enfants d'accéder à toute la connaissance du monde - dans un village isolé, les enfants qui ne savaient rien sur les micro-organismes ont fait des recherches sur les bactéries et les virus grâce à leur ordinateur et ont utilisé cette nouvelle connaissance de manière appropriée dans leurs conversations.

Les expériences de Mitra illustrent comment les trois aspects fondamentaux de la nature humaine - la curiosité, le ludisme et la sociabilité - peuvent se combiner à merveille dans un but éducatif. La curiosité a attiré les enfants vers l'ordinateur et les a poussé à l'explorer; le ludisme les a motivé à apprendre comment l'utiliser; et la sociabilité a permis à ce que les apprentissages individuels des enfants se répandent comme une traînée de poudre à des dizaines d'autres enfants.

* * *

De nos jours, dans notre culture, de nombreuses voies permettent aux enfants d'appliquer leurs pulsions et instincts naturels à l'apprentissage de tout ce qu'il leur faut pour une vie adulte réussie. Plus de 2 millions d'enfants aux Etats-Unis suivent désormais une éducation à la maison ou au sein de la collectivité plutôt qu'à l'école, et une proportion croissante des familles privilégient un apprentissage autogéré plutôt que des approches pédagogiques conventionnelles. Ces parents ne donnent pas de leçons, ne font pas passer d'examens, mais établissent un milieu de vie qui facilite l'apprentissage. Ils aident aussi leurs enfants à participer à des activités communautaires qui vont dans le sens de leur apprentissage. Certaines familles de ce genre suivent cette approche depuis longtemps et leurs enfants sont désormais des adultes qui réussissent dans l'enseignement supérieur et dans leurs carrières.

Ma collègue Gina Riley et moi avons récemment interrogé 232 de ces familles. Selon leur témoignage, les principaux avantages de cette approche reposent dans une curiosité, une créativité et un goût de l'apprentissage ininterrompu chez les enfants, et dans la liberté et l'harmonie qui règne dans la famille quand il n'y a pas les pressions et les horaires de l'école, et pas non plus la manipulation obligée pour que les enfants fassent des devoirs qui ne les intéressent pas. Comme l'a dit une des mères : « Il y a très peu de stress dans nos vies... Nous avons une relation très étroite fondée sur l'amour, la confiance et le respect mutuel. » Puis elle poursuit : « En tant qu'enseignante je vois que ma fille a une pensée critique que n'a pas la plupart des élèves adultes de l'université... Ma fille vit et apprend dans le monde réel et adore ça. Que pourrais-je demander de plus ? »

Riley et moi finissons une étude sur environ 80 adultes qui ont eu une éducation autogérée à la maison quand ils étaient « d'âge scolaire ». Les résultats complets ne sont pas encore connus, mais il est clair que ceux qui ont choisi cette approche appartenaient à des milieux socio-économiques variés et sont devenus dans l'ensemble des adultes épanouis.

Comme l'approche autogérée de l'éducation à la maison a gagné en popularité, de plus en plus de centres et de réseaux sont apparus pour offrir des ressources, des liens sociaux et des opportunités éducatives supplémentaires pour les enfants et les familles qui suivent cette approche (voir le nouveau site AlternativesToSchool.com). Grâce à cela - et avec les bibliothèques et autres ressources communautaires qui ont toujours été disponibles, et bien sûr, avec Internet - les opportunités éducatives sont illimités.

Mais toutes les familles n'ont pas les moyens ou le désir de mettre en place une éducation autogérée à la maison. Certaines préfèrent l'option d'une école dite démocratique, où les enfants sont responsables de leur propre éducation dans un cadre qui optimise leurs opportunités éducatives et où il y a d'autres enfants avec qui se socialiser et apprendre. (Il ne faut pas confondre ces écoles avec les écoles Montessori ou d'autres types d'écoles « progressistes » où il y a plus de jeux et de choix que dans les écoles classiques, mais qui néanmoins maintiennent un système hiérarchique maître-élève et un programme relativement uniforme que tous les élèves sont censés suivre).

Depuis de nombreuses années, j'ai observé comment se déroulait l'apprentissage dans une de ces écoles, la Sudbury Valley School, à Framingham, dans le Massachusetts. On dit que c'est une école, mais c'est en réalité très différent ce qu'on entend par « école ». Les élèves, de 4 à 18 ans, font ce qu'ils veulent pendant la journée, tant qu'ils respectent les règles de l'école. Ces règles, choisies démocratiquement à l'Assemblée de l'Ecole par les élèves et le personnel, n'ont rien à voir avec l'apprentissage; mais ont à voir avec le maintien de la paix et de l'ordre. Elles sont appliquées par un système juridique calqué sur celui de notre société. L'école a actuellement 150 élèves environ et 10 membres de personnel. Elle fonctionne avec un budget par élève inférieur de moitié à celui des écoles publiques de la région. Elle accepte quasiment tous les élèves qui le souhaitent et dont les parents acceptent de les inscrire.

Aujourd'hui, il y a environ deux douzaines d'écoles aux Etats-Unis qui suivent ouvertement le modèle de Sudbury Valley, et d'autres qui reprennent ses caractéristiques principales. Par rapport à d'autres écoles privées, ces écoles ont des frais de scolarités peu élevés, et certaines ont des frais variant selon des échelles mobiles. Les élèves viennent de milieux très différents et leurs personnalités sont très variées.

Si vous ne l'avez jamais vu de vos yeux vus, il est difficile d'imaginer comment une telle école peut fonctionner. Et pourtant, Sudbury Valley existe depuis maintenant 45 ans et comporte des centaines de diplômés, qui se débrouillent très bien dans le monde réel.

Il y a quelques années, mon collègue David Chanoff et moi avons mené une étude de suivi des diplômés de l'école. Nous avons constaté que ceux qui ont suivi des études supérieures (75 pourcent environ) n'ont pas signalé de difficulté particulière à entrer dans une école de leur choix et à réussir une fois admis. Même ceux qui n'avaient jamais suivi de cours formels ont bien réussi dans des universités et grandes écoles prestigieuses. En tant que groupe, qu'ils aient suivis des études supérieures ou non, ils ont eu beaucoup de facilité à trouver un travail. Ils ont intégré un large éventail de professions, comme les affaires, les arts, la science, la médecine, et d'autres métiers du service et métiers spécialisés. La plupart ont déclaré que le grand avantage de l'éducation de Sudbury Valley a été de pouvoir acquérir un sens de la responsabilité personnelle et une capacité de maîtrise de soi qui leur a servi dans de nombreux aspects de leur vie. Beaucoup ont aussi parlé de l'importance des valeurs démocratiques qu'ils avaient acquises, par la pratique, à l'école. Plus récemment, deux grandes études sur les diplômés, menées par l'école elle-même, ont donné des résultats similaires et ont été publiées dans des livres.

Les élèves de cet établissement apprennent à lire, à calculer et utiliser des ordinateur de manière ludique, tout comme les enfants dans les cultures de chasseurs-cueilleurs apprennent à chasser et cueillir. Ils développent aussi des intérêts et des passions spécialisés, qui peuvent conduire directement ou indirectement à des carrières. Par exemple, un mécanicien et inventeur très prometteur a joué pendant son enfance à construire et démonter des objets pour voir comment ils marchaient. Un autre diplômé, devenu professeur de mathématique, jouait de manière intense et créative avec les maths. Et encore un autre, une patronnière de haute couture, jouait à confectionner des vêtements de poupée puis des vêtements pour elle et ses amis.

Je suis convaincu que Sudbury Valley fonctionne aussi bien parce qu'elle offre un cadre éducatif qui favorise le développement personnel des capacités naturelles des enfants. Cela suppose certaines conditions :
a) la possibilité illimitée de jouer et d'explorer (ce qui leur permet de découvrir et de poursuivre leurs intérêts);

b) la possibilité d'être soutenus par un grand nombre d'adultes attentifs et instruits qui les aident sans les juger;

c) une mixité entre enfants et adolescents d'âges différents (car les jeux dans ces conditions sont beaucoup plus propices à l'apprentissage que lorsque tous les enfants sont tous du même niveau);

d)
la participation directe dans une communauté stable, morale, démocratique, dans laquelle ils acquièrent un sens de la responsabilité envers les autres et pas juste pour eux. Pensez-y : Il n'y a aucune de ces conditions dans les écoles classiques.
Je ne dis pas que l'éducation autogérée est une panacée. La vie n'est pas toujours facile, quelles que soient les conditions. Mais mes recherches et les recherches d'autres personnes m'ont convaincu, au-delà de tout doute, que les pulsions naturelles et les capacités des jeunes à apprendre sont tout à fait suffisantes pour motiver leur éducation toute entière. Quand ils recherchent l'aide des autres, ils la demandent. Nous ne devons pas à forcer les gens à apprendre; nous devons simplement donner la liberté et la possibilité de le faire. Bien sûr, tout le monde ne va pas apprendre la même chose, de la même manière, ou au même rythme. Mais c'est une bonne chose. Notre société se nourrit de la diversité. Notre culture dépend d'une grande variété de compétences, d'intérêts et de personnalités. Et surtout, il nous faut des personnes qui vivent leur passion et qui sont responsables d'elles-mêmes durant leur vie. C'est le propre des personnes qui ont choisi leur propre éducation.

Peter Gray est un professeur émérite de psychologie à l'université de Boston. Son dernier livre s'intitule : « Free to Learn : Why Unleashing the Instinct to Play Will Make Our Children Happier, More Self Reliant, and Better Prepared for Life«  (Basic Books, 2013). Il est aussi l'auteur d'un manuel d'introduction à la psychologie (« Psychology, » Worth Publishers, maintenant dans sa sixième édition), d'un blog régulièrement mis à jour pour le magazine Psychology Today (Freedom to Learn), et de nombreux articles scientifiques sur les méthodes d'apprentissage naturelles des enfants. Avec ses collègues, il a récemment lancé un site web (AlternativesToSchool.com) conçu pour aider les familles à trouver et établir un cadre pour l'apprentissage autogéré des enfants.
http://fr.sott.net/article/16762-Peter-Gray-l-ecole-est-une-prison
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