La race humaine est-elle attaquée spirituellement ? Rudolphe Steiner
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F16%2F35%2F599939%2F134108044_o.jpg)
«Gardez à l'esprit que dans le Weimar que Goethe fréquentait - et dans les autres endroits où il est allé - il n'y avait aucun fil télégraphique quelque part, aucun câble télégraphique ou autre. L'atmosphère n'était pas criblée de fils télégraphiques avec des lignes électriques. Et maintenant, réfléchissez un instant à la finesse des instruments tout autour de nous, dans lesquels l'électricité est conduite. Les êtres humains ont des appareils comme ceux-ci devant eux et tout autour d'eux. Les gens là-bas en Amérique commencent à soupçonner que cela a aussi une influence sur l'être humain physique - le fait qu'il a ces lignes électriques et autres qui bourdonnent tout autour de lui. Lorsque Goethe a parcouru le monde, aucun courant électrique n'a été induit dans le corps. Aujourd'hui, vous pouvez voyager loin et loin, mais vous ne pouvez jamais vous éloigner si loin que ces câbles électriques ne vous suivent pas. Ils induisent continuellement des courants en vous. Goethe n'était pas exposé à de tels courants. Tout cela prive les êtres humains de leur corps physique; il amène le corps physique dans une condition dans laquelle l'âme ne peut tout simplement pas y entrer. Nous devons être très clairs à ce sujet: à l'époque où il n'y avait pas de courants électriques, quand il n'y avait pas de fils électriques bourdonnant dans l'air, c'était plus facile d'être humain. À cette époque, ces forces ahrimaniennes n'étaient pas là, nous privant constamment de notre corps même lorsque nous sommes éveillés. Il n'était donc pas nécessaire que les gens fassent de tels efforts pour approcher l'esprit. C'est pourquoi il est nécessaire aujourd'hui de mobiliser des forces spirituelles beaucoup plus fortes simplement pour rester humain qu'il ne l'était il y a cent ans. » Tout cela prive les êtres humains de leur corps physique; il amène le corps physique dans une condition dans laquelle l'âme ne peut tout simplement pas y entrer. Nous devons être très clairs à ce sujet: à l'époque où il n'y avait pas de courants électriques, quand il n'y avait pas de fils électriques bourdonnant dans l'air, c'était plus facile d'être humain. À cette époque, ces forces ahrimaniennes n'étaient pas là, nous privant constamment de notre corps même lorsque nous sommes éveillés. Il n'était donc pas nécessaire que les gens fassent de tels efforts pour approcher l'esprit. C'est pourquoi il est nécessaire aujourd'hui de mobiliser des forces spirituelles beaucoup plus fortes simplement pour rester humain qu'il ne l'était il y a cent ans. » Tout cela prive les êtres humains de leur corps physique; il amène le corps physique dans une condition dans laquelle l'âme ne peut tout simplement pas y entrer. Nous devons être très clairs à ce sujet: à l'époque où il n'y avait pas de courants électriques, quand il n'y avait pas de fils électriques bourdonnant dans l'air, c'était plus facile d'être humain. À cette époque, ces forces ahrimaniennes n'étaient pas là, nous privant constamment de notre corps même lorsque nous sommes éveillés. Il n'était donc pas nécessaire que les gens fassent de tels efforts pour approcher l'esprit. C'est pourquoi il est nécessaire aujourd'hui de mobiliser des forces spirituelles beaucoup plus fortes simplement pour rester humain qu'il ne l'était il y a cent ans. » quand aucun fil électrique ne bourdonnait dans l'air, il était plus facile d'être humain. À cette époque, ces forces ahrimaniennes n'étaient pas là, nous privant constamment de notre corps même lorsque nous sommes éveillés. Il n'était donc pas nécessaire que les gens fassent de tels efforts pour approcher l'esprit. C'est pourquoi il est nécessaire aujourd'hui de mobiliser des forces spirituelles beaucoup plus fortes simplement pour rester humain qu'il ne l'était il y a cent ans. » quand aucun fil électrique ne bourdonnait dans l'air, il était plus facile d'être humain. À cette époque, ces forces ahrimaniennes n'étaient pas là, nous privant constamment de notre corps même lorsque nous sommes éveillés. Il n'était donc pas nécessaire que les gens fassent de tels efforts pour approcher l'esprit. C'est pourquoi il est nécessaire aujourd'hui de mobiliser des forces spirituelles beaucoup plus fortes simplement pour rester humain qu'il ne l'était il y a cent ans. »
.
Autre traduction partielle avec des phrases supplémentaires de Malcolm Gardner (dans Agriculture , fn. 5, p. 279): «À une époque où il n'y avait pas de courants électriques, lorsque l'air ne grouillait pas d'influences électriques, il était plus facile d'être humain. . . . Pour cette raison, pour être humain aujourd'hui, il est nécessaire de dépenser des capacités spirituelles beaucoup plus fortes qu'il n'était nécessaire il y a un siècle.
«Mais il ne me vient pas à l'esprit d'être réactionnaire et de dire quelque chose comme: Eh bien, nous devons bannir toutes ces réalisations modernes! Ce n'est pas l'objectif. Les êtres humains modernes ont besoin d'accéder à l'esprit que la science spirituelle fournit, de sorte que, grâce à cette forte expérience de l'esprit, ils puissent également devenir plus forts par rapport aux forces qui accompagnent la culture moderne, les forces qui durcissent notre corps physique et l'éloignent de nous."
Emberson remarque que la quantité d'électricité rayonnante en 1923 par rapport à aujourd'hui était microscopiquement plus petite et a «amorti» l'intelligence humaine, endommageant notre cerveau et notre système nerveux et nous privant de la capacité de penser des pensées spirituelles comme Goethe l'a fait.
«Ici, bien sûr, tout le rôle de l'électricité dans la nature doit être pris en compte. Il est réconfortant de savoir qu'au moins en Amérique, où les gens développent un meilleur don d'observation qu'ici en Europe, des voix peuvent être entendues disant que les êtres humains ne pourront plus grandir et se développer comme ils le faisaient, maintenant que toute l'atmosphère est traversée par des courants électriques et des radiations. Cela a un effet sur l'ensemble du développement de l'être humain. Cela fait même une différence si les trains dans une zone donnée ont des machines à vapeur ou sont électrifiés. Les effets de la vapeur peuvent être reconnus, mais l'électricité a une façon de fonctionner terriblement inconsciente - les gens ne peuvent tout simplement pas dire d'où viennent certaines choses. De nos jours, l'électricité rayonnante et conductrice est utilisée au-dessus du sol pour transporter les informations le plus rapidement possible d'un endroit à un autre. L'effet de l'électricité rayonnante sur les personnes vivant au milieu d'elle sera qu'elles ne pourront plus comprendre les nouvelles qui se transmettent si rapidement. L'électricité efface progressivement notre compréhension. Cet effet est déjà perceptible aujourd'hui; vous pouvez déjà voir que les gens ont plus de mal à comprendre les choses qui se présentent à eux qu'il y a quelques décennies. C'est un signe d'espoir qu'au moins en Amérique, un aperçu de ces choses est évident. . . . L'électricité efface progressivement notre compréhension. Cet effet est déjà perceptible aujourd'hui; vous pouvez déjà voir que les gens ont plus de mal à comprendre les choses qui se présentent à eux qu'il y a quelques décennies. C'est un signe d'espoir qu'au moins en Amérique, un aperçu de ces choses est évident. . . . L'électricité efface progressivement notre compréhension. Cet effet est déjà perceptible aujourd'hui; vous pouvez déjà voir que les gens ont plus de mal à comprendre les choses qui se présentent à eux qu'il y a quelques décennies. C'est un signe d'espoir qu'au moins en Amérique, un aperçu de ces choses est évident. . . .
… Les gens viennent et font toutes sortes de prophéties sauvages sur le pouvoir de guérison de l'électricité, même si cela ne leur était pas venu à l'esprit plus tôt. Les choses se mettent à la mode de cette façon. Tant qu'elle n'avait pas été découverte, il était impossible de penser à la guérison par l'électricité. Maintenant, tout d'un coup, c'est une méthode de guérison, non seulement parce qu'elle est disponible, mais parce qu'elle est devenue à la mode. L'électricité rayonnante n'est parfois pas beaucoup plus un remède que si vous deviez prendre de minuscules aiguilles fines et piquer le patient avec elles. Toute guérison qui se produit n'est pas due à l'électricité mais à l'effet de choc. . . .
. . . Il ne faut pas oublier que l'électricité travaille toujours plus fortement sur l'organisation de la tête des humains et des animaux (et en conséquence sur l'organisation des racines des plantes). Si vous conservez du fourrage en y faisant passer de l'électricité, les animaux qui le mangent finiront par devenir sclérotiques. C'est un processus lent, vous ne le remarquerez pas tout de suite. Vous remarquerez peut-être au début que les animaux ont tendance à mourir plus tôt qu'ils ne le devraient, mais vous blâmerez de toutes sortes d'autres choses; vous ne le retracerez pas à l'électricité. L'électricité n'est vraiment pas quelque chose qui peut fonctionner sur des êtres vivants et leur faire du bien. Vous voyez, l'électricité se situe un niveau en dessous du niveau de vie, et plus une forme de vie donnée est élevée, plus elle essaie de repousser l'électricité. Si vous faites constamment qu'un organisme se défende inutilement,
Nous ressentons par ailleurs un besoin de clarification en ce qui concerne les effets des champs électromagnétiques sur l’homme. Nous touchons certainement ici un thème qu’il n’est pas possible de traiter de façon superficielle. Il a été démontré sans ambiguïté que la matière, donc les tissus humains aussi, se réchauffe au sein de champs ondulatoires électromagnétiques. Il n’est donc pas possible d’affirmer que ces derniers n’ont aucun effet sur l’homme. Si l’on se penche cependant sur la nature des effets que ces champs produisent sur les sentiments et les pensées ou sur la santé et la mentalité, nous tombons vite dans un domaine où il est très difficile de distinguer l’objectif du subjectif, voire de l’autosuggestion. Paul Emberson traite cette question dans les pages 9, 19 [18], 20 [19] et 23 [22]. Il se réfère en particulier aux propos de Rudolf Steiner sur ce qu’il appelle le « double ahrimanien » de l’homme. L’extrait suivant, tiré de la conférence du 16 novembre 1917, permet de s’en faire une idée : « Cela se passe ainsi : peu de temps avant que nous ne naissions, un autre être spirituel, nous dirions aujourd’hui selon notre terminologie, un être ahrimanien, s’introduit en nous. Il est tout autant en nous que notre propre âme. Ces entités qui vivent leur vie du fait qu’elles utilisent les hommes eux-mêmes pour pouvoir exister dans la sphère où elles veulent se trouver, ont une intelligence exceptionnellement élevée et une volonté très fortement développée, mais aucune sensibilité, aucune humanité ; elles n’ont pas les forces du cœur humain. – Et nous traversons ainsi la vie en ayant notre âme et un tel double, qui est plus intelligent, beaucoup plus intelligent que nous, mais qui a une intelligence méphistophélique, une intelligence ahrimanienne, et en plus, une volonté ahrimanienne, une volonté très forte, une volonté qui est beaucoup plus proche des forces de la nature que notre volonté humaine, laquelle est régulée par notre cœur. Au xixe siècle, la science a découvert que notre système nerveux était parcouru par des forces électriques. Elle avait raison. Mais lorsqu’elle a cru, lorsque les chercheurs croient que la force nerveuse qui fait partie de nous, qui est la base de notre vie mentale, a quoi que ce soit à voir avec des courants électriques, ils ont tort.
Car les courants électriques sont les forces qui ont été déposées en nous par cet être que je viens de décrire, ils ne font pas du tout partie de notre être : nous portons effectivement aussi des courants électriques en nous, mais ils sont purement de nature ahrimanienne. » (16 novembre 1917)60 Après avoir lui-même cité ce passage à la page 35 [33], Paul Emberson poursuit plus loin : « Ces « doubles » ahrimaniens surintelligents et doués d’une volonté extrêmement puissante, Rudolf Steiner les évoqua à nouveau 10 jours plus tard, en précisant que les forces cosmiques venant de la direction des Gémeaux et du Sagittaire peuvent être entièrement mises à leur service dans la technique. Le détournement de la technique (mentionné dans mon article principal) qui a conduit au développement de l’électronique moderne n’a pas été fait dans l’intérêt de l’humanité. Nous entrevoyons ici une des réalités occulte les plus bouleversantes de notre époque. L’ordinateur, autrement dit le cerveau électronique, n’a pas été inventé pour l’homme mais pour le double ahrimanien en nous. Ahriman a donc trompé l’humanité par ruse diabolique.» Que les ordinateurs, comme toute technologie, relèvent d’inspirations venant d’Ahriman, cela est généralement admis et incontesté, en particulier si l’on se réfère aux déclarations de Rudolf Steiner que nous produirons plus loin. Il s’agit maintenant de savoir quelles conséquences en tirer. Paul Emberson considère manifestement que l’électronique moderne exerce un effet particulier sur ce double ahrimanien décrit par Rudolf Steiner, étant donné que celui-ci est à l’origine des flux électriques dans le corps humain. C’est une éventualité qui mérite d’être prise en considération. Mais lorsqu’il s’agit de retrouver où Rudolf Steiner aurait pu dire que les forces des Gémeaux et du Sagittaire peuvent être mises au service de ce double, nous sommes à nouveau renvoyés à nous-mêmes. Dans la conférence du 25 novembre 1917, Rudolf Steiner dit seulement ceci : « Déjà dans l’Antiquité, on savait qu’il s’agissait là de quelque chose de cosmique, et les scientifiques savent bien, aujourd’hui, sur le plan exotérique, qu’il existe d’une manière ou d’une autre, dans le zodiaque, derrière les Gémeaux, un magnétisme positif et un magnétisme négatif. Il s’agira alors de paralyser ce qui devait venir du cosmos par la manifestation de la dualité, de le paralyser de manière égoïste, matérialiste, au moyen des forces qui affluent vers l’humanité depuis les Gémeaux, et qui peuvent être entièrement mises au service du double. » (25 novembre 1917)61 Il est donc dit que les forces émanant des Gémeaux peuvent être mises au service du double ahrimanien. Il faudrait encore éclaircir en quoi ces forces sont à placer sur le même plan que celles émanant du Sagittaire. Paul Emberson continue en déclarant que les processus électromagnétiques présents dans le système nerveux n’appartiendraient pas à ce dernier et ne devraient pas s’y trouver. À la page 35 [33], nous lisons que seules « de fines vibrations générées par le corps astral et stimulées dans les nerfs par l’activité du corps éthérique » devraient apparaître dans la substance nerveuse. Et à la page suivante nous lisons que, selon Rudolf Steiner, il s’agirait, dans le cas du penser spirituel, de vibrations extrêmement subtiles. Jusque-là, nous n’avons retrouvé nulle part une telle affirmation de Rudolf Steiner. En tout état de cause, d’après Paul Emberson, des vibrations exogènes dues aux ondulations des champs électromagnétiques dans l’environnement (c’est-à-dire la pollution électromagnétique) sont produites par induction dans les cellules électriquement chargées du double ahrimanien, à tel point que tout penser méditatif devient impossible. Par là, il justifie une affirmation préalablement énoncée en page 9 selon laquelle l’électrosmog62 effacerait la perception du Christ dans l’éthérique.
Dans le même contexte, Paul Emberson déclare aussi, à la page 9, que les radio-transmissions actuelles utilisent des « ondes carrées » dotées d’un motif « ondulatoire dentelé ». Ces déclarations nécessiteraient dans tous les cas de plus amples développements car nous ne pouvons envisager que les propos de Paul Emberson se rapportent aux aspects physiques des ondes de transmission radio. Au cours d’une visite chez Anthro-Tech, sur laquelle nous reviendrons plus loin, Paul Emberson a démontré l’effet que le crépitement d’un radiotéléphone induit sur la membrane d’un haut-parleur situé à proximité. Mais cela se produit du fait que les ondes radio sont « pulsées », et l’on pourrait assurément se pencher sur la manière dont les ondes pulsées agissent sur l’être humain. Or, même transmises par pulsation, les ondes physiques sont toujours sinusoïdales63. Sur ce point, l’exposé de Paul Emberson pourrait semer la confusion chez un lecteur peu versé dans le domaine, et c’est ce que nous voulons éviter ici. Il existe bel et bien des ondulations « carrées », comme Paul Emberson l’évoque à la page 33 lorsqu’il parle du courant à ondes rectangulaires de l’électronique digitale. Ces ondulations « carrées » se rapprochent d’une forme rectangulaire par la superposition harmonieuse de vibrations de différentes fréquences. On les utilise entre autres dans les puces informatiques où il importe de pouvoir distinguer avec certitude différentes mesures de voltage. Elles ne trouvent cependant aucune application dans la radio-transmission. Pourquoi Emberson les qualifie de « type de courant alternatif beaucoup plus terrible », cela n’est pas clair pour nous. D’autant que ces ondulations carrées ne sont pas utilisées pour le transfert d’énergie mais uniquement pour la gestion de signaux ou la production de tonalités. Nous voulons par la suite examiner quelques citations de Rudolf Steiner que Paul Emberson utilise aussi en partie pour son argumentation. Nous espérons qu’une reproduction plus complète de ces citations permettra de donner aux lecteurs un aperçu suffisant. À la page 35, Paul Emberson se réfère à la conférence de Rudolf Steiner du 28 janvier 1923, lorsqu’il écrit64 : « Dans les déclarations de Rudolf Steiner il n’est pas toujours question de dommages durables causés à l’organisme, mais souvent de la perturbation des vibrations humaines par les oscillation induites. Dès que cette impulsion étrangère est suffisamment forte pour vaincre les vibrations naturelles, c’en est fini de la pensée intuitive ou méditative. Rudolf Steiner faisait précisément cette observation et il disait : Et quand on regarde les représentations que l’on avait avant l’ère de l’électricité, on peut dire d’elles : elles laissaient encore au penseur qui abordait la Nature la liberté de penser le spirituel, au moins abstraitement, au sein de la Nature... Mais l’électricité a atteint les nerfs de l’homme moderne et elle a chassé des nerfs toute orientation vers le spirituel. » On peut se demander ici si Rudolf Steiner a effectivement parlé d’un effet direct de l’électricité sur les nerfs, rendant un penser intuitif ou méditatif impossible. Avant de revenir à cette question, nous aimerions reproduire de façon plus complète l’extrait de conférence donné par Paul Emberson.
Ainsi donc, le 28 janvier 1923, Rudolf Steiner déclare : « En fait, ce n’est qu’au tournant du xviiie au xixe siècle qu’a commencé à poindre cet ingrédient de la civilisation qui inonde aujourd’hui toute notre civilisation extérieure. Imaginez-vous donc un peu cet immense contraste ! Pensez à ce physicien qui préparait les cuisses d’une grenouille dont les cuisses, tressaillant en entrant en contact avec le métal du revêtement de sa fenêtre, lui firent découvrir l’électricité à ce niveau. Cela fait combien de temps ? Il n’y a pas un siècle et demi. Et aujourd’hui l’électricité est un ingrédient de la civilisation. Et pas seulement un ingrédient de la civilisation. Voyez-vous, lorsque des gens de mon âge étaient encore de jeunes jouvenceaux, personne n’aurait eu l’idée de décrire en physique des atomes autrement qu’en termes de petites sphères dépourvues d’élasticité, ou éventuellement douées d’élasticité, entrant réciproquement en collision, etc., et on calculait les résultats de ces collisions. Personne n’aurait encore eu l’idée autrefois de représenter purement et simplement l’atome comme on le représente aujourd’hui : comme un électron, comme une entité se composant en fait strictement d’électricité. La pensée des hommes est devenue complètement obnubilée par l’électricité, et ceci depuis peu de temps. Nous présentons aujourd’hui les atomes comme quelque chose où l’électricité s’agglutine autour d’une sorte de petit soleil, autour d’un point central. Nous parlons d’électrons. Lorsque nous considérons ainsi ce qui met l’univers en mouvement, alors nous présumons partout de l’électricité. Là, on voit bien que la culture extérieure dépend de notre penser. Des gens qui n’emprunteraient pas de moyens de transport électrifiés ne se représenteraient pas non plus les atomes sous une forme électrique.
Et si l’on considère maintenant les représentations que l’on avait avant l’époque de l’électricité, on peut dire de celles-ci qu’elles donnaient encore à l’investigateur de la nature65 la liberté de concevoir le spirituel dans la nature, au moins abstraitement. Un minuscule petit vestige du réalisme scolastique subsistait encore. Mais en s’appliquant aux nerfs de l’homme moderne, l’électricité a chassé des nerfs toute inclination vers la spiritualité. Et les choses sont allées encore plus loin. La toute honnête lumière, qui flue à travers l’espace cosmique a été, petit à petit, calomniée, comme étant une chose analogue à l’électricité. Quand on parle aujourd’hui de ces choses quelqu’un, dont la tête est complètement submergée par la vague culturelle de l’électricité, il a bien entendu l’impression qu’on ne raconte que des sornettes. Mais c’est parce que cet homme considère cela comme des sornettes qu’il tire la langue – comme le chien qui suffoque de chaleur – en portant le poids de l’histoire sur son dos, en se traînant accablé de concepts historiques et ne sachant plus s’exprimer à partir de l’immédiateté du présent. Car voyez-vous, avec l’électricité, on entre dans un domaine qui se présente à la vision imaginative autrement que d’autres domaines de la nature. Aussi longtemps qu’on était resté dans la lumière, dans le monde des sons, donc dans l’optique et l’acoustique, point n’était besoin d’apprécier moralement ce que la pierre, la plante, l’animal vous révélaient dans la lumière sous forme de couleurs, dans le monde auditif sous forme de sons, parce qu’on avait un souvenir, aussi faible fut-il, de la réalité des concepts et des idées. Mais l’électricité a chassé cet écho. Et si d’un côté on n’est pas en mesure aujourd’hui de trouver la réalité en ce qui concerne le monde des impulsions morales, on n’est d’autre part vraiment pas en mesure de trouver la moralité dans le champ de ce qu’on considère comme le plus important ingrédient de la nature. Quand on attribue aujourd’hui aux impulsions morales une efficacité réelle, au point qu’elles aient en elles la force de devenir plus tard réalité sensible tout comme le germe d’une plante, on passe pour à moitié fou. Mais, si aujourd’hui quelqu’un venait attribuer des impulsions morales à des effets naturels, il passerait pour complètement fou. Et pourtant, quiconque a jamais senti, consciemment avec une véritable intuition spirituelle, le courant électrique passer à travers son système nerveux sait que l’électricité n’est pas seulement un courant d’origine naturelle, mais qu’il est en même temps un élément moral dans la nature; et qu’au moment où nous entrons dans le domaine de l’électricité, nous pénétrons aussi dans le domaine moral. Car, si vous mettez les doigts dans un circuit électrique fermé vous sentez aussitôt qu’ils élargissent votre
vie intérieure à un domaine d’où, au même moment, l’élément moral se retire. Vous ne pouvez chercher l’électricité personnelle qui réside en l’homme dans aucun autre domaine que là où, au même moment, les impulsions morales se retirent. Celui qui ressent la totalité du fait électrique, ressent bien en même temps la moralité propre au fait naturel. Et sans s’en douter les physiciens modernes ont en fait accompli un étrange tour de passe-passe. Ils ont représenté l’atome sous une forme électrique et, selon la conscience générale de l’époque, ils ont oublié qu’en le représentant sous une forme électrique ils lui attribuent une impulsion morale, ils en font un être moral. Or, ce que je dis maintenant est inexact. Car en faisant de l’atome un électron, on n’en fait pas un être moral, on en fait un être immoral. Assurément, les impulsions morales, les impulsions naturelles, nagent dans l’électricité mais ce sont des impulsions immorales, ce sont les instincts du Mal qui doivent être dominés par le monde d’en haut. Et le contraire le plus absolu de l’électricité, c’est la lumière. C’est mélanger le Bien et le Mal que de considérer la lumière comme de l’électricité. On a précisément perdu la véritable perception du Mal dans l’ordonnance de la nature si l’on n’est pas conscient qu’en électrifiant les atomes on en fait, en réalité, les porteurs du Mal, non seulement les porteurs de la chose morte comme je l’ai exposé dans le dernier cours, mais du Mal. En laissant les atomes comme tels, en se représentant la matière atomiquement, on en fait les porteurs du mal.
À l’instant même où l’on électrifie cette partie de la matière on se représente la nature comme le mal. Car des atomes électriques sont mauvais, de petits démons. » (28 janvier 1923)66 Lorsqu’il s’exprime sur la nature de l’électricité en la qualifiant d’immorale et même de mauvaise dans sa tendance fondamentale, les paroles de Rudolf Steiner nous paraissent jusque-là compréhensibles et exemptes d’ambiguïtés. L’opinion, que l’on rencontre aussi ici et là parmi les anthroposophes, selon laquelle l’électricité ne serait ni immorale ni morale, qu’elle serait donc amorale mais que tout dépendrait de l’utilisation que les hommes en font, ne correspond pas à ces déclarations de Rudolf Steiner. Mais il ne nous semble pas que de la phrase : « l’électricité a affecté les nerfs de l’homme moderne et en a extirpé tout ce qui pouvait le conduire vers le spirituel », il découle nécessairement que l’effet de l’électricité sur les nerfs puisse être directement comparé aux effets de l’électrosmog. Dans cette conférence, Rudolf Steiner parlait plutôt de l’effet découlant d’une conception du monde selon laquelle l’électricité serait le fondement de toute chose. Il est en effet intéressant qu’il ait également dit que voyager dans un train électrique avait une incidence sur notre façon de voir le monde. Sans citer de source, Paul Emberson déclare à la page 30 [28] que pour Rudolf Steiner les impulsions immorales et les instincts du mal résident dans l’électricité. Cela dit, il se réfère très probablement à cette conférence du 28 janvier 1923. Du reste, nous sommes convaincus que nous ne pouvons en aucun cas passer sous silence ce que Rudolf Steiner dit directement à la suite de ces explications, car cela nous amène, en ce qui concerne la manière de se positionner de l’homme moderne face aux influences de l’électricité et de la technique, à adopter un point de vue complètement différent de celui auquel conduisent les conclusions de Paul Emberson. Rudolf Steiner dit dans cette même conférence : « Si l’anthroposophie était un fanatisme, si l’anthroposophie était un ascétisme, l’anathème tomberait aussitôt sur la civilisation de l’électricité. Mais ce serait évidemment un non-sens, car seuls peuvent parler ainsi des visions du monde ceux qui ne tiennent pas compte de la réalité. Ceux-là peuvent dire : Oh, c’est ahrimanien ! Chassons-le ! On ne peut en effet faire cela que dans l’abstraction. Car, une fois que l’on a organisé une réunion sectaire et vociféré à propos des protections à prendre contre Ahriman, on n’en descend pas moins l’escalier pour monter dans le tramway électrique. Si bien que toutes ces vociférations à propos d’Ahriman peuvent bien prendre des accents sacrés, pardonnez cette expression triviale : c’est une mascarade. On ne peut pas fermer les yeux sur le fait qu’on est obligé de vivre avec Ahriman. Il faut vivre avec lui d’une manière juste, il faut seulement ne pas se laisser subjuguer par lui. » (28 janvier 1923)67
Et vers la fin de cette conférence il ajoute : « Nous devons avoir le courage de nous servir de concepts moraux, donc dans le cas présent de concepts antimoraux, quand nous parlons de l’électricité. L’homme moderne en effet a horreur des faits. Il trouve désagréable de devoir s’avouer qu’en prenant les transports électriques il s’assoit dans le fauteuil d’Ahriman. Il préfère donc se mystifier et organiser des rassemblements sectaires où il dit : Il faut se protéger d’Ahriman. Mais ce n’est pas cela qui importe ; ce qui importe c’est que nous sachions que l’évolution terrestre est dorénavant une évolution où les forces naturelles elles-mêmes, qui interviennent dans la civilisation, doivent forcément être ahrimanisées. Et il faut même qu’on en soit conscient parce que ce n’est que de cette façon que l’on trouvera le juste chemin. » (28 janvier 1923)68 Si l’on prend au sérieux ces paroles de Rudolf Steiner, alors les propositions de Paul Emberson de se retirer de l’ensemble de la civilisation, qui utilise l’ordinateur et où naît l’électrosmog, n’apparaissent pas comme un chemin à rechercher. Paul Emberson objecterait certainement que la technique actuelle s’est justement développée de manière si extrême qu’il n’est plus possible d’éviter qu’elle nous submerge, ainsi que Rudolf Steiner le préconisait face à la présence de la technique à son époque. Paul Emberson raconte aux pages 19 [18] et 20 [19] que Rudolf Steiner aurait mis en garde contre les effets de la transmission sans fil. Il se réfère ici à la réponse à une question, le 16 juin 1924, dans le cadre des conférences sur l’agriculture de Koberwitz.
La même source sera citée à la page 33 [32] dans un contexte similaire. Dans ce qui suit, Rudolf Steiner répondait à la question de savoir s’il était permis de conserver de grandes quantités de fourrage par le courant électrique : « Quel est ici le but recherché ? Votre question nous oblige évidemment à une réflexion sur l’étendue du rôle que joue l’électricité dans la nature en général. J’aimerais dire qu’il est tout de même consolant d’entendre d’ores et déjà des voix venues d’Amérique, ce pays où le sens de l’observation se manifeste en général mieux que chez nous en Europe, qui s’expriment dans ce sens que les hommes ne peuvent pas évoluer de la même façon dans une atmosphère sillonnée de toutes parts par des courants et des radiations électriques et qu’au contraire cet état de choses a un retentissement sur toute l’évolution humaine. La vie de l’âme ne sera plus la même si l’on donne à ces choses l’extension qu’on projette de leur donner. Il y a déjà une différence selon que vous équipez les chemins de fer d’une région de locomotives à vapeur, ou que vous électrifiez le réseau. Les effets de la vapeur nous sont assez conscients, ceux de l’électricité, eux, nous sont redoutablement inconscients, et les êtres humains ignorent d’où viennent certaines choses. À bien y réfléchir, il ne fait pas de doute qu’il y a là une évolution dans le sens d’une utilisation de l’électricité en surface sous forme rayonnante, mais aussi sous forme conductrice afin de transmettre des nouvelles le plus vite possible d’un point à un autre ; à vivre ainsi, notamment dans l’électricité rayonnante, les hommes finiront par ne plus comprendre ces nouvelles qui leur parviennent avec tant de rapidité. Cette vie agit comme un éteignoir sur la faculté de comprendre. Déjà maintenant, on en remarque certains effets. Vous pouvez remarquer dès aujourd’hui que les hommes ont beaucoup plus de mal à saisir ce qui leur arrive qu’il y a encore quelques décennies. Il est néanmoins consolant de voir se répandre au moins de l’Amérique une conscience de ces choses. D’autre part, nous savons que quand apparaît quelque chose de nouveau, on commence d’ordinaire par en faire également un remède. Mais par la suite les prophètes se servent également de la chose. Il est curieux de voir qu’à l’apparition d’une nouveauté les clairvoyances se réduisent aussi à des choses humaines. Vous aurez par exemple quelqu’un qui prophétise aux hommes les vertus curatives de l’électricité alors que cela ne lui serait jamais passé à l’idée auparavant. C’est ainsi que naissent les modes.
Tant que l’électricité n’existait pas, qui donc aurait pensé qu’elle pût soigner ? Personne. Et tout à coup, pas seulement parce qu’elle est là mais parce que la mode en est venue, la voilà brusquement promue au rang de médicament. L’électricité n’a souvent guère plus de valeur thérapeutique, lorsqu’on l’emploie pour ses radiations, que de petites aiguilles fines qu’on prend pour faire des piqûres. Ce n’est pas l’électricité qui guérit en l’occurrence, mais c’est le choc qu’elle provoque qui a un effet salutaire. Il ne faut pas oublier non plus que l’électricité agit toujours particulièrement sur l’organisation supérieure, l’organisation tête chez l’homme et chez l’animal et que par conséquent, chez la plante, c’est sur le système racine qu’elle agit avec une force extraordinaire. Donc lorsqu’on se sert de l’électricité pour irradier les aliments, on obtient une nourriture qui petit à petit a nécessairement sur l’animal qui la consomme un effet sclérosant. C’est un processus lent – on ne s’en aperçoit pas tout de suite – on s’apercevra tout d’abord que pour une raison ou pour une autre les animaux meurent avant l’heure. On n’en attribuera pas la cause à l’électricité, on trouvera toutes les raisons possibles et imaginables. Mais l’électricité, après tout, n’est pas une force qui devrait agir sur de la matière vivante, elle ne devrait pas servir à stimuler le vivant ; elle en est incapable. Quand on sait que l’électricité se situe un niveau en dessous du niveau du vivant et que plus le vivant est à un stade évolué, plus il s’évertue à repousser l’électricité – il s’agit effectivement de répulsion – et quand d’autre part on oblige le vivant à utiliser des moyens de défense alors qu’il n’y a pas nécessité de se défendre, alors petit à petit la nervosité, l’agitation et la sclérose s’emparent de ce vivant. » (16 juin 1924)69 Rudolf Steiner indique ici de façon tout à fait claire que le fait de vivre dans une atmosphère sillonnée de toutes parts par des courants et des rayonnements électriques, exerce une influence sur l’évolution de l’homme.
Il y est même question de l’utilisation de l’électricité rayonnante pour la transmission d’informations. On ne peut donc pas reprocher à Paul Emberson une interprétation abusive. Les déclarations de Rudolf Steiner sur le fait que l’électricité ne devrait pas agir à l’intérieur du vivant jettent, en effet, une lumière sérieusement inquiétante sur l’ensemble des champs électromagnétiques alternatifs qui sont devenus entre temps un phénomène de civilisation omniprésent. Par ailleurs, Paul Emberson écrit à la page 32 [31] que Rudolf Steiner se serait opposé à l’utilisation du courant alternatif à la place du courant continu. Mais malheureusement, encore une fois, aucune source n’est mentionnée. Dans une citation de Rudolf Steiner du 11 juillet 1923 que Paul Emberson cite à la page 23 [22], on trouve d’autres éléments qui peuvent être rapportés au phénomène de l’électrosmog : « Comparez le monde d’aujourd’hui à celui d’il y a 100 ans. Si vous comparez le monde d’aujourd’hui à celui d’il y a 100 ans, vous vous direz qu’il existe une différence en général entre aujourd’hui et l’époque remontant un siècle en arrière. Mais une différence des plus énormes, qui n’est pas prise en compte, est qu’aujourd’hui notre atmosphère de toutes parts est sillonnée par plein de câbles de télégraphes, de téléphones, etc. Cela dit, en Europe, l’entrelacement de câbles semble n’être encore qu’un jeu d’enfants à côté des États-Unis. C’est la raison pour laquelle nous trouvons là-bas une once de discernement vis-à-vis de ce que cela signifie pour l’homme. Là-bas, on pressent que l’homme est influencé par la vie qui bourdonne dans l’air à travers les câbles télégraphiques, que l’homme devient un véritable appareil d’induction. Réfléchissez au fait qu’un courant opposé agit dans vos nerfs et qu’également un courant redressé agit dans votre système sanguin. L’humanité porte aujourd’hui tout cela en elle, mais on en parle à peine. Ce sont, au sens le plus fort, des forces ahrimaniennes que l’homme d’aujourd’hui intègre par la culture extérieure, et il ne peut pas non plus les repousser. On se fait bien des idées sur ce qu’il est possible et sur ce qui est le plus improbable, mais des réalités les plus fortes, l’humanité s’en préoccupe justement le moins. On devrait, par exemple aussi, se demander un jour dans quelle mesure la différence entre Goethe et l’homme d’aujourd’hui consiste dans le fait que Goethe n’était pas encore entouré de câbles télégraphiques. Voyez-vous, ce qui est aujourd’hui dévastation de l’âme humaine est essentiellement en lien avec tout ceci. » (11 juillet 1923)70
Conclusions Nous voilà arrivés au terme de notre exposé critique sur les déclarations de Paul Emberson et sur
ses références à Rudolf Steiner que nous n’avons malheureusement pas toujours réussi à retrouver. Le lecteur se sera peut-être demandé si nous n’avions pas essayé d’entrer personnellement en contact avec Paul Emberson afin d’obtenir des clarifications. Une tentative a bien eu lieu en ce sens, quoique de façon plutôt non conventionnelle. Du fait de la façon dont Paul Emberson a rendu public ce débat sur la technique et sur le rôle de la Société anthroposophique par la publication du n°10 d’Anthro-Tech News à l’hiver 200971, la Section mathématique - astronomique a pris la décision de travailler pour trouver des solutions aux problèmes soulevés dans ce n°10 de manière également plus officielle. Les expériences faites au cours des années précédentes avec Paul Emberson et son manque d’ouverture furent une raison supplémentaire pour amorcer ce travail. Une brochure de dix pages résumant les déclarations non clarifiées de Paul Emberson a été élaborée et fut envoyée à des personnes connues de la Section mathématique - astronomique, avec la demande de contribuer au travail d’éclaircissement. Ce même résumé fut également envoyé à Paul Emberson avec une lettre personnelle. Grâce aux réponses à cet appel, nous avons pu retrouver trace de l’assertion de Rudolf Steiner selon laquelle la technologie de Strader aurait dû être inventée dès les années 1930. Au moment de lancer notre appel, ce passage ne nous était pas encore connu. À part ce cas précis nous n’avons pu clarifier aucun des points en question, et aucune réponse de Paul Emberson ne nous est parvenue. En juin 2010, une rencontre eut lieu à Anthro-Tech, aux Sciernes-d’Albeuves, entre Bodo von Plato, membre du comité directeur de la Société anthroposophique, et Paul Emberson, afin de parler avec lui de sa position vis-à-vis de la Société et de l’École de science de l’esprit. Il s’agissait de comprendre pourquoi, au vu des critiques adressées aux deux institutions, il ne manifestait pas d’intérêt pour un dialogue et ne s’était pas non plus retiré de la Société ou de l’École de science de l’esprit.
Le rédacteur de cet article a pu assister à cette rencontre dans l’espoir, au cours d’un entretien personnel avec Paul Emberson, d’obtenir davantage de clarté sur ses déclarations. Bodo von Plato avait l’intention de convier à cette rencontre un autre jeune anthroposophe, Louis Defèche, qui s’était par le passé confronté de manière critique avec les écrits de Paul Emberson. À la veille de la visite, Paul Emberson nous fit comprendre qu’il préférait ne pas le recevoir. La rencontre chez Anthro-Tech se déroula dans une atmosphère amicale. Cependant, Paul Emberson nous signala vite qu’il souhaitait principalement parler avec Bodo von Plato des questions relatives à son positionnement face à la Société anthroposophique et à l’École de science de l’esprit. Il ne sembla pas s’intéresser à une clarification des questions posées par la Section mathématique - astronomique. Il nous confia plus tard qu’il n’accordait aucune valeur à la méthode et au style de l’appel qui avait été élaboré. Selon lui, la forme rédactionnelle reflétait une « pensée informatique » binaire qui ne cherche que des réponses de type « oui » ou « non ». À la question de savoir pourquoi il citait Rudolf Steiner sans en donner les sources, il répondit en substance que, s’il le faisait, le lecteur ne ferait plus que consulter l’œuvre complète et ne réfléchirait plus par lui-même. Lorsqu’il lui fut ensuite demandé pourquoi il y associait Rudolf Steiner au lieu de faire valoir ses opinions pour elles-mêmes, il expliqua qu’il se sentait obligé de le faire au cas où ses opinions et des déclarations de Rudolf Steiner se recoupaient, et qu’il travaillait de toute façon avec l’œuvre de Rudolf Steiner. Quand on lui demanda derechef en quoi une indication des sources était trop exiger, l’argumentation était retournée au point de départ et il consentit finalement à mettre à disposition les références manquantes. Cependant, il ne fixa pas le délai dans lequel il trouverait le temps d’y travailler et la Section mathématique - astronomique n’a rien reçu jusqu’à ce jour. Une visite guidée circonstanciée à travers les ateliers, équipés de machines complexes, en partie anciennes, issues de l’industrie de l’horlogerie, avait pris trop de temps pour que nous puissions voir ce que ces machines permettaient de développer ou d’accomplir. Comme l’entretien prévu était prioritaire, il ne fut plus question, pour des raisons de temps, d’assister à une démonstration des techniques de recherche d’ Anthro-Tech comme l’Harmogyra.
Comme nous l’avons évoqué, toute la rencontre se déroula dans une atmosphère amicale et humainement empreinte de courtoisie. À la fin restait l’impression d’avoir réalisé un pas l’un vers l’autre, aussi bien concernant la clarification de questions techniques que la relation de Paul Emberson à la Société anthroposophique et à l’École de science de l’esprit. Cependant, Paul Emberson n’a pas répondu à une lettre amicale de Bodo von Plato, envoyée dans les semaines suivant notre visite et résumant les résultats de la rencontre, si bien que seul le temps pourra montrer quels seront les prochains points de contact entre AnthroTech et le Goetheanum ou la Section mathématique - astronomique. Au cours de nos recherches, nous avons rencontré d’autres passages de l’œuvre orale de Rudolf Steiner en lien avec la thématique traitée ici. Nous voulons conclure en les présentant puis en essayant de donner un aperçu de la direction vers laquelle les réflexions pourraient se diriger à l’avenir. Le passage suivant, datant du 11 juillet 1923, est à ranger sans équivoque parmi les propos de Rudolf Steiner que l’on peut considérer comme indicatives sur le thème de l’électrosmog : « Ce que j’avais déjà été amené à dire en d’autres lieux, je désire le répéter ici. Dans certaines régions de la terre, on arrive enfin à saisir qu’il existe une différence entre notre époque et celle d’il y a un siècle. On parle de Goethe comme il a vécu, disons, en 1823, en oubliant de préciser un aspect qui, en Amérique où cela est d’une actualité plus grande qu’en Europe, commence à poindre sous forme d’un pressentiment. Rappelezvous Weimar, et tous ces lieux où Goethe s’est promené ; il n’y avait nulle part de fils télégraphiques, de lignes de téléphone etc. L’air n’était pas parcouru par des lignes télégraphiques ou des lignes électriques. Songez un instant à la subtilité des instruments qui servent à envoyer partout les effets de l’électricité. Or, l’être humain est constamment entouré par ce genre d’appareils. Les Américains commencent à se demander si ce qui circule partout dans les installations électriques n’aurait pas quelque effet sur l’être humain physique. Goethe a pu se promener par le monde sans que son corps soit incommodé par des flux d’induction. Aujourd’hui, on peut s’éloigner très loin, mais il n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour être doublé par des installations électriques. Nous sommes toujours soumis à des courants inductifs. Cela, Goethe ne l’a pas connu.
Tout cela prive l’humanité de son corps physique, agit sur le corps physique de telle sorte que l’âme ne peut pas y entrer. Nous devons savoir qu’à l’époque où les courants électriques n’existaient pas, et où l’air n’était pas parcouru dans tous les sens par des lignes électriques, il était plus facile d’être homme. Il n’y avait alors pas encore cette présence permanente de forces ahrimaniennes qui nous subtilisent notre corps, même à l’état de veille. À cette époque, les gens n’avaient pas à faire tant d’efforts pour accéder à l’esprit. Voilà pourquoi, si nous voulons véritablement être homme, nous avons besoin de développer, aujourd’hui, des capacités spirituelles bien plus fortes qu’il y a cent ans. Loin de moi l’idée de défendre une position réactionnaire et de dire, par exemple : donc, éliminons tout cela, libérons-nous des acquis de la civilisation moderne ! Telle n’est pas mon intention. Mais l’être humain a besoin, aujourd’hui, de cette orientation spirituelle que lui oppose la science de l’esprit. Par l’expérience puissante de l’esprit, il devient plus fort pour faire front aux puissances qui se font jour dans le sillage de la civilisation moderne et tendent à solidifier notre corps pour mieux nous le subtiliser. Si cela ne se réalise pas, nous en arriverons au point où – je dirais volontiers – les hommes rateront la jonction avec le devenir de l’humanité. » (11 juillet 1923)72 Les déclarations faites ici par Rudolf Steiner indiquent sans ambiguïté que, de son point de vue,
les lignes électriques dans notre environnement engendrent sur les êtres humains des effets qui peuvent être critiqués. Si l’on réfléchit à quel point ces influences se sont renforcées de nos jours, en comparaison de celles que Rudolf Steiner connaissait en 1923, produites par les câbles télégraphiques et autres installations, on peut effectivement se demander s’il est encore possible, en présence de telles influences, de mettre en œuvre les capacités spirituelles nécessaires pour être un homme, comme Steiner l’exprime. Paul Emberson dirait que cela n’est possible qu’à travers la nouvelle forme de chemin initiatique qu’il propose et en évitant l’électronique moderne. Nous laissons cette question ouverte, mais souhaitons encore ajouter quelques déclarations de Rudolf Steiner qui entrent selon nous dans ce contexte. Il s’agit de passages qui soulignent clairement que toute technologie engendre des influences problématiques sur l’être humain.
Cependant, il faut toujours comprendre qu’il ne saurait être question de se tenir à l’écart de ces technologies. Au lieu de paraphraser ou d’interpréter, laissons parler cet extrait de la conférence du 5 décembre 1907, « La fièvre à la lumière de la science de l’esprit » : « Durant le processus de civilisation, l’homme est constamment placé dans des contextes différents. S’il en était autrement il n’y aurait pas d’évolution, pas d’histoire de l’humanité. Ce que l’expérimentation nous a permis d’observer73, chez les animaux, comme effet produit sur le corps physique se manifeste de façon inverse chez l’homme. Parce qu’il dispose d’un moi, l’homme est capable d’assimiler intérieurement les impressions culturelles qui l’assaillent du dehors. Il est intérieurement actif, il adapte d’abord son corps astral à ces conditions modifiées et le restructure. Au cours de l’évolution l’homme atteint des stades plus élevés et reçoit sans cesse de nouvelles impressions. Celles-ci s’expriment d’abord par des sentiments et des sensations. Si l’homme restait passif et inerte, si aucune activité productive ne pouvait plus se manifester, il s’étiolerait et tomberait malade comme c’est le cas pour l’animal. Mais l’être humain se distingue par sa capacité à s’adapter et à modifier progressivement ses corps éthérique et physique à partir du corps astral L’homme doit toutefois être intérieurement à la hauteur de cette transformation, faute de quoi aucun équilibre ne pourrait s’établir entre ce qui vient à lui de l’extérieur et ce qui réagit de l’intérieur. Nous serions alors oppressés par les impressions venant de l’extérieur, comme l’animal en cage est oppressé car il ne développe aucune productivité intérieure.
L’homme possède cette activité intérieure. Il doit toujours pouvoir opposer quelque chose aux lumières spirituelles qui l’entourent, leur permettre en quelque sorte d’être vues. Tout ce qui engendre une dysharmonie entre les impressions extérieures et la vie intérieure est source de maladie. Dans les grandes villes en particulier, nous pouvons voir ce qui se produit lorsque les impressions extérieures augmentent à l’extrême. Quand nous devons nous presser au milieu du vacarme et des gens pressés qui nous passent à côté sans pouvoir nous positionner intérieurement, sans possibilité d’intervenir, cela a des effets malsains. Quand je dis « se positionner » vis-à-vis de ces choses, il ne s’agit nullement de quelque chose de rationnel mais de la possibilité de réagir au niveau du ressenti, dans notre âme et même dans notre corps. Pour mieux comprendre cela, considérons un type de maladie spécifique de notre époque et qui jadis n’existait pas : une personne qui n’est pas habituée à intégrer beaucoup de choses, qui s’est appauvrie dans son âme, sera submergée d’impressions au point de se trouver face à un monde extérieur devenu incompréhensible. C’est le cas chez certaines natures féminines : la vie intérieure est trop faible, trop peu structurée pour tout assimiler. Ce phénomène, qui se trouve aussi chez des hommes, aboutit aux maladies hystériques. Les maladies hystériques en sont la conséquence.
Toutes ces maladies de ce type ont leur origine dans ce qui vient d’être décrit. Une autre forme de maladie apparaît quand notre vie nous conduit, face à ce qui nous vient du monde extérieur, à trop vouloir comprendre. Cela se manifeste plutôt chez les hommes souffrant de la maladie de causalité. Ils ont la manie de toujours se demander : pourquoi ? pourquoi ? On commence même à entendre parler de l’homme comme d’un « animal de causalité perpétuelle ». Aujourd’hui, les règles de la politesse ne nous permettent plus de répondre aux questions futiles à la manière d’un certain fondateur de religion. Lorsqu’on lui demandait ce que Dieu faisait avant d’avoir créé le monde il disait : « Il taillait des verges pour ceux qui posent des questions inutiles. ». C’est exactement l’état opposé de l’hystérique. Nous avons ici une aspiration trop forte et sans trêve pour la résolution d’énigmes. Ce n’est ici qu’une expression pour un état intérieur. Celui qui ne se fatigue jamais de toujours demander « Pourquoi ? » a une autre constitution que les autres hommes. Ses fonctions organiques et spirituelles se déroulent autrement que chez quelqu’un qui ne demande « Pourquoi ? » que pour un motif extérieur. Cela conduit à tous les états hypocondriaques, des troubles les plus légers jusqu’aux délires pathologiques les plus lourds.
C’est ainsi que le processus de civilisation agit sur l’homme. L’être humain doit avant tout garder l’esprit ouvert, pour être capable d’assimiler intérieurement ce qui vient à lui du dehors. Nous comprendrons mieux maintenant pourquoi tant d’êtres humains aspirent à se retirer de cette civilisation, à fuir ce genre de vie. Ils ne peuvent plus tenir tête à ce qui les pénètre, ils cherchent à en réchapper. Ce sont toujours des natures faibles qui ne savent pas opposer une vie intérieure puissante aux impressions extérieures. » (5 décembre 1907)74 Opposer une vie intérieure puissante aux impressions extérieures serait donc un remède permettant de faire face à l’évolution culturelle. Les ordinateurs, les téléphones portables et les champs électromagnétiques font-ils partie de ces phénomènes desquels on pourrait soustraire les effets oppressants et nocifs par une vie intérieure une vie intérieure forte ? En va-t-il de même en ce qui concerne ces impressions culturelles : ceux qui cherchent à les éviter seraient des natures faibles ? Sept ans après la conférence qui vient d’être citée, nous trouvons encore un passage dans une conférence du 28 décembre 1914 où Rudolf Steiner s’exprime au sujet de la tendance à vouloir simplement éviter les influences ahrimaniennes extérieures, et où il ne passe pas non plus sous silence les effets dommageables d’un environnement qui se technicise toujours plus. « Or, l’être humain n’accède à ce lien qu’il doit avoir, s’il veut être un homme au vrai sens du mot, qu’en le recherchant à travers la vie dans son être intérieur, s’il peut, dans ce qu’il vit intérieurement, plonger assez loin dans les profondeurs de son âme pour y trouver les forces qui l’unissent à la réalité spirituelle dont il est né et dans le sein de laquelle il repose ; dont il peut être séparé, dont il a déjà été séparé par les perceptions sensorielles et la pensée qui comprend, et maintenant aussi, comme nous l’avons vu, par la vie moderne qui l’emplit d’esprits ahrimaniens. C’est seulement en plongeant dans les profondeurs de son propre être que l’homme trouve le lien avec les êtres spirituels divins favorables et salutaires, avec les Hiérarchies spirituelles qui suivent en ligne droite le fil de l’évolution.
Cette liaison avec les Hiérarchies spirituelles, pour lesquelles nous sommes en réalité nés spirituellement, cette vie en commun avec elles est rendue pour l’homme extrêmement difficile par un monde de plus en plus imprégné par le milieu que crée la technique moderne. L’être humain est en quelque sorte arraché à ses liens spirituels et cosmiques et, en son être intérieur, les forces qu’il doit développer pour rester uni à l’esprit et à l’âme du cosmos sont affaiblies et amoindries. Celui qui a déjà accompli les premiers pas de l’initiation s’aperçoit donc que toutes les machineries qui imprègnent la vie moderne pénètrent dans la nature spirituelle et psychique de l’homme en y détruisant, en y tuant beaucoup de choses. Et cet homme s’aperçoit que cette destruction lui rend particulièrement difficile de réellement développer les forces intérieures qui créent le lien entre l’être humain et les entités spirituelles légitimes – comprenez bien ce mot – des Hiérarchies. Lorsque celui qui, ayant accompli les premiers pas dans l’initiation, et se trouvant dans un wagon de chemin de fer ou sur un vapeur, veut par la méditation pénétrer dans le monde spirituel, il se donne naturellement de la peine pour développer la force de vision et de contemplation qui l’élève vers ce monde spirituel, mais il constate que le monde ahrimanien emplit son être de tout ce qui s’oppose à cet élan vers le monde spirituel, et le combat est alors gigantesque. On peut le dire, c’est un combat intérieur à vivre dans le corps éthérique, un combat où l’on est pulvérisé, broyé. Ce combat, ceux qui n’ont pas fait les premiers pas de l’initiation le livrent aussi, naturellement, et la seule différence, c’est que celui qui a accompli ces premiers pas en est conscient. Chacun doit le livrer, chacun en vit les effets. Ce serait commettre la plus grave erreur que de dire : il faut se défendre contre tout ce que la technique a apporté dans la vie moderne, il faut se protéger contre Ahriman, il faut s’écarter de cette vie moderne. Le véritable remède consiste non pas à laisser s’affaiblir les forces de l’âme moderne et à se distancer de la vie moderne, mais au contraire à fortifier l’âme pour qu’elle puisse supporter cette vie. Garder son courage devant la vie moderne, voilà ce que demande le karma du monde, et c’est pourquoi la véritable science de l’esprit a ce caractère singulier : elle exige d’emblée de l’âme humaine des efforts, et même des efforts plus ou moins intenses.
On entend dire si souvent : oui, les livres traitant de la science de l’esprit dont nous disposons sont d’une écriture difficile, ils exigent qu’on fasse de vrais efforts, qu’on poursuive activement le développement des forces de son âme pour s’adapter vraiment à cette science de l’esprit. Des gens « pleins de bonne volonté » – je le dis entre guillemets – viennent constamment exprimer, devant les passages difficiles, le désir de faciliter un peu les choses à leur prochain, et veulent autant que possible – cette fois, je ne dis pas entre guillemets – vulgariser ce qui est écrit dans un style un peu malaisé. Mais la nature même de la science de l’esprit veut qu’elle pose des exigences à l’activité de l’âme, qu’en un certain sens on ne parvienne pas facilement à admettre son enseignement ; car dans son champ il ne s’agit pas seulement de recevoir ce qu’elle a à dire sur telle ou telle chose ; il s’agit de la façon dont on le reçoit : d’une âme active, en faisant des efforts, comme si – pardonnez-moi l’expression familière – comme s’il fallait assimiler la substance de la science spirituelle à la sueur de son âme. Ceci fait partie – excusez l’expression empruntée à la mécanique – de l’appareil de la science de l’esprit. Lorsqu’on fuit en quelque sorte les idées et les concepts difficiles que celle-ci propose, on révèle encore qu’on a mal compris ce qu’est son nerf véritable. Et combien d’humains les fuient, nous le savons bien, combien préfèrent de beaucoup rêver – que le Seigneur le donne aux siens dans leur sommeil ! – et préfèrent infiniment se faire dépeindre dès le début, en toutes sortes d’images de rêve, le monde spirituel, plutôt que de conquérir des connaissances par l’activité, par les efforts de la vie intérieure de l’âme.
Nous savons combien nombreux sont ceux qui préfèrent faire l’expérience de telle ou telle vision plutôt que de s’asseoir et d’étudier un livre traitant de thèmes difficiles de la science de l’esprit ; livre qui certes est fait pour parler aux forces de l’âme humaine endormies durant la vie diurne courante, qui donc stimule ce qui sinon reste inconscient en l’homme et par là le fait pénétrer de façon vivante dans le monde spirituel. La bonne démarche ne consiste pas à laisser se dérouler passivement la vie consciente en planant dans la pénombre, mais à faire effort pour traverser, dans l’activité de l’âme, le développement des pensées et des idées. Car, lorsqu’on s’adapte à ces développements de pensées et d’idées, lorsqu’on fait effort, qu’on les assimile vaillamment, on parvient grâce à cette adaptation active, courageuse, au degré où ne faire que théoriser, que penser, qu’admettre ce qui est ainsi donné, se transforme en une contemplation, en une véritable présence dans le monde spirituel. Mais ce qui pour nous découle de ces considérations et devient précisément une conception de la vie moderne, c’est qu’en raison du milieu que crée la technique, nous descendons dans une sorte de sphère ahrimanienne et nous nous laissons imprégner de spiritualité ahrimanienne.
Le plus terrible malheur se serait produit dans l’évolution de la terre si dans le passé des mesures n’avaient pas été prises en vue de ce que, conformément au karma du monde, l’humanité moderne doit vivre sous l’influence de cette spiritualité ahrimanienne. La vie se déroule et ne peut se dérouler autrement, diraisje volontiers, que selon un rythme pendulaire. Elle est vécue comme oscillant d’un côté à l’autre en un battement de pendule. On ne peut pas dire, par exemple : gardons-nous d’Ahriman ! – Car il n’existe pas de moyen qui permette de se garder de lui. Et quand quelqu’un aspire, par exemple, à se retirer dans une petite chambre où les couleurs lui conviennent aussi bien que possible, là où il n’y a pas d’usines et où il ne passe pas de trains, afin de se trouver tout à fait à l’abri de la vie moderne, il existe encore beaucoup, beaucoup d’autres voies pour faire pénétrer la spiritualité ahrimanienne dans son âme. Il se dérobe à la vie moderne, mais la spiritualité moderne trouve bien le moyen de l’atteindre. » (28 décembre 1914)75
Par ces exigences posées à l’homme moderne, on peut réellement avoir l’impression que Rudolf Steiner nous met au défi. D’une part il indiqua clairement que la technique fait obstacle sur le chemin d’évolution prévu pour l’homme, et d’autre part il ne s’est pas lassé de souligner que l’on ne pouvait, ni ne devait se soustraire à ces évolutions culturelles. Cette contradiction paradoxale pour la conscience habituelle est exprimée dans toute sa radicalité, dans la conférence du 6 octobre 1917 : « Depuis un temps qui n’est pas si éloigné, des impulsions culturelles qui n’existaient pas autrefois sont intervenues dans l’évolution, et qui sont très caractéristique de notre civilisation. Essayez seulement de vous transporter en pensée dans un passé relativement peu éloigné du nôtre. Vous constaterez par exemple que la machine à vapeur n’existait pas, qu’on n’utilisait pas l’électricité, ce sont des temps où tout au plus Léonard de Vinci, au moyen de réflexions et d’expériences, essayait de se représenter comment l’homme pourrait voler. Or, tout cela s’est trouvé réalisé en un temps relativement court. Songez combien de choses dépendent aujourd’hui de l’utilisation de la vapeur, de l’électricité, de l’aérodynamique, de la statique qui a permis la navigation aérienne. Pensez à tout ce qui, dans un passé récent, est intervenu dans l’évolution, au pouvoir de destruction de la dynamite, etc. et vous pourrez facilement vous représenter, d’après la rapidité du processus, que des choses de cette nature, plus extraordinaires encore, seront à l’avenir souhaitées par l’humanité.
Vous vous imaginerez facilement que l’idéal de l’humanité pour un proche avenir, ce n’est pas que les Goethe se multiplient, mais les Edison. Voilà en fait l’idéal de l’humanité actuelle. L’homme d’aujourd’hui croit que tout cela – télégraphe, téléphone, utilisation de la vapeur, etc. – se fait sans la collaboration d’entités spirituelles. Mais il n’en est pas ainsi. L’évolution de la civilisation se fait aussi avec la participation d’esprits des éléments, même si l’homme n’en sait rien. Ce ne sont pas seulement les pensées sécrétées par son cerveau – comme l’humanité matérialiste le croit – qui ont mené à construire le téléphone et le télégraphe, à faire circuler les machines à vapeur dans les champs et de par la terre ; tout ce que l’homme accomplit dans ce domaine se fait sous l’influence d’esprits élémentaires, qui agissent et collaborent en tous lieux. Dans ce domaine, ce n’est pas l’homme seul qui mène, il est mené. Dans les laboratoires, notamment partout où se manifeste l’esprit d’invention, les inspirateurs sont certains esprits élémentaires. Or, ceux de ces esprits qui donnent leurs impulsions à notre civilisation depuis le xviiie siècle sont de même nature que ceux dont se servent les dieux pour que s’accomplissent la naissance et la mort. C’est là un des secrets dont l’homme doit avoir connaissance.
La loi régissant la marche du monde – je l’ai nommée ainsi – veut que dans le déroulement de l’évolution, les dieux tout d’abord règnent sur un certain domaine des entités élémentaires ; ensuite, les hommes eux-mêmes pénètrent dans ce domaine et se servent de ces entités. Ainsi, tandis que dans le passé les esprits élémentaires de la naissance et de la mort servaient essentiellement les esprits divins qui guident le monde, ces esprits élémentaires sont – depuis un certain temps déjà – au service de la technique, de l’industrie, de l’activité commerciale. Il importe beaucoup que nous laissions agir sur notre âme, dans toute sa force et son intensité, cette vérité bouleversante. Il se passe là, à partir de la cinquième période de civilisation post-atlantéenne dans laquelle nous nous trouvons, quelque chose d’analogue à un fait sur lequel j’ai souvent attiré l’attention, et qui a eu lieu pendant la quatrième période atlantéenne. Durant la période atlantéenne en effet, les entités spirituelles divines qui dirigeaient l’évolution se servaient de certains êtres élémentaires, et cela jusqu’à la quatrième époque atlantéenne. Elles devaient s’en servir parce que dans un domaine plus proche de la terre, quelque chose d’autre devait être dirigé qui n’était pas la naissance et la mort. Rappelez-vous certaines descriptions que j’ai faites de l’époque atlantéenne. L’homme était, dans son être matériel, encore mobile, il pouvait, sous l’influence de sa psyché, devenir très grand ou rester un nain, son aspect extérieur se modelait sur son psychisme. Rappelez-vous tout cela. Aujourd’hui, le service qu’assurent auprès des dieux certaines entités élémentaires dans le déroulement de la naissance et de la mort est nettement visible ; autrefois, c’est durant toute la vie, alors que l’aspect extérieur était conforme à l’être intérieur, que certaines entités élémentaires servaient les dieux. Lorsque l’époque atlantéenne entra dans sa quatrième période, ce furent en quelque sorte les hommes qui devinrent maîtres de ces mêmes entités élémentaires que les dieux avaient auparavant employées pour la croissance et la configuration physionomique de l’homme dans ses grandes lignes. Les humains se rendirent maîtres de certaines forces divines et les utilisèrent. La conséquence en fut qu’à partir d’un certain moment de l’époque atlantéenne – vers le milieu environ – un homme pouvait à son gré nuire à son prochain en le maintenant par exemple à l’état de nain, ou en en faisant un géant ; ou encore, en agissant sur son développement physique, il faisait de l’intéressé un être intelligent – ou un idiot.
Ainsi, au milieu de l’époque atlantéenne environ, un terrible pouvoir était entre les mains de l’homme. Et vous savez, j’y ai rendu attentif, que ce secret ne fut pas gardé. Non pas qu’il ait été divulgué sous une impulsion mauvaise : une certaine loi régissant le cours de l’histoire universelle voulait que ce qui, auparavant, avait été la tâche des dieux, devienne celle des humains. Mais il en résulta un grand désordre et la nécessité de conduire la civilisation atlantéenne vers son déclin au cours des quatre ou plutôt des trois dernières périodes. Notre civilisation fut alors transportée en d’autres lieux, comme nous l’avons souvent exposé. Non sans toutes sortes de violences ; il vous suffit de vous rappeler les descriptions fréquemment données ici de ce qui s’est passé à l’époque atlantéenne. De façon analogue, ce qui était assuré par les entités au service des dieux sera remis entre les mains de l’humanité à partir de notre cinquième époque post-atlantéenne, donc pour les trois ou pour les deux périodes de civilisation de cette cinquième phase de l’évolution. Nous ne sommes encore qu’au début de cette mise en œuvre de la technique, de l’industrie, du commerce, à laquelle les esprits élémentaires de la naissance et de la mort mêlent leur influence et qui prendra de plus en plus d’importance et de force.
On ne peut en préserver l’humanité, car il faut que la civilisation progresse. Et celle de notre époque et de l’avenir doit être telle que les esprits élémentaires de la naissance et de la mort qui jusqu’à présent n’avaient agi que sur le développement et sur le déclin physique de l’homme, et sous la direction des dieux – que ces esprits élémentaires, avec les mêmes forces, agissent dans les champs de la technique, de l’industrie, du commerce, etc. À cette situation est lié quelque chose de bien déterminé. Je vous ai indiqué que ces esprits élémentaires sont en fait hostiles au bien-être des humains, que leurs intentions sont destructrices. Comprenons seulement la chose comme il convient, et ne nous abandonnons pas à l’illusion sur l’importance décisive de ce fait. Il faut que la civilisation progresse dans le domaine de la technique, de l’industrie, du commerce. Mais si elle progresse dans ce sens, elle ne peut pas servir le bienêtre des humains sur le plan physique, elle ne peut avoir sur ce bien-être qu’une action destructrice. C’est là une vérité désagréable pour ceux qui ne se lassent pas de se livrer constamment à de grands discours sur les progrès considérables, énormes, de la civilisation, parce qu’ils ont l’esprit abstrait et ignorent que l’évolution suit une courbe tantôt ascendante, tantôt descendante.
Et de même que ce que je vous ai décrit de l’époque atlantéenne a conduit à sa décadence pour qu’une nouvelle humanité puisse apparaître, la civilisation qui s’instaure actuellement avec son commerce, son industrie, sa technique, porte en elle des éléments qui amèneront la décadence de la cinquième époque terrestre. Et seul celui-là voit clair, voit les choses comme elles sont, qui s’avoue qu’avec tout cela nous commençons à travailler à ce qui doit amener la catastrophe. C’est cela, se plonger dans les nécessités d’airain. En adoptant une solution de facilité, on pourrait dire : Bien, alors je ne voyagerai pas sur les lignes électrifiées – on pourrait aller jusque-là, bien que les membres de la Société anthroposophique n’en viennent sans doute jamais à éviter d’utiliser le chemin de fer. Ce serait d’ailleurs une stupidité, une véritable stupidité. Car il ne s’agit pas de se préserver de quoi que ce soit, mais de se faire une idée claire des nécessités d’airain qui président à la marche de l’humanité. La civilisation ne peut suivre une ligne régulièrement ascendante, elle ne peut cheminer que par ondes tantôt montantes, tantôt descendantes. » (6 octobre 1917)76 Si l’on prend ces déclarations de Rudolf Steiner au sérieux, on ne peut que se sentir face à des tâches en apparence inconciliables : il nous faut d’un côté être conscient que tous les progrès techniques de l’humanité, par la nature des entités qui les inspirent et qui agissent à travers eux, ne peuvent pas s’avérer salutaires pour le bien des hommes, mais conduiront à une grande catastrophe mondiale, même si celle-ci ne survient que dans plusieurs millénaires. Et c’est pourtant ce qui doit justement se passer, car il s’agit d’une loi d’airain dans le cours de l’évolution du monde. Il serait donc complètement absurde de vouloir éviter ce progrès technique. Mais quelle conséquence aurait une telle conscience sur l’auto-appréciation de ceux dont le métier est fait de cette activité d’invention dont devons savoir, d’après Rudolf Steiner, qu’elle est inspirée par des entités mal intentionnées concernant le salut de l’humanité ? Aucun technicien, aucun ingénieur – et cela vaut probablement aussi pour ceux qui travaillent à la fabrication des armes, où ce serait le plus justifié – ne pense, au cours de ses activités, qu’il travaille à quelque chose qui ne peut servir le bien-être de l’humanité et ne pourra, au reste, que conduire à une grande catastrophe. Et s’il pensait ainsi, comment poursuivre ses activités ? Que celles-ci dussent être poursuivies, c’est une nécessité incontournable, selon Rudolf Steiner. Dans ce contexte, une autre question s’impose : en tant qu’êtres humains, aurions-nous une influence sur le rythme d’avancement de cette évolution technique et donc sur l’avènement de la catastrophe prévue pour la fin de l’époque post-atlantéenne de l’évolution terrestre ? Quel serait le rythme d’évolution adéquat et qui pourrait en décider ? Face à une telle question, notre incapacité à apporter une réponse qui ne soit pas empreinte d’une subjectivité émotive empreinte semble être en rapport avec une évolution qui s’est faite par la technique. Il s’agirait du développement d’un pragmatisme : nous ne pouvons plus reconnaître comme vrai que ce qui a fait ses preuves à l’extérieur, dans le monde autour de nous.
La complexité de la technique nous a conduits à ne plus ressentir intérieurement si une idée est juste, c’est-à-dire si elle correspond à la vérité. Par exemple, avant d’affirmer qu’il y une probabilité proche de 100% pour qu’un avion ne présente pas de défaut technique, il faut évidemment le vérifier par des tests d’ordre matériel. Personne n’embarquerait dans un avion qui n’a jamais volé, sur la simple foi du constructeur qui affirme avoir la certitude intérieure de sa fiabilité. Le 17 juin 1920, devant des étudiants de l’École polytechnique de Stuttgart, Rudolf Steiner s’exprima en ce sens et déboucha sur la constatation suivante : « Le sens de la vérité se suffisant à lui-même au sein de l’âme humaine, est détrôné » (17 juin 1920)77. Mais ce n’est pas tout. Selon Rudolf Steiner, c’est précisément cette expérience de ce qui se transmet à travers la technique qui pourrait indiquer, justement parce qu’elle en est dépourvue, l’élément spirituel complètement absent en son sein. C’est dans ce sens qu’il s’exprima de nouveau le 30 juin 1921 au discours de clôture d’un congrès de l’université de Darmstadt organisé par des jeunes gens : « Et si je parle ici spécialement aux futurs techniciens qui sont impliqués dans ce mouvement, il m’est permis de dire que cette implication au sein d’une activité technique me semble particulièrement significative pour un mouvement spirituel. Dans le monde, les choses se développent de façon polaire.
Ce qu’il y a de plus élevé dans la manière de penser scientifique, le technicien le vit dans la conception, il le vit dans la construction, il le vit au laboratoire. En faisant couler les lois de la nature dans le monde extérieur, en élaborant la technique, nous approchons notre âme de ce qui est dépourvu d’esprit ; mais le cœur humain s’approche de tout. L’âme humaine et l’esprit humain pénètrent dans cette sphère. C’est justement avec la sensibilité technique que le ressenti et la pensée doivent être orientés vers le pôle opposé, vers la spiritualité qui parcourt et tisse le monde.
La technique est particulièrement appropriée, du fait qu’elle pénètre le plus profondément dans le monde sensoriel extérieur, à nous renvoyer au pôle opposé, celui de la spiritualité. Je crois donc que des futurs techniciens, justement, peuvent dégager beaucoup de cette force qui peut apporter une contribution essentielle à la mise en place d’une mentalité spirituelle, d’une vision du monde spirituelle pour le développement de l’humanité. » (30 juin 1921)78 Rudolf Steiner a encore traité du thème de la technique et de l’électricité dans la dernière de ses Lignes directrices79 : « De la nature et de la sous-nature ». Il écrit : « L’homme doit trouver la solidité, la force intérieure de connaissance pour ne pas être dominé par Ahriman dans la civilisation technique. La sous-nature doit être comprise en tant que telle. Elle ne peut l’être que si l’être humain s’élève dans la connaissance spirituelle au moins aussi loin dans la sur-nature supra-terrestre qu’il est descendu dans la sous-nature au sein de la technique. » Et : « L’électricité doit être reconnue dans sa force, qui consiste à conduire de la nature à la sous-nature. L’être humain ne doit pas être entraîné dans cette descente. » Et encore : « Et c’est justement en accueillant par la connaissance cette spiritualité à laquelle les puissances ahrimaniennes n’ont aucun accès, que l’être humain sera renforcé pour faire face à Ahriman dans le monde. »
Steiner Rudolf, Die Erkenntnis der Seele und des Geistes, Rudolf Steiner Verlag, 1984 (GA 198, non traduit) Steiner Rudolf, Drames - Mystères, Triades, 2008 (GA 14) Steiner Rudolf, Geisteswissenschaftliche Behandlung sozialer und pädagogischer Fragen, Rudolf Steiner Verlag, 1991 (GA 192, non traduit) Steiner Rudolf, Heilfaktoren für den sozialen Organismus, Rudolf Steiner Verlag (GA 198, non traduit) Steiner Rudolf, L’Âme humaine et les entités divines, EAR, 2006 (GA 224) Steiner Rudolf, L’Apocalypse de Jean, Triades, 2009 (GA 104) Steiner Rudolf, L’Art à la lumière de la sagesse des Mystères, EAR, 1987 (GA 275) Steiner Rudolf, L’Homme, les animaux et les êtres élémentaires, Triades, 2010 (GA 230) Steiner Rudolf, La Chute des esprits des ténèbres, Triades, 1994 (GA 177) Steiner Rudolf, La Légende du Temple et l’essence de la franc-maçonnerie, Novalis, 1999 (GA 93) Steiner Rudolf, La Liberté de penser et les mensonges de notre époque, Triades, 2000 (GA 167) Steiner Rudolf, La Mort métamorphose de la vie, EAR, 2012 (GA 182) Steiner Rudolf, Le Christianisme et les Mystères antiques, EAR (GA 8) Steiner Rudolf, Le Devenir humain, EAR, 2008 (GA 206) Steiner Rudolf, Le Karma de la profession, Triades, 2004 (GA 172) Steiner Rudolf, Leçons ésotériques, Tome 3, EAR, 2008, p 406 (GA 266c) Steiner Rudolf, Les Êtres universels et l’essence du moi, EAR, 2004 (GA 169) Steiner Rudolf, Les Exigences sociales fondamentales de notre temps, Dervy, 1997 (GA 186) Steiner Rudolf, Lignes directrices de l’anthroposophie, Novalis (GA 26) Steiner Rudolf, Perspectives du développement de l’humanité, EAR, 2004 (GA 204) Steiner Rudolf, Polarité entre l’éternel et l’éphémère dans la vie humaine, EAR, 2000 (GA 184) Steiner Rudolf, Soziale Verständnis aus geisteswissenschaftlicher Erkenntnis, Rudolf Steiner Verlag, 1989 (GA 191, non traduit) Steiner Rudolf, Spirituelles Erkennen - Religiöses Empfinden - Kultisches Handeln, Rudolf Steiner Verlag (GA 343, non traduit) Steiner Rudolf, Vom Wesen des wirkenden Wortes, Rudlf Steiner Verlag, 1994 (GA 345, non traduit) Steiner Rudolf, Vorträge bei der Begründung der Christengemeinschaft, Rudolf Steiner Verlag (GA 344, non traduit) Steiner Rudolf, Zeitgeschichtliche Betrachtungen, Das Karma der Unwahrhaftigkeit – Erster Teil, Rudolf Steiner Verlag, 2. Auflage, 1978 (GA 173, non traduit) Unger Georg, Über mechanischen Okkultismus, in Mitteilungen aus der anthroposop
Une réflexion de Mabel Cotterell en rapport avec une conférence de W.-J. Stein de 1947
L'intérêt porté aux technologies du futur et la crainte que de nouvelle énergies - selon leur application - pourraient contribuer à nuire à l'être humain et au monde, incitent sans cesse à s'intéresser à la "troisième force" dans l'oeuvre de Rudolf Steiner. Le plus souvent, on se contente de la mettre au même plan que l'énergie atomique, découverte entre temps; tout au plus interprète-t-on sa mise en oeuvre, sous forme de la bombe atomique ou de l'énergie de fission atomique, comme le "sommet de l'iceberg". On comprend aussi fréquemment cette "troisième force" sous les vocables de "Vril", "technique de Strader", etc., autant d'expressions tentant de la décrire sous une forme différenciée.
La publication de l'essai suivant souhaiterait montrer que les circonstances sont essentiellement plus complexes. En particulier, les références revenant dans les notes de conférences sont restées relativement inconnues. D'autres contributions vont suivre - également en vue d'une compréhension de ce que l'on peut penser, par exemple des termes "d'électricité" ou "d'atome", d'une manière conforme à la réalité. Un éclairage critique de la science spirituelle sur les idées et les concepts techniques de pionniers de la "technique de l'éther", Nicolas Tesla, Victor Schauberger, Wilhelm Reich et tout particulièrement Worrell Keely, représente d'autres desiderata.
La traduction de l'anglais (de Anthroposophical Quarterly , vol. 6, n° 3, automne 1961), ainsi que les notes sont de Christophe Podak. Les déclarations de Rudolf Steiner librement citées par l'auteur, ont été textuellement reprises dans l'édition complète [Gesamt Ausgabe ou GA , ndt].
La rédaction de Der Europäer
Il fut pour moi très précieux de trouver, dans l'article paru dans la dernière édition du Quarterly (1), des idées sérieuses et stimulantes sur l'énergie atomique (2) . L'humanité n'est en effet que trop encline - comme l'auteur M. D. Duffy le signale - à s'illusionner faussement sur une crise de développement qu'elle situe "au-delà les montagnes et plus loin encore", alors qu'en réalité elle se produit précisément autour de nous. Les répercussions de l'énergie atomique et de la radioactivité sont entre temps devenues une réalité dangereuse, une potentialité imminente de destruction de l'ensemble de la nature humaine. Dans sa toute dernière "Lettre aux Membres" (3) , Rudolf Steiner exprima de graves et exhortantes paroles sur la sous-nature - un monde qui s'émancipe de la nature par le bas et qui est régi par Ahrimane. Il déclara que dans notre époque technique, l'être humain doit trouver une vigoureuse force de connaissance intérieure, pour ne pas être subjugué par Ahrimane. Il ne serait naturellement plus question, par exemple, d'en revenir à des états de civilisations antérieurs ou plus ordinaires, pourtant "la sous-nature doit être comprise en tant que telle. Elle ne peut l'être que si l'être humain s'élève au moins aussi haut dans la connaissance spirituelle de la sur-nature extraterrestre, qu'il est descendu dans la technique, dans la sous-nature." (...) "L'électricité, qui depuis sa découverte a été glorifiée comme l'âme de l'existence naturelle, doit être connue dans son pouvoir de faire descendre de la nature à la sous-nature. L'être humain ne doit pas seulement se laisser entraîner."
M. Duffy a commencé son article en citant une réponse à une question posée au Dr. Steiner, dans laquelle celui-ci ordonnait l'électricité, le magnétisme, et une troisième force non encore découverte, selon différents degrés de la sous-nature. La question avait été posée à la fin d'une conférence sur "l'éthérisation du sang" (4) , tenue en 1911. Dans la conférence elle-même, Rudolf Steiner avait dit: "Ce que nous connaissons sous la forme de l'électricité, c'est de la lumière qui se détruit elle-même au sein de la matière. Et la force chimique qui passe par une transformation dans le cadre de l'évolution terrestre, c'est le magnétisme. Il apparaîtra encore une troisième force. Et si aujourd'hui déjà l'électricité apparaît aux hommes comme faisant des miracles, cette troisième force exercera sur la civilisation une influence plus miraculeuse encore." Rudolf Steiner range l'électricité dans le royaume souterrain de Lucifer, au premier degré sous la terre minérale, et le magnétisme à la couche inférieure suivante, celle du royaume d'Ahrimane et une "force encore plus redoutable" dans le royaume des Asuras, dans la région la plus interne de la planète (5) . - M. Duffy est d'avis que cette troisième force, dont on était encore dans l'attente de sa découverte en 1911, est l'énergie atomique actuelle.
L'argumentation de M. Duffy a été soutenue jusqu'à un certain degré par le Dr. Heitler, qui écrivit en effet (6) : "Il semble pratiquement indispensable de mettre la troisième puissance du mal en rapport avec les Asuras." Cet argument, et les conclusions avancées au fond uniquement par les élèves du Dr. Steiner, ne reposent nonobstant sur aucune déclaration du côté du Dr. Steiner. Le Dr. Steiner a en effet simplement déclaré que la troisième force était le mauvais revers, sous-sensible, de l'harmonie des sphères et qu'elle émanerait de la région des Asuras, mais il ne donna pourtant aucune désignation spécifique à cette force.
C'est la raison pour laquelle je voudrais essayer de reprendre les conclusions qui ont été tirées par un autre élève de la science de l'esprit, le Dr. Walter Johannes Stein. Le 1 er février 1947, le Dr. Stein donnait une conférence sur "la correspondance entre l'être humain et le cosmos", lors de laquelle je pris quelques notes et dans laquelle il exposait sa propre opinion concernant la vraie nature de cette troisième force. Il commença par brosser un tableau de la science moderne et de sa division de l'atmosphère en couches successives: hydrogène, oxygène, carbone et soufre, puis aborda les trois couches terrestres internes en correspondance: silicium, magnésium et - au centre, la plus dense de toutes - le nickel. On pourrait aussi subdiviser ces trois couches en neuf autres. Puis le Dr. Stein se tourna vers le point de vue de la science spirituelle et expliqua dans quelle mesure ces trois couches représentaient le passé de la Terre, les reliques d'étapes d'évolution passées subsistant encore en elle. Dans la couche la plus interne repose l'Ancien Saturne dissimulé; au-dessus, se trouve la couche qui est une relique de l'Ancien Soleil; et la couche la plus externe, celle qui se trouve directement sous la croûte minérale de la Terre, est une relique de l'évolution de l'Ancienne Lune. Il déclara par ailleurs que celle-ci correspondait aux "Mères" du Faust de Goethe, aux puissances cosmiques dont l'une resterait encore inconnue. (7) Méphistophélès parlait en effet des "Mères" avec une crainte extrême, comme de déesses encore inconnues de l'être humain et il décrivit à Faust, comment il devrait "fouiller au plus profond", s'il voulait les trouver "dans un lointain à jamais vain". Ces trois Mères s'appelaient dans l'Antiquité Déméter (évolution lunaire), Perséphone (évolution solaire) et Rhéa (évolution saturnienne).
Des débris de l'Ancienne Lune, nous avons l'électricité - et le Dr. Steiner décrivit un jour cette électricité comme "de la lumière solaire décomposée de l'étape évolutive de l'Ancienne Lune". (8) Des vestiges de l'Ancien Soleil, nous avons le magnétisme. Et de la couche la plus interne sortira une troisième force qui n'a pas encore été découverte jusqu'à aujourd'hui. Le Dr. Stein nia expressément, que celle-ci fût l'énergie atomique actuelle. Au lieu de cela, il fit valoir qu'elle était en rapport avec l' acoustique avec le son. (9) Cette force sera transmise à un mécanisme subtilement réglé sur certaines vibrations cosmiques. (10) La Terre résonnera et le cosmos résonnera en retour. (11) L'être humain sera en situation de diriger le mouvement de la Terre au sein du cosmos, comme aujourd'hui il conduit une automobile. Le Dr. Stein exposa en outre que lorsque l'être humain sera en état de produire des sons, qui reviendront du cosmos en écho, cela correspondra à l'époque qui a été indiquée dans l'Apocalypse comme celle des "Trompettes" - par conséquent dans plusieurs milliers d'années seulement. (12) Il mit cette troisième force en rapport avec le Verbe universel créateur: "Au commencement (dans les Archées) était la Verbe." La troisième force non encore découverte dérivera des Archées retardés, c'est-à-dire, des Asuras; les entités spirituelles saturniennes qui sont au plus profond de la Terre. Dont le royaume est le royaume négatif de l'éther de vie - Par conséquent, ce royaume peut-il être de même une puissance porteuse de mort?
Une conférence de Rudolf Steiner, donnée en 1904, semble appuyer la conception du Dr. Stein, à savoir que la troisième force n'est pas la force atomique. Dans cette conférence il dit que l'atome "n'est rien d'autre que de l'électricité figée". (14) Il évoque les conséquences effroyables qui naîtraient d'une connaissance plus approfondie de l'atome et combien il serait impossible de retenir l'humanité au bord de la ruine, si l'être humain ne parvenait pas ensuite au désintéressement. (15) Il parle de la guerre de tous contre tous, qui sera menée dans la septième époque (post-atlantéenne, ndt) et de la manière dont de "violentes forces émaneront de découvertes qui transformeront le globe terrestre dans son entier en une sorte d'appareil électrique". Tandis que tout cela est mis en relation par le Dr. Steiner avec une utilisation future de l'atome (16) , nous nous trouvons toujours aujourd'hui encore dans le royaume de "l'électricité figée", au beau milieu d'une intensification violente des puissances arhimaniennes. - Ce n'est que sept années plus tard, en 1911, que Rudolf Steiner évoquera la troisième force émanant du domaine des Asuras, qui sera une force encore plus effroyable.
En 1906, dans le cycle de conférences "Aux portes de la Théosophie", Rudolf Steiner décrivit pour la première et unique fois - je pense - l'intérieur de la Terre. Chacune des neuf couches souterraines est le revers négatif de la couche cosmique correspondante et de chacune d'elles émane une sorte de force directement opposée. Ces couches sont remplies - plus on va profond - de manière croissante de puissances du mal, jusqu'à la sphère la plus interne, qui est "substantiellement celle sous l'influence de laquelle naît la magie noire. C'est de là que provient le mal spirituel." (17)
Nous savons toutefois par la science spirituelle que l'humanité se trouve actuellement aux tous premiers commencements d'une séparation entre un bon et un mauvaise "genres d'hommes", et qu'il y aura encore de longues époques de l'évolution à venir durant lesquelles le mal pourra être transformé en bien. La guerre de tous contre tous marque simplement la fin de notre cinquième époque post-atlantéenne, après quoi suivront la sixième et septième époques, qui correspondent aux périodes des "sceaux" et des "trompettes" dans l'Apocalypse. En considération de la connaissance apportée par Rudolf Steiner sur l'évolution à venir - l'espoir explicite de celui-ci, de voir l'humanité suffisamment progresser dans le désintéressement avant que la troisième force soit découverte, peut à peine se rapporter aux quelques décennies entre 1911 et 1945, date de la première explosion atomique. Le Dr. Heitler écrit en effet lui-même: "Je dois admettre qu'il y a environ 30 ans, alors que je lus cela, cette menace me sembla alors être destinée à un avenir lointain."
Le Dr. Stein n'indiqua pas Rudolf Steiner comme sa source d'information au moment où il affirma que la troisième force fût en relation avec le son. Il avait eu cependant de nombreuses occasions d'interroger le Dr. Steiner. Cela étant, pendant sa conférence, il mentionna une remarque pertinente de Rudolf Steiner qu'il semble lui avoir fournie pour son argumentation. Il déclara que le Dr. Steiner, alors qu'il parlait un jour de la gravitation , c'est-à-dire de la force d'attraction intense au sein de la Terre, la qualifia comme un "léger son cosmique" (18) , qui a sa contrepartie dans la périphérie.
Nous ne devrions pourtant pas oublier que la décision de suivre le chemin de la vertu ou celui du mal repose dans la propre capacité de l'être humain et qu'il n'y a rien d'inéluctable inhérent à l'évolution à venir. Les forces sous-terrestres peuvent déjà maintenant être utilisées soit à des fins de pouvoir égoïstes, soit au profit de la communauté. La civilisation moderne a fait de l'électricité un serviteur profitable. La troisième force mauvaise peut être dévoilée dans sa malignité alors même que l'humanité aura atteint l'état de désintéressement avant sa découverte. Avec l'aide de l'impulsion du Christ, le mal sera racheté finalement.
Le Dr. Stein termina sa conférence par l'affirmation que l'être humain, en purifiant et en spiritualisant ses neufs principes, spiritualise en même temps les neuf couches terrestres. (19) Ahriman souhaiterait détruire la Terre (20) , la réduire en miettes au moyen des forces atomiques; c'est notre devoir de la ramener dans son état spiritualisé d'autrefois. Nous aurons alors préparé l'étape ultérieure de l'évolution et nous aurons délivré ce qui est à délivrer. Des indications détaillées sur notre évolution personnelle, en vue de la purification des qualités psychiques du penser, du ressentir et du vouloir, nous ont été données par Rudolf Steiner; il écrivit dans ce sens: "L'être humain a en main son propre perfectionnement et sa propre et entière métamorphose avec le temps." (21)
Mabel Cotterell
Sur la loi de l'accroissement de l'énergie
Récemment, la lumière, l'électricité et le magnétisme en vinrent à être utilisées partout si bien que désormais même dans la corporation médicale, les énergies plus subtiles ont pris la place de matériau grossier et par conséquent de substances nocives.
Le temps est probablement proche où ces énergies plus douces trouveront une utilisation universelle. Chaque homme sait qu'une note, qui est jouée sur un instrument de musique, fera naître un son sur un instrument se trouvant à proximité du premier et ayant été accordé de manière identique à lui.
Est-il raccordé à un diapason, il produira alors un son correspondant dans ce dernier; est-il raccordé avec des milliers de diapasons, on produira alors des milliers de sons et un vacarme qui est bien plus important que le son originel, et certes sans que ce dernier en fût affaibli pour autant.
On assiste ici à l'effet d'un accroissement ou une multiplication d'énergie . Eût-on une possibilité de retransformer ce son en mouvement mécanique, nous aurions alors une multiplication de mouvement mécanique de l'ordre d'un millier de fois.
Tiré de Clara Bloomfield Moore, Une phase au sein du cheminement de Keely et son rapport à la guérison des maladies, à trouver dans: http://www.keelynet.com/keely/klybrain.text
Rudolf Steiner au sujet de la sympathie des phénomènes
On ne doit pas éviter pour ces choses d'aborder leurs liens profonds. Voyez-vous, par exemple, on peut facilement dire que le caractère purement vibratoire du son est mis en évidence par le phénomène de résonance des cordes vibrantes et que cela repose simplement sur la propagation, parallèlement au son, des vibrations dans un certain milieu. Mais ce qu'on observe ici, on ne le comprend pas, si on ne le saisit pas comme une partie d'un phénomène beaucoup plus général. Il s'agit du phénomène suivant que l'on a en effet observé.
Supposez que vous ayez dans une pièce quelconque une pendule à balancier que vous mettez en mouvement et que vous ayez dans la pièce une autre pendule, que vous ne mettez pas en mouvement. Cette seconde pendule doit, il est vrai, avoir été construite spécialement. Vous découvrez parfois quand les conditions sont favorables, que cette deuxième pendule commence peu à peu à se mettre toute seule en mouvement. C'est ce qu'on peut appeler un cas de sympathie entre phénomènes. Cette sympathie entre les phénomènes peut être recherchée dans les domaines les plus variés. Le dernier de ces phénomènes ayant encore quelque chose à faire avec le monde extérieur pourrait être beaucoup plus étudié qu'il ne l'est habituellement, car on le rencontre en fait très fréquemment. Vous pouvez en faire l'expérience dans des occasions innombrables: vous êtes assis avec un homme à table et il dit quelque chose que vous venez juste d'avoir pensé. Vous l'avez pensé, mais c'est lui qui l'exprime avant vous. C'est cela la concordance sympathique de deux événements accordés d'une certaine manière, le lien entre les événements qui apparaît ici dans un domaine plus spirituel. Et on devra voir une série continue de faits entre la simple résonance des cordes de violon, qui est considérée d'après les représentations grossières comme un simple processus matériel extérieur non spirituel, et les phénomènes de sympathie déjà plus spirituels, tels la participation par la pensée.
Tiré de Impulsions de la science de l'esprit pour le développement de la physique
(Premier cours de science)
GA 320 , Conférence du 31 décembre 1919 [en France: Lumière & Matière - Éditions Anthroposophiques Romandes, traduction de Miche Della Negra, Julius Zoll & Vinicio Sergo].
Notes [Sauf indication contraire, les numéros de page se réfèrent à l'édition anglaise ou allemande, selon le cas] :
(1) Derick J. Duffy, "Atomic power", dans Anthroposophical Quarterly, Vol. 6, n° 2 (été 1916), p. 45-48. La revue en question était alors l'organe de la Société Anthroposophique en Grande Bretagne.
(2) Dans l'original anglais se trouve "atomic power", ce qui signifie surtout l'utilisation de l'énergie atomique. Plus loin dans le texte, il est avant tout question de "atomic forces"; Vue au plan sémantique, cette expression, pour ainsi dire plus ouverte, a été traduite en allemand par " atomaren Kräften " (énergies atomiques) (en opposition par exemple aux forces chimiques). Ce par quoi on pourrait ainsi qualifier plus précisément par Atom-Kräfte les énergies de l'atome - en tant qu'entité qu'on se représente - pour désigner l'ensemble des forces constitutives qui le forment et sont à la base de l'atome. Une clarification, reprenant le concept triple de l'atome dans l'oeuvre de Steiner, ne peut être envisagée qu'à l'appui d'une étude particulière qui sort du cadre du présent article.
(3) Lettre du 12 avril 1925, dans: Directives anthroposophiques , GA 26 , p. 255-259 de l'édition allemande.
(4) Conférence du 1 er octobre 1911, dans: Le Christianisme ésotérique - et la direction spirituelle de l'humanité, GA 130 .
(5) Madame Cotterell écrit: "at the very core of the planet" - ce qui serait à traduire par " au centre, au coeur" , c'est à dire le noyau de notre planète. Si on compare toutefois ce que la comtesse Johanna von Keyserlingk à raconté dans ses écrits sur le Véritable centre de la terre [eigentlichen Erdenmittelpunkt] (et qui lui fut confirmé par Rudolf Steiner) il est nécessaire d'introduire une autre précision: sous, ou bien derrière, le royaume des Asuras, se trouve en plus la sphère "d'or" du Christ éthérique, ou selon le cas il s'y trouve lui-même.
(6) Elle se réfère probablement à "Life and Nuclear Forces", dans: Anthroposophical Quarterly , été 1957.
(7) Voir à ce sujet Rudolf Steiner: "Faust et les Mères" (conférence du 2 novembre 1919), dans: Geisteswissenschaftliche Erläuterung e n zu Goethes "Faust" (Commentaires de la science de l'esprit à propos du Faust de Goethe) , GA 273 I . Il est vrai que Rudolf Steiner parle ici de l'électricité connue - au sens le plus large - et de deux forces à produire à l'avenir. On signale simplement ici cette contradiction - apparente.
(8) La teneur exacte de cette déclaration ne pourrait pas être rendue en allemand (et le sera donc encore moins en français, ndt).
(9) Ces notes brèves ne suffisent pas pour comprendre ce dont Stein fait le récit. Ainsi le terme "acoustique" est un autre concept (et une branche de recherche) qui peut tout aussi bien signifier "sound", son, écho, phonème, que tonalité. On doit aborder en détail cette question qui reste ainsi ouverte dans une contribution prochaine.
(10) Madame Cotterell avait manifestement de la peine à suivre ces exposés de W.-J. Stein, son récit s'en ressent et reste vague quant au contenu. La procédure exacte et détaillée de la manière dont un contre-son peut être retransmis sur un "milieu" qui se trouve en résonance avec lui, au moyen duquel on peut finalement activer une force mécaniquement utilisable , on peut s'en faire une idée à l'appui de l'inventeur et musicien John Worrell Keely , mort en 1898 (voir l'encart après le texte de Mabel Cotterell). Quelques documents, dont la plus grande partie n'est accessible qu'en anglais sur Internet, permettent d'avoir une idée du principe pour le moins du mécanisme d'action pris en considération ici "éthérique" ou selon le cas "psychique", dont la découverte n'a été jusqu'à aujourd'hui ni expliquée, ni reconstruite avec succès. C'est à cela que se réfère effectivement aussi Stein - en lien avec Steiner.
(11) Les exposés de Rudolf Steiner au sujet du chant des oiseaux sont remarquables et éventuellement d'une grande utilité à la compréhension du processus "de ce qui est ainsi organisé", comment ce chant pénètre et se met à vibrer "par l'élément éthérique, dans le cosmos", avant de revenir, en échos vibrant en retour sur la terre, où il est accueilli par le monde animal , "mais leur revient traversé et unit aux flots du monde divin." (conférence du 7 avril 1923, dans : La respiration de la Terre en une année et les quatre fêtes cardinales . GA 223 , édition de poche, p. 61 de l'édition allemande (p. 67 de l'édition française TRIADES, traduction de Marcel Bideau). À ce propos, il a souvent parlé du fait que la Terre, le Soleil, etc., résonnent à la conscience supérieure.
(12) L'indication "par conséquent dans plusieurs milliers d'années seulement" ne peut naturellement se rapporter qu'à des découvertes et inventions, qui iront au-delà de celle de Keely, entre autres, - qui n'en est qu'une anticipation.
(13) Il s'agit d'une puissance amenant la mort, ainsi dans ce cas l'éther de vie "sera refoulé plus bas que le monde physique" (conformément à une réponse à une question dans GA 130 , à l'endroit cité précédemment, p. 102), apparaît avoir été utilisée pour ainsi dire uniquement sous cette circonstance formelle .
(14) Il ne dit pas "l'atome", mais parle d'atome physique. Voir la conférence du 16 décembre 1904, dans : Die Tempel legende und die Goldene Legende (La légende du temple et la légende dorée) , GA 93 , p. 112. Voyez aussi la note 2 et les Contributions à l'édition complète des oeuvres de Rudolf Steiner , n° 122 (été 2000), au sujet des "types de tâches proposées par Rudolf Steiner pour les recherches scientifiques", p.13-14 et 25.
(15) Cet avertissement ne se trouve que dans la suite de la conférence du 23 décembre 1904, à l'endroit cité précédemment, p. 123.
(16) Plus exactement: de l'atome et de ces forces "qui lui sont inhérentes" - au sens de ce qui est à lire dans GA 93 , p. 122/123. Ce sont ceux-là les passages sur lesquels s'appuie le plus souvent l'interprétation de la troisième force comme étant celle de "l'énergie atomique". Sans une prise en compte précise de cette relation entre l'électricité, l'atome et la pensée humaine , thématisée en substance ici par Steiner, un tel jugement est absolument aisé à comprendre. En outre sont mises ici en discussion des sphères d'entités, dont on peut - et même on doit - absolument penser qu'elles sont liées à la troisième force.
(17) Conférence du 4 septembre 1906, dans GA 95 . R. Steiner a parlé à vrai dire des neuf couches de la sous-nature. Conformément à cela, la rédaction du Quarterly a publié dans le numéro suivant (n°4, hiver 1916), une liste presque complète. Vois aussi Adolf Arenson; Das Erdinnere (l'Intérieur de la Terre) , Berlin 1914 et Sigismund von Gleich, Die Umwandlung des Bösen (La conversion du mal) , 3 ème édition, Stuttgart 1983. En outre: Otto comte Lerchenfeld, " Das Böse zu erkennen, wird Pflicht " ( Reconnaître le mal, ça devient un devoir ), dans Der Europäer , 1 ère année, n° 8 (juin 1997).
(18) Aucun endroit correspondant n'a été déniché jusqu'à présent dans l'édition complète des oeuvres de Rudolf Steiner.
(19) La purification des "neuf principes" signifie ce que la voie d'initiation Christique-gnostique - exposée à différentes reprise par Steiner - permet en rapport avec les constituants de la nature humaine. Pour plus de détails, voir entre autres la conférence du GA 95, signalée dans la note 17 .
(20) Il semble y avoir ici une confusion avec l'effet atomisant des puissances asuriennes (ou asuriques , au choix du lecteur français... ndt) visant à la destruction des fondements terrestres et du Je humain, à moins que sous le terminus technicus "Ahriman", on résume les trois principes "spirituels du mal" (Ahriman, Lucifer et les Asuras). Une disposition de ce genre ce rencontre très fréquemment dans l'oeuvre de Steiner; exactement comme en quelques endroits, l'électricité est qualifiée"d'ahrimanienne", quoiqu'elle provienne du royaume de Lucifer.
(21) Comme acquérir la connaissance des mondes supérieurs? GA 10 , édition de poche, p. 18.
En 1920, Rudolf Steiner disait déjà de la technologie occidentale qui n’était alors pas encore touchée par les techniques binaires :
« Des esprits éclairés d’aujourd’hui considèrent comme superstitieux de voir des puissances spirituelles à l’œuvre dans les phénomènes naturels. Ils ne se doutent pas le moins du monde que des esprits démoniaques sont actifs dans tout le domaine de la technologie créée par la race humaine. Il leur sera difficile de le voir, parce que ces puissances agissent dans la volonté – et je vous ai souvent dit que la volonté est endormie. Elles agissent à un niveau inconscient et s’emparent de l’esprit humain.
En voici la conséquence : dans le passé, les êtres humains possédaient au moins une certaine conscience des puissances démoniaques. Aujourd’hui, les puissances démoniaques remuent à leur gré dans tous les produits de la technologie : leurs activités s’étendent jusque dans la sphère de la volonté humaine, mais les êtres humains ne sont pas encore prêts à le reconnaître… Dans les anciens temps, les esprits perçus dans les phénomènes de la nature étaient lucifériens ; les esprits actifs dans les machines, dans tous les produits de la technologie, sont ahrimaniens.
Les êtres humains s’entourent donc eux-mêmes d’un monde ahrimanien qui se développe de façon tout à fait autonome. Vous percevrez cette tendance dans l’évolution humaine. D’un monde luciférien qui influence encore leurs esprits conscients et détermine leurs destinées, les êtres humains sont entraînés dans un monde ahrimanien. Et aujourd’hui, cela se produit à une vitesse très rapide.
Ce monde ahrimanien agit sur la volonté humaine, et l’intellectualisme de la science moderne ne permet pas aux gens de devenir immédiatement conscients de la volonté. Le grand danger est que le monde ahrimanien s’empare de la volonté humaine et que les êtres humains se trouvent complètement désemparés parmi les puissances démoniaques présentes dans les produits de la technologie. »
Depuis cette époque, deux tendances sont apparues. D’un côté, un nombre croissant de personnes se sont intéressées à la science spirituelle et cherchent en elle des solutions aux problèmes engendrés par la technologie. De l’autre, la technologie elle-même fut précipitée dans la forme binaire durant la seconde guerre mondiale et a progressé sur cette voie à une vitesse incroyable. Les hommes se trouvent véritablement désorientés au milieu des puissances démoniaques qui l’habitent.
Le début du troisième millénaire (dès le XXIè siècle) sera profondément influencé par l’événement historique que Rudolf Steiner décrit dans les termes suivants :
« … avant qu’une partie seulement du troisième millénaire de l’ère post-chrétienne se soit écoulée, il y aura, à l’Ouest, une incarnation véritable d’Ahriman : Ahriman en chair et en os. L’humanité sur Terre ne peut pas échapper à cette incarnation d’Ahriman. Elle va inévitablement survenir.
Mais ce qui importe, c’est que les hommes trouvent le point de vue juste pour le confronter. Partout où des préparatifs ont lieu pour de telles incarnations, nous devons être très vigilants face à certaines tendances de l’évolution. Un être comme Ahriman, qui va s’incarner à l’Ouest dans les temps à venir, prépare son incarnation à l’avance. En vue de cette incarnation sur terre, Ahriman dirige certaines forces de l’évolution de manière à ce qu’elles le servent le mieux possible. Un mal en résulterait si les hommes vivaient ces événements à moitié endormis, incapables de reconnaître certains phénomènes de la vie comme des préparatifs pour l’incarnation d’Ahriman dans le physique. On ne peut trouver l’attitude juste qu’en reconnaissant dans l’une ou l’autre série d’évènements la préparation que fait Ahriman pour son existence terrestre. »
L’expansion irrésistible de la technologie de l’ordinateur binaire, qui n’existait pas encore du temps de Rudolf Steiner, est aujourd’hui le facteur le plus influent dans la préparation de l’incarnation d’Ahriman, l’œuvre du puissant Démon-Solaire, de la Bête Binaire. En fait, nous pouvons dire que l’incarnation d’Ahriman est, dans un certain sens, l’incarnation de la Bête Binaire.
Ahriman provient de sphères éloignées et étrangères à l’évolution humaine sur Terre. Son but est de détourner cette évolution de sa voie normale et de l’orienter vers d’autres formes d’existence, inhumaines, tout à fait opposées à celles prévues pour l’homme par ses créateurs. L’incarnation physique de cette divinité étrangère sera rendue possible par des procédés occultes pernicieux :
« Cette incarnation d’Ahriman ne pourra pas être évitée. Elle est inévitable, car il faut que les hommes se trouvent face à face avec Ahriman. Il sera l’individualité qui montrera aux hommes à quel niveau inouï d’intelligence ils peuvent parvenir, s’ils font appel à toute l’aide que les forces terrestres peuvent leur apporter pour développer l’intelligence et l’ingéniosité. Au milieu des catastrophes qui frapperont l’humanité dans un proche avenir, les hommes vont devenir extrêmement inventifs; l’homme découvrira toutes sortes de forces et de substances dans l’univers qu’il utilisera pour se nourrir. Mais toutes ces découvertes montreront au même moment que ce qui est matériel est lié aux organes de l’intellect, pas aux organes de l’esprit. Les gens apprendront ce qu’il faut manger et boire pour devenir très intelligents. On ne peut pas développer sa spiritualité en mangeant et en buvant, mais on peut, par contre, acquérir une intelligence raffinée.
Les hommes ne connaissent pas encore ces secrets; non seulement ils chercheront à les percer à jour, mais ces connaissances seront le résultat inévitable des catastrophes qui auront lieu dans un proche avenir. Certaines sociétés secrètes – dans lesquelles des préparatifs sont déjà en cours – vont appliquer ces choses de manière à créer les conditions nécessaires pour une incarnation véritable d’Ahriman sur terre ».
Il est à peine nécessaire de souligner le rôle que joue l’intelligence artificielle dans ces préparatifs pour l’incarnation d’Ahriman. Il n’existe aujourd’hui presque plus d’institut de recherche sur terre qui ne se base sur les ordinateurs.
En fait, beaucoup de recherches actuellement ne s’effectuent pas en expérimentant avec des substances et des processus réels, mais en travaillant par simulation sur ordinateur !
Ahriman ne veut pas seulement attirer en son pouvoir les parfaits matérialistes. De nombreux êtres humains, qui ont un penchant pour l’esprit mais sans poursuivre activement un développement spirituel, seront victimes de sa suprême intelligence :
« En usant d’artifices prodigieux, il donnera aux hommes toute la connaissance clairvoyante qui jusque là ne pouvait être acquise qu’au moyen d’un travail et d’un effort intenses.
Les hommes pourront vivre en matérialistes ; ils pourront manger et boire, et ils n’auront besoin de faire aucun effort spirituel. Les courants ahrimaniens se développeront sans entrave. Quand Ahriman s’incarnera à l’Ouest au moment fixé, il créera une grande école occulte pour la pratique des arts magiques les plus grandioses, et ce qui, autrement, ne peut être acquis que par un effort énergique, sera donné à l’humanité.
N’imaginez jamais qu’Ahriman va apparaître comme une sorte de prestidigitateur, jouant des tours malicieux aux êtres humains. Non, vraiment pas ! Ceux qui aiment la facilité, qui ne veulent rien avoir à faire avec la science spirituelle, seront victimes de sa magie, car au moyen de prodigieux artifices, il sera capable de rendre un grand nombre d’êtres humains prophètes – mais de telle manière que la clairvoyance de chacun sera strictement individuelle.
Ce qu’une personne verra, une seconde et une troisième personnes ne le verront pas. La confusion régnera et, malgré le fait d’avoir accès à la sagesse clairvoyante, les hommes vont inévitablement entrer en conflit à cause de la totale diversité de leurs visions.
Cependant, en fin de compte, ils seront tous satisfaits de leur propre vision particulière, car chacun sera capable de voir dans le monde spirituel. De cette manière, toute culture sur la terre deviendra la proie d’Ahriman. Les hommes succomberont devant Ahriman, simplement pour n’avoir pas acquis par leurs propres efforts ce qu’Ahriman sera prêt à leur donner. Il n’y aura pas de plus mauvais conseil que de leur dire : « Restez exactement ce que vous êtes ! Ahriman va vous rendre tous clairvoyants si vous en avez envie. Et vous le souhaiterez parce que le pouvoir d’Ahriman sera très grand ».
Le résultat sera l’établissement du royaume d’Ahriman sur Terre et la ruine de tout ce que la culture humaine a pu produire jusqu’ici. Toutes les tendances désastreuses, inconsciemment les plus entretenues aujourd’hui, auront libre cours. »
Si nous regardons au delà des premiers siècles du troisième millénaire, nous voyons l’ensemble de l’humanité devenir peu à peu naturellement clairvoyante. Physiquement, l’homme sera plus faible. Le déclin de ses forces physiques fait nécessairement partie de l’évolution. Ce n’est pas un déclin de l’homme lui-même (à moins qu’il ne reste lié à son corps), mais seulement de son organisme physique :
« Mais maintenant, dans la cinquième époque Post-Atlantéenne, il est sur la voie du déclin, il est un être devenant physiquement faible, et il n’aurait plus la force de percevoir le monde comme les Grecs le faisaient. »
Les sens physiques, la vue, l’ouïe, etc, vont s’affaiblir et seront remplacés d’un côté – dans le cas de ceux qui suivent le chemin spirituel – par une perception clairvoyante de plus en plus claire, et de l’autre, par une perception artificielle au moyen d’appareils de simulation. La télévision, la vidéo, l’audio digital, l’holographie, etc, sont les précurseurs de l’image digitale (c’est-à-dire binaire) et d’appareils de traitement du son qui vont partiellement remplacer la vue et l’ouïe physiques pour une bonne part de l’humanité. Aujourd’hui déjà, l’homme regarde le monde à travers la télévision, des microscopes électroniques, des radio-télescopes à images computérisées, des appareils de diagnostic médical à images digitales, etc. Les pilotes militaires s’entraînent sur des simulateurs de vol, c’est-à-dire des modèles de cockpits d’avions militaires dans lesquels vitres et instruments sont des écrans de télévisions. Les images réagissent aux contrôles exactement comme en situation réelle, le champ de vision à partir du cockpit se modifie au fur et à mesure que le pilote manœuvre son appareil, et les cadrans des instruments fournissent les indications appropriées.
Tout cela nous conduit vers le remplacement des situations réelles par des simulations adaptées au besoin et au désir de l’individu. De telles techniques peuvent naturellement déboucher sur toutes sortes d’abus et portent en elles la tentation de créer des mondes imaginaires, qui permettront d’échapper aux pénibles réalités de la vie en vivant des expériences sensorielles artificiellement produites.
De tels mondes ne seront, après tout, rien d’autre que le développement logique ultime de ce qui a débuté à la fin du siècle dernier avec le cinéma.
Il se peut que la véritable clairvoyance de la race spirituelle soit imitée, à l’avenir, de manière caricaturée, par l’utilisation de machine à clairvoyance. De tels appareils auraient pour ancêtres les machines à méditer déjà employées aux Etats-Unis et qui commencent à arriver en Europe. Ces machines de la première génération provoquent chez leurs utilisateurs une modification de la conscience en appliquant au cerveau des impulsions appropriées.
Leur fonctionnement se base sur les techniques médicales développées au cours des dernières décennies au moyen de l’électroencéphalographie et d’autres formes d’électrodiagnostic. On peut raisonnablement supposer que ces premiers modèles seront suivis par d’autres, toujours plus perfectionnés, à mesure que l’on découvre tout ce que l’on peut atteindre en stimulant électriquement le cerveau.
Les hommes vont se séparer progressivement en deux races, la race spirituelle utilisant la nouvelle clairvoyance de manière morale, la race matérialiste cherchant plutôt à investiguer les forces spirituelles de la matière et celles des domaines sous-physiques. Ensuite, avec l’avancement de la civilisation anglo-germanique, de nouvelles facultés vont spontanément apparaître en l’être humain.
L’homme va apprendre à agir directement par la pensée sur les processus électriques. Il va aussi acquérir la maîtrise des processus physiques et vitaux impliqués dans la conception et la naissance, et il apprendra à déterminer quel genre d’âmes doivent s’incarner. Le génie génétique, qui accomplit de nos jours ses premiers pas hésitants, va développer les techniques permettant de modifier le corps physique.
C’est là un développement nécessaire, susceptible lui aussi d’abus et qui va produire d’étranges mutants. Derrière le désir de contrôler l’incarnation d’un être dans la forme physique humaine, se trouve la connaissance occulte à laquelle il est fait allusion dans la création d’Homunculus du Faust de Goethe.
La manipulation génétique de pointe, combinée avec les techniques que Rudolf Steiner appelait l’occultisme eugénique (contrôle de la conception et de la naissance, afin de ne permettre qu’à certains types d’âmes de s’incarner), influencera très profondément la vie sociale.
Dans cette cinquième période de culture post-atlantéenne, l’intelligence artificielle atteindra un stade de développement très avancé et les hommes se développeront en étant intimement liés aux machines. Après les débuts bien maladroits de la robotique actuelle, les êtres-machines les plus remarquables vont apparaître. Les hommes vont devenir de plus en plus conscients des morts, et les âmes qui ont passé le seuil vont jouer un rôle important dans tous ces développements. Soit elles agiront, à partir de leurs propres impulsions, comme sources d’inspiration depuis le monde spirituel, soit elles se verront attirées par des procédés maléfiques dans la toile que tisse l’intelligence artificielle.
Un autre produit de l’intelligence artificielle, qui sera progressivement mis en relation avec le cosmos et qui analysera les influences cosmiques les plus variées de façon matérialiste, résidera dans le fait que les hommes vont acquérir la maîtrise de nouvelles énergies, d’une puissance extraordinaire, bien plus grande que celle de la fission ou de la fusion nucléaire. En faisant un mauvais usage de l’énergie vibratoire, les hommes seront victimes d’eux-mêmes et mettront en mouvement des forces qu’ils ne pourront plus contrôler.
Face à toute cette évolution, la grande masse de l’humanité se verra entraînée par le style de vie de la race matérialiste, du fait que la science et la technologie deviendront de plus en plus incompréhensibles pour l’homme de la rue. Les confréries occultes occidentales et les autres leaders de l’humanité matérialiste vont exercer une domination croissante sur l’humanité en général. Quant aux membres de la race spirituelle, ils vont se rassembler en communautés fondées sur la fraternité chrétienne et la liberté. Leur science et leur technologie propres vont prendre des formes très différentes de celles de la race matérialiste. Ils vont faire tout ce qui est en leur pouvoir pour aider et protéger ceux qui cherchent à échapper au monde de la technologie démoniaque. Les membres de la race matérialiste pourront encore rejoindre ceux qui ont choisi de suivre la voie spirituelle de l’évolution.
…
Ce qui importe, ce n’est pas que l’on exprime par des mots ou par des pensées la conviction qu’il existe encore autre chose que les effets des atomes, les effets matériels des atomes, c’est que l’on ait la possibilité de donner à son esprit un autre fil conducteur que la pensée qui attribue l’origine des phénomènes aux réalités de l’atome. Ce qui importe, ce n’est pas ce que nous croyons, mais notre explication, l’attitude de notre âme… Seule l’authentique science de l’esprit d’orientation anthroposophique peut nous aider à vaincre le mal…
Ce qui fait le matérialiste, c’est que dans l’étude des phénomènes matériels on est abandonné par l’esprit, que le regard pénètre dans le monde de la matière et que l’on n’y voit que de la matière et des processus matériels…
Mais on ‘est pas pour autant celui qui pratique la science de l’esprit au sens de la science spirituelle d’orientation anthroposophique. On l’est seulement lorsqu’on voit clairement que ce corps matériel, avec ses processus matériels, est une créature de l’esprit et d l’âme, lorsqu’on comprend dans les faits de détail comment s’orienter vers l’être d’âme et d’esprit qui est là et agit avant la naissance, ou disons la conception, comment il crée la forme, comment il modèle les structures et même l’ordonnancement des substances du corps humain…
La science de l’esprit en vient précisément à estimer la valeur réelle de ce qui est matériel en ne voyant pas seulement dans un processus matériel concret ce que la science actuelle y voit, ce que l’œil constate, ou ce qui est un résultat fixé en des concepts abstraits, grâce à l’observation extérieure ; elle est science de l’esprit uniquement parce qu’elle montre partout comment l’esprit est actif dans la matière, en portant justement un regards qui s’adonne entièrement aux effets de l’esprit dans la matière…
Il ne s’agit pas ici de constater d’une part, dans un esprit religieux ou philosophique : ‘l’être humain porte en lui une âme immortelle, et puis de faire de l’anthropologie, de la biologie, de la physique, comme si l’on avait devant soi des processus matériels uniquement – mais d’appliquer aux détails de la vie la connaissance que l’on peut acquérir de l’être d’esprit et d’âme, de plonger le regard dans le merveilleux édifice du corps lui-même… Ce qui importe, c’est de voir dans la matière, non pas la matière, mais la manifestation de l’esprit…
C’est ainsi que les maladies mentales sont là d’un côté, sont même aujourd’hui l’objet d’une étrange science bâtarde, de la psychanalyse, qui pense selon le matérialisme ; elles sont là, ces maladies de l’esprit et de l’âme, sans que l’on puisse de quelque façon et raisonnablement les mettre en relation avec ce qui se passe en réalité dans l’organisme…
Quelque part dans le cœur, dans le foie, dans les poumons, quelque part il y a du désordre lorsqu’en même temps ou plus tard apparaît ce que l’on appelle une maladie mentale. Une science de l’esprit qui parvient à reconnaître dans le cœur normal l’esprit en activité, cette science de l’esprit est aussi capable de rechercher dans la dégénérescence du cœur, dans les défauts du cœur, une cause de ce qu’on appelle l’esprit malade ou l’âme malade… La faute principale du matérialisme, en effet, ne consiste pas dans la négation de l’esprit…
La faute essentielle du matérialisme consiste en ceci qu’il ne comprend pas la matière parce qu’il n’observe que son côté extérieur. C’est justement là l’insuffisance du matérialisme : il ne parvient pas à pénétrer la matière du regard, par exemple dans le traitement simplement psychanalytique, dans la simple observation de quelque chose qui s’est passée dans l’âme, et qu’il désigne par le terme d’îlot psychique – donc une abstraction, tandis qu’il faut suivre comment certaines impressions dans l’âme, que l’homme reçoit à tel ou tel moment de sa vie, et qui sont liées normalement à l’organisme normal, rencontrent des organes déficients, un foie malade par exemple au lieu d’un foie sain – heurt qui peut peut-être survenir à un tout autre moment qu’à celui où la déficience organique est perceptible….
La science de l’esprit n’a pas à reculer avec frayeur le moment de montrer comment ce qu’on appelle la maladie de l’esprit ou de l’âme est toujours liée à quelque chose dans le corps humain… C’est cela précisément que la science de l’esprit doit souligner de la façon la plus décidée : ce qu’on appelle les maladies de l’esprit et de l’âme doit être recherché jusque dans l’organologie de l’être humain…
Et inversement : ce qui est apparemment manifestation de la vie agissant seulement sur l’âme ou dans l’âme, ce qui apparaît dans les tempéraments et dans leur activité… – tout cela… a aussi un aspect corporel…Une erreur commise sur bien des points dans l’éducation de l’enfant peut, plus tard, apparaître sous une forme tout à fait ordinaire de maladie physique…
Au sens le plus large, cela conduit d’une part à une communauté de vie des hommes animés d’un esprit social…. On porte un regard tout différent sur la société humaine. On commence à acquérir une juste compréhension de l’être humain, et l’on traite autrement autrui...
Tout ce qui est de nature intellectuelle, en effet, ne subsiste qu’à la surface de l’être humain. Celui qui ne pratique la science de l’esprit qu’intellectuellement, c’est-à-dire qui ne fait que noter : il y a un corps physique un corps éthérique, un corps astral un Moi, une vie terrestre répétée, un karma, etc. et qui le note comme on le fait pour les sciences ou pour la sociologie d’aujourd’hui, celui-là ne pratique pas sérieusement la science de l’esprit, car il ne fait qu’appliquer le mode de pensée habituel à ce qui présente la science de l’esprit. Mais dans cette dernière, l’essentiel, c’est qu’il faut qu’elle soit pensée autrement, ressentie autrement, vécue tout autrement par l’âme que la science intellectuelle…
Par contre, ce qui vient non pas de l’intellect, de la tête, mais de l’être humain tout entier, le résultat obtenu par la science de l’esprit : ’Imagination, l’Inspiration, l’Intuition, lorsque l’être humain s’y ouvre, pénètre dans tout l’organisme. Ce qui est vraiment la science de l’esprit pénètre dans l’organisation physique de l’homme en la rendant saine…
Parmi les chapitres qu’il faut constamment étudier à nouveau à l’aide de la science de l’esprit, se trouve le rapport de l’homme éveillé avec l’homme endormi, la différence considérable entre l’organisation humaine dans la veille et dans le sommeil…
Ce que l’individu peut produire pour le plus grand bien de ses contemporains, il faut que cela naisse exclusivement de ses faculté, il ne doit exister ici aucune norme venant de l’Etat, il ne peut y avoir non plus à ce sujet une dépendance vis-à-vis des puissances économiques, il faut que ce soit placé dans la sphère de l’indépendance personnelle de l’individu et reste soumis à a confiance pleine de compréhension que les autres humains, qui ont besoin d’utiliser ses facultés, peuvent porter à l’homme compétent. On a besoin là de la vie spirituelle indépendante de toute instance, des institutions d’Etat et économiques, et qui agit elle-même avec compétence à partir des forces spirituelles uniquement…
L’économique ne doit pas régner sur le spirituel… Grâce à la fécondation que le domaine de l’hygiène peut recevoir d’une médecine fécondée par la science de l’esprit, l’hygiène peut justement devenir une affaire sociale… une affaire générale cultivée démocratiquement…◙
p. 1/1 - Le Moi, source de maladie et de guérison – L’hygiène, question sociale.
GA 314 - Par Rudolf STEINER, 1920 ©1986 Revue TRIADES, F 78360 Montesson – Tome XXXIII – N°3 – pp 3 à 23 - 21 pages
Considéré par plusieurs comme le plus grand initié du XXe siècle, Rudolf Steiner (1861-1925) est le fondateur l’anthroposophie, ou Science Spirituelle, qui se veut une Science du Graal, un renouveau des courants rosicrucien-alchimique, manichéen, platonicien et aristotélicien, une connaissance spirituelle de l’évolution cosmique et humaine qui passe par une compréhension nouvelle de la réincarnation et du karma. Clairvoyant et rigoureusement scientifique, Rudolf Steiner a décrit les rapports entre les réalités spirituelles et le visible. Il a compris que le bien n’est pas simplement l’opposé du mal mais qu’il naît plutôt d’une tension créatrice entre deux extrêmes. Selon lui, nous sommes présentement, et plus que jamais, impliqués dans une lutte de dimension cosmique menée par l’inspirateur de la Science Spirituelle et serviteur du Christ, Michaël, pour préserver l’équilibre entre les deux pôles du mal : l’Ange Lucifer (la fausse Lumière) et l’Archange Ahriman-Satan (dieu de la Mort). Mais au-delà de cette opposition factice se dresse un troisième adversaire encore plus élevé : la Puissance Sorat, l’Anti-Christ, ou la Bête, le chef des hordes de sauterelles apocalyptiques que constituent les Archées déchus, les Asuras des hindous. Michaël est un ardent défenseur de la liberté humaine et ne peut donc intervenir à notre place ; il attend notre action.
Cet article, qui ne prétend pas être représentatif de l’ensemble de l’œuvre de Steiner, constitue la première partie d’un triptyque portant sur l’activité des êtres spirituels déchus, Lucifer, Ahriman, Sorat et les Asuras, dans l’évolution humaine jusqu’à nos jours. Je crois qu’une telle symptomatologie des Signes des Temps permet d’accroître notre conscience du spirituel et de développer les forces nécessaires pour tirer un bien de tout ce mal car, après tout, il n’est aucun bien dont ne puisse sortir un mal ni aucun mal dont ne puisse sortir un bien.
Lucifer et Ahriman
Ce n’est pas à l’homme que nous sommes affrontés, mais aux Autorités, aux Puissances, aux Dominations de ce monde de ténèbres, aux esprits du mal qui sont dans les cieux.
(Épîtres de Paul aux Éphésiens, 5 : 12)
Lucifer et Ahriman sont des êtres spirituels appartenant à des hiérarchies très élevées qui rejettent le fondement même de l’évolution cosmique. Ils ont en fait été commandés dans la nuit de temps par les hiérarchies supérieures afin d’initier le germe de la fermeture sur soi , de l’égoïsme, du mensonge et de la révolte contre le cours de l’évolution voulu par les dieux. Ces êtres des ténèbres ne sont pas plus là pour faire le mal qu’un train est fait pour user les rails : le mal est un effet secondaire de leur activité. Ils servent à ce qu’on se réveille, à ce qu’on redouble d’efforts spirituels, de même que les symptômes d’une maladie servent à alerter qu’il est urgent de mieux comprendre le corps et l’être humain total via la compréhension de ses pathologies.
Lucifer a son domaine dans l’Astral, le monde des désirs et des émotions que l’on partage avec les animaux mais aussi avec les Anges du Ciel, les Anges de la Terre (Deva) et les Élémentaux. L’Archange Ahriman a pour domaine l’Éthérique, le monde des forces formatrices de la nature et des forces vitales des vivants, dont est fait le corps physique des Anges, des Dévas et des Élémentaux. Lucifer est le mal qu'on retrouve à l’intérieur de soi ; Ahriman est le mal qu’on trouve à l’extérieur de soi, derrière les apparences. Lucifer, c’est la totalité des êtres spirituels qui l’ont suivi dans son infatuation égoïste. Certains d’entre eux favorisent notre spiritualisation, d’autres ne font que nous induire en erreur, flatter notre vanité et notre orgueil égoïste et nous inciter à délaisser nos responsabilités terrestres en nous faisant croire qu’on est déjà parfait, suscitant des débordements mystiques, des fièvres délirantes, des hallucinations, une régression dans les visions de l’ancienne clairvoyance atavique, instinctive, lunaire . Ahriman, c’est la totalité des êtres méphistophéliques ayant choisi la rébellion satanique contre le cours normal de l’évolution cosmique. Ce sont des forces de destruction qui agissent normalement dans les phénomènes de mort et de décomposition, de naissance même, mais dès qu’ils sortent de leurs limites naturelles, ils détruisent la vie du corps, de l’âme et de l’esprit en suscitant la soif de pouvoir, de plaisir et de confort, l’intellectualisme, la science matérialiste et la peur (du spirituel).
Steiner n’a pas inventé cette polarité des forces du mal : en fait, le mazdéisme persan (-4000) conçoit deux représentants du mal, Az (Lucifer) et Ahriman (Satan), tout comme Mani (216-272) le fit beaucoup plus tard dans son christianisme manichéen . Le Serpent dans le Jardin, le Séducteur, le Tentateur, c’est Lucifer. Ahriman est le Dieu de la Mort, Mammon, dieu du monde matériel, inférieur, souterrain (Hadès-Pluton). L’Apocalypse de Jean raconte qu’après avoir été terrassé dans l’Abîme, le Dragon revient sous la forme de deux Bêtes : la Bête de la Mer (à sept têtes et dix cornes) et la Bête de la Terre (à deux cornes, dures comme l’acier), cette dernière annonçant l’Antéchrist, le Démon solaire du nom de Sorat, l’antithèse absolue du Christ. Dans la mythologie égyptienne, Lucifer correspond à Set, qui tua son frère Osiris , alors qu’Ahriman emprunte les traits du Typhon. Dans la mythologie grecque, Lucifer et Ahriman correspondent respectivement aux deux périls qui menacent Ulysse dans son périple initiatique à bord du Calypso : Charybde, le tourbillon des passions, et Scylla, les écueils du matérialisme.
Première partie : Lucifer
Lucifer est un être extrêmement ambigu : parmi les Anges déchus lucifériens, il y a des êtres démoniaques mais aussi les êtres exaltés de sagesse, mi-hommes mi-dieux, extraterrestres, qui furent de grands enseignants pour l’humanité alors qu’elle était encore à un stade infantile. La perle de leur enseignement est la sagesse des douze boddhisattvas, qui tel un calice zodiacal porte l’Ego solaire du Christ. Comme Prométhée apportant le feu des dieux aux hommes, Lucifer est un « Porteur de Lumière » (Phosphoros); or il n’est pas la Lumière elle-même car, comme Jean l’indique au début de son Évangile, cette Lumière n’est autre que le Christ. Lucifer et le Christ sont en fait des frères jumeaux ; or on sait combien deux frères peuvent être différents. Dans un passé très lointain, au cours de la période cosmique que Steiner nomme l’ancien Soleil , le Christ s’est uni au Logos (le principe créateur du Cosmos) dans un élan de sacrifice de soi pour la Création. Lucifer voulut quant à lui tout illuminer de la lumière de son intelligence, de son indépendance et de son égoïsme sans borne. Il chuta ainsi de sa planète Vénus et tomba sur Terre. Ayant suivi Lucifer dans son esprit de mensonge et sa révolte, une part des hiérarchies commença dès l’ancien Soleil à prendre du retard par rapport à l’autre part qui poursuivit son développement.
Dans l’ancien Soleil, Christ était un dieu intérieur/'inférieur', lié à l’âme humaine. Il est devenu un dieu supérieur en s’unissant au Cosmos en devenant le Verbe créateur, la Parole, le Logos. Les voies de Lucifer et du Christ se sont croisées au moment du mystère du Golgotha. Christ est redevenu un dieu intérieur/'inférieur' en s’unissant à l’âme humaine. Lucifer, de dieu du monde inférieur, est devenu cosmique depuis le Mystère du Golgotha. Christ au commencement était un Dieu intérieur, inférieur, mais en s’unissant au cosmos il est devenu un Dieu cosmique, supérieur. Lucifer dispense désormais la connaissance du Christ. Cet éclairage du Christ par la connaissance du monde donnée par Lucifer (dieu supérieur, solaire, extérieur cosmique).
Au cours de la période cosmique suivante, l’ancienne Lune, une grande guerre éclata au Paradis entre ces deux factions des Anges : la légion retardataire menée par Lucifer, et la seconde menée par Michaël (qui n’était alors qu’un Ange). Cette guerre se solda par la victoire des Anges michaëliques, qui s’étaient séparés de la Terre afin d’agir sur elle à distance, sur les Anges rebelles qui entraînèrent dans leur chute le tiers des Anges. Les êtres retardés de l’ancien Saturne sont les Archées déchus, les Asuras ; ceux de l’ancien Soleil sont ahrimaniens, les Archanges déchus ; et de l’ancienne Lune sont les Anges déchus, lucifériens .
Après les périodes cosmiques de l’ancien Saturne, l’ancien Soleil et l’ancienne Lune, vient la Terre. Son développement se divise en sept Grandes Époques : Polaire (-68 707), Hyperboréenne (-53 687), Lémurienne (-38 467), Atlantéenne (-22 347), Post-Atlantéenne (de -10 000 à 8000 de notreère), plus deux autres Grandes Époques qui restent à venir. Durant l’époque Polaire, Adam était uni à Ève, la Vierge Terre Mère, comme par un cordon ombilical ; c’est pourquoi on dit d’Adam qu’il était Fils de la Vierge et du Christ qu’il est le second Adam. En Hyperborée, Adam était mâle-femelle, à l’image de l’Eloha lunaire Yahvé. C’est à cette époque que le soleil d’aujourd’hui se sépara de la masse terre-lune. Durant l’époque Lémurienne, Ève fut « extraite d’une côte d’Adam », ce qui signifie qu’elle est issue de la même « substance d’Ego », c’est-à-dire du sang rouge, capable de supporter un Ego. C’est à ce moment que la lune actuelle fut éjectée de la Terre en train de se minéraliser. Une part de l’humanité commença à se réincarner en Lémurie, mais une autre part resta en retrait, en attendant les conditions plus denses de l’Atlantide, qui permettront d’acquérir la conscience de veille, l’intellect individuel, gage de liberté. Ces retardataires sont les Veilleurs de la Bible , les fils de Seth (fils de Dieu) qui s’unirent sexuellement aux filles de Caïn (filles des hommes). Ils se mêlèrent au reste de l’humanité et, comme Prométhée offrant aux hommes le feu des dieux, ils lui permirent de se diviniser en empruntant la voie de la liberté, pour enfin dépasser l’humanité bon enfant de Yahvé (Zeus).
Un récit kabbaliste raconte qu’avant Ève, Adam eu une première femme : Lilith. Lasse d’être attachée aux côtés d’Adam, elle se déchira de lui, se fit pousser des ailes et s’envola, le laissant seul et bien triste. Elle forniqua jour et nuit avec Lucifer, égorgeant à mesure ses rejetons . Pour apaiser Adam, Yahvé créa Ève, mais Lilith se mit en colère et s’unit à la forme du Serpent pour aller dans le Jardin tenter Ève, lui promettant que s’ils prenaient du fruit défendu, ils en obtiendraient la sagesse et deviendraient comme des dieux. L’Archée Lilith joue sur l’ambiguïté sophia/sapiens/serpens ; elle se prend pour la divine Sophia , qui est en fait d’une hiérarchie céleste supérieure, celle des Kyriotetes (Esprits de Sagesse), trois degrés au-dessus des Archées.
La tentation par le Serpent Lucifer et la Chute de l’Homme remontent au milieu de la Lémurie. La Bible dit que c’est Ève qui tenta Adam, or cela signifie que l’âme humaine – qui est toujours représentée par une femme - comprit son pouvoir de séduction et en usa pour se satisfaire. C’est ainsi que Lucifer a injecté les passions égoïstes dans le désir : le désir de nourriture, de plaisirs, de possession, la jalousie, l’obsession, etc. L’intelligence, la pensée individuelle qui initie l’expérience personnelle, commença alors à se développer unilatéralement, tel un cancer, étouffant l’intuition profonde. La Chute au sens large signifie donc la vulnérabilité de l’homme à tous les niveaux : dans la volonté, la Chute a entraîné le déclin moral et le péché en général ; dans la pensée, c’est l’erreur et le mensonge ; dans le sentiment, c’est le manque d’amour et le cynisme ; dans la perception, c’est l’émoussement des sens et la surestimation du matériel ; dans les processus vitaux, c’est la maladie ; dans le corps physique, c’est la mort (la fin de l’immortalité) ; enfin, dans la personnalité humaine, c’est l’obsession.
Le fait d’avoir choisi de prendre le fruit de l’Arbre de la Connaissance du bien et du mal, l’Arbre de la Dualité, l’Arbre de Mort, nous bloqua l’accès à l’Arbre de Vie, qui représente l’immortalité ainsi que le pouvoir sur les forces éthériques supérieures. Depuis, les processus éthériques et métaboliques sont gardées par des entités spirituelles ; l’homme n’y a plus accès. Sans ce blocage, nos corps éthérique et physique auraient vite fait de dégénérer sous l’effet chaotique des passions et des pensées. Yahvé voulait nous protéger du piège de la Chute dans l’expérience sensible en nous offrant non pas le Fruit de la Connaissance (l’Expérience) mais la Connaissance elle-même. Cette Connaissance, contrairement à l’Expérience, nous aurait permis d’entrer directement dans l’Éden . Parce qu’on a confondu le Fruit de l’Arbre de la Connaissance avec la Connaissance elle-même et qu’on a séparé le Fruit de l’Arbre, on s’est soi-même exclu du Jardin. L’Arbre de Vie était agréable à l’œil (unité) ; l’Arbre de Mort était un délice pour les deux yeux (dualité). Lucifer, qui agit au niveau de la tête, nous ouvrit les yeux, y laissant entrer la lumière, ce qui révéla notre « nudité » (qui signifie en fait que l’Ego est à découvert, révélé). Ayant séparé ce qui était uni, on se trouva jeté dans la dualité de la matière (vies et morts, homme et femme, jour et nuit, temps et éternité, Ciel et Terre, Esprit et Matière). C’est cette même dualité qui est la condition première de l’Expérience de la Liberté individuelle.
Lucifer tenta Adam et Ève en leur offrant la lumière de l’intelligence, qui initie l’expérience individuelle. C’est en effet par la tête qu’on s’affranchit du corps et qu’on se dit un « Je ». Or l’effet excitant de Lucifer sur l’intellect menaçait de durcir l’individualité humaine trop tôt. Pour faire contrepoids à l’activité de Lucifer (l’un des six Élohim solaire) sur l’activité cérébrale, l’Eloha lunaire et Créateur de l’homme, Yahvé, créa la lune. La lune est liée à la formation du corps, la reproduction, la génération et l’hérédité. Lucifer n’a de pouvoir que sur la tête ; il n’a aucun pouvoir sur les forces lunaires et yahviques de l’hérédité physique et de la corporéité. C’est pour contrer l’activité de Lucifer divisant les sexes et les races que Yahvé créa la lune, établissant ainsi les liens de sang. En divisant les sexes, un sexe introverti féminin et un sexe extroverti masculin , Lucifer espérait déclencher une guerre des sexes, semer le désordre, le diabole. Par l’union charnelle des opposés sexuels complémentaires, symbole de l’amour infini qui est à l’œuvre dans la création, Yahvé a réuni ce qui a été séparé par Adam sous l’influence de Lucifer. On peut constater par soi-même que les premières bases de l'amour sont liées à la famille, au sang, à l'hérédité, donc à la lune. Le seul moyen de transformer l’égoïsme en altruisme était de faire de l’amour, qui porte vers l’union des opposés, le moteur de la vie, faisant en sorte que les sexes doivent obligatoirement s’unir pour se reproduire. L’amour s’est d’abord manifesté à travers l’instinct naturel de la sexualité physique. Il devint ensuite Éros - l'aspect de l’amour plus lié à l'âme et à l’astral – pour enfin se réaliser dans l’Agape : l'amour le plus pur fondé sur la loyauté entre deux Ego voulant se connecter à la destinée de l’autre. Par la seule influence de Lucifer, la liberté et l’individualité auraient fait de nous des égoïstes prématurément. Yahvé fit en sorte que l’autre sexe devint l’être aimé, étendant l’amour de soi aux liens amoureux, puis à la famille, à la tribu, à l’ethnie, à la race . C’est seulement beaucoup plus tard que Jésus-Christ put libérer l’amour de l’emprise des liens de sang pour le fonder désormais sur une base individuelle et ainsi le rendre à l’universel humain, renouvelant enfin l’Ancienne Loi de Yahvé.
Lucifer se serait incarné dans un corps humain en Chine vers l’an 2000 avant notreère. Il aurait été le premier homme à comprendre les lois cosmiques par ses propres facultés logiques et à pouvoir les formuler. Il posa ainsi les bases d’une doctrine qui se répandit dans tout le monde oriental : le paganisme. Ce paganisme, dans lequel l’homme se sentait comme un membre du cosmos , fut le terreau dans lequel se développa le judéo-christianisme, qui, tel un oasis dans le désert, amena la première véritable impulsion morale. Toute l’époque Égypto-Chaldéenne-Babylonienne (-2907 à -747), placée sous le signe du Taureau, est le témoin de la grande tradition de sagesse luciférienne . Par exemple, Mithra, sacrifiant le Taureau correspond à Michaël terrassant Lucifer. Les cultes d’une divinité solaire, fils d’une déesse mère lunaire , étaient en fait lucifériens, car le Christ et Lucifer ont la même Vierge-Mère. Le catholicisme, avec sa Madone qui porte l’Enfant, est une reviviscence du culte mithriaque, comme en témoigne le port de la coiffe mithriaque par les Papes et les évêques. Mais c’est aussi cette grande sagesse païenne « porteuse de lumière », mère des grands mythes et philosophies grecques, qui permit aux premiers chrétiens gnostiques de comprendre le Christ. En effet, sans la connaissance du Christ cosmique et sans l’aspiration luciférienne à vouloir remonter vers les cieux, la fonction du Rédempteur ne va pas de soi. Or la fuite du monde vers le spirituel, que valorisent Platon et les gnostiques (tous platoniciens), de même que le désir de mettre un terme aux réincarnations pour atteindre le nirvâna, témoignent d’un rejet de l’incarnation typiquement luciférien. Certains gnostiques affirment même que le Christ ne s’est jamais incarné et d’autres qu’il n’a jamais été crucifié! La Théosophie de Helena Petrovna Blavatsky, qui présente Lucifer comme le Maître spirituel et Illuminateur ultime, a pris un tournant redoutablement luciférien avec Annie Besant et Alice Bailey. Imitant les gnostiques, la Théosophie attribue les traits lucifériens négatifs au Créateur du monde matériel (le Démiurge de Platon), elle identifie la matière et son créateur au mal et la lumière spirituelle à Lucifer. L’ancienne Gnose préchrétienne est le Graal de la Théosophie : c’est un Graal luciférien puisqu’il ne porte pas en lui le sang du Christ, parce que sa Sagesse luciférienne, tournée vers le passé, n’a pas été transformée par l’Amour du Christ. Pourquoi la Théosophie rejette-t-elle Yahvé et le Christ? Parce qu’ils sont à l’origine de la douleur, la maladie, la mort et le karma. En Lémurie, Yahvé a compensé l’introduction de l’égoïsme dans le désir en imposant la mort, la maladie et la douleur comme symptômes indiquant que les passions ont causé du tort au corps. Les injonctions de Yahvé « Si vous en mangez, vous mourrez », « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front » et « Tu enfanteras dans la douleur » ne signifient rien d’autre que cela. En Atlantide, le Christ a implanté la loi morale du karma en opposition au mal conscient rendu possible la première fois au milieu de l’époque atlantéenne via l’influence durcissante d’Ahriman sur l’ego et l’intellect humain. Le karma, la rétroaction des actes, paroles et pensées sur leur émetteur, nous apprend la loi morale cosmique selon laquelle on récolte ce que l’on a semé. Rejeter Yahvé et le Christ est donc puéril car les maux douloureux qu’ils nous imposent demeurent les seuls moyens pour l’Homme de prendre conscience des conséquences de ses passions, d’apprendre de ses erreurs pour se parfaire.
Dans la légende du Graal, Lucifer prend les traits de Klingsor, le mage noir armé de la Lance du Destin , s’en servant comme d’un bâton phallique dans ses rites de magie sexuelle. Dans son jardin des plaisirs, Klingsor appâte les chevaliers du Graal avec des femmes sublimes, les entraînant sur la voie de la magie sexuelle/noire. Amfortas, Roi du Graal, tentera de libérer les chevaliers prisonniers ayant succombé à la tentation mais se laissera envoûter par les charmes sensuels des femmes du Jardin de Klingsor. Furieux d’avoir été séduit, Amfortas lance ses chevaliers contre les troupes de Klingsor, mais, dans un moment d’inattention, il perd la Lance aux mains de Klingsor qui le blesse au testicule avec la Lance empoisonnée. Puisque « le roi et son royaume ne font qu’un », le royaume du Graal devint une terre gaste (gâtée, pourrie), malade, en attente de guérison, comme son roi. Seul Perceval saura vaincre Klingsor, récupérer la Lance et guérir le roi. La morale de cette histoire est qu’Amfortas n’aurait pas dû se lancer dans une chasse aux sorcières mais aurait plutôt dû regarder en lui-même, être attentif à sa propre vulnérabilité liée au penchant humain très fort pour la quête de plaisirs et, à plus forte raison, la quête de satisfaction sexuelle, représentée ici par la blessure au testicule. C’est cette même blessure, comme une épine enfoncée profondément dans la chair, qui causa la division intérieure et la répression d’une part de la conscience dans l’inconscient. Amfortas n’aurait pas dû non plus utiliser la Lance (les forces spirituelles) pour se venger . Perceval ne s’en servit que pour guérir le roi, après quoi il la rangea aussitôt. Encore aujourd’hui, les influences magiques de Klingsor rayonnent de par le monde, à partir de Chastel Merveil, le château de Kalot Bobot à Terra de Labur en Sicile . Par l’union de Klingsor avec Iblis, épouse d’Eblis le Lucifer islamique, des influences durcissantes (lunaires) irradient la planète à partir de nombreux centres de magie noire, causant la formation de fibres mortes et inconscientes dans l’âme (astral), échappant au pouvoir de l’Ego, nous ouvrant à l’influence de démons, de fantômes et de spectres . La tâche qui nous incombe est de les revivifier, les éclairer en s’ouvrant à la lumière du Christ.
Si Lucifer n’avait pas injecté l’égoïsme dans le corps astral humain, on n’aurait jamais connu les bassesses dont l’humain est aujourd’hui capable. On serait en accord parfait avec la volonté des hiérarchies célestes, mais on serait resté des êtres sans autonomie, de belles effigies sans liberté, des automates de bonté. Sans l’indépendance et l’autonomie individuelle, qui impliquent une césure avec la volonté des hiérarchies supérieures, on n’aurait jamais pu développer le libre-arbitre. Un amour vrai doit venir librement, sans contrainte. Or la liberté, comme Lucifer, doit être sauvée de l’égoïsme, transmutée par l’amour. Lucifer est représenté par le bon larron crucifié à la droite du Christ à qui il demanda : « souviens-toi de moi lorsque tu entreras au Ciel » , ce à quoi le Christ répondit qu’ils y entreraient tous les deux en même temps. C’est donc dire que Lucifer est racheté lorsque le corps astral et l’âme humaine qu’il a corrompus regagnent la pureté (catharsis) de la Vierge Sophia, lorsque l’âme humaine (Isis-Sophia-Perséphone), tombée aux mains de Lucifer, renaît de sa mort tragique. Réaliser le Graal implique de transformer le cosmos passé de Sagesse luciférienne en un cosmos futur d’Amour christique. On atteint le Graal en ravivant sa conscience d’être, comme Lucifer, un être spirituel déchu, en vainquant les forces diviseuses du Serpent, en laissant le Christ vivre en soi , bref en devenant graduellement un Graal (gradalis signifie « graduel »). Le salut de Lucifer est le secret de l’Esprit Saint : une fois la Liberté transmutée par l’Amour, l’individualité héritée de la force diviseuse du Serpent deviendra pure comme la Colombe, un véritable Esprit Sain, à la fois saint (holy) et guérisseur (healing).
PS.Les propos de steiner ne représentent aucunement les miens pour connaitre la vérité il faut connaitre et reconnaitre le mensonge de l'adversaire steiner nous apprend comment tous les initiés du monde sont trompés à travers les loges par l'inversement des valeurs en leur faisant croire que le mal est nécessaire pour l'avancé des connaissances de l'homme et que lui seul est le bienfaiteur . il faut osé plus c gros plus sa passe .......
STEINER, Rudolf (écrits et recueils de conférences)
2001 The Holy Grail: selections from the works of Rudolf Steiner
2001 The Goddess: selections from the works of Rudolf Steiner
1919 Lucifer et Ahriman
1910 La Science de l’Occulte
1909 The Deed of Christ and the Opposing Spiritual Powers: Lucifer, Ahriman,
Mephistopheles, Asuras
1906 The Temple Legend: Freemasonry and related occult movements
1905 The Occult Movement of the Nineteenth Century
1904 Mythes et légendes et leurs vérités occultes
1904 Cosmic Memory
NESFIELD-COOKSON, Bernard
1998 Michael and the Two-Horned Beast: the challenge of evil today in the light on Rudolf Steiner’s science of the spirit.
PROKOFIEFF, Sergei O.
1993 The East in the Light of the West. Two Eastern Streams of the Twentieth Century in the Light of Christian Esotericism. Part 1: Agni Yoga.